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JU N

~es

Troyens

&

Je pieu1 Enée. Enfin l'on

f&it qu'elle

prit le fa¡(e partí de protégcr

les Romoins,

en

tavori–

fanc

cette

fuite de leurs viél'oires , qui devoient les ren.–

dre les m aitres du monde,

&

qu<:

J

upaer avoit prédites .

Quin

G.fiura

],uno,

fl.utf

111ar~,

nunc

t~rrafrue,

;aetu

c4/11mque

fatiz,se

CfJ1~/ilia

in meliUr

referet,

111ecumque (9vebit

Romanos reru"J

d1mino1, genum¡ue

togata'/1.

·

JEnéid. lib.

J.

v,

279·

Les amours de c:eLte déelfe pour 1afon, n'ont pas fait

aunnt de bruer que fes autres avanntrcs-; cependout

a

quelques diverfités pre• daos le récit, Pindare , Servius,

B

ygin, Apollonius de Rhodes ,

&

Valerius Flaccus, ne

les om pas obmifes .

Le prétendu fccret qu'e11e avoit de rt:couvrer fa vir–

ginité, en fe lavnnt dans la fon<aine Canatbus au l?élo–

ponnefe, n'a été que trop

bro~

par nos écnYains ruo–

dernes. Paufanias dit feulement qne les Argiens faifoient

ce conte,

&

le fondoiell! fur

1¡~

pratique de

leurs céré–

monies dans les mylleres de

la

cléelfe,

Mais ce qui oous inrérelfo c:nrememenr, comme phi–

lofo"phe•

&

comme l<uérateurs, c'efl que de routes les

divinit.és

du Pagaoifme, il n'y en a poinr eu dont le

c:ul.te ait

été plus !lrand, plus

folemnel,

&

plus géné–

r

al. L

a peinrure des vengeances de

Junon,

donr les rhéa–

tre~

retencilfoient fans celfe, infpira tant de

~raintes,

d'ai–

Jarmes,

&

de refpe<'t, qu'on n'ouhlia ríen pour obrenir

fa proteélion, ou pour appaifer une Qéelfe

li

formid-able

quand on crut l'aNoir offenf<!e.

Les honneurs religieux de rous genres qu'on luí ren–

dir en Enrope, pafierent en Afr-ique, en Afie,

en

Syrie

&

en Egypte. On oc trouvoi: par-tour que temples, au–

tels,

&

ehapelles dédiées

i

J

unon;

mais elle éroit rei–

Jement

v~nér~e

a

.'}rgos ,

a

Samos,

a

Srymphale,

a

Olympie,

a

Carthage,

&

en ltalie, qu'il efl

n~celfaire

de nous

arr~rer

beaucoup au tablean qu'en fait l'Hilloire

concurremtnent avec les

Pueres

.

L es Argiens prétendoienr que les trois tilles du fieu–

:-re Allérion, avorent nourri la fa:ur

&

l'épou[e de Ju–

pirer . L'unc de ces

trois

fil!es s'appall oit

Eubü;

fon

n olll

fot

donné

a

la montagne fur laquelle paroifoit de

loin le temple de

]u

~ton,

dont Eupoleme

&V

'lit été l'ar–

chiteéte. Son fondareur étoit Phuronée fils d'lnachus,

eot;~tempnrain

d'l\ braham, on pcu s'eu faur.

E¡¡

enrrant dans le temple, dit Paufanias, oJJ voit af–

fife

Cm

un rr6ne la llarue de la déelfe, d'nne

~rrandenr

exrraordina're,

rou

te d'or

&

d'ivoire. Elle a

fu~

la

r~te

une cotu onne·

q.ue

tenninen[

les G

raci!S

&

les Heurcs;

elle tient une g

rem

dc d'unc main,

&

de l'aurre un fceprre

su bout dnqnel cll un coucou.

Les regards des fpeélateurs fe porroient enfuit.e fur la

reprélenratinn en marbre de l"hiíloire de Biton

&

Cléo–

bis, deux freres recom:nandablcs par leur piétó envers

lcu,r mere,

&

qui tnéritoient les honneurs héroi"ques. On

eonfcrvoit daos ce memc temple le plus aucien !imula–

ere

d~

.1unon,

qui #coi

e

de poirier ('lnvage.

Le ve!libule du temple Óffioit

a

la vllo -les ílarues de

toutcs les

pr~trelfes

de la déclfe , prfrrelfi:S li

rcfpeét~es

dans Argos, que J'nn

'1

comp,co;t les années par celles

de. leur G¡cerdoce. Ces prérretfcs a\•oient le foin de con–

vnr l'autel de

1,,

divinité d"une cerrainc herbe qui venoit

fur les bnrds de

1'

f\ l!érion; l'eau donr elles fe Cervoienr

pour les facriñccs,

&

les n¡yl!eres fecrets, fe

preooit

da!" la for¡taine El eurhérie,

&

il n'éroir pas permis d'eu

purfor aillcurs: las fcholil 'les de Pindorc nous inllruiCenr

des jcux que lés Arglens faifoient en l'honneur de

']unan.

L e< Samicns

Ce

vanroienr que la reine des dieux avoir

pris nailfance daos leur ile; qu'clle y avoir 6té élevée;

que

m~me

Ces

noc~s

avea Jupiter

~voicnr

été céléllrées

dans

Je

temple qui lui éroit conCaeré,

&

qui a fait tant

de brui¡ daos le monde. Vnici ce qu'en dit M. de Tour–

nefort, apres Con féJour fQr les

li~ux.

En viror¡

a

roo

p~s

de la mer,

&

prefque

:1

pareille

diílancc de la riviere lmbrafus, vers

le cap de Cora

fo~r

les ruines du fameux temple de

Juno",

la

prote~

élr!ce de Samos. L es plus habiles papas de. l'ile con–

no,lfent encore cet endroit fous le nom de temple de

]f-non.

M enodore Samien, cité dans Athenée, comme

J'aut~ur

d'un liv re qui traite de routes fes curiotités de

Sa~os ,

affure que ce ten¡ple éroit le fruir des talens de

CaTiau~

{5l

des nympbes; eitr

les CarietiS qnt été les

premiers polfelfeurs de crerre ile .

·

Paurar¡ias

di~

qulon attribuoir cet ouvrage aux Argo·

nantes qut

~vorent •Pil"'l~

d'Ar)lDS 3 San¡os ut1e !larue

de

!•

déelfe ,

&

que les Samiens C<mtenoienr que

J,,,.,.

~to:r

née fur les bords du ileuve lmbrafus

( d'ou luí

v int le nom d'

lmbr4ia),

&

fO!JS

Ufl

do ces 'arbres ,'que

J

U N

nous appelloos

"g'""

c,.flru'

oo

moot.ra

lon¡}-tems 111r

vénération ce pié d'

agnm.cafltu,

daus ie te

mple de']"""".

Paufanias prouve auffi

l'antiqui11! de ce temple, par

celle de la Clarue de la déeUe, qui éroir de la main rle

S milis ,

fculpteur d' Egine

1

contemporain de Dédale.

Arhenée fur la foi du meme Menodore, d<>nt

J>OUS

.

vef1ons

de:

parler, n\.JUblie pas un fameux tniraclc ar...

rivé, lorCque les Athéniens -voulureot enlever la Uatue

de

]unan:

il.¡¡ ne pmenr jamaii faire .v.oiLe, qu'apres l'a–

voir remife

ii

terre, prodige qui reudit 1

1

-ile plus célebre

&

plus fréquentée.

Le temple dont

il

s'agit ici , t"Ot brulé par les Perles,

&

on en regardoit eucore les ruines avee a.dmiracion:

uuis

on ne tarda pas

i

le relever,

&

il

fut rempli de tanr de

richclfes, qu'on ne tr'lu va plus de place pour les tablcáin:

&

pour les ílatues.

V

erres, révenanr d'A lie, ne craignit

point

le

fort d<:s Tyrrhéniens; il-ne fit pas lcrupule de

pilkr ce temple

1

&

d'en emporter les plus beaux mor–

ceau'; les pir.ates n'épargnerent pas davantag.e cct

~ditice

du tetns de Pompée .

Srrabon l'appelle un grand temple, non.Ceulement rem–

pli de tableaux, mais dont tnures les g'l_leries o!roient or–

nées de pieces fort ancieunes. C'ef! fans doute parmi ces

pieces, qu'on avoit

~xpofé

le

fam~nx

rahleau qui peignoic

les premieres amours de

1

upiler

&

de

]H>~on,

cil' une

ma–

niere li ttaturelle, qu'Origene ne put fe difpenfer de le

reprocher aux Gcmils.

11

y avoir nutre cela dans le temple de

]1mon

a

Sa·

mos, une cour deainée pour les

Cla~ues,

parmi lefquel–

les on

~n

voyoit trois cololfales de la

m~

in de M yron,

portées fur la

m~

me bafe .

Marc-~ntoine

les avoic

f.~it

enlever 1 mais Augulle rendir aux Samiens

ceil~s

de Mi–

nerve

&

d'Hercule,

&

fe comenta d'envoyct celle de

1upirer au eapitole, pour

~tre

placée dans uue ba!ilique

qu'il 6r bhir.

De tant de helles chofes du temple de

Junow

Samien–

¡¡e,

M. de Tournefort ne rrouva fur la fin du dernier

tiecJc, que deux

morceau~

de colonnes,

&

quelques ba•

f•s d'uo marbre eKquis. Peu d'années aupara

''"nt,

les

Turcs s'imagioanr que la plus haute écoir pleine d'or

&

d'argent, renterem de l'abottre

a

coups de can<'n qu'il'

riroienr de leurs galeres. Les boulers firenr

~clar~r

quel–

qucs tambours,

déran~erent

les autres,

&

en

Jnirent

uuc

moitié hors de leur firuarion .

On ne peut plus reconnoirre le plan de cet

~difice

qui

Celon Hérodote, étoit la fccondo me- ,•eille de Sa mos,

le temple le plus fpacicux qu'il ent vll;

&

nous ignore•

rions fans lui,

le

no

m

de l'architcéte-; c'étoit un fa mien

appell

é

Rh,.,cuJ

.

11

ne faur pas s'en t•nir au delfeiu de ce temple, qui

f« trouve fur les méjailles antiques, paree qu'on

y

repré–

fentoit fouveor différens temples fous la meme forme,

comme par

e~emple,

le

temple door nou& parloos,

<%

aelui d

1

Ephcfe, qui vrailfemblablemeru n'étoient pas d!l

m~m•

d<:lfein.

PauCanias, que 1e cite fouvent, fait menrion de trois

temples de

'}unon

dans la vi!le de

Styrr~ph:tle

en .'\rcadie;

le premier éroit appellé le

templ~

d.e

JunoiJ

lille;

1~

fe–

cond le temple de

Juno><

maric!e;

&

le troitieme le tem–

ple de

Junoa

veu ve. Ces rrois temples lui

fur~m

érigés

par Tcm

<nus,

&

le dernier fur bhi , lo.·[que la déeffi: alla,

dir-.en'

[e

retirer

a

Srymphale, apres

[qn

divorce aYec

1 u pi ter

.

Cerre reine des dicux

recevoit auffi

les plus grandt

honneurs

:i

Olympie:

ti

y' avoit daos cette dernierc ville

feize dames prépofécs aux jeux qu< l'on

y

célebroir

1

fa gloire

rou~

les cinq ans.

&

dans lefquels on lui con–

faeroit un péplus, efpecre de rob< fans tuanches,

&

tou–

tc broche!e dlor. l'ru!s clalfes de 1eunes filies defcen–

doient daos la carriere des jem:

olym~iques.

y difputoient

le prix de la courfe,

&

la fournilfoient prefi:¡ue tnure cn–

tiere . Les viétorieuCes ol¡tenoient pour récompenfc une

con ronne d?olivit'T.

Carthage, fameufe capirale d'un valle empire, palfoir

pnur

~tre

la vil!e

favorite de

Ju>ton.

Virgile ne s'cll

poin~

fervi des privile¡res de

Con

are,

qu~nd

il

a

dit, en

parlant de cette ancienne ville d'Afrique,

la

rivale de

Samos dans cettc occaáon.

Quam

Juno

f~rtur,

ltr,.ÍJ magir om11ibNs NNa;n

llofthabi'4

foluij]e

Samo.

.JEneid. lib.

l.

v.

lf.

Son ri!moignage, fondé

!i1r

la

tradirion,

~n

appoyé

par

H~rodote,

O vide, Apulée

&

Silvius ltalicu•. Ce

dernier peigoanr l'attachemenr de

Jn~ton

pour la vil!e de

Cartbage, déclare en uois bc:a¡q vers, qu'elle la préfé,

roit

~

J\rgos

&

~ Myc~s.

· ·

·

·

Hi&