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cléguifer la verité' & de tromper les gens par des paro les a double fens '
qu'on appelle fiB:ions, amphibo~ogies, ou équivoques. Tout le fecret confiíle
a men ir avec efprit' & a donner a ces manieres de parler ) un nom moins
odieux que celui de menfonge • Mais n'efl-ce pas au fond la meme chofe ?
11 importe peu quel nom on donne au peché :· on ne diminue pas pour cela
fa malice. 11 s'éroit' ghílé un abus étrange dans le Clergé, avant le
cat d'Jnnocent lil. & d'Alexandre Ill. quelques Eveques exigeoient a
une contribution de tous les Curez de leurs Diocefes , pour le Saint
qu'ils venoient prendre a leur Cathédrale ; & ils appelloient ce tribut le de–
nier Cbrifmal. Les Papes & les Conciles ayant condamné cette exaaion com–
me f , ces Eveques intereílez trouverent un terme plus doux . Les
uns l Cathedrati'que , c'eít adire le droit de l'Eveque : les autres ,
le de D'autres enfin, pour rendre la chofe moins odieufe faifoient
payer la troiúéme femaine du Careme, ce qui ne fe payoit ·~auparavant qu'a
Paques , & ils appelloient cette contribotion la Ceútume de la my-Caréme. Ale–
:xandre I II. & Innocent III. ne condamnerent pas r11oins cette prarique, com–
me une fimonie détefiable; parce que les noms ne changent point la nature
des chofes. Ce qui eít contraire a la Loi de Dieu eít toujours un peché •
Toute parole contraire a la verité; touc ce que la veriré n'enfeigoe point eíl:
un menfonge . La verité n'enfeigne point l'ufage des équivoques qui la dé..
guifent, comme la chafieté n'enfeigne point l'adulteré & les aurres impuretez
qui la corrompent. Le Pere Alexandre l'a bien faic voir dans fa Morale , &
fon Défenfeur a refuté l'Auteur de la Réponfe aux Lemes Provinciales fur
cette article , d'une maniere qui ne fouffre point de replique. Au reíle , l'E–
glife a parlé , elle a condamné l'ufage des Equi vaques & des Reilriétions men.
tales , par la bouche d'Innocent XI. de fainte memoire. 11 faut aprés cela en
:ibandonner la défeníe cornme d'une caufe défefperée . Co,mme l'Abbé prenoic
congé, le R. Pere lui dit, Adieu Monfieur l'Abbé, ne foyez plus Janfeniíle ..
11 ne l'eít point, dit la Prefidente : Mais s'il l'étoit, nous trou verions un re–
mede a fon mal : nous l"adreíferions avotre Pere N. pour le g11erir promte–
ffieflt • Cetre plaifanterie fit arreter l' Abbé encare un peu de tems. Q1e n'ai·
je , dit-il , IWpric & la veine de Moliere., je ferois une pieee plus réjoi.iiífan–
re que fon Medecin malgré lui. Quelle piece, Monfieur,. dit le Pere? Le Jan.
fenifie malgré lui, die l'i\ bbé, Mali re n'a o(é la faire .. Il a joüé rout le mon–
de, excepré h Jeíuites : bien luí en a pris ~ Car s'il oe les avoit ménagez .,.
il n'auroit µas l'honneur d'etre au nombre des Hommes Elufires de Monlieur
Perrault. L'Abb8 faluant la Compagnie pour s'en aller , je lui dis : Vous ne
vous en irez point , MonÍtenr 1' Abbé, que vous ne nous ayez expliqué ce my–
fiere. Puifque volls. me l'ordonnez, dit l' Abbé, ie vous l'expliquerai: m peu
de mots . Moníieur Perraule de 1'Academie, a donné au Public Les Eloge.s def.
Hommes Zllu!ires de ce Regne .. Monfieur Arnauld & Monfieur Pafcal y teno.ient .
leur place a, jufie titre. Baptifle & Mol:iere y font dans, leur rang cornme des
llluíl:res dans le·m genre. Le Livre étoit impriméavec Privi f.ege, les Portraits
gravéz: 11 devo\t parohre il y a quatre mois; mais les PP. Jéfuites ont tant
- remué auprés. des Puiffances , _gu'ils. Ont fait donner ordre a l'Auteur &. an
libraire de retra ncher Monfieur Arnauld & Monfieur Pafrar ,& de fupp1iimer
leurs Etoges... Voila comme ces Meffieurs font pnais aprés. leur mort,. pour
n'avoit~ pas ménagé les. RR. P'eres .. Comme perfonne ne· ponvoit erre mis. au
nombre des. Dieux dans. l'an.denne Rome par une· Apotheofe fotemnelk , s"il
tle plai~oit au Senar; perfonne ne peut avoir rang parmi Jes Hommes lUlli–
fües ¡ s'il ne phit aux Peres Jefoites .. Monfieur Arnauld a été un des p!us
Kkk 4 grands.