ÉDIFIANTES ET CURIE USES.
18.1
Le patriarche étoit
v~tu
d'un habit rouge , dou–
hlé sur les hords d'une fourrure ; sous cet hahit
il
y
avoit
u~e
soutan; couleur de pourpre; la modestie
y
est tres-observee.
L'église du monastere est dédiée
a
la sainte
Vierge; le patriarche nous <lit qu'clle avoit quatone
cents ans d'ancienneté. C'est une vaste grotte, dont
on a fait l'église qui est assez belle; elle ej;t ornée
de peintures; le patriarche nous y
fit
remarquer les
portraits d'Innocent
XI
et de Louis
XIV.
Nous as–
sistilmes
a
l'office du jour et de la nuit.
Il
se fait
avec beaucoup de religion et de piété. Leur liturgie
est tres-ancienne; elle est composée en syrien ou
ancien syriaque , et une petite partie en arabe, mais
écrite en -lettres syriaques qu'ils appellent
kerchora.
L es cellules des religieux sont dans des grottes
pres de l'église. Pour s'y rendre l'hiver et l'été, ils
sont nécessairemcnt exposés aux injures du temps.
Le patriarche nous
fit
voir la charnbre qui porte le
nora des trois
J
ésuites; savoir: les peres
Jean Bruno,
Jean-Baptiste ./Elien
et
Jérome Dandini,
qui furent
envoyés en
1581
par Grégoire
XIII,
et ensuite par
Clément
VIII.
Grégoire y envoya les deux premiers
pour faire recevoir
l~
concile de Trente par les Ma–
ronites, et Clément y envoya le dernier, pour faire
abjurer dans un synode du 'patriarche, des éveques
et pretres maronites , .les e_rreurs d'un conciliabule
schismatique. Le concile de Trente fut
re~u
et
le
schísme proscrit.
Pendant notre petit séjour
a
Cannobin, le pa–
triarche nous fit l'honneur de nous faire toujo rs
manger avec lui et ses religieux .
La
frugalité y est
parfaitement gardée : des légumes appretés
a
l'huile,
quelques raves et un peu de poisson salé , avec un
pain sec
et noir, composerent tout le
~·égal
qu'ori....
nous
fit;
roa.isle vin est excellent,
et on n'
en
boit
point de meilleur en France.