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L'UNIVERS.
bandes ·sans discipline décorées du
nom de patriotes, se rendent redouta–
bles a tous les partis par leur audace
et leur cruauté. Les hommes honora–
bles parrni les chefs révolutionnaires
cesserent d'étre respectés; leur fer–
meté dans le commandement passa
pour du dcspotisrne, ils se virent ac–
cusésqetrahison et débordés par toutes
les ma11vaises passions. lis ne tarde–
rent pasa seconvainc1·e qu'il n'était plus
en leur pouvoir
d'arr~ter
le désordt'e
et de surmonter cette crise d'anarchie.
Ce fut alors que la politique adroiteet
prudente du vice-roi Apodaca, succes–
seur de Calleja, leur offrit une amnis–
tie pleine et entiere. Confiants dans de
.royales promesses qui furent loyale–
ment tenuei;, la plupart d'entre eux se
résignerent au repos; et, dans les pre–
miers jours de l'année 1817, on ne
comptait qu'un petit nombre d'hom–
mes armés sons les drapeauxj de J'in-
surrection.
'
A leur tete n'étaient plus les princi–
paux lleutenants de l\Jorelos. Nons di–
rons en peu de mots commei:it ils $uc·
comberent.
Teran, que nons avons laissé vain–
queur du concrres, se soutint quelque
temps contre Varmée royale , en se
retrnnchantr avec soin sur tous les
r.oints l¡Usceptibles de défense. Mais
JI manquait d'armes, et pour s'en pro-
. curer il tenta une expédition sur la
cote.
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fut
surpris par la saison plu–
vieuse dans le pays de Tustepec, et ne
trouva.. d'autre mayen .pour en sortir
que de faire en dix jours, a l'aide de
Ja population indienne, une route¡mi–
litaire de sept lieues
il
t.ravers un ma–
rais impraticable; ouvrage que les
hommes de I'art vantent comme un
fort beau tra vail. Cette route le con–
du isit a
A
mistan, d'oü il alla combattre
a
Playa-Vicente une division roya–
liste, qu'il défit complPtement. Moins
heureux quelque temps apres, il battit
en retraite devant un cor¡is de CI,Uatre
mille hommes, et se renferma dans
Ja p-osition fortifiée du Cerro Colorado;
il
la défendit vaillammeut jusqu'an 21
janvier 1817, qu'il obtint la plus ho–
norable capitulation. C'était el.lose
nouvelle que cette maniere de traiter
avec les insurgés; elle attestait un
grand progres dans l'opil1ion en
fa–
veur dlf l'indépendance, ou tout au
moins un retour aux usages des peu–
ples civilisés. Teran vécut paisihle
a
la
Puebla jusqu'a la seconde révolution,
sous la surveíllai:ice des autorités
royales.
Son collegue Rayan, l'un des pre–
miers insurgés, et qui, pendant la pros–
périté de Morelos , exer<tait un com–
mandement
a
peu pres indépendant
dans la partie montagneuse de la pro–
vince de Valladolid, était connu parde
beaux faits d'armes. Sa cléfense des re–
tranchements du Cerro de Coporo,
dont les deux
di~isions
royalistes de
Llano et d'Iturb1de ne purent s'empa–
rer, malgré Ja supériorité de leurs
forces et de leur artillerie, attira sur
luí les yeux des amis et des ennemis
de l'indépendaoce. Malheureusement,
le gouvernement espa¡rnol mit un
grand prix
a
ce point fortifié; il fit
ravager les campagnes environnantes
pour affamer la garnison, et la cer–
nant de toutes parts,
il
finit par l'o–
bliger
a
se rendre. Rayan n'était point
dans cette forteresse quand elle capi–
tula. Cette perte devait entra1ner la
s'enne. On le vit errer
a
!'aventure,
vrvement poursuivi par le général Ar–
mijo, et, complétement abandonné par
les siens, forcé d'accepter les coodi–
tions qui lui furent offertes. II vivaít
retiré dans la capitale, lorsque Ja ré–
volutioa de 1821 l'éleva au grade de
général, et lui donna un commañde-
ment important dans l'intérieur.
_
La destinée de Bravo
fut
de tout
point semblable
a
celle de ses compa–
gnons d'armes. Comme eux, accablé
par le nombre,
il
se vit coutraint de
chereher un refuge dans l'amnistie.
Nous le verrons, au temps d'Iturbide,
reparaitre sur la scene politique, et
prendre une part active
a
l'élévation
et au reoversemeut de l'ex-empereur,
pnis jouer un role important daos la
république qui luí l\uccéda.
11.lais aucun chef d'insurgés ne fut
poursuivi avec plus d'acharoement par
le gouvernement royal que Guadalupe