MEXIQUE.
177
était tombée aux mmns d'hommes en
horreur
a
tous les partis par leur fé–
rocit~
et par leurs bri¡¡;andages. Au
prem1er r.ang de ces révolutionnaires ,
on metta1t le pretre Torres, clont le
de~pot:sme
théocratico-militaire pe–
smt spr tout le Baxio, cette fertile
partie du Mexique qu'il avait divisée
entre
¡lS
principaux officiers, gens de
son espece , et aveuglément soumis
a
ses volontés.
11
avait élevé une petite
forteresse sur le sommet de la mon–
tagne de Los Remedios; et, de ce nid
de vautour, il
s'élan~it
sur toute la
-contrée, la ranconnant suivant son
caprice, et sans' distinction d'Espa–
gnols et de créoles.
11
fit plus pour
la ruine de ce beau canton que tous les
chefs,
indépendants ou
royalistes,
qui l'avaient précédé. Si l'on veut con–
ñ;i1tre en détail toutes ces cruautés,
on peut consulter Robinson: on verra,
dans son histoire de la premiére révo–
Jution rnexicaine,
a
que! point ce Torres
était exécré de tous les habitants du
pays: son nom n'estenco.reaujourd'bui
11rt>noncé qu'avec
horreu~.
Toutefois,
on remarque, pendant la domination
de ce chef, un fantome de gouverne–
ment qu'on appelait
la
Junte de
Jauxilla, du nom d'un petit fort a sis
aµ milieu d'un marais , et dan Jeque!
cette junte faisait sa résidence. Elle
était entierement composée de créatu–
res de Torres. Son influence était fort
médiocre , et son autorité nulle. Dans
ce mfüne temps, les bandes de Guerrer·o,
échelonnées sur les cotes orientales, se
trouvaient dans l'impossibilité d'opérer
Jeur jonction avec les bandes de l'inté–
rieur, et, des anciennes armées de
Hi–
dalgo et de Morelos, il ne restait que de
faibles détachements de pillards épars
l\.llr un vaste territoire, tandis que les
forces royalistes, s'augmentant suc–
cessiv'1men t de toutes les troupes en–
voyées de la Pé.ninsule, occupaient les
vi lles et les positions rnilitaires, et
coupai,ent toute communication entre
les différents corps des révolutionnaí–
res.
Cependant la cause de l'indépen–
dance avait de telles racines dans le
pays, l'opinion des masses lui était sí
12º
Livraison.
( l\IEXIQUE.)
décidément favorable, qu'il e(\t suffi
que Mina l'éveillat p;ir une vérítable
sympatbie, pour se donner des chances
de succes
a
peu pres certaines. Mal–
heureusement , Mina était Espagnol,
et ne consentait pas
a
priver son pays
natal de ce Mexique, le plus beau dia–
mant de sa couronne. Son but· réel
était d'établir dans cette colonie un
gouvernement constitutionnel , avec
telles formes de liberté qu'il plairaít
aux 1\lexicains d'admettre; mais pour
une séparation absolue de la mere
patrie, il paralt qu'il n'en voulait pas.
Ses proclamations ,
a
la vérité , n'a-
- nonqaient pas un tel desseín, mais
elles ne disaient rien en faveur d'une
complete indépendance. Son silence
fit suspecter ses intentions; on les ju–
geait hostíles au vceu des créoles et
des indigenes, par cela rneme que les
marchands de la Vera-Crux ne s'en
alarmaient pas, et l'on savait que ces
marchands, Espagnols d'origine, bien
que partisans d'un régime constitu–
tio1111el, s'étaient vivement prononcés
contre toute sépal'ation de l'Espagne
et du l\lexique. Les créoles resfaient
done convaincus que le triomphe de
Mina n'amenerait qu'un chansement
de maitres , et cette convict1on ex–
plique la neutralité qu'ils garderent
dans cette Jutte inégale entre une poi–
gnée d'hommes et les armées roya-
les.
-
Cette infériorité du nombre para–
lysait l'enthousiasme des plus chauds
partisans de .Mina. Ce jeune aventu–
rier, au moment ou il mit le pied sur
la terre du Mexique, n'avait avec luí
que trois cent cinquante-neuf hom··
mes, y compris les officiers. Il se vit
presque aussitot abandonné par le co–
lonel Perry, qui entraina dans sa dé–
fection une cinquantaine de soldats, et
il futobligé d'en laisser cent autres sous
Je commaodement du major Sarda,
comme garnison de -Soto la Marina,
qu'il avait fait
fortifier
a
la hílte.
Avec le reste de sa troupe, grossie
de quelques fougueux révolutionnai–
res , cet intrépide jeu11e homme es–
saya d'opérer sa jonction avec les
insurgés du Baxio, dont Je séparait
12