MEXIQUE.
grande
foi
dans celles du président.
Cependant, lorsque le partí populaire
fut
bien convaiacu qu'il n'acceptait
pa~
la dictature ,
il
~eprit
courage, et
résolut meme d'ag1r avec vigueul'.
Alors vinrent les mesures
extr~mes,
ces mesures iniques qu 'en tout temps
de rév lution on appelle mesures de
salut pt blic. Un décret expu lsa pour
siic ans une trentaine d'ad1·er aires du
pouvoir actucl , uu premicr rang des–
qu els 011
mit Bustamente; pu is on
donna nu gouvcrnement le d:oit de ré–
péter ces proscri ptions quand il le ju–
gerait convenable, d'éloigner tout ce
qui tui para!trait ho tite
a
la cause du
peuple, ou, en d'autres terme , tout
ce qui
erait redoutuble
a
la sienne.
C'était bien la
au~si
de la dictature.
;Les ab olutiste n'en auraient pas de–
mandé davantage s'ils avaient triom–
phé. Leur temps n'était pas encare
venu. Bien 'JU'au fond Santa-Anna ne
leur fi'.lt pas hostile, et qu'il füt soup–
~onné
de pencher ponr un gouverne–
men~
central , il seotit le besoin de
rassurcr pour le moment l'opinion po–
pulaire, et de combattre de nouveau
l'insurrection.
Avant de suivre cette guerre civile
daos ses phases et sa fortune diverse ,
vovons les deux arméE>s
'a1·reter tout
il
601,1p devant un nouvel ennemi plu
terribl e que la mi traille, devant lecho–
léra, qui fond sur elles et les d cime.
Ce íl éau , dont l'Europe garde un si
tri ste souv nir, avriit passé
1'
Atlanti–
r¡ue, et envahi cette partie des rivages
e
11
~ l exiq 11 e
ou la fievre jaune exerce
ordinairemcnt ses ravages. II s'e.tait
chirlaré
ii
Tempico; pu is, s'avanctant
dan
l'i ntérieur du pays,
il
enlevait
sur son pa sage le quart et mllme le
tirrs des populations.
11
parvint
a
~lexi co
dans les prcmiersjours d'aotlt,
et, comme dans nos villes d'Europe,
jJ
COtnlllen~a
a
frapper UI' les pauvres,
sur les basses classes du peuple, avant
d'atleind re les riche ·. Les ma ures des
foubourg se romplirent de cadavres.
On dit qu e du
J
3 au 24, il mourait
clrnque jour
a
l\lexico plus de dix-huit
cenls p rsonaes.
e trouvant plus
d'aliments dans les quartiers qu'il avait
d'abord dépeuplés,
il
gagna le centre
de la ville, et prit ses victimes dan les
classes les plus aisécs.
11
s'affaiblit
enfin vers le milieu de septembre, apres
avoir décimé la population. Vingt-cinq
mi lle babitants sur centciuquante mille
succomberent.
Les pertes des deux armées furent
dans des proportions plus fortes en–
co re. Elles paralyseren t leurs opéra–
tions. Toutefoi , Santa-Anna essaya
de marcher au secours de Guanaxuato,
sans pouvoir arriver
a
temps. II fut
meme obligé d'attendre les renforts
que tui amenait Moctezuma pour pren–
dre l'offensive , et forcer Duran et
Arista
a
capituler et
a
s'expatrier. Sa
conduite envers les vaincus ne fut
point celle d'un ennemi ; on serait
plutci t tenté des ce moment cl'y voir
toute autre chose, d'y voir surtout
beaucoup d'adresse. Le président ne
pouvait se foire illusion sur les sym–
pathies du parti militaire pour la cause
qu'il combattait par ordre du cong1·es;
la poli tique lui commandait de ména–
ger un tel parti, Je seul ou son amhi·
tion pouvait trouver un appui. De
retour
a
l\J
exico' il se
pronon~a
pour
des me ures de conci lia l,ion, et pour
un
ysteme siaoo tout
a
fait retro–
grade, du moins beaucoup µlus mo–
déré. Le congres, au contraire, pré–
tendant qu'on devait marcher en avant
diln
la voie des réformes, supprima
l'ohliga tion de payer les
d1'mes, et
laissa les religieux des drux
sex~s
pal'–
faitement libres de rester dans leurs
couvents ou d'en sortir. Ces actes
achevaient d indisposer le clergé. L'ar–
méc vil avec inditférence le décret qui
ordonnait Ja translation des cendres
d'lturbide au panthéon de
lexico, ou
reposaient celles de premiers héros de
la guerre de l'indépendance.
a veuve
et ses enfants obtmrent la liberté de
rentl'er dans lrur patrie et d'y jouir de
la pension que la loi leur accordait.
Cependant, vaincue dans es denx
chefs,
l'insurrect1on
n'était poiut
éteinte. Elle reparut dans les provinces
tlu Sud , moins forte, mais non pas
moins active. Un _général de haute et
populaire renommec, le général Bravo,