ÉDIFIANTES ET CURIEUSES.
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que la mere et la filie lui faisoient dans leur maison
>
le mettoit
a
portée de pouvoir demander la demoi–
selle en mariage.
Il
le
fil.
La mere déja prévenue en faveur du cavalier
>
regut favorahlement sa demande; elle se persuada
aisément que le mérite qu'elle <;onnoissoit dans cet
officier ne pourroit manquer d'avancer sa fortune, et
que ses honnes qualités d'ailleurs rendroient sa fille
heureuse.
Ces réflexions de la mere , et l'inclination de
la
fille favorable
a
l'Espagnol, firent consentir l'une et
l'autre au mariage; les noces se firent
a
Bruxelles
avec
l'
approbation
d~
to
ute la ville. L'époux et l'épouse
furent dix ans ensemble, et n'eu.rent un fils qu'au
hout des dix ans.
Quelque temps apres, le cavalier, soit qu'il et\t
le
mal du pays , soit qu'il fü.t ennnyé de son métier,
soit plntót qu'il eth une intention qu'i'.l rrvoi1 alors in- '
téret de cacher , exposa en secret
a
son épouse le
désir qu'il avoit de faire le pélerinage-de Jérusalem
pour y adorer le tombeau d
tre-Sauveur.
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lui
proposa de la mener ensuite en
spagne , pour y voir
sa famille, disoit-il, et iui donner connoissance des
hiens qu'il feignoit
.Y
posséder.
La jeune femme hoUandaise , qui étoit attachée
a'
son époux, consentit
a
ce voyage; ·ils convinrent de
ne parler
a
qui que ce soit de leur projet' et s.urtout
de le tenir caché
a
la mere ' qui ne manqueroit pas
de
s~opposer
a
un dessein aussi extraordinaire que
celui-ci. Ils concerterent si secretement letu embar–
quement sur un vaisseau hollandais qui faisoit voile
en ltalie' que la mere ne
l'appritqu~apres
leur départ.
On
peut aisément juger quelle fut sa surprise
a
la
premiere nouvelle qu'·elie en eut. Eli.e
f~t
long-temps
sans la vouloir cr'oire. Elle les
fit
chercher partorit;
mais , ei:ifin la
ch
ose
fo
t
si avérée
qu'
elle
nien put
douter. ··
T. l.
11