MEXIQUE.
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une certaine intelligence de la situa–
tion. Elle commencti par une peinture
vraie des malheurs du pays et des
horteurs de la guerre civile; elle s'é–
leve avec énPrgie contre l'usage bar–
bare de fusiller les prisonniers; elle
cherche ensuite
a
mquiéter Venegas
sur les
d~sposit.ions
des troupes créo·
les qui, tot ou tard, l'abandonneront
pour se joindre
a
leurs compatriotes;
elle établit J'inefficacité des mesures
de rigueur adoptées contre les indé–
pendant , par
les pro15res toujours
croissunts de la révolut10n, puis elle
en vient
a
des propositions d'arraage–
ment Elle po e en priacipe l'égalité
des clroits entre l'Espagnol amét'icaia
et l'Espagnol d'Europe; elle en tire
la conséquence que le Mexique doit
avoir ses cortes comme l'Espagne
pendant
la captivité du monarque;
elle demande que les Européeas se dé–
mettent de leurs emplois, et consen–
tent
il
la réunion immédiate du con–
gres; elle promet que
lés anciens
traitements continueront d'Hre payés,
que les personnes et les propriétes se–
ront respectées , que
les Esp $nols
jouiront de tous les privjléges des in–
digenes ; elle s'engage, enfin_,
a
recon–
naitre Ferdinand roi du Mexique , a la
condition d'y résider, et offre a la
Péninsule de l'aider daos la lutte et
de l'assister de ses trésors.
Ces propositions , qui méritaient
au moins les honneu1·s de la discus–
sion, furent
traitées par Venegas
avec un mépris impolitique; il les
tlt
briller publiquement par le bour–
reau sur la Plaza-l\layor; puéri le ven–
gearice qui n'empécha pas les sympa–
thies des populations créoles de l'e
manifester bientdt apres, excitées par
les succes de Morelos, qu'il nous faut
maintenant raconter. La vie militaire
de ce prétre est l'un des épisodes les
pl1:1s
intél'essants de
la
révolution
mexicaine.
1\Jorelos avait
re~u
d'Hidalgo, en
octobre
181
o,
la commission de oapi–
taine général cle
tierras calientes qui
bordent au sud -ouest le gl'and Océan.
II était partí de Valladolid aver. ce titre
porupeux , n'ayant pour toute escorte
que quelques serviteurs armés de s1x
fusils et d'autant de vieilles lances. Le
premier renfort qui luí arriva fut une
bande d'esclaves noirs qui s'étaient
échappés de Petatan , et de quelques
autres villes voisines , empressés de
conquérir leur 1iberté sur le champ
de botaille. Puis il lui vint de la cam–
pagne bon nombre de jeunes Indiens,
inhabiles aux armes, mais robustes et
pleins d'ardeur. Lorsque sa troupe se
fut élevée a un millier d'hommes ' il
voulut, débutant par une action d
1
é–
clat , surµrendre le camp royaliste.
C'était une entreprise térnéraire, avec
des soldats aussi nouveaux, aussi mal
armés que les siens. La nuit et la for–
tune le servirent : son succes fut com–
plet. L'ennemi prit la fuite, laissaut
entre ses mains huit cents fusils, cinq
J>ieces de canon, beaucoup d'or et d'ar–
gent, et sept cents prisonniers. Ceux–
ci furent traités avec la plus grande hu–
manité; circonstance qui, malheureu–
sement, ne se reproduisit pas, mais qui
valut
a
Morelos plus de partisans que
sa victoire. Depuis ce moment, la ra–
piditP. de ses succes fut merveilleuse.
Des hommes de cceur et de talent• luí
arriverent de tolJs les points du Mexi–
que, et parmi ceux·ci
il faut citer
Galea na, le curé Matamoros, et toute
la familia Bravo, le pere et les deux
fils , clont un , don Nicolas , fut
assez heurenx pour assister au triom·
pile de sa cause, et occuper la pre–
miere magistrature de son pays.
L'année
18t1
se passa en petits
combats, dont le détail ne pourrait
intéresse1· que des Mexicains. More–
los y fut souvent vainqueur. L'insur–
rection s'étendait au loin et se mon–
trait en méme temps jusqu'aux portes
de Mexico. L'avant-garde de !Vlorelos,
commandée par Bravo ,
s'avan~a
jus–
qu'a San-Augustin de las Cuevas, qui
n'est qu'a trois li eues. Ce fut alors
que _Calleja, quittant les provinces du
Nord, vint défendre la capitale, et
for~a
les insurgés
il
se retirer dans la
petite ville de Cuautla
A
milpas, qu'ils
fortifierent
il
la hate. Quelques jours
auparavant, le général espagnol avait
chassé la junte de Zitacuaro. Ni les