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MAL

&

s'il fe rappel!e ce que nous avons dit de Xéxia, de

fon origine

&

de fes dogm«, fes conjcélures fe rouroe–

ront prefque en certimde;

&

reconnoiffanr da

m

la Jangue

du

malabar.

une multitude

d'~xprcffions

e;reaques, il v<r–

u

la

fageífe psrcourir fucceffivcmont

~

Arahipd ,

1'

Egy–

pre_,_1' Afrique, les Indos

&

toutes los contrc!es ad¡>centes.

un pcut conlidérer les Bromines

fous

deu~

afpeéts

différcns ; l'un rclatif au gouvernemeot civil, l'autre au

gouvernement eccléfiafli'\ue

1

comme législateurs ou com–

me

pr~tr<s.

Ce qni concerne la religion e(l renfermé dans un livre

qu'ils appellent le

1J<da,

qui n'e(l qu'entre leurs mains

&

fur Jeque! il n'y- a qu'un braminc qni puiífe fans crime

poner l'roil ou Jire. C'efl ainfi que aette famille d' im–

pofleurs habites s'e(l confi:rvée une grande 3Utorité dans

l'état,

&

un empire abfolu fur les confcienoos . Ce fecrct

e!l plus anoien .

11 e!l u·aité daos le veda de la matiere prem iere, des

:mges, des hommcs, de !'ame, des chátimens préporés

aux méchans, des récompenfes qui attendent les bons,

d u vice, de la vertu, des mamrs, de la créatinn, de la

g énéurion, de la corruption, des crime>, de leur

e~pia­

tion, de la fon veraineté , des

temples, des dieux , des

e érémonies

&

des facrifices.

Ce

font les bramines qui facrifieot aux dieux pour le

peuple fur leqoel on leve un tribot pour l'cntretien de

c es m iniflres,

a

qn! les fouverains om

encor~

aocordé

d'autres privileges .

Des deux felkes principales de religioo, l' nnc s'3ppel–

le

tchiva famt;iam,

1'autre

wiftna

fam~iam:

chacune a

fes divilions, fes fous·divifions, fes tribus

&

fes familles,

&

chaque famille fes bramines particoliers .

11

y

a encare dans le

lVlalabare

deux efpeces d'hom –

m es qu'on peut r3nger parmi les Philnfnphes; ce font

les jogigttoles

&

goaniguele<

1

le premiers ne fe

m~lent

n i des cérémooies ni des rits; ils vtvem dans la folito–

de; ils contemplonr, ils fe macerent, ils o m abandonné

leurs fe

m

mes

&

leurs enfans; ils

regardcnr

ae

monde

comrne une illution, le rien comme l'état de perfeélíon;

ils y tendent de IQUIO lellr fbrce; ils travaillent du ma–

tio au foir

a

s'abrutir,

:l

ne rien

defirer~

ne rico baYr:,

ne rico penlC:r, oc rieu fentir;

&

lorfqu'ils ont atteint

c et 6tat de Clupidité complette ou le préfent, le paífé

&

t'avcnir s'erl

:lnéanti

pour eux; oii

it

oe leur

rene

ni

peine, o.i plai!ir, oi crainre, ni efpérance; otl ils fa m

aptorbés daos un engoordiífemem d'ame

&

de corps pro–

fond oU ils on& perdu tout feutimcnr, tout mouvement ,

t011te idée, alors ils

ú:

tiennent pour fa!\es, pour par–

faits, pour heurcux, pour égaux

a

Foó, pour vailins de

la

condition de Dieu .

Ce q\liétifmc obfurde a eu fes feél:ateurs dans I'A!ri–

q ue

&

dans !'Afie;

&

il n'efl prefqu'aucune contrée.,

aucun peuple rcligieux o\J. l'on

t~'en

rencontre_ des velli–

ges. Par-tour oii l'homme fortant de fon état fe propo·

{era

r~ue

óternel immobilc, lmpaffible, lnaltérable pour

JnOdc\e,

il

faudra qu'il defcet•cle au·ddlous de la béte .

P uifque 1:\ naturc t'a fair b.omme,

foi~

hornme

e.c

non

dieu .

La fa)le!l"e des guanigueles efl r(lieux entendoe; ils ont

e!l avertion l'idolii.Jrie; ils rnéprifent l'incptie des jogi–

guele~;

ils s'ocoupent de la méditation des attribms di–

vins,

&

c'e!l :\ ce11e fpécul2tion qu'ils paíf<nt leur vie.

Au refle ,

111

philofophie des bram!nes ef\ divedifiéc

a

l'infini; ils onr parmi eu.x des Clo"icieos, des épicnriens:

il

y en

3,

qo_i nienr

l'immc;ma.lité,

les

~hftdr:netl$

&

les

récompenCes

i

•·enir, pour qui

l'd~im~

des 11ommes

&

la

leur e!l l'·unique

~écompenfe

de la venu; qui traitent

le veda comme une vieille fable; qui ne recomm2odent

aux autres

&

ne fun¡(ent eux-mctnes qu'il JOUÍr de la

vie,

&

qui (e moquenr dq dogme fol)damcnt'l.l, le re–

tour périodique des

~tres.

Ces impies profeífcm leurs fentimens en fecret .

Le~

feéles font au

Mnl..bnrf

auffi

intol~ra.nte>

qu'ailleuts;

&

J'indifcrédon a coi\ré plufieurs fois la vie aux bramioes

épicuriens .

'

·

L'nthéifm,e • auffi fes partifans daos le

Malroha•<:

on

y

lit un poemc; o4 l'nuteur s'e!l propofé de démontrer

qo'il n'y

~

point de Dieu, que les nifuns do fon. exi–

{lence

fonc

\'aiocs;

qu.'il

n'y a auc..unes

v~rirés

:t.bfolues;

que la courte limite de la v1c circnofcrit le m•l

&

le

bien ; qoe c'efl une folie de laiífer

:l

fes piés le bonheur

réel pour co.urir apri:s

on~

fólicité ch_ilnérique qui ne

!<:

con,oit point.

11 q'ell pas étonnant qu'il y ai¡ dos athées par-tour ou

iJ y

a

des Cupernitieur: c'cfl un fophi(me qu'on fera

pJ.r·JOUt ou I'pn racontera de la divioité

d~s

chafes 2b–

fu¡-d~s .

Au lieu de dire D ieu n'efl pas tel c¡u'on111e

lo

peipt, po dira il

p'y

~

poim de; P iet¡ •.

Tomv

IX,

MAL

747

Les bramines avadonrcs fom des efpeces de gymno.•

fophifles.

lis onr tous quelques notions de Medecinc, d' A!lro–

logic

&

de Mathétnatique : lcnr medecine n'dl qu'un

empyrifme . lis placem la cerre au centre du monde,

&

ils ne

con~oivenr

pas qu'elle pOr fe mouvoir nutoor du

foleil, fans que le<

ea11x

des mees déplacéc< ne fe ré–

pandiífon~

fur toute fa furface. lis ont des obfcrvations

célefles, mais trcs-im)>arfaites ; ils préditem les éclipfes,

mais les caufes qn'ils donneot de ce phéoomcne fonr

abfnrdcs . !1 y a

13111

de rapport eotrc ks noms qu'il•

ont imoofés aux li)(nes du zoJiaque . qo'on ne peot dou–

ter qu'ils ne les aienr emprontés des Grecs ou des La·

tins . Voici l'abrégé de leur théologic.

'T'hlologie da p<upla du ,11alabar< .

La fubflance fu–

pr~me

efl

l'eíf~nce

par e <cellence, t'eífence des errences

&

de tOUI ; elle efl infinic, elle etl

l'~tre

des erres . Le

veda l'appelle

1Ja/1ou:

cct

~ere

e

ti

invifible;

il

n'a point

de

ti~ure

; il ne peor fe mouvoir , ou ne peot le com•

prendro .

flerfl)nne ne l'a vu; il n'eflpoint limité ni par l'efpa–

ce ni par les tems.

Tour cfl plein de luí ; c'e!l luí qui a ,donné naiífmce

aux chafes.

!1

efl la foorce de

h

fageífe , de la fcience, de la faio·

teté, de la vérité.

!1

e!l ia tinimcnt juOc, bon

&

miférioordieux .

JI

a

créé tout ce qui

ell.

!1

ell le confervntcnr du

monde; il aime

ii

converfer parmi

l~s

homrpes; il

re~

conduh oo bonheur.

On efl heureox fi on l'aimo

&

fi on !'honore.

11

¡t

des noms qui loi font _propres

&

qui oe peuvent

convenir qu'J lui.

11 n'y a ni idole ni imagc qui poiífe le

repréfcnter;

on peur feulement figorer fes onributs par des fymbolos

ou emhlemes.

Commenr l'adorera -t-on, puifqu'il efl

iocompréhen~

lible?

Le veda n'ordonne l'adoration que des dicux fubal·

•nes.

11 prend part

i

l'adoratioo de ces dieux, comme

(!

elle lui étoit odreífée ,

&

il la récmn eofe.

Ce n'e(l po!nt un germ_e, <¡uoi<Ju'il foit

le

gc~me

de

tour . Sa Cageífe el! mtime; 11 cfl

C~n

tache ;

ti a un

reil

a

o

frnnt; il efl jufle;

il

etl 'mmobile; il cfl immua·

ble · íl prend une iuñn'té de formes diverfes.

1i

u'}\ a poitu d'accePrion

devant

lui;

fa JuCFce efi

11

méme fur tour .

11

s'!ln nonce de ditfCrontes manieres.,

mai-s il efl toujoors diiñcile

a

deviner .

Nulle fcicnce bomaiue

n'~tt~int ~

la prnfondeur de

fQ!l eífcnce..

11

a toot créé, il conferve

tolll;

il ordonne le paífé-,

le prófent

&

!'avenir, qoo,qu'il

fui~

hors des rcms .

· C'e!l le fouvcrain pon11fe.

!1

prélide en tour

&

par-

tour;

il

remplir l'éteroité; il c!l tui feul cfternel .

.

ll

efl a\>imé d2ns un oc;éan profnnd

&

obfcur qui le

dérobe . On n'approche du lieu qt1'il

lt~b¡te

que par le

cepos.

11

f2ut que les fens de l'bomme qui le cherche fe

conccntrcnt en un feul.

.

Mais il ne fe monrre jnmais

plu~

clairemcot que dans

fa

loi

&

dans les mirac;lr;s qu'il

ope~c; f~ns

c;dfe

a

oos

yeox.

Celui q11i ne le reconnott ni dans

~

cPéari'on ni dans

la conferva11nn, néglige l'ufa;,:e de fa ratfon

&

ne le

vorra eoint :úlleurs .

Avaor que de s'uccuper de l'ordination

gén~rale

de•

chafes

il prit un.e

form~

nt1tériclle; "'" l'dprit n'a au–

cun tapport avec le c;orps,

&

poor :¡gir fut le. corps il

fau t que l'efprit s'cn "revéti<fe.

Soorce de tout, germe de tout, príncipe de tour, il

a done en

lui

l'eHence, la nature •· l<s propriétés, la

verm des. deux fcxes .

Lorfqu'il cu

t produit le

~

chofes, il fc!para les qualité¡

m2fculines des

ffrninio.es,

quj confondocs. feroient re–

llées flérile> ,

V.oil:\. les

moy~ns

de:. propa¡:ation

&

de

génération doru il

(l,

fcrvi~.

C'efl de

t.

fép3ra1 ioo des. qu:>Jités nufcul ine<

&

fé–

m!otoes, de la géQc!ration

&

de

la propag:uion qu'il

a

p~rmis

que nous fiffions. trois

idolc~

oo fymboles intel,

ligibles. qui fuilent l'ohJCI de

n,ot~e

s.dor.won .

N aos l'•dorons principal<omenr d'ans nos temples

iba~

la

formo des partí<" de la génération des d,cux {hes quj

s'appruchent \

&

ceue

imag~

c!l

facr~e.

¡¡

e!l émané de loi deux autres dieox puiífans, le tfchi

ven, qui

e(l

maJe: c'efl,Je pere de t'lUS les dieUI.

~o~aJ­

teroeS; le tfchaidi, c'e!l !a mere de toutes les

d¡vm11c!~

fl!bl\ltornes .

Bbbbb~

L~