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MOT

mulicien s''Y m ontre grand anille, apri:s &'erre

monrr~

dans la premicre

p~rtie

homme de génie. M ais en tout

ceci il n'y a aucune loi univerCelle. Con. me ls Mttfi–

que ell plus qu'aucun autrc art

1

1

ouvrage de

l'emhou li~·

fme, l'homme in ío iré ne fuit aueune rc.gle

cena.ií1t;

.1.l

n'obéit qu';\ une impulfion fupéricure qui le conduit fou –

venl'par des roures ü rconnue;

&

nouvelles; foa

ex<m~le

& fes fucces deviennenr bien tét des model<s & les pnn,

cipes d'une poérique

mnfi~ale.

L es di!férens genres d'ailleurs varieot les précepres

i

l'infi ni. Ce 'qui convient

a

la m ufique cragique ne va

guerc

a

la mufique comique; cell·e de l'ágl i[e a encare

un caratlerc qui luí efl propre;

&

ces

caraéter<~

fonr

fi

d"i!férens che?.. les nadons qui om excellé dans la Mn–

ftquc, qu'une oreille un peu exercée n'a pas befoit¡ da

fecours des para Jes pour les difl inguer

&

les rece n.

noi!ie.

·

·

' Le

motif

ctl ce qui conrlitue le plns

earri~ulieremenr

le génic muÍical . L'étude

&

les inflruaions <le

Jlé~ola

cnfeigneront au mqficien la fcience de l"harmonie

&

de

(es eff<rs; avec du got'lt il apprendra

a

en faire

uf~ge

a

propos; mais en vain fera-t-ii profond dans la fcrence

de fon art;

(j

Ces

moti(¡

font communs ou vuides d'i–

<lées

&

de cara8eres, fes produétions rdleront rou jours

médiocres . En vain :roudra-t-il dérober le défaut de

pen fées

&

la pan vretc! de génie fuus les etfets les plns

i m polans de l'harmonie., fous l'•ppareil des inllrumens

d'un nombreux

&

brnyanr orchell re ,

il

ne réullira pas

a

donner le changc

a

celui qui entend le langage de la

Muflque. C'ert ainri que le rhéreur forme l'or<ilie de

fon éleve

a

l'karmonie. au nombre des périodes; mais

la noblelfe, la chaleur, la force

ti

es penfées, les bclles

i mages, les ¡{randes

&

fublim es idées ne \",: remplaccut

poinr p.r on bruit de paraJes hartnonieuCcs ,

&

n~

s'ap–

}>renoent

p~$

a

l'école.

Le muricien com •nencrr! par choilir le mouvemenr

propre :iux paroles que le poete lui a données. Lorfqu'il

'aura

a

ex primer les mortel les alarmes d' Aodrornaque ou •

de Mérope , foo genre de mefure lera agité . Lorlqu'il

aura

a

ex primer les

re~ren

d'un arnanr, qu'un devoir

cruel arrache aux embralfemem de fa maitrdfc , le mou–

:vement de fon >ir lera lan;¡uilfant, doux, poCé. Ainri

(on

air s'appellera

lar_{o, rantabile,

andante,

a!ltgro,

pr•flo, •.{itato,

fuivant les différens caratleres de lo me–

fu re; maia

(i

la b<auté du

motif

ne répond point

a

la

beauté du fujer;

(i

ce

motif

ne rend pas d'une

manier~

tnergique

&

vraie la pallion que le poete n'a fait qu'in–

diquer,

&

dont toute l'exprellion appartient au mulicien,

celui-ci aura· manqné fon but.

ll n'y a point de mufique fans mefure; mais le

motif

donne feul la vie

~

le caraétere

a

la pallio n .

11

ell na–

turel d'exprimer des pallions douces par un m ouvement

.doux

&

tranquille,

&

les palli ons violentes par des mou–

vemens rapides

i.

mais ceux qui connoiffent les chef-d'reu–

vres de Jlart, lavent que la palli nn la pl us douce peur

ltre rendue par un air d'un mouvement rapide, fans per–

dre fon caraétere de douceur

&

de tendreffe,

&

que le

génie a quelquefois rendu la viteffe

&

la gaieté dn mou–

vement nécelfaires a l'exprellion de la trille!fe

&

de. la

langueur .

Le

motif

de l'air ell ordinairement annoncé par un de–

but de l'orchellre, que nous avons appellé

1~

ritottrnelle .

Q uelquefois la chaleur de l'aélion; o u d'autres raifons

de convenance, s'oppolenr

a

ce

d~bnt;

alors le chaRt

commence avec l'nrehellre. Les dilfércntes parties de l'air

font aulli entrecuupées de morceaot de ritournelle, tan!

pour lailler repeler le chanteur, que pour donner du re–

Hche

a

l'or_eille qui l'écoute . Q uelquefois c'ell l'orche–

flre

~eul

qut chante une partie du

mntif,

&

le chanreur

ne fatt que déclamer fu r ce chant en tenues ou en no–

'es principales, une portie de fes par'o!es. Mais toures ces

variér és ramenenr toujours au

motif

a

('idee principale

&

tantót le reperent en partie rant6; le rappellent d'une

maniere delicate

&

détourné'e'.

A pres

1~

fecondc partie; on ell en ufar;e, pour ren–

trer

~

ñnn dans fon ton; de reprendre la premiere, en

fuppnmant tout au plus une portie de la ritournelle de

l~orchellr~,

paree que le

motif

étanr connu, l'oren!e n'a

plus befom _de

~etr;

annonce. L orCque l'air n'a point <le

feconde partte, ti

s

appelle

cavata

ou

cavatina.

Un

chan–

teur, qui a du goiit, oe.

manq~era

guere de vous rappel–

ler a la cadence le

motif

de 1atr, done il employera un

cndroit, un accent, un fon principal.

_Tout cette économie ,de

~'air

n'ell poim l'ouvrage du

raafonnemeot

&

de la reHeuon; mais ce luí d1une con

ceprion rare, donnée par un inll intl fupérieur dont la

!'Jarche ne

s'apper~oit

qu'apres l'invention,

&

done le

¡u~mel!t

ell obligé de jullifier

&

d'admir~ l'ouvr~ge .

M O'T

On voit "JUe l'a·ir eri l'el'prellion en ahant d'une feulc:

id<!c muricak, qu'on a numrné

Con moeif,

&

qui fe def–

fine

&

le répete daos lts dtfférentes modul2tions dont le

ton

ea

fufc<pttble. L' uvragc du génie erl de trouver

ce

motif;

celui d ·• g.,(lr , de l'érendre

&

de le cnnduire

enCorte que la répérition n'eu fhit ni :tiT'cz.

n.re

pour man –

quer fon .effet, ni alfe7. fr.équeme pour de vetJÍr faflidieuCe

Ce

n'e!l point que cette idée principale ne puiffe

C:tr~

ernbell ie d'idées aceelfoires; mois ct:.lles-ei Cont ordinai·

rement

~ommunes.

&

l'autre doone

i

l'air fon caraa e–

re

&

fon prix .

Quclqnefois le

moeif

cll ahanté par la voi1

&

par le

premier violan leuls, randis que le fecnnd

&

les autres

parties accompasugmes luivent un delfein particulier, le–

que!, quoioue drvers, ne

íl!rt

ordinairemcnt

q~t'i

mieux

faire fortir l'idée pnocipale. '

, Quelquefois le m u!icien fe permet des écarts: ce Cont

des traits de feu

&

d'enthoulialrne qui l'él oignent fubi·

rement de fon

motif,

&

qui prod uifent ordinairemenr uo

inllaot d'étonnement; mais apres cet écart cour

&

rapi–

de, l'oreille rev) eot

a

fon motif avec plus d'amour

&

de

complairanca.

Ce retour de la

m~me

penfée deffinée dans les di!f(!.

rentes m oduhtions dn ton' ert parriculier

a

l'exprelliou

muficale. D ans le dilcours

&

dans la poélie, au lieu de

faire de l'e!fet, il ne ferviroit qu'i l'affoiblir;

&

plus une

pen[ée ell grande

&

belle, plus la

répéti~ion

en fero:t

<!éplacée

&

dangereufe . C'efl que l'oratear

&

le poete

le lervent de lignes certains . don! l'effet ell m r

&

dé:

terminé, au lieu que la pen fée mulicale plus délicate;

plus

va~ue,

plus fugitive, paffe avec trop de rapidrté pour

erre tixée en un leul inflan! ;

&

ce ri'efl qu'en la con•

duilanr par les différenres modularions de loo too , que

le mnricien commn niquera

a

l'oreille attendve le fenti–

ment qui

lo

do mino;

&

c'ell anffi '

peut-~trc

que les fignes

de la m ufique etant. comme nous le d;fons' pi us vagues

que ceux des autres arts d'irnita<ioo , elle ell obligée de

<:opier la nature de plus prc!s ,

&

de choilir une natnre

plus forre, plus caratlérif(!e ,

&

que les mn mens précieux

d'imitation lont le$ momens de nature troublée ou paf–

rionée; momens dans lefquels la naturo revicnt cent fois

fur la

m~me

idée'

ft~r

la mémc exprellion. lur la

me–

me plainte, rur le méme reproche.

&c.

mais lculemcnt

avec des accens di!ft:rens; procédé qui tierl!

o

une per–

fualion profonde qu'oo ne nous fait fouffrir, qu'on ne

nous

refnf~

amour, juflice ou

commil~ration,

que par–

cequ'on n'a pas enrendu nos raifons, qu'on n'a pas vu

nos peines, qu'on ne connoit pas l'état de notre ame,

perfuarion qui nous porte bien plm6t

i

répt'ter fans cefr

le l'ex prellion que n"us ¡ugeons la plus jurle

&

la plui

fraopaute qu'a l'aban1onner, pour en m ootrer une autre

qui feroit nouvelle, mais plus foible. Aulli ceux qui.

prendroient la décla mation de l'aéteur pour le vrai mo–

dele du muficien; fe trornperoieot groffieretnent.

11

lui

faut quelque chofe de plus vni:

iJ

lui faut l'homrne

m~me ;_ fans quoi fon ouvrage ue feroit que la copie d'unc

copre .

Si vous ne fave1. conduire votre

motif,

i1

ne fera point

d'e!fer;

il

échappera meme au plus grond nombre de

vos

auditeurs,

&

vous ne fere1. qu'urle fuite de modu·

lations

&

de phrafes mu ficales, fans liailoo, lans enlem–

ble

&

lans autre caratlere que celni de la melure.

D'apri:s ces rétlexions, on juge aifémenr que le poete

nc doit qu'indiquer les fen"meus ,

&

que c'ell au muli–

cien de leur donncr toutc l'exprellion; l' uo éblnche,

l'aurre perfetltonne.

11

ne faut done pour un air que

peu de paroles, dont l'idée foit une,

&

le réfultat d'une

feule rituation; de lotigs difcours, une fuite d'idées fi–

multanées ne peu ,·ent

~ere

que récités, c'ell·a·dire dé–

clamés fans melure, mais ne faurniem étre chantés;

car le muricien ne peut avoir qu'utl

moti[

il

la fois;

&

s'il le quittoit pour en fuivre un autre, ou s'il cherchoit

a

les accamuler,

il

11e produ iroit la pldpart du terns au–

cun effet . Quatre vers pour la premiere, autant pour la

feconde partie, c'ell prefque tout ce qu'un mu

ti

cien peut

er primer dans un air , fans nuire

a

l'unité de fon

motif.

D aos la comédie, la la illie permet par fois d'alfcmblet

un plus grand nombre de vers,

&

des difcours trés-va–

riés; mais alors le compo liteur en obligé de changer da

mot•J,

&

m~

me de mefure, auffi folJven t que le poete

chaogc d'idée

&

de riruation; enfon c que ce gen re d'airs

comiques cll proprcment un recueil de trois ou quatre

airs d11férens. Dans la

traJ~<'dic

le goOt étant plus féve–

re, les occaGons de changer de mefure

&

de

"'otif

Co11t

rares

.

Le

motif

ell comme une propoli rion parragée en dcux

rnembres. L orCque,

p~r

cxemple, le pacte dit:

p.,.

pie–

,¡,>

(I.JJ

'iJoj

mip, n..n mi dir cb'io

jo11•

ln[,YRI. ;

injell«,

f v e!f·

,