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LETTRES
aux affaires de la religion. Elle ne tarda pas
a
venir
it
leur sccours. Comme elle tient entre ses mains les
cceurs des grands, elle disposa celui du hacha qui
gouverne le pays, en faveur des catholiques et des
missionnaires ' jusque-la qu'il a. permis
a
ceux - ci
d'ouvrir leurs églises, et lrnx Chrétiens de les fré–
quenter, ce qui ne s'étoit jamais vu depuis que les
Turcs occupent cet empi!"e.
11
a fait plus, il a annullé
un contrat que les catholiques avoient passé malgré
eux, étant dans la prison, et par lequel ils s'étoient
-engagés a donner trente mille écus' s'ils fréquen–
toierrt en aucune
fa~on
les missionnaircs. Depuis ce
temps , e'est-a-dire dans
l'
espace de trois ans , il est
incroyahle quels progres a fait la catholicité. Je puis
assurer en mon particulier qu'il n'est point d'année
que je n'aie eu le bonheur et la consolation de voir
i·entrer plus de cent personnes dans le sein de
fa
vé–
rité. Ce n'est pas que nous n'ayons essuyé quelques
.orages dans
l'
ahsence ·
dt~
hacha. Comme il emploie
quatre mois chaque année a conduire les péletins
a
la Mecque , on profitoit de ce temps po:ur nous per–
sécuter; mais nous en sommes sortis victorieux par
les mesures que nous avons prises.
Au-reste, le genre de persécution que les ºTurcs
exercentsur les Chrétiens, n'est pas tant les tourmens
et la mort , que les peines pécuniaires qu'on appelle
o.Panies.
L'usage est ici, que lorsqu'on acense quel–
ques Chrétiens pour la cause de la religion , on se
saisit des principaux de la nation dont sont les accusés,
et apres les avoir mis sous le baton , on exige d'eux
une contrihution qui se leve sur toute la nation, ou
grecqne, ou surienne , ou autres. Depuis quelques
années , lorsque le bac11a étoit parti pour la Mecque ,
on accusoit les catholiques de s'
~tre
faits Francs , et
de prier chez les Francs
>
et en conséquence on leur
imposoit une grosse avanie, qui les réduisoit
it
u11e
indigence plus affreuse que la mort. Pour remé<lier
'