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!190

P. NATAL ALEXANDRI

EPISTOL&

de

Lyon.

Vous

le faites parler contre

fa

penfée, parce que vous

ne

pouvei

fouffrir qu' il ait enrrepris

Je

réformer v&tre Morale.

Vous

1fous

aprenez e chofes

fort

curieufes, dit la Préfidente . Nous

fom–

mes tres-conten r s de

e.e

que vous · avez dtt des pourfuites des Benefices ,

&

de I'ufage des opinioos probables . Le rene nous regarde auffi- oien que vous.

Pour moy, Je vous avoue que 1'aurois un grand panchant

a

devenir Janfeni–

fl:e,

fi

c'elt

l'etre que <le croire qu'il faut demander pardon

a

Dieu pour bie11

entendre

J

M !fe; qu'il faut faire des Acles d'amour de Dieu le plus fouv ent

que no

1$

pouvons,

&

qu' il faut éviter

l~s

équivoques . 11 faut que ce fo ient

de b?ns Jan\en il1 es, que _ces Doékurs qui no2s ap:ennent

~devenir

plus gens

de bien,

&

a

nous. fanthfier. Quelques Caíu1_res d1fent,

qu~

nous ne fommes

pas obligez de faire des Aét:es d'amour de D1eu , le plus fouvent que nous

pouvons, ni d'éviter les équiv.oques comme

~es

menfonges.

P~uÍleurs

Doél:eurs

d'une érudition, d' une pieté reconnue ' íoutiennel'lt le contratre • Je fuis sure

que

Je

ne

riíqu ~

rien, en fuivant

l~ur ~P.~~ion

dans

.la

pratique . Je rifqu e

beaucoup en fu1vant celle des Cafuites doutllets,

&

de la Morale accommo–

dante. e croy done, qu'il vaut mieux foivre le certain

&

laiíler l'incerrain

comme Monfienr

l'

f\bbé diíoit maintenant. Si nous

ne

pouvons

trop

aime~

Dieu ;

fi

l'arnour de Dieu eíl: la feul vertu conrre laquelle nous ne pouvons

pécher par excés; que! danger y a-t-il de croire, que nous devons nous exer–

cer dans

fon

amour ,

le

plus fouvent qu' il nous eíl: poffible

?

n' eíl - il pas

au

comraire rrés dangereux, de ne l'aimer pas d{fez?

·

Vous difiez mai ntenant, mon J'lere, dis -je

a

n&rre Jeíuite, qu'il fuffit

d'ai–

mer Vieu d'un amour d'intereil,

&

qu'il

n

efi pas neceffaire de J'aimer d"un

amour de bien ve1lbnce . Je vous avoue que cette idée

m'a

extrememenr cho..

C!)Ué;

&

je e

fu

is ape1sue qu'elle n'a pas moins déplu

a

Madame

la

·Marquife

&

a

Madame la PreGdente, qu'a moy. N'efi-ce pas

av~c

raifon, dit la Mar–

quife . Serions. nous contentes que nos Epoux

&

nos Enfans nous aimaífenc

ieu lement pdr incerett ? C'cíl: ainfi, dit-elle , en careílanc mon petit Chien ,

que Tirfis aime fa Ma!tretfe.

N'eíl:~ il

pas vray lfrfis, que tu ne l'aimerois pas,

li

elle ne te

faifoit

du

bien? Voyez, mon . Pere, commé ce petit animal court au giron de Madame,

commc;; il la flate daos l'attente du petit bifcuit ,

&

des bons-bons qu'elle a

couru1

e de lui donner.

C'efi

done

la

comme nous devons aimcr Dieu ?

ou

fi

l'ex emple de

Tirfis

ne

nous

femble pas a{fez JUlte ; vous cr-oyez 'que nous

nous acq11itons

de

nos devoirs envers üieu, en l'aimant comme des merce.

naires ,

&

noa pas comme des

En

fans doivent aimer leur Pere,

&

rous

ceu"

qui

di fent le conrraire

font

Janfeniíl:es? Si cela eli, mon Pere,

j~

íuis

Janfe–

niíle

a

la vie

&

a

1<1.

mort. Car je ne croirois pas etre en état de falut ,

fi

je n' aimois D ieu que d'un amour

d'inrerel~.

.

Pour ce qui eft de équivoques, je vous avoué qu'ils font <l'un grand

ufage

dans le ·monde. Un évite une infinité de vifües defagreab1es

&

incommodes,

en faifont di re par un

Laqua1s,

qtr'on n'eft poi

ne

au logis: Mais puifque c'e íl:

le DiJble

1ui

en a enfe1gné l'ufage,

&

que ce fonr en effer des m _nfon p. es ,

cornme l'

Aut

·ur d s Eclairciíl'emens l'a fait voir; je confens

a

fou ffri r plilt&t

des vifites incommod s,

qu'a

faire dire par mes gens , que je

n'y

Cuis

¡

as •

Car je ne voudrois pas mentir, ne faire mentir mes domefüques , pour rout

l'ot du monde. Je hay les menteurs .comm.e la peíl:e.

C'eíl trés-bien

fait,

dit le R. Pere

:

mais il ne faut pas cond mner abío·

lument l'ufage des E.qui voques

&

des Refiriétions mentales , puifque ce ne

fonr

pas des menfonges.

11

n'y· a que la maniere de s'en fervir.

Je vous entends, dit l'

hbbé :

c'elt

a

dire qu'1l

y

a un Art innocent de

dégui-