Table of Contents Table of Contents
Previous Page  623 / 760 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 623 / 760 Next Page
Page Background

MOT

tot•l~s ,

puifqu'elles n'indiquent dans

e~lui

qui les pro:

n(lnce llatu rellcmem qae des t'enumens.

f

0

.- Enfin, je dis qu'un

mot

deviene par ufage le figne

d'une

idé~

totale, afio d'af!i!\ner le vrai

&

uuique fon–

dement de la

li ~ nificarion

des

mots.

,

L~s

mots,

dit le

, pere L amí (

Rhlt.

liv.

l.

c!J. iv.),

ne fignifienr rien

par eux -mémes , ils n'ont aucun rapport 03turel avec

, les idées done ils font les fign<s ;

&

c'eft ce qui canfe

, cette diverfiré prodi¡¡ieufc de langues ! s'il y avoit un

,,

lang~ge

mturel, il feroit connu de toute la terre

&

, en ufage par-tour , . C'en une vériré que j'ai expo–

fée en dérail

&

que je erais avoir bien établie

i

l'arti–

de

LANGUE

e

art.

l . fisb fin . ) .

Mais

fi

les

m•ls

ne

(i.

goifi eot pas par nature , ils Jigo111ent

don~

par inflitutinn;

que! en en l'tutcur? Tous les hommes, ou dtt·moim

tous les fages d'une nation, fe font-ils aflemblés pour

r~gler

daos une délibération c:ommune la tigniñcation

de chaque

mor,

pour en choirlr te matér;el, pour en ñxer

les dérivations

&

les dóclioaifons

~

Pafonoe n'ignore

que les longues ne fe font pas formées ainfi. Lt pre–

miere

a

été infpirt!e, en t ut

011

en partie, aut premiers

auteurs du

~enre

humain :

&

c'dn probablement la

m~me langue que nous parlons tous,

4

que l'on parlera

wiljours

&

par-tour , mais altérée par les

ehan~emens

qui y furvinrcm d'abord

ii

Babel en vertu de l'opération

miraculeufe du Tout-Pujifant, puis par tous les autres

qui naiifent infenfiblement de la diverfitl! des tems, des

climgrs , des lamieres,

&

de mí! le autres ciraonnan–

ces diverfement combinées . .,

JI

dépend de nous, dit

, enca re le pere Lam i

e

ikiJ. chaf'.

1•ij.),

de comparer

.. les cha fes comme nous voulons ";

e

ce choix des

comparaifon; n'en

peut-~tre

pas toujours fi arbirraire

qu'il J'alfure,

&

iJ tient fouvent

a

des C3UfOS dont I"Ín•

tluence en irréfin iole pour les nstions. quoiqu'elle pdt

~tre

nulle pour quelques individus ; mais du moins en–

¡

1

cercain que nous c:omparons trcs-dirféremment,

&

e:~!

a

fuflit

j~í:

c:ar c'en) ,. ce qui fait, ajoClte·t·il, cette

, gr.nde différence qui ell entre les langues, Ce que les

,. L1rins

app~llent

ftn•flra,

les Efpagnols l'appellent

1w1·

.,

ta"",

les Porru¡:ais

j an, /la ;

nou5 nous fervons auf!i

., de oe nom

croifh

pour marquer la m!me chofe.

f<–

"

ntflra, v entuJ, ianua,

cru~,

font des

motJ

Jathli . Le

,

fran~ois,

l'e[pagnol, le

port u~ais

viennent du latin,,

( c'e(l-i-dire, que ces trois idi6mes ont emprunté beau·

coup de

m•ls

daos la langue latine,

&

c'en tour : ) ,

, maís les E ípagnols conlidéram que les

fen~rres

don–

" ll<nt

patfage aux ven!S, les appellem

vmta11a

de

vm..

,

tlls :

les Pormgais

~yaQt re~ardé

les fenetres comme

, de perites

pcme~.

ils les ont appellees

j"lf'""

d~

j•–

"

"'"':

nos fenétres 6toieqi autrefois panagées ep qua–

" tre par<ies avec des croir de pierre; oo les appelloit

pour cela des

croiflu

de

crttx

¡

les Latins ont conó –

" déré que l'ufage des

fen~tre~

en de •ecevoir la lu·

miere; le nom

f•>t~

fl.ra

vient du

~rec

tch uo

qui fign i·

ti

e

r<lui" .

.C'en ainfi que les différemes manieres de

, VQir its chafes portent

a

Jeur domier dllfércUS noms . ,

Et c'en ¡lin(i, puis-je ajouter, que la diverfité des vde

imroduit en divers lieux des

m~ts

tres-différens pour

ex

primer les

m~mes

idées tOtales; ce q ui divedifie les

idi6mes quoiqu' jls vionnenr tous originaireme(\t d'une

m~

me fomce . Mais oes dif{ércns

mots,

rifqués c;l'abord

par un parriculier qu¡ n'en connQ!t point d'a••tre pour

e xprimer fes idécs telles qu'elles [out daos fon efprit,

o'en devie"nent los

fi~nes

univerfels pour rot11c la na–

tino, qu'

apr~s

qu' ils om palié de bouche en bou–

che dar¡s le me me feos ;

&

ce n'en qu'alors qu'ils ap–

partiennent

i

l'id16me nacional . Ainfi o'ell l'ufago quí

autori(e les

mots ,

qui e¡¡ détertnif\e , le fens

&

l'emploi,

qui en en l'inllituteur véritable

&

l'uniq ue approbateur.

Mai~

d'ou nous vient

1~

tcrme de

m•t

?. On trouve

daQS l.,ucilius,

no~

auJ.e

Jiar~

muttum (

íl n'ofe dire

DO

mot );

&

Cornutus ' qui enfeigna la J,>hilofophie

a

Perfe,

&

qui fut depuis [on co.mmentateur, remarque

fur la p.r:e.miere faty re de [ofl difciple , que les R,o mains

di[ojeor pro verbjalemeQr,

mutum nullum

msiforis

(

ne

dites pas un feul

mot )

.

Ferlus

remoi~ ne

que

m11tir<,

q u'il rend par

lo:¡

u•,

fe trouve daos E.nnius; a.ioú

~u­

tunr

&

m.utir< ,

qui paroírfent venir de la

rn~rn.e

raci–

nc . o nr un fon rlemenr aocien

d~n,s

la langue latine .

L.es

G recs ont fait ufage de la

m~

me racine,

&

íls

/

00t

p.ÜiO}'

diftourJ;

f'"'~'T)I~

par/c¡~y;

&

fHI~·ir

p41•1tr..

U'apres ces ob(ervarions, iV\énage déri ve

moe

du

\a;

tin

mutum ;.

&

croir que Périon s'e1l tw mpé d'un <le–

gré, en le dérivaqr imméd•atement du ¡¡rec

,..,e,¡, .

11

fe peur que nous

l'a~ons

emprunté des L1rins,

&

les La¡ins de> (irecs ; mais il n'efl

pa~

moins pollible

q ue nous le renions diroélement des Grecs, de qui,

&Jll

i:s

tUl" '· nou.s

en

avof\S

re~u

bi,en. d'au1res :

&

la dé-

T•Ifft

X.

MOT

cifion tranchante de Ménagc me piroit trop hafardl!'t!,"

n'ayant d'autre fondement que la priorité de la

lan¡~uc

g•&cque fur la latine.

J'ajoute qu'il pourroir bien fe faire ' que le\ Grecs,

les La1ins,

&

les Celtes de qui nous defcendons, euf–

fent également trouvé ce radical d1ns leur propre fonds,

&

que t'onomawpée l'dit

conf~cré

chez tous au

m~mc

ula~e '

par un ¡our d'imagioation qui en univerfel paree

qu'tl ell naturel.

Ma, mé, mi,

mi,

nuu, mo, nu

1 ,

mou,

Cont dans roures les langues les premieres fyllabes

arriculées, paree que

m

en la plus tacile de toute> les

arriculations

evoyn

LANGUE,

10rt. l/1.

§.

ij.

r.);

ces

fyllabe~

doivenr done fe prcndre arrez uarurellemcnt

pour ligni tier les

premier~s

idées qui íe préfemem;

&

l'on peuc dire qoe l'idée de la parole en !'une des plus

frappames pour des

~rres

qui parlel)t . On trouve enca–

re dans le poete Lucilius,

non laudar< homin•m

qum•–

t¡uttn-,,

ne~

mu

fac~re

Hllt¡uflm;

o

U

l'on vo¡t ct:

mu

jn•

déclinable, montr¿ com:ne l'un des premiers

él~mens

de la parole .

11

eft vrai(femblable que les premiers in–

n ituteurs de la langue allemande l'enviía¡¡erent i-peu-pres

de

m~me,

puifqu'ils appellerem

Ylltit,

la penfée, par une

métouymi~

fan< doute du ligne pour la chofe figni6ée:

&

ils don'nerent enft¡ire le

m~me

nom

a

la fubftance de

!'ame, par uo_e autre mérouymie de l'elfet pour la cau–

Ce . Vu¡•n

METONYM!E .

(B.

E. R. M.)

M

ó

T ,

TE

R M

E,

E¡¡

P

REs s r o

N, (

SJ>tOJI.)

Le

mot,

dit l'abbé G1rard , ell

d~

la langue; l'ufage en dé·

aide. Le

ttmu

etl dt¡ t"u¡er; la convenance en fait la

bonré.

L?orpr•.fli~n

eíl

de la peníée; le tour en fait

le

mtrite .

La pureré du langage dépend des

mots;

fa précifion

dépend des

termts;

&

[on brillaqt dépend des

txpref·

.fions.

To~t

difcou" travaillé demande que les

mots

foient

fran~ois;

que les

t~rmts

foiem propres;

&

que les

txpr.f-

fiq,s

foient nobles.

"

.

Un

n¡ot

haíardc! choque moins qu'crn

mot

qui a vieil–

¡i.

{..es

ler"'u

d'arr fi>nt aujourd'hui moin• ignorés dans

le grand monde; il en e!l pourtam qui n'ont de grace

que daos

la

l¡ouche de ceux qui font profef!ion de ces

arts. Les

t)(pre.fliuns

trqp rccherr.hée•

f01n

~

I'egard du

difcours, oe que le fard faic

a

I'égard de la

p~auté

du

fexe; employées pour embellir, elles enlaidiifeRt .

(D.

J .)

MQT

CQNSAcR É ,

e

Gr•mfll. )

On appelle

mots

.....

Jacrls

certaios

mots

parriculíers qui ne fonr bons qu'en

certains endroits ott ocoafioos;

&

on leqr a

peut·~tre

dou~é

ce oom, paree que ces

mots

oot commencé par

la religíon, doot les my1lcres n'ont ptl

étr~

ex primé;

que par des

mu1~

fa itS etpres . Trinité, iocarnation, na–

tiviré ' transfiguration' annonciation. vifitation. arromp•

tioo, fils de perdition, portes de l'eofer, vafe

d'~leélion,

homq¡e de péché,

&<.

funt des

mots confacris,

auffi–

bien que

c~ne,

cénacle, fraél1on de pain,

aét~s

des

A–

p6tres,

f.!h.

De la religion on

3

etendu Ge

mol

de

<Onfaal

~lll[

Sciences

&

aux Arts; deforte que les

mótJ

propre5 des

Sciences

&

des

Art~

s'appellent des

mots <onfacrii,

com–

me gravitation, raréfaélion, condenfation,

&

mi!le au–

rres, en ma!iere de Phyliqoc; a!legro, adagio, aria,

ar–

peggin , en Muliql,le,

&c.

11

faut fe fervir fans di.fliculté des

mots confacrls

dan¡

les matieres

~e reli~ion, S cience~

&

.'\rts;

&

qui vou–

droit dire, par exemple, la

fc!t~

de

1~

naiifance de No–

tre·Seigneur, la féte

d~

la vilite de la Vierge, ne diroit

ríen qt¡i vaille

¡

l'utag~

veut qu'on dife la narivité

&

la

vifiration' en parlarlt de ces deu¡ m

y

Iteres'

&c.

e~

n'e(l

pa\ qu'? n ne puilf• dire la naiifance de N otre-Seigncur,

&

la v1fire de la V1erge : par

~xernple,

la naiifaQce de

N

at~e.Seigneur

efl .bien

~ittére~te

de celle des pr!nces;

la v1fite que reod1t la Vrerge a fa coufif\e o'avo•t rien

des , vifites profanes du monde. I,.'ufage veut auffi qu'oa

dife la ccQe

&

le c:énac:le;

&

coux qui diroien.r une eh tm•

bre

h~ute

po.ur

le c¿naole'

&

le faupqr pour la cene.

s'exprirmroient fort mal '

e

D..

J.)

M

o~

BO.N •.

{O

piral.

4•

r.¡prit.}

un

bolt

IJIOt,

ett

un fcot1menr V·!vement

&

fiqement ex primé; il faut que

1~ .~~!'

»¡o!

na1ffe

~ature\lem~nt

4

fur le champ; qu'il

fo1t mgemeux, platfant, agreable; euñn, qu'il ne ren–

ferme poiot

d~

ra1lleri.: grof!iere,

injuri.euf~ l

&

plquame.

l.,a

plupart des

bms

moti,

confi llent daos des tours

d'upref!ions , qui fans

g~ner ,

offrent

d,

l'efpr\t deux fens

également v rais

1

mais do,nt

k

preft\ier qui faute d'abord

aux yeux, n'a ríen que d'iunocent , au lieu qa,e l'autre

qu i

el\

le plus cach,e, renferme fouvem une matice in•

géníeufe.

·

Cctte

duplicit~

de fens, erl daos

un

homme

dellit~

de génie , un manque

d~ pr~ciúon

&

de

.:onooí[an~t

l"ihhh~

de