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L'UNIVERS.
fit honueur en le recevant avec tout Je
respect
el(}
it
un ennemi tombé, en lui
prodiguant les soins et les égards que
l'on doit au malheur. l\'lorelos fut di–
rigé sans délai sur Mexico. Toute la
population vinta sa rencontre jusqu'a
San Augustin de las Cue1•as ; il eut a
subir l'avide curiosité d'une foule in–
solente , et les insultes que les popu–
Jaces de tous les pays prodiguent ame
ennemis vaincus. Mais de tels outra–
ges trouverent Morelos insensibJ·e. Ici,
comme dans la prison, son sang-froid
ne l'abandonna pas un seul instant;
l'idée de subir la dégradation des or–
dres sacrés était la seule r.bose qui l'af–
fectait. Cette humiliante cérémonie le
fut doublement pour lui, par la pu–
blicité et l'appareil qu'on luj don na. Son
proces fut cónduit par cet Oidor Batal–
Jer, le plus barbare de tous les membres
de l'audience, celui qui soutenait inso–
Jemment la supériorité des Espagnols
sur les créoles. L'instruction se termina
rapidement par une sentence de mort.
Le
22
décembre
1815,
Concha
fut
chargé d'extraire le condamné des pri–
sons de l' inquisition, et de le conduire
a l'hdpital de San ChristovaI; derriere
Jequel
l'exécution devait avoir lieu.
l\'Iorelos, en arrivant, el.ina avec cet of–
·ficier; il l'embrassa tendreme11t, en le
remerciant des égards qu'il lui avait
témoignés; puis il se confessa , et se
.rendit ensuite d'un•pas ferme sur la
place ou il devait etre fusillé. La courte
priere qu'.il prononca avant son sup–
plice, mérite d'etre í·apportée pour sa
noble simplicité: " Seigneur, dit le gé–
néral, si j 'ai bien fait, tu le sais, et tu
m'en récompenseras ; si j'ai mal fait,
je recommande mon ame
a
ta misé–
ricorde infinie.
»
Apres cet appel au
juge supreme, il se banda les yeux,
commanda le feu , et
re~ut
la mort
avec ce visage calme et impassible
qu'on avait admiré tant de fois sur les
champs de bataille.
·
Avec la vie-de Morelos se termina
la plus brillante période de la révolu–
tion. Lui seul possédait assez d'in–
flu ence pour dominer les prétentions
des chefs secondaires, pour réunir
Jeurs efforts dans un but commun,
pour les faire concourir
a
un
m~me
plan , pour concilier enfin leurs in–
térets divers et leurs ambitions ri–
vales. Par sa mort, le Iien qui ratta–
chait les fractions éparses du
~rand
parti de l'indépendance fut brise ; l'u–
nité d'action disparut, et tout retomba
dans une
~rande
confusion : chaque
province s isolant, se prétendit des
droits séparés, et bii>ntot, par l'absence
de toute combinaison, la cause des in–
surgés, bien que défendue sur certains
points par
d'incontestables
talents
militaires, tomba graduellernent dans
· un état désespéré.
Six semaines s'étaient écoulées entre
Ja prise de Morelos et sa condamna–
tion, et pendant ce temps Je
con~res,
escorté par Bravo, avait gagné Tebua–
can et recommencé ses travaux. Son
premier acte fut d'adresser au vice–
roi une note tout
a
la fois suppliante
et
mena~ante
en faveur du malheureux
général prisonnier. C'était l'reuvre de
fa
rcconn aissance, mais de Ja recon–
naissance impuissante. Qu'étaient les
membres du congres aux yeux du
vice-roi? une troupe de traitres et
de factieux mise en quelque sorte
hors Ja loi, et dont le proces était
fait d'avance. C'était, pour Calleja,
comme si des bandits l'eussent prié
d'épargner un des
leurs déja con–
damné. Cette note ne reste pas moins
comme un monument de patriotisme.
Le congres s'y plaintavec noblesse que
Je gouvernement espagnol ait cherché
a
donner aux nations civilisées une
idée désavantage.use de la révolution.
II clescend
ensu~ite
au role de suppliant; _
il conjure Calleja d'épargner les jours
du généralissime, qui épargna souvent
ceux de ses ennemis apres la victoire;
il
prie au nom de l'humanité, au nom
de la modération, la meilleure poli–
tique a suivre dans les révolutions;
puis il dit au vice-roi: " Si vous vous
montrez cruel, qu'aurez-vous
i:t
espé–
rer de nous pour les votres, quand les
chances de Ja guerre · les ·feront nos
prisonniers?
Songez que
soixante
mille Espagnols répondent de la tete
de l\forelos, cher
a
tous les Américains,
et dont le sort intéresse jusqu'a ceux