MAR
C'dl cependant ce vil
intér~t
peut-étre, qui, plu! que
l'honn'~teté
publique, plus que les droits des peres
1\u
leurs enfan s, a ti fort infi (ié ponr anéantir cettc
lib~rté
des
mariages:
ce íont les riches plmót qne les nobles
qui ont fait emendre leurs imputations: cotio, fi
l'on
compre qnelques
mariagn
qu~
!'avis des pareos
e~t
mleux
affortis que l'inclinotion des enfans (ce qui en preíque
!O~JOUrS
inditférent
a
J'état), ne Íera-ce p3S UO g¡and
poids daos
l'atJtre cóté de la balance, que le no,mbre
des
mariages,
que le luxe des pareos, le defir de jouir,
le chagrín de la privatiou, peu¡ íupprimer o u retarder,
en faifanr perdre 3 l'érat les années précieufes
&
rrop
bornées de ls fécondité des femmes?
Comme un des grands objets du
mariag•
eCI d'órer
tontes les incettitudes des unions illégitimes, la
reli~ion
y
imprime ÍQn caraétere,
&
les Jois civiles y joignent .
le leur, afio qu'il ait l'authenticité requife de Jégitimation
ou de réprobarion. Mais pour ce qui regarde la défenfe
de prohibition de
"!ariage
entre pareos, c'e(J une chofe
ues-délica[e d'en ti xer le poj nr par les lois de la nature.
11 n'er\ pas douteux que les
mt~ri,les
entre les afeen–
daos
&
les
defcend~ns
en ligne direéte, ne f01eor con–
n aires
au~
lo!s oaturelles comm<; aux ci1•iles ·
1!¡
l'oo
donne de tres-forres
r~ifons
pour le pronyer .
'
·
D'abnrd le
mariag•
étaot établi pqur la tl1UIIiplicarion
du geore hnmain , il efl comra!re
a
la norure que l'on Ce
marie
:we~ un~
perfoone
a
qui l'on a dorrné la naiiTan,
ce, ou médiaten1enr on imrnédiarement,
&
que le
Can~
reotre pour aiofi di
re
dans la fource donr il v1enr. D.e
plus, il (eroit dangerenx qu'on pere ou nne mere ayanr
con~u d~
l'amour pour une tille ou un
til~,
n'11bt;farfent,
d~
leur auroriré pour farisfuire une paffion
cri~~¡~inelle,
du
VIVan! 01éme de \a femme
OU
du
m~ri
a
QUÍ l'enfant
doit en partie la naiffa,nce . Le
maria¡¡•
du tils avec la
mere confond l'état
de~
chofes: le fils doit un tres–
~rand refp~ét
a fa ':!ere; !a femme doit aum du refpeét
a
Con
m~rr
¡
le
manage
d,-une mere avec Con 6\s ren –
verferoit dans l'uo
&
daos l'autre leur état oarurel.
11 y a plus: la na(t1re a avancé daos. lQS fem'IJeS le
rems ol\ elles peuvenr avoir des_ enfans, elle l'a reculé
dans les hommes;
& ,
par la
m~me
rai!bn; la femme
c~ffe
pluttll d'avoir cette faculté
&
l'homme
pln~
rard.
S.r le
m~Pag•
corre .la mere
&
le fils éroit
permi~,
il ar–
rrverort prelque
tO~.)our~
que, lorfque le mari feroit ca–
pable d'enrrer dans les
v~es
de la nature, la femme en
auroir
pa~é
le •erme. L e
maria_e•
entre le pere.& la til le
répugne a la oarure comme le précédenr ; mais
il
y ré–
pugne •noins paree qu'il n'a poinr
ce~
denx oblla,cles .
.Auffi les Ta¡tares qui peuvem époufer leurs
tille~
n'é-
poufenr-ils j•mals Iews meres.
·
'
11 a ro'OJours été oa.turel aux peres de veille¡ fur la
pudeur de leurs enfans. Chargés du lbin de les établir,
'(s ont dú
l~ur
conferver
&
le corps. le plus
p~rfa,it,
&
1 a_me la moms corrompue, rout c;e qui peut 111ieux io–
fplrer
qe~
defirs ,
&
IOlll ce qui efl \e plus propre :\ doo–
ner de la tendreffe. Des peres
to~jnurs
occupés a con–
ferver les mceurs de leurs enfans, om dtl avo!r un éloi–
goement na,turel pour tour
ce
qui pourroit
le~
corrom–
pre_.
L~ m~nag._ n'~fl poin~
une cqrruptioo , dira-t-nn;
n:'ars'
~yaot ~~
mtmag•'
ti
faut pader, il fuut re fli re
armcr, rl
fa ur féduire; c'efl cette féduét ion qui a dll
fa~re
horreur. 11 l clone falltl une
b~rriere
infurmonta–
ble en1re ccux qui clevoient donner l'éducarion
&
cenx
qui devoiem la recevoir,
&
éviter toute Corte de cor–
ruption ,
m~m~
pour caufe légirime .
L'horreur pour l'iocc(ie du frere avec la f!llur a dd
partir d" la
m~
me
fonrce . 11 fuffir que les peres
&
me–
res aient voulu co.nferver les moours de leurs enfans
&
lenr mai(on pure, pour avoir infpiré :\
lcurs enfans de
J'horreur pour !OUt ce qni pouvoit les. poner
a
l' union,
des
deu~
fexes.
La prohibirioo du
mariage
entre eoufi ns-germains a la
m eme a,¡rgine. D ans
les
pr~miers
rcms, c'efl-a-dire,
daos les
~ges
oii. le luxe n'éroir point connu, tnus les
enfans refloiem dans la maifon
&
s'y ét
ablil(oient : c'efl
qu'il ne falloir qu'une maifoo tres perite po.ur une gran–
de famille, comme Ofl le
vi~
chez les
premier~
Romains .
L es
enf~ns
de deux
frere~,ou
lescou llr¡s-germains,
étoieot regardés
&
fe
rcgardoi.eO\ en.tr'~ux
comme frercs.
1 .
(1) Le Mariage unit l'homme
&
la femme
1\
é tro)tement qu'ils ne
font plus qu'qqe feule
8c
méme chair . La loi de
natu~e
qae Dieu
a lni.rnt!me
~cl~irc!e ,
&.
expliqu~e ,
noas
l"enfeigne ~
ilt; ne peuvcm
tionc
f.:
f.:p.1rer . mt!me aprCs qu'ilt ont terminé l'éJl_\cadon de lcurs
t;nfans;
&
ce
ferc~jt
fairt"
la plus grande des ÍnJure.t
a
l'huma–
nité que de comparer
l'Jinion
conjagale avec ce que les tJ.nimaux qui
fo~t
privés de l'ufage ,
8c
des lumiere• de la raifon, ont contome de
fa~re
a
cet
t:gard ;
il
n.'y
:t
que la mon de l'un des conjoinu qui
rl!lilfc:
rompre les licns d..
m.uio:~ge '
6c
difi"eudre J'indiviJuité d;
MAR
L 'éloi¡¡nement 9ui étoit entre les frercs
&
fceu rs pour
le
m~rragr,
étoJt do ne auffi entre les
confi~s-germ~ins ,
Que
fi
quelques peuples n'onr poin¡ rejené les
maria–
ges
emre
l~s per~s
&
1~•
enfa ns, les f'ceurs
&
)es fre–
res. c'dt que_ les erres intelligens ne fuiveo¡ pas toü–
JOUrS Jeurs lors. Qu•
le
d~roir
r D es idées reli, ieufes ont
fouveot fait _1001be_r
les ho•nmes dans ces
i garemcns.
Sr les A ffynens, h les Perfcs onr épou
f'é
.leu
rs mores
k~
p¡e.miers l'on¡ fai1 par un refpeél religieux po.ur
Sé ~
nwam1s;
&
les feconds, paree que la
reliJion de Z o –
roaflre donnoir la préfé rence
a
ces
mariage/.
Si les
E~ y
ptieos om épou('é leurs fceurs , ce fm encore un détire
de la religion égyprienqe qui confacra ces
mariages
en
l'honneur d' llls. C omme l'e(prir de la religion eft de
nqus
por¡~r
i1
faire avee etfort des chofes grandes
&
dif–
ti ciles,
il
ne faur pos jn¡lcr qn'nne c;hofe -foit narurello
paree qu'une rcligion fauffc l'a cnnfacrée. Le príncipe
qqe les
mariag<~
corre les peres
&
les enf11ns , les frer<s
&
les f(!!ms, ÍOI1t défencjus pour la coofcrvarion eje la
pudeur
n~tllrelle
dans la m.1ifoo, doit fcrvir
~
nous
f~ire
d~oou~rir
quels. Cmr les
>naria~<'~
défl:ndus par la loi na–
~urelle,
&
cenx qlji oe peuvcnr l'errc que par la lq' <;ivile.
.4cs \qis civiiQS défendent les
mari.qges
lo¡(que,
p~~
l.
es
nía~~s re~us
dans un certain pays, H fe trouvent 4tre
~an
s les111~mes
circon(iances que ceux qui font défeq,
dos
p.arles lois de la oature;
&
elles
les permeuenr lorf–
que les
mariagtJ
11e
!e
trouvenr poinr daos ce cas . La
défenfe des loi> de
~~·
na¡qre efl
i nvari~bl~,
paroe
<¡u'ell~
dcpend d'une chofe
inv~riable;
le
p~r~.
1'\ rne¡e
&
le'
enfans l]ail!rant nécelfairemenr
d~ns
la
m~ifqn . IV\ai~
le•
défen('es des lois civiles foil! accidenrelles ; les
cou,fi•l~'
gern1ains
&
autrcs.l]ab.itant accidentellement dans la maifoo.
On
d~mande
en,tin quelle qoit erre la durée de la fq–
ciéré
conjn~ale
folon le droit oarqrel,
indép~nda,mmen~
de~
lois ci • iles: je réponds q11e
h
n.atn,re meme
&
1~
bn!
de cerre. foc,6ré nous apprennent qu'elle doi1 du,rer
r~e¡lon~~tem<.
La fin de la (q ciéré ent¡e le
m!l i~ ~
la fe–
melle n'étaor pas (jmplement de procréer, mais de cot\–
tiquer
!'~(pece, cell~
fociété doit d,urer du-moins meme
1
aprcs la prooróatinn, auffi long-rems qu'il e!l néce(f.1iro
pou r la 'no.urrirure
&
la co'n(ervatiot\ des. prosréés , e'ello
a-dire , ju[qu'a ce qu'ils foient capa,ble> de pqtlrvoir eux–
memes
it
leurs befoins . En cela confilte la p¡iucip.ale
6\
pelH-ctre la fenle raifon, pour laquclle le
m~le
&
la fe–
melle hun1ains font obligés
a
une fociéré plus, longue
que n'entretiennent les autres aoimaux. C ette rai[o n efl
que la femme e(! capable de e ncevoir,
&
íe rrouve
d'·ordiilaire ·groffe d'un nonvel enfaor
long-tems avan¡
que le précédent Coir en état de pourvoir lui-mome
a
fes befoins . Ainfi le rnarr doit demeurer avec
la
femme
jufqu' a ·ce que leqrs enfans Coierv grands
'&;
en 3ge de
fubllfler par
euX·'IJ~Il'\es,
ou ayec les. biet\S qt\'ils leu¡
laiffent. On voit que par un effct
~dm~rable
de la fJge(fQ
du Créareur, ceue
re)~
le e(! conltamment obfervée par,
les animaux memes delt itués de rai rm1 .
!VIais. quoique les befoins des enfans cemandenr que
l'uni
Qn conjugale de la femme
&
du mari dn re encore
prus.
lo.ng-rems que celle des autres animaux,
il n'y a
r(eo, ce m.e f"rnble , daos
la oarure
&
dans le bm de
cette U(\Íon, qu,i de111ande que le mari & la felflnte fuieqt
obligés de demeurer enfctl'\ble
_rom~
laqr yie, apres avoir
élevé leurs eufans
&
leur avo,1r la•ííé de qnoi s'<mrete–
nir.
u·
n'y a rien', dis-je, qu_i
emp~che
alor¡ qu'on
n'ai~
a
l'égard, du
mariage
la
m~me
llb<;rté qu'on a en, rna–
riere d,e toure ('orte de [ociété
&
de convenrion : de for–
re que m,oyenn'\nt qu'on, pourvoie d'u,ne maniere ou, d'au–
tre
a
cette éducatiou, qn peur régler d'uo comrnnq
~e
cord, comme on le
jq~e
a
propos , la
duré~
dt; l' uoioq
conjugale, foit daqs l' indépendance de l'érat de n,a,ture '·
ou lorfque les lnis civiles fous
le[quelles on yÍ\ n'ont
rieo dérerminé
1 ~-deffus .
Si
d,e- 1 ~
il oait quelquefois de1
inco_nvéoiens'
00
pourroit y en oppofer d,'au_rre• auf!i
confi,dórables, qui réfultenr de la trop loqgue du,rée ou
de la
pe~pétuiré
de cette fo,ciéré. Et apri:s tour, fuppor
fé que les_premiers fulfeo.r plus 11rands, cela pn:iuveroit
feulement que la chnfc (croit fq¡ette
a
l'abus ·, comme
la polygarnie·,
&
qu'ain!¡, quoiyt\'clle ne fl\r 'pa; mau•
vaife abfolument
&
de fa narure, on devroit s'y con,
duire a.vec précaqtion .
(D. ')_. )
Cq
.
111
!\ "
cene union. conjugale dont Oieu en.
l~:mreur .
Le-' lois: de la na–
ture qui
tir~nt
également
leur orig in.e. de
Oic=l\.
d~kndt!Q.t-
:~.a.x
en ..
f:tns de
s'unir
:t\'C:C
leur
pere
&
mere par
1~
man ..ge.. mau cene
défen(e ne reaarJe p:u k s freres
&
(c:urt: .
~~~
m_oim
~ireélemcn~
ainfi
~ue
l'o.b[erve.
Saint
Thom.u .
&
.1prt!s
In•
phJheurs
."uteurt
.\J':ll
ont
c:.xpliqu~,
l!c
comrnenl.é le•
loi'l.
de la n:uure.
&
qu• ont
~uv1,
k
adopté
J'.
opinion,
&
le fentirnent
J.e
ce. Ootl.:ur.
angel~que
;
je fuis furpris de ce qae l'aureur de
cct
art1cle
paro1íf,c
l'•sn.o"!.
¡cr.
(.A)