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L'UNIVERS.
Fe,
n'ayant que deux ou trois mille
bommes devant luí, se meten retraite
avec tout son monde , et reprend la
route ele Guanajuato. On a dit que
c'était défa ut de courage; on a dit que
c'était le désir d'épargner
a
la capitale
les Llorreurs d' un assaut. Le caractere
et ies antécédents de Hidalgo se refu–
sent
a
cette explication. Il avait donné
trop de preuves de bravoure et d'in–
humanité pour étre arrété par de tels
obstacles.
JI
faut chercher a sa con–
duite un tout autre motif. Hidalgo
n'avait point compté sur l'attitude
prise par le vice-roí, sur le nombre de
soldats qu'il avait su réunir, sur les
b.atteries bien armées qu'il avait fait
élever
a
la bate. Les Indiens , démora-
1 isés depuis le combat de Las Cruces,
ou ils avaient fait de si grandes pertes,
ou ils avaient montré une si complete
ignorance des effets de J'artillerie,
craignaient de se mesurer avec des
troupes régulieres. La plus grande
confusion régnait dans leurs rangs ;
ils manquai en t d'armes et de muni–
~ions.
A toutes .ces
c11us~s,
qui devaient
rnOuer sur Hidalgo
1 11
faut· a.1outer
uue circonstance plu irnperieuse en–
core. Des dépeches de Calleja, inter–
ceptées, apprenaient que ce général
s'avan~ait
a
marches forcées ur la
capitale. Cette manreuvre allait placer
.les insurgés entre deux feux. Hidalgo
voulut prévenir l'Espagnol en se por–
tant
a
sa rencontre. Ce mouvement
fut exécuté dans un grand désordre.
Apres six jours de marche, les deux
avant-gar<les furent en présence. Les
troupes de Calleja se composaisnt
presque uniquement de regiments
créoles; sa cavalerie était sous les
ordres du comte de Ja Cadena. Cette
armée avait sur celle d'Hidalgo Ja
supériorité des armes et de la dis–
cipline; mais on ét.ait incertain de
ses dispositions morales. Allait- elle
consentir
i:t
combattre des hommes ,
des freres, dont les intéréts étaient les
siens? Cette question fut décidée Je 7
novembre
1810,
daos les plaines d'A–
culco. Des témoins de cette jouraée
ont raconté que les soldats de Calleja
montraient beaucoup d'indécision en
arrivant sur le champ de bataille, et on
ne sait ce qu'elles eussent fait, si les
insurgés, plus patient ou moins crain–
tifs, ne se fus ent hntr.s de coounencer
le feu. Cette espece de pro,•ocation leur
porta malheur. A partir de ce moment,
les troupes de Callrja ne balancerent
plus, et se conduisirent avec une bra–
vo ure et un ensemble qui leur valurent
la victoire la plus complete. Les in–
surgés perdirent dix mille homme ;
Hidalgo et un grand nombre de fuyards
prirent en toute hiite la route de Val–
ladolid, tandis qu' Allende et sa di–
vision gagnaient Guanajuato, oü ils
ne purent se maintenir.
On a fait d'épouvantables récits des
atrocités commises par les Espagnols
da ns cette malheureuse vi lle, et ces
récits ne sont point une invention du
parti vaincu. Il n'est que trop vrai
qu'un grand nombre d'habitants, hom–
mes, femmes, enfants, vieillar<ls,
trainés sur la place publique, apres le
combat, furent impitoyablement égor–
gés. A Dieu ne plaise que je veuille
taire et encore moins excuser de sem–
blables cruautés
!
mai , tout en les
vouant a l'exécration, il faut ajouter,
pour étreju te, qu'elle étaient une at–
freuse représaille. Le jour méme ou
Calleja entrait dans Guanajuato, quel–
ques heures avant son arrivée, la po–
pulace de cette ville. furieuse de l'a–
bandon d'Allende, avait massacré deux
cent quarante-neuf Européens prison–
niers, qu 'Hidalgo avait, deux mois
auparavant, laissés dans l'Alhondiga,
en quittant Guanajuato. Tous ces cri–
mes sont déplorables sans doute; mais
il ne faut jamais oublier qu'au com–
mencement d'uoe révolution, quelque
légitime qu'elle soit, ceux qui attaquent
le gouvernement établi' le font
a
leurs
risques et périls, et doivent s'attendre
a
étre traités comme tra1tres, jusqu'au
moment ou la révolte triomphante
devient un acte accompli. On ne pcut
pas reprocher au
~ouvernement
espa–
gnol d'avoir fait au Mexique ce que
toutgouveroement doit f'airedans l'in–
téret de sa propre conservation; on
peut le bUmer seulement d'avoir con:
tinué la guerre Jorsque toute chan:e de