6S
IV R
Le philofophe doit toutefoi• difiíngoer
r
i<JrogJUri~
de
fa per10nne, d'une certaine
ivrogn~rte
nationate qui a
fa
fource dans le terroir,
& :i
laquelle
il
femble forcer les.
t>abjtans dans les pays feptentrionaux.
L 'it•r ognerie
fe
trouv~
établíe par toute la terre , dans
1
a proportion de
la
frnid~ur
&
de l'hqmidité du clímat . Palfez de l'é–
q,ua¡eur
juCqu'a
notre pole, vous
y
verrez
l'i-vrogn~ri,.
augmemer avec les degrés de latitude; parfe1. du méme
équatcur au pOIe oppofé , vous y trouverez
l'ivrognerie
aller vers le midi, comme de ce cOté-ci elle avoJt
été
vers le nord.
.
11
elt nature{ que lii ou le vio en contraire au climat'
&
par conféquent
a
ta Canté, l'exces en foit plus févé–
rement puni que dans les pays oú
l'ivrognerie
a pen de
m auvais etfets po ur la pcr!oonc, otl elle en a peu pour
la
fociété, ou elle ne rend point les hornmes furieux,
mai• feulemem Clupides; ainli les lois qui ont puni un
homme ivre,
&
pour la faute qu'il commenoit,
&
pour
l 'ivrdfe n'étoient applicables qu'a
l' ivrog ,erie
de la per–
fonnc, & non
a
J'ivrogner;e
de la nation . En SuiCfc
l'ivr•g•urie
n'ell: pas décriée; a Naples elle cll en hor–
reur ; mais au fond laquelle de ces deux chafes e(l
la
plus
ii
craindrc, ou l'imempérance du fuiíTe, ou la ré–
terve de l'italien?
Cependaot cette remarque ne doit point nous empl!–
cher de conclure que
l'i11rogneri~:
en général
&
en par–
ticulicr ne !oit toujours un
défau~,
contre lequel il fam
~tre
en garde; c'e(l qne
brech~
qu'on fait
a
la loi na–
aorclle, qui nous ordonnc de confervec notre raifon;
e'el! un
vic~
done l'ftge ne corrige poinr,
&
done l'ex–
cC. Ot< oout enfemble la yigueur
&
l'efprit,
&
:¡u corp¡
un~-portie
de f!:S forces, (
D.
J,
)
1Vt{OIE,
f.
f.
(Bota11.) l'ivroi<,
en grec
,¡,,.;;,
en
latin
lolit¡m,
fait dans le fyileme botanique de Linnams
un
genr~
de plante particulier, don[ voíci les caracrer.:s
diClinajfs . Le ca!ice eCl un tuyau contenaut k s
fl cnrs
ralfemblé~s
en maniere d'épis
fans barbe. La flcur el!
formée de deut fegmeos
,#
dont l'inférieur
dl
érroit,
pointu, roulé,
&
de la longueur dt¡ calice; le fcgrn.:m
!iJp¿rieur e!l plus coqrr, droit , obtus,
&
creux au fom–
roec. Les étamines fonr trois fil s fort déliés,
&
plus
courtS que le calice; les bolfettes des étamines Í<>nt o!>·
longues; le
genl}t:
du pitlil eíl d'une forme rurbinée ;
les
lides font au nombre de deux , cheve)us
&
refl¿.
chis . La fieur environne
éHoitemeot
la graine; elle
s'ouvre daos le tetns convenable,
&
la
laiífe to mbc:r .
La
grain~
ell une, o blo ngue, convexe d'un c6té, ap–
pla¡ie
&
lillonnée de
l'amr~ .
Les Borani!les
comp~enr
quatre au cinq efpeces
d'i –
"'lroie;
mais nous ne décrirons que la plus
commune,
nommée fimplement
lolium
ou
lolimn albtm•,
&
par
Tournefort ,
grqme:z loliacnun , fpi;á lo11¡)ori.
S a racine elt fibreufe avcc
de~
filameus
tres-fins; fa
tige
~lt
haute de den" ou trois coudées , auffi épaiiTe
que ce!le du froment, un peu plus petite, ayant quatre
o u cinq nreuds qui pquifenr chacun une feuille, com–
me daqs le chien-denr,
&
dans les autres phmes dom
la rige fe chan¡¡e en ch•¡;me . Cene
feuill~
ell: plus ver–
te
ll¡
phl~
étrolte qu.o ¡:elle du froment ,
luifante, lilfe,
grarfe, cannelée , embrarfant ou enveloppant la
ti~e
par
l'eudroit otl elle fort. Sa
~ige
porte un épi, droit, me–
nu, plat, long d'un demi-pié
&
plus, d'lJne figure par–
ticL~liere ;
car
il
efl fo rmé par l'union
de
fix, fept, huit
grams,
&
quelquefois davanrage, qui
forteot alternati–
vement des deux cOté$ du fommet de )a pge en fqrme
de petits épis fans pédicule . Chacun de ces petits épis
elt
env~lo ppé
ci'une
p~tite
feuille. Ses graiues font plus
meuues que ce!les dq blé, peu farineufe$, de couleur
rougc3.tre
~
enfermées dans des cofTes noir3.tres, ter–
min~es
p3C une barbe poimue qqi
m~nque
quelquefois .
Cette plante oe Cro"ft que trop fréquemmen t daos les
terres labourées pormi l'orge
&
le blé . C'e(l pourquoi
la phlpart des ancieos
&
uu grand no mbre de moder–
nes, ont c ru que
l'i,uroie
écoit une
déRénération
du
bl~
;_l'on a mcme
t~ché
dans ce Ítecle d appuyer cene
optmon, par des exemples de m elanges monl1rueux de
blé
&
d'ivrqi~
trouvés eo(emble fur uoe meme plante
o
On a vu, dit·on, une plante de
froment d'un feul
tuyau, dg !'un des nreuds duque! fortOi\ un fecond
tu–
yau, qui
portoit
a
Con
extrétnité un épi
d'ivroie
le tu–
yau commuo fe prolongcoit
&
fe terminoit par no épi
de froment; ce ruyau co tnmun ouven dans
fa
lon–
gacur, n'avoit qu'une feule c:tvité :
Voila
un fait bie!n
fort en faveu r de ccux qui admettent
la dégénérarion
du blé en
iv roi• .
Mais plus on refl échit íur la loi des
l:énérations, plus on étudi¡; les caraéteres qui ditfércn–
ftem les efpec<S,
&
moios
00
efl di!p ofé
:i
croire s u' u–
ne plante puilfe devenir une aqtre pl:¡ote . Or les Bota·
J
U R
nil1es nom indiqllent btcn des caraéteres qui dill:ingueot
le blé de
1'ivroú;
la couleur des fcuilles
&
c~llc
ae
la
rige, leur tilru, l'arrangemenr refpeétif des grains, lene
flruélure, la qualité de la farinc qui y ell:
rc:nfermée •
fonneur aurant de ditféronces . Les proponions
relativ~
des parries fournilrem encare des caraétercs ditférens,
trCs-marquts d3ns ces deux plantes. Par: exemple
L•ivr 9Í.:
poulfe fes fecon des rocines beaucoup ph1tót que le blc! ;
&
le nreud d'otl ces racines forrent, fe dirlingue au t!i
pllitOt daos celles-la que dans celui·ci ; il eCl iionc ft1r
qu~
le blc! ne
dég~nere
poim en
ivrote.
On a tenté de rendre raifon du phénomene de cene
plante, mi-partie bl é
&
ivroie;
en fuppof:wt que deux
plantes, !'une
d~
blé
&
l'autre
d'ivroie,
ayenr cn'l fort
pres l'uoe de l'aotre,
&
Ce
font greffées en approche •
Seroit ce done ici une efpece de greffe, une gref!e par
appcoche? Sero ir-ce un elfet de la confulion des _pquf–
Íteres des écam ines ? Toutes ces c"plications fonr arbi–
[Caircs; ce qui ell: certain, c'ert qu'on ne peut expliquer
le faít rapporté ci-deffus, par la prétendue dégénc!ration
du blé en
ivroie;
elle ell contrairc
&
aux vrais princi–
pes de la Phyfique,
&
a
tomes les expériencc:s .
(D.
'J.)
1v
ROlE, (
Matier. m ldlci>1. )
les anciens employoteot
l'i1.1roie
en
c:u::~plafme,
avcc da
íOufre
&
du
VÍDlll,&re
cootré la lepre; avcc du fd
&
des raves, pour conlu–
mor les bords des ulceres putrides; avec de la fiemc de
pigeoo
&
de la gr.aine de !in, pour meurir les tumeurs;
mais en mEme rems ils ont été fort éclairés fur
A
na–
cure pernícieufe pour t•ioté rieur. T ous Jes Naturaliflcs,
Ariflote, Théophralle , Pline, D iofcor\de, la ph1part
des hiCloriens , des poetes , nous pnrlcnt des maladies
qu'elle a cau fés en ditférentes ,occaüons; ils ont me!me
cru qu'eiJe r·endoic aveugte;
car~c~étoit
chet eux un pro–
verbe
folio vitlitare,
pour dire devenir aveugle : Virgile
appelle
l'ivroie
finill:re,
infelix
Joli11m.
Les
Moderne~
fa vem par e:¡:périence qu'elle caufe des éblouilfemeus,
des vertiges , des maux de tt!te
&
des alfoupilfemens;
q ue
m~lée
dans la dreche elle en¡vre,
&
qu'elle produit
le m eme effet quand elle fe trouve en rrop grande qoan–
tité dans le pain; de·lil viene vrairfemblablemem fon
nom
d'iv ra)'•
ou
d'ivroÍ<. (D .
:J.)
JURTES
ou
]URTI,
(Hift. m od. )
c'el1 aínli que
les R urTes nomrnenr les habitati ons des 11ations tartare¡
qui font en S ibérie . Chaque famille oc• upe une cabane
formée par des échalatS
tichés en terre,
&
recouverts
d'écorce de bouleau ou de ¡>eaux d'anímaux, pour fe
garantir des injures de l'air . On laiffe au m ilieu du toit
qui a la forme d'un c6ne., une o.uvc:rturc pour la fortie
de la fumée . Quand un tartare nc trouv1= plus que l'cn•
droit oU il avo it placé fa
j 11rte
luí convienne,
i1
t•aban ...
donne ,
&
va avec fa
famill~
conOruire une autrc:
j ,.,.u
daos un lieu plus commode .
Voyez
Gmelin,
voyage de
Si/¡lri<.
JURl) C UA,
(Zoolog. exot.)
efpece de tortue lin–
gul iere du Brt!fil,
~rand e
ordinairement de
quan-~ pi~s ,
&
large de rrois; fes piés font faics en forrr/1: d'alles,
&
ceux de devªnt f<•nt beaucóup plu< longs que ceux de
derriere. Sa queue el!
court~ ~
de figure eonique ; fes
yeux font r,ros
&
noirs;
f:1
bouche relfemblc: ao bec
d't1n oifeau,
&
n'a poiut de dems . Ses cOtes font atta–
ché~
a
l'écaille ; on en compre huit de chaque cóté ,
&
celles du mllieu font les plus
longues.
Cett~
efpece
de tortue jette_fes reufs fur le rivage' les eouvre de ra–
bie,
&
les lairie éclore a la chaleur du
fol~il
o
lis font
liJionn~s
comme par des
lignes géométriques ,
div~rCe
m en t
d~eigées
fur · t'écallle qui eCl d'un noir luifant mar–
brée de tachotures jaunes , avec une variéré con{jdén¡ble
dans le• différemes efpeces .
(D.
J.)
JURQNC,\PEBA,
(lcbtyol. exut. )
nom d'un bea11
petit poirfon d'ex cellenr got1t, qu'ot¡ prend fur les cótel\,
du Bréfil entre les rochers,
&
qqi ell de la ala(fe des
tourds; oo l'appelle
autr~mcot
peaiar4.
Voy6z:.
en la de–
feription dons Mar; r:lVc Qu
d~ns
Ray . (
D.
J .)
J U R
"l)
R A ,
l
Z •olog. e..-ue
. )
geme de
tortue de
forme elhptiq•Je,
&
de la p!qs perite cfpece d11 Bréfil;
fa coquille de derfous loogne de huit
a
neuf pouccs'
large de ptoitié,
ea
jaun~ tre
&
applatie; la
fupérieure
efl brune . L'animal peut ... ra
voloot~
cacher
tOUt fon
corps dans
(it
coque; fa rere eCl grolre
&
allongl.'e, [Jn
ne1.
é!cvé
&
po intu , fa bouche grande ,
&
fes
yeu:¡:
noirs, fes pts!s
fouc armés de qoatre ongles forrs; fa
queue ell:
cour~e,
fa peau épairfe
&
écailleufe; fes reufs
font blancs, ronds
&
d'excellent golit. Ray,
Syn. anim.
p.
>.f!!.
(D.
J.)
.
1 V R Y,
("Giqg. )
bourg de France en N ormaodie,
entre A net
&
Pacy, avuc une abbaye de bénc!diétins
fond~e
en -
10 77;
c'e11 dans la plalne de ce lieu, pres des
bord~
de l'!ton
&
des rives de I'E ure, que fe donna la
_bataille
..