JU N
Knement que faiCoir la fiancée au jambage de la porte de
íon époux,
&
fin1lemcnt au [ecours qu'elle accordoir
a
ect époux pour dénouer la ceinture virginale . Vous trou–
verez ces Cortes de Curnoms dans ces paraJes latines, d'une
priere ; cette déeífe du mariage .
lterducam , domiducam ,
an:~iam ,
cinlfiam, mortalu
pue/l,e
debent in nttptiaJ &on–
"Vocare, ut earum itinera
prot~~~~~,
in opJataJ domoJ du. –
UJ,
&
9111tm pojln
ungmt,
fauflum om
en affigar,
&
ei1'1gHlt4m ponu1teJ in
thalamis,
non
relint{Nai.
Cet hymne
el! dans Martianus Capella ,
de
Nttpt.
Phi/o/. lib. ll.
Je n'oíe indiquer les autres épithetes qu'on donnoit
a
"]uno>t,
ponr lui demander Con affillance darts le lit tll\–
ptial ; la challeté de notre langt\e,
&
les égards que l'on
doit
a
la pudeur, m'obligcnr de les taire.
Difons feulement que la fuperOition
romame éroit fi
J!!raude, c¡u'il y avoit des femmes qui honoroient
]u–
mm,
en faif.1ot íemblant de la peigner & de la parer, &
en Tui tenant le miroir devant Ces ilatues; car c'étoit un
proverbe, , que les cocffcuCes préíentoient toujours le
,
miroir
a
Junon
,, '
ttcmur (peculttm
tenere Junoni,
5'écrie Seneque. D'autres femmes, animées de paffions
différentes, alloieut s'aíTeoir au capitole aupres de jupi–
ter, daos l'eípérance d'avoir ce dieu pour amaut.
Je voudrois bien íavoir la maniere dont on repréfen–
toit l'augulle déeíTe du ciel dans
tous les divers r61es
qu'on lui faiíoit joner. En effet, en la oonfidérant feu-
1ement fous les tirres de
pron11ha,
d'opi~~na,
de
f~brutt,
de
t/uon;a,
ou cnmme préfida nt tant6t anx mariages ,
amót aux acconchemens, tantót aux accidens naturels
dn beau fexe, il femble qu'elle devoit etre
v~tue
ditfé–
remmem daos chacune de ces diverles cérérnonies.
Une motrone maíeOneuíe, tenant la pique ou le fce–
ptre it la main, avec une couronne radiale fur la rete,
&
Con
oií"au favori couché
a
fes pieds , défignoit bien
la Creur
&
la femme de J upiter; mms, par exemple, le
c ro1íTam qu'on lui mcno't íur
la
t~te,
marquoit vraif–
femblablement la déeíle Ména, c'efl-3-dire l'empire que
J unon
avnit tnus les mois fur le fexe.
C'e(l pem·etre ¡)()ur la
m~me
raifon qn'on la repré–
fentoit íur les médailles de Samos avec des efpeces de
bra!fclets , <1ui pendoient des bras jufqn'aut piés,
&
qni
foutenoient tln croiíTant: peut-etre auffi que ces braíTe–
lets oe font point un des attributs de
Junon,
mois un
ornemenr de mode
ima)lin~
fous fon nom, paree que
cette déeíTe avoit inventé la maniere de s'habiller
&
de fe
coefter .
Trill2n, daos fes obíervations fur Callimaque, a don–
né le type d'nne médaillc des Samiens, repréfentant
]u–
non
ayant la gorge paíTablement dócouverte. Elle ert ve–
toe d'une robe qui defcend íur fes piés ,- avec une cein–
ture a!Tez ferrée;
&
le rcpli que la robe tait íur die–
m eme, forme une e[pcce de tablier . Le voil e prend du
haut de la tete ,
&
rombe jnCqu'au bas de la robe, com–
m e fa iíoient 'les écharpes que nos clames po"rroient au
cummeocernent de
ce fjecJe.
.Le rever< d'une médaille qui efl daos le cabinet du
rot
de France ,
&
que M. Spanheim a gravée, repré–
fen~e
ce voile tour déplové, qui fait
deu~
angles fur les
ma1m, un angle Cur
la
t~te,
&
un autre angle fur les
talons .
Sur une des méd 1illes du méme cabinet, cettc dée!fe
ell coeffée d'un bonnet aíTC?. pointu 'terminé par un croi[–
fant. On vnit fur d'<mtres médailles de M. 5panheim ,
une
e(
pece de panier qui íert de coeífure
¡¡
Jt;~<on' ·~In~
du relle a·peu-pres comme nos religieux Bénédi–
élms. La cocffure des f6mmes Turques, approche fort
de
ce\le de
Jrmon,
&
les fait paroltre de bcl\e raille.
Cette
d~eíTe
avoit fans dome inventé
ces
ornemens de
!"'~
avanrageux ,
&
que les fontanges ont depuis mal
Jmltés.
]unon
'?nptiale, gamélienne, ou prélidente aux no–
ces, portott une couronne de [ouchet
&
de ces fleurs
'lue nous appellons
;mmortelle1.
On en connoit une pe–
lite corbcille fort
l ~!:¡ere ,
que l'on
arr~toit
fi1r
le baur de
fa
t~te:
c'elt peut-etre de-lit .que íont vcnues
les cnu–
ronnes , que l'on met encare daos le
levant íur la
t~te
des nouvel\es épou Ccs ;
&
la mode n'en
e(t
pas en.liere·
ment paíféc parmi nous, quand on marie les jeunes lilles.
lJ
y a des médailles de Maximin, au revers
d~i"quel·
les efl le temple de Samos , avec une
]unon
en habit
de
noces , arrez íemblable
ii
ceux·
do~t
on vient de parler,
&
ayam
a
fos ptés deux paons, otfeaux qui comme
l~on
f~air'
lui étoiellt c oníacrés'
&
qu'on élevoit autour du
temple de cene décíTe .
Quelquefois l'épervier
&
l'oiíon accompagnent fes Oa·
tues; le dtélamne, le pavor
&
la grenade étoient les
plantes ordinaires que les Grccs lui offroient
&
dont ils
ornoient fes aurels; eotin, la viélime qu'on ¡'ui immoloit
JU N
communément, étoit l'agneau fcmelle ; Virgile nous
le dit:
Junon; mallan! lella1 de more .
hidentu.
11
ell tems de finir cet article de
Junon;
mais quel- ·
que long qu'il foit, je n'ai pris que la fleur de J'hiOoire
'de cette déeíTe, fur fon culte, fes temples, fes autels,
fes auribms, fes llatues
&
[es
médailles.
M.
Bayle ton–
che encore un autre fujet dans fon diéliopnaire; c'efr la
cnnfidération de l'état des malheurs du coeur qui tiranni–
[c.ient
fan s ceíTe cette divinité, felon le fyfleme populaire
de la théologie payenne. L es Poctes, les théátres, les fla ·
tues, les tableaux,
les monumens des temples offroient
mille preuws des amertumcs de íoo ame, en pei5nant
atu yeux de tout le monde
Con
humeur altiere , impé–
rieuíe, jalouíe, toujours occupée de vengeanccs
&
ne
got'ltant jamais une pleine farisfaélioo de fes fucces. Le
tirre pompeLJX de reine du del , la féance fur le tróne
de l'univers, le fceptre
a
la main, le diademe íur la te–
te, tout cela nc pouvoir adoucir fes peines
&
Ces
tour–
mens. L 'immortalité
m~
me y mettoit le fceau; car l'e–
frérance de voir finir un jour [es chagrins p31 la .mort,
cll une coníalation que nous avons ici-bas.
(D.
J.)
JUNONALES
o~t
JUNONIES,
f.
f.
pi.
(Anti9 .
rom. )
en latin
'Junonalin;
ftStc
romaine
en
l'honneur
de
J nnon, dont O vide ne parle point dans fes farles,
&
qui
ell cependantl décnte fort particulieremem par Titc-Live
D lcade
3 ,
lib. V ll.
Ct•ltC fcte fnt innituée
a
l'occation de certains prodi–
ges qui parurept en
l ~alie;
ce qui fit qne les pontifes or–
donqcreot que •·ingt [cpt jeunes tilles, divifées en rrois
bandes , iroicnt par la vil le en chantaot un cantique com–
po[é par le poete Livius; mais iJ arriva que comme el–
les l'appreooiem par coeur, dans le rempie de ]\lpiter Sra–
tor, la foudre tomba fur celui de J unon-reiue, au mont–
Av~nttn.
A
la uouvelle de cet événement, les devins
~yant
été
conlilltés, rép ndirent, que
ce
dernier prodige regardoic
les clames Romoines, qui devoient appaiCer la fceur de
Jupiter
P'IJ
des offr>ndes
&
par des facrifices. Elle! ache–
terenr done un baffin d'or . qu'elles allerent offrir
a
]u–
non íur le mont-Avenrin; enCuite les décemvir.s affigne–
rcnr un jour pour un rervice folemnel, qni
fut
ainli or–
donné: , On conduifit deux vaches blanches du temple
, d' Appollon dans la villé, par la porte Carmeurale : on
, porta
deu~
images de Junon·reine, faites de bois de
cyprcs: enínite trtarchoient vingt icunes filies. vetues
, de robes tralnanres,
&
chanrant une hymne en l'hon–
" neur de la déeíTe. L es décemvirs, ímvoient couron–
" nés de lanrier,
&
aya
m
la robe bordée de pourpre.
, Cette pompe apres avoir fait une pauíe daos la gran-
de place de Rome, ou les vingt-fept jeunes tilles exé–
,, curerent la "daníe de leur hymue; la proceffion conti-.
nua fa route,
&
(e rendit
Í1l1S
s'arrl!ter au temple de
, Jnnon-reine; les viélime> furent immolées paroles dé–
,
cem vir~,
&
les images de cypres furem placées daos
le temple de la
divioit~ .
(D .
J.)
JUNONIE,
(Giogr.
anc. )
la ville de Junon, nou–
vean nom que Carthage
re~ut
de Ca"lus Gracchus, lorf–
qu'il donna fes foins
:l
la rebatir
&
a
la repeupler, pres
<ie
cet)t ans ava
m
que V
ir~ile
travail\ilt
a
íon Enéi"de;
ce n'ell done pas par une ítmple fiél•on poetiqne qu'il
a
dit •de Canhage.
Quam
'}tino
fertttr
terriJ mav;i1 omnib111
unmn
1~ojl
habita
coiHij[e
Samo .
.lEné"id.
1.
v.
20.
On vo1t qu'il a fui vi une tradition
re~ue
&
¡:onnue de
Con
tem~
(D.
J . ) '
]UNON
S,
C.
f, pi. (
Mythol.
on appclloit ainfi les
génies parriculiers Cles femmes, par refpeél poui la déelfe
Juuon. Cfiaque femme avoit fa
]11non,
comme chaque
homn~e
avoit f<?n génie.
Voy.
G ÉN JE, (
Myth'ol. Littl?·. )
Nous trouvons pluÍicurs exemples de ces
]unon1,
gé–
nies ' des femmes, dans les infcriptions anciennes qu'on
a rccueillies;
&
pour n'en citer qu'un exemple dans un
monument coníacré
a
la vellale
Jun;a 'I'or'luata,
dont
la ven
u
digne des anciens rems, dit Tacite, fut hono–
rée apres fa mort d'un monumem f!ublic. L'infcription
porte:,
A
laJunonde Junia Torquata, céleflepatronc,.
Enfin
l~s
femmes juroiem par leurs
]ttnonr,
comme les
hommes par Jeurs génies.
Vo¡<ez
la
Mlm.
de1
Inferí·
ptionJ
&
B,/lu-LettreJ.
(V.
J.)
J U NSA LAM, (
Gl".~r.)
port d'A Cie au royaume de
Siarri; c'eft l'aíyle de tOUS les vai!feaux, qui. allant
¡¡
lo c6te de Coromandel,
[ont
furpris d'no ouragan; ce
port cll de conféquencc pour le commerce de Bengale,
de