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L'Uf\IVERS.
dévolu le droit de gouverner !'Amé·
rique.
Des deux cotés on se préparait
a
la
lutte. Les Espagnols étaient armés
sur tous les points. Les indigenes se
réunissaient en sociétés secretes ou
ils s'essayaient
a
conspirer; . ce qu'ils
firent assez mal d'abord. En peu de
mois l'archeveqne, homme conciliant
et modéré, devint un homme impossi–
ble. L'audience p
rit enmain Jes renes
du gouvernement
q.ueJa junte centrale
venait de Jui remettre (1809). Ln vio–
lence de ce pouvoir sans controle al–
lait chaque jour croissant, la haine de
l'Espagnol plus générale et plus vive.
Des le mois de mai 1809, les conjurés
de Valladolid étaient prets. Un d'eux,
le chanoine lturriaga,
lit
échouer cette
premiere entreprise en Ja dévoilant au
lit de mort
a
un pretre de Queretaro
son confesseur. Le corrégidor de cette
ville et un grand nombre d'habitants
de Ja province furent arretés
á
la suite
de cette révélati on, qui paralysa le
mouvement pour un temps,
s~ns
ren–
dre le désir de secpuer le jouo- moini¡
actif et moins persévérant. L'anivée
du vice-l:oi Venegas ne changea ríen
a
cette disposition des esprits. Muni de
pleins pouvoirs par la régence de Ca–
dix pour accorder des honneurs
1
de_s
récompenses et des places aux part1-
.sans de l'Espagne, le reni.i!de qu'il ap–
portait devait aggraver le mal. A cette
époque (181
O),
le foyer de la conspira–
tion avait cha11gé de province ,.il était
passé du l\lechoacan dans l'Etat de
Guanaxuato. Un vaste systeme d'in–
surrection y était arreté. C'est ici
que s'ouvre le grand drame révo lu–
tionnaire qui a couvert de sang la
'ou–
velle- Espagne, et que paraít sur la
scene le fameux Hidalgo, curé de Do–
lores.
C'était un de ces hommes actifs et
pleins de ressources, tels qu 'il s'en
trouve souvent parmi les crfoles. Ses
ennemis, et quels ennemis que les Es·
pagnols
¡l
ont rendu plus d'nne fois
hommage
ii
ses talents.
11
avait !'es–
prit cultivé par des ler.tures variées; il
possédait cette éloquence qui entraine
la multitude. Son influence reposai t
encore sur le dél'ouement le plus
ah·
solu aux intéréts matf.rie ls de sa com–
munauté.
11
avait créé plusieurs ma–
nufactures qui répandaient la vie et
l'aisance parmi ses paroi siens. Ses
cultures de versa oie étaient en pleine
prospérité; il avait planté de grands
vignobles qui allaient donner d'abon–
dantes récoltes; mais la jalou ie du
gouvernement de l\Iexico venait de lui
défendre de faire du vin. C'était un
gral'e motif de mécontentement pour
tout le pays, que cette mesure pri va it
d'un produit qu'on lui faisait payer
fort cher.
II
ne fut pas difficile a Hi–
dalgo de préparer
l'insurrection au
milieu d'une population aussi bien J is–
posée; il le
lit
meme avec si peu de
mystere que son projet fut découvert
avant d'avoir atteint sa maturité.
Cette circonstance, qui aurait pu dé–
com·ager un homme moins énergique,
ne
flt
que le déterminer
a
brusquer le
dénot1rnent. Hidalgo avait pour anciens
ca1narades de collége trois ofüciers
créole , dont le rl\giment était en gar–
nison
a
Guanax uato: don Ignacio Al–
lende, don
fa1wel Aldama, et don
Jose Abasolo. II les avait con1•r1tis
a
se opinions; initiés
a
ses projrts, ils
s'associerent
a
sa fortune. Ce fut le
13
septembre qu
1
il leva avec eux l'étendard
de la rérnlte,
a
la suite d'un sermon
politique qui montre toute sa confiance
dans la crédulité des Indi ens ses audi–
teurs. "Mes amis, leur dit-il , da ns le
dernier sermon que je vous ai precbé,je
déplorais notre situation actuelle; je
me plaignais qu'elle était sans remede;
mes tristes paroles n'étaient <1u e trop
vraies. Oui , mes enfants, les Euro–
péens nous livrent aux Fran ais. Voyez–
vous comme ils ont récornpensé les
hommes qui ont déposé notre ''ice–
roi
!
Ce sont eux qui nous ont enlevé
notre vénérable archeveque, parce qu'il
nous aimait; qui ont emprisonné notre
corrégidor par le seul motif qu'il était
Américain. Arlieu notre sain te religion,
adieu notre bon roi Ferdinand
·vn
!
1\les pauvrcsenfants, dans peu de jours
vous serez jacobins, vous screz escla–
ves de
apoléon. l\lon pere, s'écrierent
les Indiens, sauvez - uous de ces dé·