EDIFIANTES ET CURIEUSES.
I
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tance que vous trouviez dans ma relation. En tout
cas ,
mon obéissance
me
tiendra lieu de mérite anpres
de
vous.
N ous partlmes de Trípoli, le pere Bonamour et
moi , le
i
3
octobre
1 721.
N ous av
ions
pour conduc–
teurs trois Maronites du Mout-Liban. Nous mar–
chames ensemble quatre jours de suite, pour arriver
a
Arges, petit village situé au pied des montagnes du
J...
ihan' et
a
six lieues des cedres. Quelqne diligence
que nous plimes faire , nous n'y arrivames qu'a dix
heures du soir , 'au clair de la lune.
11
nous fallut
passer le reste de la nuit sur la terrasse d'une misé–
rable chaumine faite
de
roseaux; nous y
f
U.mes con–
tinuellement tourmentés par un vent des plus grands
et des plus piquans.
Nous en partlmes des le lendemain deux heures
, avant le jour. Nos guides nous firent marcher par
des chemius tres-rahoteux , dans lesquels nous fati–
g·uions beaucoup, et nous avancions tres-peu.
Nous passames par un petit village nommé An–
tourú.1. Le seigneur du village nous ayant
aper~us
vint au-devant de nous, et nous invita a dl.ner chez
lui. Nous eussions hien fait de l'accepter; car nous
ne ftunes pas
a
demi-lieue que nous eümes
a
essuycr
une pluie des plus copieuses et des plus froides , ac–
compagnée de greles et de tonnerre , qui dura deux:
heures sans discontinuer, et sans que nous pussions
trouver oú. nous metire
a
couvert.
Nos habits furent en un instant percés ; nous.
marchions dans la boue jusqu'a mi-jarabe'
a
travers
les ravines d'eau qui
mena~oient
de nous noyer.
La
pluie qui formoit
~ne
riviere sous nos pieds , se
changeoit en neige sur les montagnes voisines. En.fin?
apres des fatigues inexplicables ' nous arrivames
a
Marserkis,, monastere des révérends peres Carmes.
Le secours de leur charité nous vint tres
a
propos,
car
ils
no~
fü:ent
i.rouv~r
chez
eu~
toht
ce qui
nous