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LO I

d'efpric qui

,ra

tirer

d.es

conféquences, en contraire aox

fcmimens de l'hum

anité

&

aux vucs du législatenr.

Les

lou

occauonoécs pnr l'altération des cbofes

&

des tcms, doivent celfer avec les raifons qui les ont

(ait naitre, loin de revivre daos les conjeaures relfcm–

blantes, paree qu'cllcs ne font prefque jamais les m2-

mes,

&

que toute comparaifon ell fufpeae, dangereu–

fe, capable d'égarer.

On établit des

loiJ

nouvelles, ou pour confirmer les

anciennes, ou pour les réformer, ou pou' les abolir.

Toutes les add1tions ne font que charger

&

emhrouil–

Jer le corps des

luiJ.

11

v,audroit m ieux.

a

l'exemple

des Athémens, recueillir de tems en tems les

lois

!h–

ranoées, contradietoircs, iuutiles

&

abu!ives, pour épu–

rer

&

diminuer le codc de la nation.

Quand done on dit qüe perfonne ne doit s'enimer

plus prudent que la

/oi, c'ell

des

/oh

vivames qu'il s'a–

¡;it,

&

non pas des

/oh

endormies.

JI

faut fe

h~ter

d'abroger les

/ois

ufées par le tems,

de peor qlle le mépris des

lois

mortes ne retombc fur

les

loiJ

vivan~e•,

&

que cette gangrcr¡e ne gagne tout le

corps de droa.

Mais s'il cll nécelraire de changer le•

/ois,

apportez–

y

tam

de

folemnités

<!e:

de précautions, que le peuple

en conclue naturellement que les

lois

font bien faintes,

puifqu'il faut tant de formalités pour les abroger .

N

6

changez pas les ufages

&

les manieres par les

lois,

ce fcroit une tyrannie.

Les

cbofes indifférenre• ne

fonr pas de lcur relfort: il faur

ch~nger

les ufages

&

Jes

manieres par d'amres ufages

&

d'autres manieres. Si

le~

/¡;is

genoient en France le• manieres, elles géneroient

peut-~tre

les venus. Lailfez faire

a

ce peuple

l~ger

les

chafes frivolrs C:Crieu(ement,

&

gaiemeot les chafes fé–

r.ieufes. Ccpendant les

l.ois

peuvem contdbuer 3 former

les mreurs,

les

manier-es

&.

le caraaere

d'Wle uation;

l'Angleterre en efl un exemple .

Tout ce qui regarde les regles de la modeflie, de la

JlUdeur, de la décence, ne peur guere

~tre

compris fous

un code de

lois.

JI

efl aif6 de

régl~r

por les

lois

ce qu'on

doit anx aurres; il efl difficile d'y comprendre tout ce

qu'on fe doit

a

foi·m~me.

La multiplicité des

Iuis

prouve, toutes chafes égales

b.

1nauv-aife

con~itution

d'uu gouvernement; car,

com~

me on ne le< faa que pour r<!primer les injuflices

&

les

defordres,

il

fa~t ~e

né<;ellité que, daos l'étar o

u

il

y

a

le plus de

lo11,

11 y 011 auffi le plus de déréglement ,

L'in <'rtitude

&

l'inefficacilé des

lois

procede de leur

multiplicité, de leurs vices daos la compofitioo daos le

fl yle & dan< la fané.Hon, du partage des interpretes

de

]a conuadidion

de~

jugemens,

&c.

'

Les

Iuis

lont,

commc au pillage, entre tes mains de

ce cortege non•breux

d~

jnrifc.onfultes qui les commen–

rent . La fcule vüe de leurs compilations a de qooi rer–

ralfer l'e(pdt

le plus infatigable. Leurs glofcs

&

leurs

fubt 'lités Cont les Jacets de la cbicone . Toutes les

eita·

~ion•,

(j

ce n'efl celles de la

loi

devroient etre inte•di–

ICS au

l:¡arre~u

. Ce ne io nt que des hommes que J'on

montre

:1

d'au(rcs.

hon11~~~ ,

&

c'e(l par des raifons,

&

non par des amontés qu 11

faut décieer les cas

dooteu~.

Il

y a

de

lois

rc!troaaives qoi viennenr

3U

feeours

des

J.is

antérieurcs,

&

qni en étendent l'effcr

for les

cas

qu'e

lles n'avolem pas právus.

11

faut rrC.-rarement

de ces

lois

a

deux 6ns, qui portent fur le paOé

&

fur

]'avenir .

Une

loi

rétroaaive

dqit

coofirmer

&

non pas

r~for­

rper celle quila précede; la

r~forme

cau(e toujours des

m ouvemens

d$!

troublc, au lic:u que les

lois

en confit–

mation alfermilrent l'o rdre

&

la

tr~oquillit~.

Dans un état ou il n'y a point de

lou

fondameata–

les, la fucceffion

a

l'empire ne fauroir

~re

fixe, puif–

que le

fucceiT~ur

efl déclaré par le prince, par fes mi–

n ifl res , ou par une gcerre civile; que de déi.Ordres

&

de mau:<

en

réfultent !

Les

lois

oot fagement

~tabli

des formali•és daos J'ad–

m iniflration de la juflice, paree que

ces

formalités. (onr

le

palladiun,

d~

la libcottf. Mais le nombre des 'forma–

lités pourroit

~tre

!i grand, qu'il choqueroit le bur des

lois

mémes qui les aurqieut établies: :tlors les affaire<

n'auroienr point de fin, la propriété des bieos

re~eroir

incenaine, on ruineroit

1~$ ~arties

a

force

de

les exami–

ner.

JI

y

a des pays en Europe

1

o u

les (ujcts foot

daus ce cas-I

a.

· Les prmccs o

o~

donné de- bonnes

loiJ,

mni• que lque–

fois u mal-3-propm qu'elles n'om produit que de

fa–

cheux effe1s . Louis le Débonnaire

r~volra

contre lui les

év~ques

par des

lois

rigides qu'il leur prefcrivir,

&

qui

alloionr au-dela

du

but qu'il deyqit fe propofer daos

1~

COOJOJlébure des IC!fllS.

LOI

P onr connoitre, pour peindre le génie des nations

&:

des rois, il fau

t éc

laircr leur hifloire

P•tr

leur

lors

&

leurs

lurs

par

le.ur

hifl'?ire. L es

lou

de

Charlem~gne

rnontrent un

prmc

c qm comprend rout par f<m <fprit

de

p~évo~ance,

unit

tout par la force

d~

ron génte.

Par !es

lors,

les préteXttS pour éluder les dcvoJCS

(om

ótés, les

négli~ences

cnrril(éc• , les abus

r~rorm~s

ou

préveous. Un pere de

famille pourroir y

appr~ndre

i

gouverner

t3

tnaifon:

il

ordonnoit qu'on

vendí't les

reufs des

balf~-cours

de fon domaine,

&

les herbes inu–

tiles de (on Jardín;

&

J'on fair p>r l'hifloire qu'il avoir

diflribué

3

fes peuples toutes les richelfes des Lombards

&

les immenfes tréfors de ces Huns qui avoiem

rava~

gé l' univers

Dans toute fociété , c'efl la force oo la

loi

qui domi–

ne. Tantót la force fe couvre de la

loi,

r•ntót la

loi

s'appuie de la force. De-lil trois forres d'inj ullice>

la

violence

0.UVerte,

C~IJe

qui marche

i

l'ombre de la

'/oi

&

celle qui nait de la rígoeur de la

loi.

'

Les paffions

&

les préjugés des

l~gislarenrs

palfenr

quelquefois au-travers

de

letlrs

loi.1,

&

s'y

tei~nent;

qnel.–

quefois elles y reflenr

&

s'y incorporent.

Juf\inien s'avifa dans un tems de décadence de réfor–

m<r la jurifprudence des liecles

éclair~s.

M ais c'elt des

jours de lamieres qu'il convient de corriger les JOUrs de

ténebres.

]e

finls mlllgré moi toutes ces réfiexions qui porteot

fur les

lois

en général, mais Je parlerai (éparément des

/oiJ

foodamentales, civHes., crimine! les, divioes, hutnai–

nes, morales, narnrelles, pénales, politiques, fomptnai–

res,

&<.

&.

je ticberai d'en développer en pcu de mots

la natnre, le caraaere, l'efprit·

&

les príncipes.

(D.

'].)

Lo

1,

propofieion

&

Jamfli•n

d't~••,

(

Hr(J. rom.)

c'efl un point fort curieu"< dans l'biftoire romaine que

l'objet de

l'~tablilremenr

d'une

loi .

Nous :wons done

lieu de penfer que le leéleur fera bien-aife

d'~tre

inflruir

des formalirés qui fe pratiquoient

dai\S

cene occafion.

Celui

qni avoir delfein, dans

S.

o me, d'établir qnel–

que

loi,

qu'il favoit

~!re

du

gm1t

des principaux de la

répoblique, la CClmmuniquoir au fénat, atin qo'elle ac–

qult un uouveau poids par l'approbation de cet illuflre

corps. Si au contraire le

port~ur

de la

loi

étoir anaché

aux intércts

du

peuple, il tichoit de lui faire approuver

la

loi

qu'il vouloir établir, fans en parler au (énar.

11

étoit ccpen<hmt

oblig~

d'en faire publiqnement la lcélu–

re, avant que d'en de·mander

la ratificauon , afin que

chacun

ea

eut connoilfance . Apres cela, fi

la

/or

re–

~ardoit

les tribus,

le tribun f1ifoit alrembler

le penple

daos la place;

&

(i

elle regardoir les cemuries, ce pre–

micr magillrat convoquoit J'alfemblée des ciroyens dans

le champ de Mars .

L a

un crieur 'j>ublic répéroa mo r-ii–

mot la

/oí

qu'un fcribe lui lifoit; enfuite

1

fi

le tribu

a

le permertoit, le portear de la

/or,

uo mag11lrao,

&

quel–

quefois mcrne

IJII

fimple particuJier, autorifé par Je ma–

gi0rar, pouvoit haraoguer le peuplc pour

l'e,~ager

a

re–

eevoiu ou

i

;ejetter la

loi.

Cclui qui réuffiuoit

;1

faire

accepter la

loi,

en é10it appellé l'auteur.

Qoand

il

s'agilroit d'unc affaire de conféquence,

on

portoit une uroe o u caU"ette, dans laquelle on renfcrmoit

les noms des tribus o

u

des ceruurics, felon que les unes

ou les autres étoieet affemblées. On remuoit enflllte doo–

cemenr la calfeue, de peur qu'il n'en tamba r quelqne

nom;

&

quaod ils

~toient

mclés' on les tiroit au ha–

"ta.d; pour lors, chaque tribu

&

chaque centurie preooit

le rang de Con billet pour donner

Con

fuffrage. On

¡.,

donna d'abord de vive voi.I; nmis enfuite il

fut écab!i

qll'on' remettroit

a

chaque citoyen deu¡¡ tablette• , dom

Pune

reJenoit la nouvelle

loi

en

3pprouvant l'anciel')ne,

&

pour cela cene tableue étoit marquée de la lettre

A,

qui fignifioit

16n~i~nn~;

Pautre tablette

portoir

le5 dcnx

lettres

U. IL

c.'efl-a-dire,

foi~

fuit comme

vou~

le de–

m::mde'l.,

u1i rogaJ .

Potu éloigner route fraude, on diflribuoit ces tablettes

a vee be:111coup d'attention . O

o

élevoit alors daos

la

place ou fe teooient le

•O:embl€es plu!ieurs peti<s thé:l –

tres; fur

les

premiers qui c!toienr les plus élevés, on po–

foit les caOettes ou étoient renfermées les tableucs qu'on

délivroir

:l

ccux qui devoient dooner leurs fuffrages

¡

&

fur les derniers étoient d'autres caffeues olí l'on re–

mettoit Jefdites tablcttes qui portoienr le foffragc. De-la

vint le prpverbe, les jeunes gens chalrent du thé4tre les

.fexa)\énaires, paree qu'apres cat ige , on. n'avoic plus

de droit aux charges ¡¡ubliques..

ün él.,1'oit autmt

de

théarres qu'il

y

avoit de tribus

daos le< a!Iembléos des tnbus; favoir

3f,

&

daos les af–

(emblées de cemuries, autam qu'íl

y

avoir de centuries,

fayoir

t9~-

fl

f~lH