180
L'UNIVERS.
ment pas de nature
a
au~menter
le
nombre des partisans de Mma.
La plupart des grands propriétaires
fonciers du pays avaient suivi la meme
Jigne que le marquis de Jaral. Comme
Jui, ils ne s'étaient pas bornés
a
payer
régulierement leurs impositions, mais
ils .assistaient encore le gouvernement
du roi de contributions proportionnées
a
la fortune de chacun d'eux1 et qui'
bien qu'elles ne fussent pas volontai–
res, étaient acquittées sans contrainte.
Si cette obéissance a l'autorité légitime
pouvait etre regardée comme un acte
d'hostilité positive, il n'y avait plus de
sécurité pour eux au jour du triomphe
de la révolution. Le marquis,
a
la vérité,
avait accepté le titre de colonel dans
l'ari11ée espagnole; il y avait un régi–
ment qui portait son nom. Mais son
titre était purement nominal : don
Juan ne figurait pas dans l'armée ac–
tive; il n'avait pris aucune part
a
la
guerre, et se trouvait ainsi dans la
L"ltégoric des créoles privilégiés, que
l\lioa avait déclarés, des le début de la
carnpagne, prendre so1rs sa protectíon·
et venir défondre. Don .luaó était
Mexicain d 'origine, et la saisie de ses
propriétés fut done généralement re–
gardée comme un acte non moins im–
po\itique qu'illégal.
Les avantages remportés par 'Mina
dans l'intérieur furent balancés par la
perte du fort qu'il avait élevé sur la
cote, a Soto la ·Marina; c'était non–
seulement son dépiltd'armes et de muni–
tions, mais le seul moyen de comi:nuni–
catiou entré les insurgés et les Etats–
Unis. Ce fort n'avait, comme nous
l'avons déja vu, qn'une faible garnison
de cent quinze homme.s; il fut investi,
le
11
juin, par le général Arredondo,
commandant en chef des provinces
centrales de J'Est, qui avait avec lni
deme mille deux cents hommes et dix–
neuf pieces d'artillerie. La breche fut
bientot praticable. Les assiégeants
donnerent trois assauts bravement re–
poussés, et proposerent ensuite une
capitulation acceptée par Sarda. Les
officiers devaient etre libres sur pa–
role; les soldats devaient rentrer <lans
Jeurs foyers. Toute cette petite garni-
son, réduite .a trente-sept hommes'
sortit avec les honneurs de la guerre.
Cette capitulation était un piége tendu
a
la bonoe foi des assiégés. Les mal–
heureux n'enrent pas plutOt posé
I.esarmes, qu'ils furent entourés, saisis,
mis aux fers, puis enfermés au chfi–
teau de Saint-Jean d'Ulloa, puis trans–
portés en Esp:igne, et envoyés dans
les présides de Ceuta, Melilla et Cadix,
mourir de mjsere, apres avoir épuisé
toutes les tortures, toutes les humi–
liations que le cruel génie du despo–
tisme irrité peut imaginer pour punir
des ennernis vaincus.
·
Mina
fut
vivement affecté de ce re–
vers, dont il ne se dissimulait pas les
graves conséquences.. 11 avait encore
d'autres StJjets de chagrín. JI se voyait
contrarié dans ses plans de résistance,
dans l'organisation d'une armée régu–
liere, par la basse jalousie du Padre
Torres, qui ne sentait que trop bien
la supériorité du jeune général. Tous
les obstacles se multipliaient sous ses
pas. Apodaca, le vice-roí, le savait; il
ne per<lit pas un moment p&nr con–
centrer toutes les
fo~es
dont
il
pou–
vait disposer, et dont il donna le com–
mandement
a
don Pascual Linan, un
de ses meilleurs officiers. Cinq mille
royalistes entrerent dans Je Baxio,
dans le courant du rnois de juillet.
Mina n'avait pas cinq cents hommes
a
leur opposer, et encore en perdit-il
cent a l'attaque malheureuse de la ville
<le Léon, dont il voulait s'emparer
avant l'arrivée de Linan. Ce dernier
se montra devant
Sombre.role 30 juil–
let,
a
ia tete de trois mille cinq cents
bommes. La garnison de cette petite
place n'était pas de neuf cents per–
sonnes,
y
compris les femmes et les
enfants. lis furent bientilt réduits
a
la
plus dure des privations, a manquer
d'eau. Le fort était alimenté par une
source voisine, qui futbientilt au pou–
voir des assiégeants. 11 n'y avait point
de puits dans la place, et bien qu'on se
trouvfit dans la saison des pluies, les
nuages, qui couvraient les c¡¡mpagnes
environnantes, passaient sur la forte–
resse, assise sur un rocher, sans lais–
ser tomber une goutte d'eau. Quelques