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MEXIQUJ!..

185

gloire, de Ja patrie , de la liberté; et

Jorsque

les

irnaginations

ardentes

étilient enflammées par leurs patrioti–

que~

prédications, elles reprochaient

aux militaires déJa séduits , d'avoir si

lon.~temps

arrete l'heurc de l'affran–

chissemept, et les suppliaient de ré–

parer une faute qu'un faux pointd'hon–

neur leur avait fait commettre.

Telle ét'ait la disposition des esprits

au Mexique en

1820

,

au rnoment ou

l'on appr1t le rétablissrment de la cons–

titution des cortes en Espagne, et la

révolution opérée par l'a rmée meme

que l'on destinait a consolider le ré–

girne absolu dans les rl eux Amériques.

Il n'est pas besoin d'ajouter que cet

événernent donna une nouvelle éner–

gie au parti de l'indépendance. Si la

liberté de la presse n'cxistait pas, la

liberté <les communications était pleine

et entiere. Partout, au Mexique, des

ré•rnions clandestines avaient lieu pour

discuter la forme de gouvernement

qu'on devait adopter. Les Européens

et leurs adhérents penchaient pour la

constitution espagnole, les uns sans

modification, les autres n1oins démo–

cratique et plus appropriée

a

l'état

social du Mexique. Les Américains

voulaient l'indépendance, mai nes'ac–

cordaient ni sur la manihe de l'obte–

nir , ni sur le gouvernement

iJ

adopter.

La plupart des créoles désiraient le

bannissementdes Espagnols; qoelques

exaltés allaient jusqu'a demander leurs

tetes et la confi scation de leurs pro–

priétés. .Les modérés se conten taient

de les exclure des e111plois publics, et

de les faire descendre

a

la conclition

dans l¡¡quelle ils avaient maintenu les

indigenes durant trois siecles. Un

parti voulait la monarchie conslitu–

tionnelle, un autre la

républi~ue

fédé–

ratil·e, un troisieme la rép ubhque une

et indivi ible. Dans ce chaos d'opi–

nions, de passion

, de

préju~és,

de

prétentions individuelles, d'intérets de

castes , et d'i rritation populairc, Je

clergé agissait activement en faveur de

i'indépendance du pays. Son action

sur les masses était sans limites, sa

haine de l'Espagne sans bornes. Les

décrets des cortes rolatifs aux biens

ecclésiastiques n'étaient pas de nature

a

modifier cette haine implacable.

Apoclaca, qui croyait que son métier

a

lui était d'etre royaliste, tout en se

soumettant au régime constitutionnel,

ne laissait échapper aucune occasion

de favoriser le parti contraire. 11 se

rapprocha d.e quelques

~rands

digni–

taires de l'Eglise alliés a la noblesse,

avec le projet d'assurer a Ferdinand

un asile au l\Iexique, et d'y rétablir

l'a ncienne forme de gouvernement. Un

tel plan ne ponvait etre exécuté que

par l'arméc. II fallait un chef qui eOt

assez d'inlluence sur elle pour l'entrai–

ner dans cette voie rétrograde, ou l'on

aurait

á

combattre tout le parti pa–

triote mexicain, c'est-a-dire la masse

libérale de la nation, appuyée de tous

les corps insurgés encore en armes.

Don

A

ugustin Iturbide, désigné:comme

le milita1re le plus capable de conduire

une telle entreprise , s'empressa de

prouver qu'il était le dernier des offi–

ciers qu'on aurait dü choisir, et celui

de tous peut-etre qui méritait le moins

la confiance du vice-roi. Sa défcction

ne se lit pas attendre.

Tout porte

a

croire qu'il était secre–

tement lié avec cette pnrtle du clergé

mex1cain qui voulait l'indépendance

absolue, et ·que depuis longtemps la

pen, ée de s'emparer du pouvoir su-

reme l'occupait tout entier. Nous le

verrons bientot parodier en Amérique

le role de Napoléon et la journée de

Saint-Cloud.

Iturbide, né a Valladolid, dans le

JVIechoacan , d'une famille considéra–

ble du pays, avait

re~u

une éducation

soignée.

Il n'était encore en 1810

qu'officier subalterne (lieutenant) dans

le régiment provincial de sa ville na–

tale. Ceux qu

i se

rvaient dans ce corps

ne recevaient

P.ªª

de solde. 11 n'en avait

pas besoin :

11 p

ossédait une fortune

indépendante, et 'occupait activement

de l'administration de ses biens. Quand

la révolution éclata, Hidalgo lui offrit

le rang de li eu tenant général qu'il re–

fusa. Cette offre était de nature

a

ten–

ter un jeune homme sans expérience ;

nwis lui voyait ce qu'étaient les plans

du curé, la faiblesse réelle des insur-