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MEXIQUE.

173

qui ne sont que simples spectateurs

de nos combats.

»

Le congres, qui appréciait assez mal

sa ppsition vis-a-vis du gouvernement

espagnol, ne la comprenait pas mieux

tis-a-vis de son propre parti. Créée par

le généralissime comme un puissant

iastrument de révolutioo, comme l'ex–

pressioa de la souveraineté populaire,

cette assemblée se fit illusion sur son

origine et sur sa puissance réelle; elle

ne pouvait avoir,

a

son début, d'in–

flucnce active sur la nation. Cette in–

fluence était tout entiere aux mains

des cbefs militaires, qui n'avaient,

!JOllr les représentants, que fort peu

de coasidération, et voici pourquoi :

dans l'acte coastitutionnel, les mem–

bres du congres ne s'étaient point ou–

bliés; ils a..-aient assigné

a

chaque dé–

puté un salaire annuel de huit mille

clolla; s. D'apres cette dispositioa,

il

importait beaucoup aux députés d'a–

voir la haute main sur les fonds pu–

blics, et d'ea conficr la gartie aux in–

tendants

a

leur uomination. Celui de

Téhuacan, un certain \\fartinez, comp–

table rigide, exact, sévere, était assez

mal avec le général Teran , qui pré–

tendait qu'ayant rempli le trésor de ce

qu'il avait pris

a

l'ennemi ou des coa–

trib.utions par lui recueillies,

il

avait

le droit d'y puiser sans contrO!e. De

cette prétention, repoussée par l\Iarti–

nez, le congres se

fit

juge, et donna

gain de cause a l'intendant. Une telledé–

cision, juste peut-lltre, maisrien moins

que politique, réduisait le général

a

la

fil.cheuse alternative ou de n'lltre que le

subordonné d'un corps qui lui devait

la v!e, ou de décliner publique

ment

son autorité. Teran, ne consultant CJ.Ue

son intéret personnel, prit ce dermer

part!. Fut-il ensuite question de sa

destitution? La division se mit-elle

entre les membres du congres? Se pri–

rent-ils a disputer sur des matieres fri–

vofos, comme il arrive souvent d.ans

les assemblées délibérantes aux jours

de la mauvaise fortune? Je ne sais;

mais un coup d'État vint les frapper

soudainement: Teran prononca la dis–

solution du congres le

15

decembre

1815.

II n'est aucun acte dans la ré-

volution mex1came plus ·séverement

bl:imé que celui-ci; il n'en est aucun

qui ait été moins bien jugé. On ne

peut nier qu'en adoptant cette mesure

extreme, on ne privait les insurgés

d'un point de réunion qui pouvait de–

venir fort utile par la suite; mais ce

qu'on n'a jamais établi, c'est qu'il ft1t

possible au général d'agir autrement.

On ne doit pas oublier qu'il fallait en–

tretenir et payer ce fantdme de repré–

sentation natiónale, et que le district

occupé par Teran n'était ni assez

étendu ni assez riche pour supporter

ce lourd fardeau patriotique. Les au–

tres chefs ne montraientaucune dispo–

tion a lui venir en aide; nul d'entre

eux ne

fit

offre d'un dollar; et, s'ils

refuserent de reconnaítre le gouver–

nement qui avait remplacé le congres,

par ce motif que Teran n'avait pas

le droit de l'instituer, ils repousserent

aussi de leur camp les anciens députés

qui cherchaient

il

s'y établir. Pas un

des généraux ne voulut

a

cette beure

prend re la c)rnrge d'u ne assemblée

constituante mex1caine.

La dissolution du congres, dans les

circoastances critiques ou se trouvait

l'insurrection, eut de filcheux effets.

[)es revers l'avaient précédée: elle gé–

nérali a le désordre; et,

a

partir de ce

moment, tout fut oonfu ion parmi

les chefs indépendants, qui, opérant

chacun pour leur compte , se firent

successivement écraser par l'ennemi

cornmun, bien supérieur en forces.

Des troupes fraíches, arrivées de la

Péninsule, permirent au vice-roi de

prendre partout l'offensive, d'établir

une chJine

ré~uliere

de communica–

tions au travers du pays, et de faire

reconnaitre l'autorité royale sur les

points les plus éloignés.

Je n'ai point l'intention de m'enga–

ger ici dans un labyrinthe de détaiJs

sans intéret, dans une suite de petits

combats sans gloire; c'est une période

d'anarchie, de vols, de meurtres, de

brigandages. On voit

sur~ir

alors, des

derniers rangs de la societé, unefoule

d'ambitieux du pouvoir comme moyen

de

fo~tune,

qui, sous les noms de co–

lonels, de brigadiers, et

a

Ja tete de