ÉDIFIANTES ET CURIEUSES.
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revint
a
la mission d'Antoura , qui étoit eob'jet. de
ses affections , et sans vouloir se donner un moment
de repos,
i1
reprit avec plus de ferveur que jamais'
les missions de la campagne; mais ses forces n'étant
pas si grandes que son courage, il fallut succomber.
11 en revint avec une fievre tres-ardente , qui nous
l'enleva en peu de jours.
Notre mission d'Antoura, qui le regardoit comme
un ange sur terre., conserve pour luí une singuliere
vénération , et
~
cesse pas de le regretter.
Sa
dou–
ceur , son humeur toujours égale , sa piété , sa mo–
destie, sa charité pour les pauvres, et son air ave–
nant lui avoient gagné l'estime et l'affection de ceu:x.
qui le connoissoient, et.des Maronites en part.iculier,
qui en parlent encore aujourd'hui avec un
sensibl~
regret de l'avoir perdu.
La perte du pere Neret avoit été précédée de celle
du pere Gravier, du pere Cordier , du pere Heuré,
et a été suivie de celle du pere Nicolas Treffons,
qui tous s'étoient pareillement dévoués au service
des missions des montagnes. Il faut convenir, en
effet, qu'elles sont tres-rudes: car, pour y arriver,
il est nécessaire de grimper par des chemins escarpés
et interrompus par de grosses roches, sur lesquelles
il faut monter pour passer outre, et
souv~nt
nu–
pieds, pour se tenir plus fermes sur ces rochers, dont
le tranchant nous fait beaucoup souffrir.
.
Ajoutez
a
cela qu'il faut essuyer en meme
temps~
ou les ardeurs d'un soleil qui nous hrule en été ,
qu
marcher sur les neiges en hiver, portant sur 'son dos
sa chapelle, c'est-a-dire, ses ornemcns ., et ce qu,i
est nécessaire pour <;lire la messe; de plus, avoi.r.
avec soi sa petite provision de chapelets, d'images
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de remedes pour les malades , et nos autres besoins
pour tout le temps de la mission. L'on marche dans
cet équipage le haton
a
la main les jours entiers.
.
Est-on arrivé dans un village _ou doit etre la mis"".'