EDIFIANTES ET CURIEU SES.
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compassion de tout le monde, et particulierement
iles catholiques, qui s'efforcerent de lui donner quel-–
que consolation; mais elle n'étoit pas encore au bout
de ses malheurs : car le bruit s'étant répandu
a
Alep
que l'Espagnol démasqué avoit apporté avec lui beau·
coup d'or et d'argent, il n'en fallut pas davantage
pour exciter' dit-on' des bandits
a
vouloir lui enlever
ses prétendus trésors. Quoi qu'il en soit,
il
est certain
qu'on trouva le Turc assassiné dans sa charnbre, sans
qu'on ait jamais pu découvrir l'assassin. La Hollandaise
sa veuve n'apprit que trop t0-t cette action tragi:que,
qui mit le comble
a
ses ma1heurs. 11 est aisé de juger
quel fut alo
rs l'exces de sa douleur. Elle se voyoit,
elle et son
fi.ls,dépourvue de tout bien, dans une
tene étrangere, sans savoir ce qu'ils deviendroient. ·
Dieu ne permit pas qu'elle demeurat sans secours.
Des femmes maronites, qui éteieat venaes
a
Alep,
et qui devoient s'en retourner att Mont-Lihan,
lui
proposerent de venir habiter avec elles
,.Ya~surant
qu'elle seroit d'ans un pays presque tou t catholique,
qu'elle.y feroit avec liberté les e'X.ercices de sa reli–
gion, et que rien ne lui manqueroit pour elle et pour
son fils. Ces espérances,
da:ns
son malheureux état ,
la
déterminerent
a
su.ivre les femmes. maronites.
Celles-ci l'emmenerent dans la bourgade
d'
Antoura.
Une veuve, tres-bonne catholi
que, et des mieux ac–
commodées du bourg, la prit ch.ez elle , et en eut '
tout le soin possible.
C'est
a
Antoura que nous l'avons connue. Sa con-·
duite y a toujours été tres-édifiante
et
tres-hemplaire.
Elle parloit de ses malheurs a'Vec une soumission–
aux ordres de Dieu, qui titoit les larmes des yeux
de ceux qui l'entendoient rarler. Une si rare vertu·
lui gagna tellement
l'
estime et la considéraüon de.
nos Mar-0nites, qu'ils s'empressoient1tous volontiers
a
lui rendre les services dont ils étoient capahlcs, et
s'eífor~oient
de lui
faire
ouhlier ses
tristes aventures,