ÉDIFIANTES ET CURIEUSES.
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Ieur fils. Apres quelque:s jours de navigation, le vais–
seau arriva
a
Alger; la Hollandaise ne savoit d'ahord
oú elle étoit; mais elle connut bientot qn'elle vivoit
avec eles Turcs. Sa snrprise n'en fot pás médiocre?
rnais elle devint ensuitc
hi~n
plus grande, lorsqu'elle
s'aper~ut
que son mari fréquentoit continuellement
les Tnrcs, et se trouvoit meme
tJ.
leurs priercs. Elle
n'osa d'abon\ lui parler <lesa peine, le croyant tou–
jours bon catholique dans l'ame; inais craiguant qu'il
~le
vint
a
se pervertir par le coni.merce qu'il avoit
avec les Turcs, elle le pressa. instamment de partir
d'Alger, pour gagner au plutot le terme de leur pé–
lerinage, qui étoit Jérusalem, étant persuadée qne
son mari rempliroit mieux ailleurs les devoirs du
christianisme.
L'Espagnol son époux, qui ne songeoit de son.
coté qu'a pouvoir professer librement le mahomé–
tisme, profita de l'empressement de son épouse pour
la conduire en Turquie, sur un vaisseau pret
a
par–
tir pour l'F.gypte, l'assurant que ce vaisseau la ren–
droii promptement
a
Jérusalem. Ils s'y embarque–
rent tous deux et leur fils, rnais avec des intentions
bien différentes.
.
Ils aborderent en peu de temps
a
Alexandrie, et
le capitaine espagnol, son mari, tachant de se dé–
rober aux yeux de sa femme, alloit secretement amr
mosquées, et fréquentoit les Turcs. La pauvre Hol–
landaise, malgré toutes les précautions du faux ca–
tholique, découvrit sa cond1úte, si contraire a celle
que cloit teuir un chrétien. Elle en fut consternée ,
et ne sachant plus qu'en croire, elle avoit recours
a
ses larmes, sans oser lui parler de la cause de sa dou–
leur. Le fauxEspagnol, qui avoit autant d'estime que
de tendresse pour elle , sentit bien qu'il ne pouvoit
jouer plus long-temps son personnage. 11 cherchoit
les moyens de se découvrir , prévoyant cependant
les suites que pouvoit avoir une telle
dé.claration*
11 ••
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