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160

L'Uf\IVERS.

dévolu le droit de gouverner !'Amé·

rique.

Des deux cotés on se préparait

a

la

lutte. Les Espagnols étaient armés

sur tous les points. Les indigenes se

réunissaient en sociétés secretes ou

ils s'essayaient

a

conspirer; . ce qu'ils

firent assez mal d'abord. En peu de

mois l'archeveqne, homme conciliant

et modéré, devint un homme impossi–

ble. L'audience p

rit en

main Jes renes

du gouvernement

q.ue

Ja junte centrale

venait de Jui remettre (1809). Ln vio–

lence de ce pouvoir sans controle al–

lait chaque jour croissant, la haine de

l'Espagnol plus générale et plus vive.

Des le mois de mai 1809, les conjurés

de Valladolid étaient prets. Un d'eux,

le chanoine lturriaga,

lit

échouer cette

premiere entreprise en Ja dévoilant au

lit de mort

a

un pretre de Queretaro

son confesseur. Le corrégidor de cette

ville et un grand nombre d'habitants

de Ja province furent arretés

á

la suite

de cette révélati on, qui paralysa le

mouvement pour un temps,

s~ns

ren–

dre le désir de secpuer le jouo- moini¡

actif et moins persévérant. L'anivée

du vice-l:oi Venegas ne changea ríen

a

cette disposition des esprits. Muni de

pleins pouvoirs par la régence de Ca–

dix pour accorder des honneurs

1

de_s

récompenses et des places aux part1-

.sans de l'Espagne, le reni.i!de qu'il ap–

portait devait aggraver le mal. A cette

époque (181

O),

le foyer de la conspira–

tion avait cha11gé de province ,.il était

passé du l\lechoacan dans l'Etat de

Guanaxuato. Un vaste systeme d'in–

surrection y était arreté. C'est ici

que s'ouvre le grand drame révo lu–

tionnaire qui a couvert de sang la

'ou–

velle- Espagne, et que paraít sur la

scene le fameux Hidalgo, curé de Do–

lores.

C'était un de ces hommes actifs et

pleins de ressources, tels qu 'il s'en

trouve souvent parmi les crfoles. Ses

ennemis, et quels ennemis que les Es·

pagnols

¡l

ont rendu plus d'nne fois

hommage

ii

ses talents.

11

avait !'es–

prit cultivé par des ler.tures variées; il

possédait cette éloquence qui entraine

la multitude. Son influence reposai t

encore sur le dél'ouement le plus

ah·

solu aux intéréts matf.rie ls de sa com–

munauté.

11

avait créé plusieurs ma–

nufactures qui répandaient la vie et

l'aisance parmi ses paroi siens. Ses

cultures de versa oie étaient en pleine

prospérité; il avait planté de grands

vignobles qui allaient donner d'abon–

dantes récoltes; mais la jalou ie du

gouvernement de l\Iexico venait de lui

défendre de faire du vin. C'était un

gral'e motif de mécontentement pour

tout le pays, que cette mesure pri va it

d'un produit qu'on lui faisait payer

fort cher.

II

ne fut pas difficile a Hi–

dalgo de préparer

l'insurrection au

milieu d'une population aussi bien J is–

posée; il le

lit

meme avec si peu de

mystere que son projet fut découvert

avant d'avoir atteint sa maturité.

Cette circonstance, qui aurait pu dé–

com·ager un homme moins énergique,

ne

flt

que le déterminer

a

brusquer le

dénot1rnent. Hidalgo avait pour anciens

ca1narades de collége trois ofüciers

créole , dont le rl\giment était en gar–

nison

a

Guanax uato: don Ignacio Al–

lende, don

fa1wel Aldama, et don

Jose Abasolo. II les avait con1•r1tis

a

se opinions; initiés

a

ses projrts, ils

s'associerent

a

sa fortune. Ce fut le

13

septembre qu

1

il leva avec eux l'étendard

de la rérnlte,

a

la suite d'un sermon

politique qui montre toute sa confiance

dans la crédulité des Indi ens ses audi–

teurs. "Mes amis, leur dit-il , da ns le

dernier sermon que je vous ai precbé,je

déplorais notre situation actuelle; je

me plaignais qu'elle était sans remede;

mes tristes paroles n'étaient <1u e trop

vraies. Oui , mes enfants, les Euro–

péens nous livrent aux Fran ais. Voyez–

vous comme ils ont récornpensé les

hommes qui ont déposé notre ''ice–

roi

!

Ce sont eux qui nous ont enlevé

notre vénérable archeveque, parce qu'il

nous aimait; qui ont emprisonné notre

corrégidor par le seul motif qu'il était

Américain. Arlieu notre sain te religion,

adieu notre bon roi Ferdinand

·vn

!

1\les pauvrcsenfants, dans peu de jours

vous serez jacobins, vous screz escla–

ves de

apoléon. l\lon pere, s'écrierent

les Indiens, sauvez - uous de ces dé·