LETTRES
Pendant que la mere ne cessoit point de plcurer
la i1erte ·de sa filie, le vai:;scau qui la portoit elle et
son geudre,
fit
rencontre, vers les cotes d'Afrique,
de deux ou trois barbaresques qui viureut l'attaquer.
Notre cavalier cspagnol, qui les reconnut a lcur lan–
gage pour ce qu'ils étoient' demanda a parler au ca–
pitaine qui les commandoit, ne doutant pas qu'il
n'en fllt re9u favorahlement, en lui déclaraut sa nais–
~ance.
La chose arriva comme il l'avoit prévue; car
le commandant l'ayarlt fait passcr sur son bord, l'Es–
pagnol lui
fit
entendre qu'il n'étoit ricn moins qu'Es–
l}agnol, lui conta toutes ses aventures, et lui dit que
son dessein secret étoit de retourner en Turquie , sa
patrie, pour
y
continuer en .liberté l'exercice de la
1·eligion de ses pcrcs. 11 conjura en meme temps le
commanda.ntde l'aider dans l'exécution de ses inten–
tions. Heureusement pour lui, il se trouva sur le
vaisseau du oommandant un Turc de Damas qui con–
noissoit sa famille, et qui en rendit témoignage. 11
n'en fallut pas davantage pour engager le comman–
danta entrer dans
1 · · ·
térets de cet officier.
Le~om
mandan t lui offrit
recevoir sur son vaisseau; la
difficulté étoit de douner de bonnes raisons
a
son
épouse' pour la faire consentir
a
ce nouveau partí.
11 résolut
cepe~dant
de le lui proposer, en
Jui
faisant entendre qu'ils arriveroient bien plutót
a
Jé–
rusalem sur un des vaisseaux de Barbarie que sur le
vaisseau hollandais; parce que celui- ci, disoit-il,
devoit demeurer long-temps en ltalie, au lieu que
les barbaresques iroient en droiture mouiller aux
cotes de la Syrie.
La jeune femme h.ollandaise , malgré ses répu–
guances, crut ne
po~1voir
mieux
fai~·e qu~
de
s"ab~Jormer
a
la condmte de son man' qm en devolt
savoir plus qu'elle.
. Le commandant, instruit secretement de tout le
mystere' rep1t agréablement le pera et la· mere' et