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Si j'ai

manqu~

ii

montrer de

1:1

déf~rence

& dé la

complaifancé

il

qui je l'aurois d O, c'ell

lui reflituer .la

fatisfaétion dont ¡e l'ai privé

mal-~-propos,

que

?e

le

p révenir daos {es chafes qu'il pnurroit une autre f01s 3t–

tendre de rltoi . Si je tui ai parlé avec hauteur ou a_vec

d édain, avcc bn air bruf4ue ou emporté; Je réparcrot le

dcfagr~ment

que je lui ,ai donné, en lui parlant daos

quelqu'amre occafion avec plus de douceur

&

de poli–

teffe qu'ii l'nrdioaire. Cette conduite étam une ¡n!le ré–

paration, il (cmble qu'il nc la faudroit refufer

ii

qui que

ce foit,

&

qu'on 1a doit faire au

1noins

d'une tnaniere

tacite.

'

Par le príncipe que nnus venons d'ét3.blir, on pour–

roit éclaireir peut-etre une queflion qui a été a.;itée au

fujet d'un homme qlli avoit écé attaqué

&

blelfé in¡u–

ftemeot par un aucre.

11

demand'l une ((;un me

a'ar~enr

pour dédommagement

&

pour re délifler des pourfllites

"lu'il ioteotnit en

ju{liu.

U ag((reffeur donna la

Comme

convenue pour un

'l.cco:nmodetneot, fans lequel

il

lui

en

auroit codeé beaucn·tp plus;

&

c'etl ce qui fit un

fujet de "difpute entre d'habiles gens . Quelques·uns fou–

tinrem que le bleffé ayant

re~u

au-dela de ce qui étoit

n éceffaire pour les frais de f.1 guérifon , il devoit rendre

le Curplus de l'argent

re~

u . M ais efl-il dédommagé, de–

man1oient les autres, du tort qu'il a Couffert daos Ca per–

fo rmc par la doUleur, l'ennui

&

la peine

9e

la maladie;

& cela ne demande-t-i! nulle réparation? Non, di(i>ient

les premiers: ces eh

ores

13, no n plus que l'ho nneur, ne

font poim

eilimabl~~

par argem.

Oepe~;~dant,

repliquoit-on

les d roits

d~

la Coeiété Cemblem exiger q o'on repare un

dépl.air.r par quelque Corte de (atisf.aélinn que ce puiffe

~tre.

En effer qu'on ne doive jamais réparer le tort cmfé

au proch tin d::ms fon ho nneur, par une fatisfaaion

ti

plement péCuniaire; c'eíl un principe qui n:en peut

~tre

pas

li

éviJent .

·u

cll vrai qu'a 1'(\ard des perfo nncs di·

fl in~nées

dans le mo nde , ils ne mettenr rien c:n compa–

raifnn avec l'honneur; mais

a

l'éeard de perfonnes du

1

peopre ; pour qui le. be[ofns de la vie fo nt o rdinairemenr.

plus Í•1tére1Tans qu'un peu de réputation;

fi

aprt!s avoir

'd im:nué injurtement la leu r, on fe

trouvoit dans l'im–

polii bi

lité de

.la reparer,

&

qu'on pílt contenrer la per–

fonne

le-z.ée

par une fatisfaétion pécuuiaire ; pourquoi De

s'en

po

urróit-il pas faire

une compenfation

légitime

en–

,i:¡e tes deux p3rtis?

La chofe femble plus plaufible en:nre par rappnrt

ii

la dt'>uleur corporelle; fi on pouvo't Oter

lo

douleur &

la ma ladie caufées inJuflement, on Ceroit indubitablement

ohligé

de

le fa;

re,

&

2

titre de

iuflite;

or ne pouvant

J'óter, o n pem la· dimmuer

·&

l'adollcir, en

fourniffant

au maladc.:

lezé deqooi vivrc un peu plus

a

fon aife

,

Cequni fe nourrir

mÍt!li X,

&

fe pro curer cerraines

com·

rnodités qui font des

~éparations

de la douleur corpo–

relle . O r

il

fau t

rép3rer

en

toutes

les manieres poffi–

bles la peine caufée fans raiion a

u

prochain , pour lui

·donner autant de C:1tisfaélio n qu'on lui a caufé de dé–

plaifir. C'etl aux Cavans

a

décider ; il Cuffit d'avoir foumi

des réftexions qui pourro m :tider la décilion .

On

propofe o rdinairement plnl1eurs divifions

d~

la

Íll–

Jlice;

pour en dire

qu~lque

chofe, nous remarquerons:

1°.

Q ue l'o n peut en général cjivifer la

Jllflie.

en

parfait~

Oll

ngoureu[e,

&

im!Jarfaite

ou

non

rigoureu{c.

L a

premic!rc

ctl celle

par hqucl te

nous nons acquirtons

e n

ver~

le prochaiu de

rou1

ce qu i lui efl dll, en vertu

·d'pn drnit parfait

&

rigoureux, c'efl -a-din: dont il peul

raifonnablement exiger l"e xécution par la force,

fi

l~on

n'y fatis fait pas de bon ¡¡ré. L a (ecnnde efl ce!le par

laqudle on rend

ii

autrui les devoirs qui ne lui íont dtls

qu'en vertu d'uoe obligation itnparfaite

&

non rigoureu–

fe, qui ne 'peuvent point

~tre e~i¡;és

par les voies de la

c o nrrainte , mais dom Paccompl iífement erl laiiTé 3 l'hon–

neur

&

a

1a

cnn1C:ence

d'tln

chact1n.

2.

0 .

L!on

pollrroir

enfuicc fubdiviít:r la

j~t{lice

rigoureufe en cel le qni s'excrce

tl'lg al

a

égal,

& celle qui a lieu entre un

fup lrimr

&

nn

i"fériwr .

Celle·l:l etl d'autont de différentes efpeces

qu'il

y

a de

d~.:voirs

qu'u n ho mme peor

exi~cr

a

la

ri-'

gueur de

ton1

amre hnJntne, conlidéré cotnme

tel,

&

un CÍ!oyen de tour aurre citoyen du

rn~mc

é (at . Celle–

c i renfermera autant d'efpeces qu'il y a de différentes

· fociétés. ou les uns commaDdent, & les autres ob6f–

Cent.

3°.

11

y

a d'autres didlions de

la

iuflice ,

mais qui

paroi!lent peu précifes & de peu d'milité . Par exemple

celle de la

¡ufli.e

univerfelle

&

paniculiere, prife de la

maniere que Puffendorf !'expl ique Cemble vicieufe, en

ce que ·!'un des membres de la divifion

Ce

trouve en–

ferm é daos l'antre.

La [ubdivifion de la

iufliee

particuliere en

diflributi–

..,, &

permtlllftive,

di

incomp\ette,

puifqu~clle

De ren-

"TUS

ferme-- que ce que l'on doit

a

autrui en vcrtu de quelque

enaagement oii l'on efl: entré, quoiqu'il

y

ait

_plutieur.s

chbfes que le prochain peut exiger de nous

ii

la rigueur ,

indépendamment de tout accord & de toute cooven–

tion.

juSTJCE ,

(

L ittlrat.)

déeffe allégorique du paganiC–

me : les Grecs om diviniCé

la

jH{Iice

[ous

le nom de

D icé

&

d' Aflrée; les R omains en ont fait une divini–

ré diflinguée de Thé mis ,

&

l'empereur Auguíle lui bi–

tit un temple daos R nme.

On la pci¡lnoit ainfi qu'Artrée, en vierge, d' un re–

gard févere, jnint

a

uu cer.taiu air de fierté & de di–

gniré, qni ;n[piroit le refpeét &

h

crainte .

Les Grec; du m'>yen 3ge la repréfenterel>t en jeync;

·tille , affi [e Cur une pierre quarrée, tenant une balance

a

la main, & de l'autre une épée nde, ou faifceau d11

ha–

ches entouréc.:s de verg-es, pour marquer que la

j~fliee

pefe les aaiom des hommes,

&

qu'elle punit tga!ement

comme elle récompenfe.

Elle étoit auffi quelquefois repréfemée le bandean Cur

les

~cux,

pour montrer qu'elle ne voit

&

n'enviCage ni

le rang, ni la qua! iré des perfonnes. L es E gyptieDs fai–

ft'>ient fes flatues fans

,e

ce,

voulant tig nifier par ce fym–

b•>le , que les ¡uges devoient

Ce.

dépouilkr de leur pro–

pre femiment, pour Culvre la décifion de• lois. .

·

H éliode affure qúe la

j ujlice

tille de Jupiter , eíl at–

tachée

ii

Con tróne dans le ciel , &

lui demande ven–

ceance, toutes les fnis qu'on bleífe les lois & .l'équité.

Voyn

AsTRFE, Dtc É, TH ÉMJS.

A rarus dans fes phénomenes, peint d'un flyle mile

la

iP(Iice

déeffe,

(e

troo vant pendant

l'l~e

d'or dans la

compagt1ie de< mor1els de tour fexe & de toute condi–

tic n . D éja

peud:uu

1'l~e

d'argeot, e11e ne

parut que la

nnit,

&

com:ne en fecret, reprochan

e

aux

hommes

leur

homeu[e

dé~énération;

mais l'ige d'air.ain la contraignit

par

la

mulutude

des

crim1!S,

i

ie

retirer

daos

le

ciel,

potlr ne plus defcendre ici-bas

Cm

la rerre. Ce "deroier

H:tit Ine

fait fouvenir du bon

ITIOt

de Bautru'

a

qui

J'oq

montroit un tableau, dans lequel pour exprimer le bon–

heur dont la France alloit jnuir, on avoit

p~int

la

Ju–

Jlice

&

la Paix qui s'embraffi ient tendrement: , ne vo·

, yez·VDUS pas, dit-il

a

fes amis, qu'elles fe difent un

, éternel adieu ,

? (

D.J. )

J

USTICE,

(

Juri[pr. )

efl une des quatre venus car–

dinales: on la définir en droir une volonté ferme

&

cnn–

Clanre

de

rendre

a

chac un ce qui tui appartient.

On la divifo en deux efpeces :

j~tflice

commutative,

&

iu(lic. dijlrlhutive .

Voye:r.

ú-apres

J

USTJCJ::

e

OM–

~l UTATIV E ,

& c.

Le

terme de

j u/lice

Ce

prend auffi pour la prarique

de cettc vertu; q uelquefuis il fignifi e bnn droit & rai–

fon; en d'autres occaftons, il fignifie le pouvoir de faire

droit

a

chacun, ou

l'adminHlration de ce pouvoir.

Quelquefois encare

j Nflice

fi~nifie

le tribunal ou l'on '

juge les panies , & fouvem la

;uflice

efl prife pour les

o tficiers qni la ri!ndent .

D ans les fiecles les moins éclairés

&

le~

plus cor–

ro mpus ,

il

y

a toujours eu des hommes

venueu~

qui

o nt con(ervé daos leur creur l'amo ur de la

_-iujlic. ,

&

qui onr pratiqué cen e venu. L es fages

&

les philofo–

phes en oht donné des préceptes & des exemples .

'

M ais foir que les lumiercs de

h

rai[on

pe

[oient pas

égakment étendues dans rous les hommes, foit que la

pente naturelle qu'ils o nt pnur la pltlpart au vice, étouffe

en eux la voix de la ráifon, il

a

fallu employer l'auco–

rité & la force pour les o bliger de vivre

honn~tement,

de n'offenfer perfonne, & de rendre

a

chacuD ce qui

lui

oppar ti~nt.

D aus les premiers tems de la loi naturelle, la

jHflice

étnit exercée fans aucun appareil par chaque pere de fa–

mille Cur fes femmes, enfans & petics·enfans, & ru·r

Ces

ferv iteurs . Lui feul avoit fur eux le droit de correétion:

f:¡

puiffance alloit jufqu'au droit de vie & de mort ;

chaque

f~mille

fo rmoir comme un peuple feporé, dont

le chef éJOit tour-a-la-fois le pere , le roi

&

le juge.

Mais bien-ri!H

chez plufieurs nations on <!leva une

pmífance Couveraine au-deffus de celle des peres ; alors

ceux-ci ceflerenr d'étre juges abfolus comme ils l'éroient

auparava11<

ii

tous 6gards. 11

leur · refla néanmoins tou–

¡ours une efpece

de ju{lice

domeflique, mais qui fnt bor–

née au droit de correét.ion plus o

u

molos érendu, felon

l'ufage de

ch~q ue

peuple .

Pour ce qui efl de la

ju{lhe

publique, elle

a

toujours

óé

re~ardée

comme un attribut du Couverain ; il doit

la

juflic.

ii

Ces fujets , & elle ne peut erre reni:lue que

par

le

prince

m~me,

ou par ceux Cur lcfquels il

Ce

dé–

charge

d~une

portie de cene noble & péniblé fonélion.

·

Vadn'ti-