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P. NATAL ALEXANDRI
EPISTOL&
de
Lyon.
Vous
le faites parler contre
fa
penfée, parce que vous
ne
pouvei
fouffrir qu' il ait enrrepris
Je
réformer v&tre Morale.
Vous
1fous
aprenez e chofes
fort
curieufes, dit la Préfidente . Nous
fom–
mes tres-conten r s de
e.e
que vous · avez dtt des pourfuites des Benefices ,
&
de I'ufage des opinioos probables . Le rene nous regarde auffi- oien que vous.
Pour moy, Je vous avoue que 1'aurois un grand panchant
a
devenir Janfeni–
fl:e,
fi
c'elt
l'etre que <le croire qu'il faut demander pardon
a
Dieu pour bie11
entendre
J
M !fe; qu'il faut faire des Acles d'amour de Dieu le plus fouv ent
que no
1$
pouvons,
&
qu' il faut éviter
l~s
équivoques . 11 faut que ce fo ient
de b?ns Jan\en il1 es, que _ces Doékurs qui no2s ap:ennent
~devenir
plus gens
de bien,
&
a
nous. fanthfier. Quelques Caíu1_res d1fent,
qu~
nous ne fommes
pas obligez de faire des Aét:es d'amour de D1eu , le plus fouvent que nous
pouvons, ni d'éviter les équiv.oques comme
~es
menfonges.
P~uÍleurs
Doél:eurs
d'une érudition, d' une pieté reconnue ' íoutiennel'lt le contratre • Je fuis sure
que
Je
ne
riíqu ~
rien, en fuivant
l~ur ~P.~~ion
dans
.la
pratique . Je rifqu e
beaucoup en fu1vant celle des Cafuites doutllets,
&
de la Morale accommo–
dante. e croy done, qu'il vaut mieux foivre le certain
&
laiíler l'incerrain
comme Monfienr
l'
f\bbé diíoit maintenant. Si nous
ne
pouvons
trop
aime~
Dieu ;
fi
l'arnour de Dieu eíl: la feul vertu conrre laquelle nous ne pouvons
pécher par excés; que! danger y a-t-il de croire, que nous devons nous exer–
cer dans
fon
amour ,
le
plus fouvent qu' il nous eíl: poffible
?
n' eíl - il pas
au
comraire rrés dangereux, de ne l'aimer pas d{fez?
·
Vous difiez mai ntenant, mon J'lere, dis -je
a
n&rre Jeíuite, qu'il fuffit
d'ai–
mer Vieu d'un amour d'intereil,
&
qu'il
n
efi pas neceffaire de J'aimer d"un
amour de bien ve1lbnce . Je vous avoue que cette idée
m'a
extrememenr cho..
C!)Ué;
&
je e
fu
is ape1sue qu'elle n'a pas moins déplu
a
Madame
la
·Marquife
&
a
Madame la PreGdente, qu'a moy. N'efi-ce pas
av~c
raifon, dit la Mar–
quife . Serions. nous contentes que nos Epoux
&
nos Enfans nous aimaífenc
ieu lement pdr incerett ? C'cíl: ainfi, dit-elle , en careílanc mon petit Chien ,
que Tirfis aime fa Ma!tretfe.
N'eíl:~ il
pas vray lfrfis, que tu ne l'aimerois pas,
li
elle ne te
faifoit
du
bien? Voyez, mon . Pere, commé ce petit animal court au giron de Madame,
commc;; il la flate daos l'attente du petit bifcuit ,
&
des bons-bons qu'elle a
couru1
e de lui donner.
C'efi
done
la
comme nous devons aimcr Dieu ?
ou
fi
l'ex emple de
Tirfis
ne
nous
femble pas a{fez JUlte ; vous cr-oyez 'que nous
nous acq11itons
de
nos devoirs envers üieu, en l'aimant comme des merce.
naires ,
&
noa pas comme des
En
fans doivent aimer leur Pere,
&
rous
ceu"
qui
di fent le conrraire
font
Janfeniíl:es? Si cela eli, mon Pere,
j~
íuis
Janfe–
niíle
a
la vie
&
a
1<1.
mort. Car je ne croirois pas etre en état de falut ,
fi
je n' aimois D ieu que d'un amour
d'inrerel~.
.
Pour ce qui eft de équivoques, je vous avoué qu'ils font <l'un grand
ufage
dans le ·monde. Un évite une infinité de vifües defagreab1es
&
incommodes,
en faifont di re par un
Laqua1s,
qtr'on n'eft poi
ne
au logis: Mais puifque c'e íl:
le DiJble
1ui
en a enfe1gné l'ufage,
&
que ce fonr en effer des m _nfon p. es ,
cornme l'
Aut
·ur d s Eclairciíl'emens l'a fait voir; je confens
a
fou ffri r plilt&t
des vifites incommod s,
qu'a
faire dire par mes gens , que je
n'y
Cuis
¡
as •
Car je ne voudrois pas mentir, ne faire mentir mes domefüques , pour rout
l'ot du monde. Je hay les menteurs .comm.e la peíl:e.
C'eíl trés-bien
fait,
dit le R. Pere
:
mais il ne faut pas cond mner abío·
lument l'ufage des E.qui voques
&
des Refiriétions mentales , puifque ce ne
fonr
pas des menfonges.
11
n'y· a que la maniere de s'en fervir.
Je vous entends, dit l'
hbbé :
c'elt
a
dire qu'1l
y
a un Art innocent de
dégui-