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'34

J

U I

pon, c'c!l-!1-dire le petit vifage; le macroproíopOf!, c'e!l–

i-d;re le long vi(3ge; fa femme, le¡ neuf

&

les trct'l.e con–

formations de fa barbe.

On entre dans un plu$ grand détail daos le livro fui–

vam, qu'on ;1ppelle le

gra11á /inode.

;Siméo~

":voit

bea~coup de peine

il

rév~ler

ces

myCl~res

a fes dtfctples; mats

comme lis lui repréfemerent que le fecret de l'éternel

e!l pour ceux qui le craignem,

&

qu'ils l'affurerem tous

qu'ils craignoienr Dieu, il entra plus hardiment dans l'ex–

plication des grandes vérirés.

11

e<pliqne la

rofée du

cerveau du vietllard ou du ¡¡rand vifage .

11

examine cn–

fuite fon crftne, fes cheveux, car il porte fur fa téte mil–

le millions de milliers,

&

fcpt mille cinq cens boucles

de cheveux blancs comme b

laine. A chaque boucle i

1

y

a quatre cent dix cheveux, fdon le nombre du mor

Kadofch.

Des cheveux on paffe au frout, aux yeux, au

lln,

&

toutes ces parties dn grand vifage renfermem des

chafes admirables; mais fur-tout fa barbe e!l une barbe

qui mérite des

élo~es

infinis :, cette batbe e!l au-deffus de

,

toute louange; Jamais ni prophete ni faint n'approcha

,

d'elle ; elle e!l blanche comme la neige; elle defcend

,,

jufqu'au nombril; c'ert l'ornement des ornemens,

&

la

vérité des vérités; malheur

a

cclui qui b

tonche: il

y

a trei1.e partie¡ dans cette barbe, qui renfermem too–

tes de grands my!leres, mais il n'y a que les initiés

,,

~ui

les comprennent

, .

Enrio le peti: fynode e!l le dernier adieu que Siméon

tit

a

fes difciples.

11

fut

chagrín de voir fo maifon rem–

plie de monde, paree que le miracle d'un feo furnatu–

rel qui en écartoit la foule des difciples pendam la tenue

du

~ rand

fyuode, avoit ceffé; mais quelques·uns s'étant

retirés, il ordonna

a

R. Abba d'écrire fes dernieres pa–

roles:

il

expliqua encore uno fois le v

ieilhrd

: ,

fa tére

, c!l cachée

d~ns

un lieu fupérieur, o

u

on.ne

la voit pas;

, mais elle répand fon front qui e!l bea

u, agr

éable; c'e!l

,

le bon plaifir des plailirs , . On parle avec la meme

obfcurité de tontes les parrics du petit vifage , fans ou–

blier cclle qui adoucit la fcrnme.

Si on demande

ii

quoi tendent

tous les my!lercs,

iJ

faut avouer qu'il e!l tres-ditlicilc de les découvrir, paree

que toutes les expreUions allégoriques étant fufceptibles

do plulieurs fcns,

&

faiíant naltre des idées

tres-diffé–

remes, on ne peor fe fixer qu'apres beaucoup de peine

&

' de travail;

&

q ni veut prendre cette peine, s'il n'ef–

pere en tirer de grands ufages?

Remarquons pli\tót que cene méthode de peindre les

opération de la divinité fous de¡ figures humaines, étoit

fort en ufage che1. les Egyptiens; car ils pcignoienr un

homme avec un vtfage de feu,

&

_des cornes, une crof–

íe

¡¡

la main droire, lept cerclcs

a

la gauche,

&

des al–

les attachées

a

fes épaules. lis repréCéntoient par

1:\

Ju–

piter ou le Soleil,

&

les effets qn'il produit dnns le mon–

de. Le feo du vifage Jignitioit la chaleur qui vivitie

toutes chafes; les carnes, les rayons de lumiere. Sa nar–

be étoit my!lérieufe, auffi bien que celle du long vifa–

ge des cabalille•; car elle indiquoit les élémens. Sa crof–

fe étoit le fymbole du pouvoir qu'il avoit fur tous les

'

corps fubl unaires . Ses cuiffes étoiem la terre chargée

d'orbres

&

de moiffons; les eaux fortoient de fon nom–

bril; les genoux indiquoieut les montagnes,

&

les par–

ties raboteufes de la terre; les alles, les vents

&

la prom–

ptimde avec laquclle ils marchent: enfin les cercles étoiem

le fymbole des plannes.

Siméon fi11it

fa vie en débitam toutes ces vilions.

Lorfqt!'il. parloit

a

fes difciples, nne lumiere éclaeanre

fe répandtt daos eoute la mairon, tellement qu'on n'ofoit·

jetter les yeux fur luí. Un feu étoit au-dehors, qui em–

p~choit

les voitins d'entrcr; mais le feu

&

la lumie–

re oyant dirparu , on

s'apper~ut

que la

lampe d'lfrael

étoit éteintc. Les difciples de Zippori vinrenr en foule

pour honorer

c~s

funér>illcs'

&

lui

rendre les derniers

devoirs; mais on les renvoya , paree que Elea·¿ar fon

ñls

&

R.

A~ba

qu! avoit 6eé le fecrétaire du petit fy–

node, voulotent agtr feuls. En l'enrerrant on emendit

une voix qui cri oit :

Venez..

a11x

nflces de Simlon;

ii

en–

trer·a en pai;<

&

repofera dafls fa ehambr<.

Une tlamme

rnarchoit devant le cercucil,

&

fembloie l'embrafer ·

&

lorC..:¡u'on le

1nit

dans le

tombeau, on cntendit c;ier:

C ,efl id celui

t¡IIÍ

a.faie tremblerln terre,

&

t¡IIÍ

a lbran-

1/

lu

royaumes.

C'e!l ainli que les

Juifs

font de l'au–

teur du Zohar !un homme miraculeux jufqu'apres fa

more, paree qu'ils le regardem comme le premier de tous

les cabaliOes .

Des g,rand

s hommes

<¡rsi

ont fleu ri cha:.

fu

Juifs

daws

le

dou:t.zeme

./iecle.

Le dmnieme fiecle fut tri:s-fécond

en

doéteurs

habiles. On ne fe fouciera peut-étre pas d'en

voir le

catalo~ue

, paree que ceo% qui paffenr pour des

oracles dans

les

fynsgoguer

· ...

:rf '"..

r~_,~

........

..Jt"

'

JUI

petíts

g~ní~s

a

ceux qui Jifem leurs ouvrages fans pré–

Jngé. Les Chrétiens demandent trap au:¡: rabbins,

&

les

rabbins donueot trap peu aux Chrét¡ens . Ceux-ci ne li–

fent prefque jamais les livres compofés par un

j uif,

fans

un préJugé avantageux pour lui, lis s'imaginent qu'ils

doivenc y trou ver une connoiífance exaéte des aociennes -

cérémonies, des éveoemens obfcurs; en un

mo~

qu'on

doit

y

Jire la fol.utioo de toutes les ditlicultés de

I'l':–

criture . Pourquot cela? Paree qu'un homme e!l

tuif,

s'enfuit ·il qu'il comtoiffe mieux l'hilloire de fa nation

que les Chrétiens, puifqu'il n'a poim d';tntres fecours

que la bible

&

l'hiOoire de Jofephe, qu<:

le

juif

ne lit

prefque jamais? S'imagine-e-on qu'il Y. a dans cetttl na–

tion certains livres que nous ne counotífons pas,

&

que

ces Meffieurs onc h'ls? c'efl vouloir fe tromper, car ils

ne citent aucuo mooument qui foit plus anden que

le

chriCli~nifme.

Vouloir que la tradition fe foit confervée

plus fidtlement che1. eux, c'e!l fe repaitre d'unc chime–

re ; car commene cette tradition auroit elle pu paífer de

Jieu en lieu,

&

de bouche en bouche pendant un

Ji

grand

no;nbre de liecles

&

de dtfperlions fróquemes?

11

fuflit

de Jire un rabbin pour connoiere l'attachement violent

qu'il a pour fa natioo,

&

comment il

d~~uife

les faits,

afin de les accommoder

a

fes préjugés. D un autre có–

té les Rabbins nous donoem beaucoup moins qu'ils oe

pettvent. lis ont deux graods avantages íhr nous; car

poffédant la Jangue fainte des leur naiffance, ils pour–

roient fournir des lumieres pour l'explicatioo des termes

obfcurs de I'Ecritüre;

&

comme ils fone obligés de pra–

tiquer certaines cérémonies de la loi, ils pourroient par–

l:l nous donntr l'intelli,¡ence des anciennes. lis le font

quelquefois; mais fouvent au

Jieu de chercher le fens

littéral des Ecrieures, ils courent apres des

fens myfli–

ques qui foot perdre de vue le but de l'écrivain,

&

l'in–

tention du faint-Efprit. D'ailleurs ils defcendenc daos un

détail exceffif des cérémonics fous lefquelles ils out en–

feveli l'efprit de la Joi.

Si on veut faire un choix de ces doéteurs, ceux du

dou1.ieme fiecle doivem t!tre préférés

a

tous les autres:

car non-feulement ils étoient habiles , mais ils ont fourni

de grands fecours pour l'intelligence de l'ancien Te!la·

ment. Nous ne parlerons

ici que d' Abeo-Eua,

&

de

Maimonides, comme les plus fameux .

Aben-Eua e!l appellé

¡,

f¡¡ge

par excellence, il naquit

l'an 1099,

&

il mourut en 1174, agé de 7f ans .

11

J'inlinu-:: lui-ml!me, lorfque prévoyaot

la

mon, il difoit

que comme Abraham fortit de Charan agé de 7f ans,

il

fortiroit auffi dans le méme

terr,~

de Charon ou du

feo de la colere du liecle.

11

voyageo, puce c.¡u'il crut

que cela étoit néceffaire, pour faire de grands

progr~s

daos les fciences.

11

mourue

a

Rhodes,

&

fit porter de-la

fes os dans la Terre lainte.

Ce fut un des plus graods homme> de fa oation

&

de

fon liecle. Comme il étoit bon a!lronome, il tit de

li

heureufes découvertes dans cette fcience, que les plus

habiles motltérnaticiens ne fe tone pas faie un fc;rupule

de les adopter.

11

excelia dans la medecine, mais ce fut

principalement par fes explicaeions de J'écriture, qu'il fe

tit connQitre. A u lieu de fnivre la méthode ordinaire de

ceux qui l'avoieot précédé' il s'attacha

a

la grammaire

&

au fcns littéral des écrits facrés, qu'tl développe avec

tam de pénétration

&

de jugemenr, que les Chrétiens

méme le préferelólt

il

la pltlpart de leurs interpretes..

lJ

a montré le cbemm aux · critiques qui

íoutieonent au–

jourd'hui que le peuple d'Jfrael ne paífa point au-travers

de la mer Rouge, mais qu'il

y

fit un cercle pendant

que J'eau étciit barre, atin que Pharaoo les fuivlr,

&

fur

fubmergé; mais ce n'e!l pas

U.

upe de fes meilleures

conjeéturcs.

11

n'ofa rejeuer abfolument la cabale, quoi–

qu'il en conmlt le foible, paree qÚ'il ene peor de fe faire

des affaircs avec les auteurs de fon tems qui y éeoienc

fort :machés,

&

méme avec le peuple qui regardoit le

livre de Zohar rcmpli de ces forres d'explications, com–

me un ouvrage excellent:

il

déclara feulement que cer–

te méthode d'ineerpréter I'Ecriturc n'étoit pas fdre,

&

.que

ti

on refpeétoit la cabale des anciens, on ne d.Woit

pas ajouter de nouvelles explications

a

celles qu'ils avoient

produites, ni abaudooner J'écriture au caprice de l'efprit

humain .

·

Ma. monides

(

il

s'appelloit MoiTe,

&

étoit tils de Mai·–

mon; mais

il

efl plus connu par le nom de fon pere:

on l'appelle

if1ai"monides;

quelqucs-uns le font na!tre l'an

1

t 33) .

l1

parut dans le méme liecl" . Scaliger foueenoit

que c'éeoit-la le premier des doaeurs qui cut ceffé de

badiuer che'!. les

J"ifs,

comme Diodore

che~

les Grecs.

En etfee

il

avoie trouvé beaucoup de vuide daos l'étude

de la gémarc;

il

regrettoit Le tems qu'il

Y.

avoit perdu,

&

s'appliquant

a

des études plus folides,

11

avoit beaucoup

médité