JU
r
h
ames
heureuies om leur ft'jour au-dela de I'Ocl!an,
dans une
r~gion
oU
il
n•y a ni p1uie, ni
r)ei~e,
ni
., une chaleur etceffive, mais qu'11n d•>ux
7.~p1Jir
r<:nd
roujours
tr.!s-a~réable:
&
qu'a11 contrair"
les ames
,. des méchans n'onr pour demeure que de&
lieux gla–
" cés
&
a:;ités par de continuelles
temperes, ou
ell~s
., gémiffenr étcrnellement dans des peines iutinies . Gar,
., c'elt ainli qu'il me parott que les Grecs venlent qul'
¡,
lellu héros,
1
qni ils donnent le noon de demi-dieux,
habiten< des iles qu'ils appellent
fortunl« ,
&
qQe les
ames des imyÍCS foieQ!
a
jan¡ais t
'lUrt)lentées daOS les
1 ,
enfers , ainli qu'iJs difent que le
!i.mtcelles de Sífy ,
piJe , de Tantale, d'lxion
&
de
Tytie.
., Ces mo!me' Elféniens c:royeru que les
:tmes font
,, crU¡:s i!TunorteiJes pour fe porrer
a
la V\!rtu
&
j'e
M ,
rourner du vice; qnc les bons font
cendas meillenrs
,. en ccue vie p•r l'eípéranee d'é1re heureo r
apr~s
leur
0 ,
mort,
&
q11e
les méGhans qui s'inn!l_inent pouvo(r
cacller en
ce
monde leurs Dl'IOVaiíes attions, en font
, punis en l'aucre par des tourmens éter neis . Tels íont
leurs femimens fur l'excellence de l'ame ,
11
y en a
, ., parmi aux qui fe vantent de connoltre les cl¡ofes
~
,. venir, tant par l'étude qu'il$ font des livrés Í3Ír¡<s
~
des
anci9r¡nes
propi¡~ties,
Que
par le !bin qu'ils prennent
de
~~
far¡ai6er;
&
il arrive
r~rement
qu'ils fe !totn–
" pcnt
daos Jeurs prtdi&ions.
,. 11
y
a
une autre Corte d'Eifénlens qui eonviennet¡t
,. avec les premiers dans
l'uf.1ge des mo!mes viandes,
dei
m~
mes moeurs
~
qes
tn~ ones
lo!s'
~
n'en
íbm
di!férens qu'' n ce qui
reg~rde
le mariage . Car
ceu~'' ci
cr
ycnt qqe c'elt vouloir abolir
la
raac
deS ho•n–
" mes qlle d'y fCQOr¡eer, puili¡ue
Íl
chacun embrGif)it
ce Centiment, on la verrQit bicnt<'lt
l!teinJe.
lis s'y
conduifent nc!anmoins avec rant de aqo-dératiQn, qu'a–
vant que de
e,
muier ils obfcrvent durant trois
an>
ti la perConne qu'ils veqlent épqufer porQlr afre1. fai-
" ne pour bien
p'lr~r
des enñns'
&
lorCqu'~pr~s
ctre
m3ri~s
elle
devienr-~rolfe,
ils ne CQtJchent
PIIIS
avea
,. elle
dur~nt f~
grollblfe, pQ•If témnigner aue ce n'eft
,. piS
la
voJupr~,
mais le qcfir de donner
de~
hommes
,
~
la répnbliq uc, 'qQi.)es engage dans le
mari~ge
;, .
Jof~pho
dit daos Qn autre endroit
qu'ils abandon·
,..;,,t
totlt
,¡_
D ia•.
C~s
paroles font alfel entendre le
fenai¡n(:at des Elféniens fur le cor¡conrs de Diou . Cet
hill•>rien dit encorc ailleurs que toqt dépendoit du de–
Oitt
1
&
qu'il ne nous :¡rrivoit rlen que ce qu'il
0
rdon–
n<>it , On yoit par-la que les
E;lféni~ns
s
1
oppnfqient aux
Saqqcéeqs
1
&
qu'ils
faiCoi~nt
dépendrc
routes choCes
des decrets de
1~
providence; 1111is en
m~
me tems il eCt
évident qu'ils dot¡t!Oient a la provicjente des dearets qui
rendoieot les év<!nemer¡• nécelfaires,
&
ne
laHT'qient a
l'l¡omm e aucun rclle
d~
libérté . }ofcpl¡e les oppoíant
aux Pharil1ens qui donnoicnt une
p~rtJe
des
~~ions
au
dcllin ,
~
l'autre.
3
la volonté de l'homme, fait con–
uol!re qu' ils étendoient
a
toutes
les aétions
l'(r¡fluence
du defhn
&
la néceffico! qu
1
il
impore. Cepencjam, au
rapport de Philon, les Elfé niens ne
faHb:~m
poim Dieu
aureur du péché, ce qui cll
~fle7.
difficile
:l
ooncevoir
car il eO évidt;nt
q_uc
11
l'hnmme
n
1
dít pas lihre, la re–
ligion
p~rit,
les aétiQns celfent
d'étr~ bonne~
&
mau~
vaire•, il n'y a plus de peine ni de récompen!C;
&
on
a
raifon de loutenir qu'il
n'y
a plus d'éqQité dans
le
jugemep~
de
Di~u ,
Phi!no parle des Elf®iens
a·pell- pr~s
COI'ltnC Jo íc–
phe , l is coqviennclll tous les deux fllr 14urs auflérltés,
Ieur~
anortifioatious ,
&
fur le foin
qu'il~
prer¡oient de
cacher au
X
étrangers leur daé\rine. M ais Philon amare
qu'ils préteroient
1~
oall)pagne
ia
la
vil
le, p.arce qu'c!l le
cll plns propre
~
la tnédiution;
&
qu'als évitoienc
au~
unt qu'il étQJt pnf11:.1e le aomaJ1ercc des hommes corT
rnmpus
1
pJtce qulils croyo!eru q ue l'ia11purerc des mceurs
fe coanmuniquc;
aufli
ail\!anenr qu'a¡ne mauvaifc anlluen–
ce de l'air. Ce lemiment nott< parn1t plus vrailfembla-
. ble qlle celur de Jofephe qui les fait qem"urcr · dans
les
vilks; en
etfet on
ne lit nqllc part qu'il y ait eu
dan~
aucutw ville d"
!~
PaleCline des communaqtés d'Effé,
niem, au conrrairc rous les autcurs qul nnt parlé de ces
feaaires, nous l•l repréfeutent eoa11me f4ya nt los gran–
de; villes
¡,
&
s'applic.¡uant
3
l'a:;riculaur9 . D'aiJ!eurs
s'il~
eulfeQt l¡a ité les vill<s,
il
eít prooable q"'on
les coa¡·
noltroit un peu mieux qn'on ne le t:tit,
&
l'E va,np,il.;
ue
g~rd
roit pas fur e11'x un
ri
profond
li!ence;
mal~
leur éloi¡¡noment des vill<s ou
J.
C.
préchoit,
les a
fan
doute foQltraits
~\j~
ceuíures qu 'il aurqit
fait~
do
leur errcur.
Des
ThlrapeNtcs.
fhilon (
PhiiQ de vie.-
'""tcmp .. )
a
diflingué dcux orcjrc
d'l;lftnien~;
le• uns
~'attachaaeru
a
la pratique,
&
les
autt~
qu'oo llOmme
T (?/rnpcut(J,
JUI
i
la contem>htion. Ce• dern'ers étoient auffi de la fe·
&~ d~
Efféniens; Philon lcur en donne le nom : il ne
le; dlllins¡ue de la premicre branche de cene !i!éle
que
pªr quelque degré de pcrfeaion .
'
Philon nous les reprélcnte cnmme des gens qui fai–
f<>ient de la contemplation de D ieu
leur unique necu–
pation,
&
leur principale féliciré. C'étoit pour cela
qu'ils
f~
tenoient cnfermés
f~lll
¡¡
feul dans
leur cellu–
le,
f~ns
parler, Caos oícr fortir, ni m eme
re~arder
par·
les
feoeu~s .
lis dcmandoient
a
Dieu que leur ame fat
tnujol)rs remplie cj'une lumiere célelle,
<l¡
qu'élevés au–
delfus de tout ce qu'il y a de fenrible, ils putfent cher–
ahcr
&
connoitre la vér!té plus parfaitc:nent dan< leur
folitude,
~'éleyant
au-derTus du Coleil , de la n11cure,
&
de toQtes les créatures. l l
per~uicnt
dire&eonem :\ D ieu,
le foleil de jullice .
l.,
e•
(dées de la divinité, de• beau–
rés,
&
des
tre!'ors du ciel, done (ls s'étoient nourris
per¡dan¡ le jc>ur les fu ivoíent ¡ufque; dans la nuit, juf..¡ues
dans leurs
fon~es,
&
pendant le Í<>mmd!
•neme.
lis
dc!bimicmt des préceptes
e~ccll~ns;
ils
lai lf.>ient
a
lcurs
par~ns
tous lcurs biens , pour lcli¡uels ils avoient un pro–
fonJ mépris , depuis qu'ils s
1
étoient cn richis
áo
la phi–
lofo¡>hie cc!lelle
t
ils fer¡toient ur¡c éanotton violente,
&
une f'oreur divine, q\li les
cntr~!noit
d1!JS
1
1
étude
de
Cet–
¡e divine philoíopl¡ie,
&
ils y trouvoiea¡t un fouvera in
plalljr; c'dt poQrq uoi ils ne
quitaoien~
jan¡ais leur étu–
dc , jnfqn'i ce qu
1
ils fulfel)t
p~rvenus
a ce degré
de
per–
fc¡aion qui les rc11doir hcl!rCIJX , On voit-li,
fl
je Qe me
tro mpe, la
cootempl~tíon
des myfliques ,
l~urs
trnn–
fp~>rts , leu~
11niQt} s vea la divinité qui les rend
fouvc•
r~moanent
heureur
&
parfaits f11r
la terre .
Cette
Ce&e q••c Philon a
peltH~
d1ns 1111 trai<é qu il
a
fait
e~prcs,
o.ñnd
1
en faire honnettr i f:¡ rel ig ion, contre les
Grecs q
ui pntoicnt la lllorale
&
la pureté
ele
leur~
phi–
lofaphes , a p.cru ti
fa'l)te, que les
Chréfi~ns
lcm ont
envió la' gloirc de
le~rs
aull<;rit6L L es plus m odér¡$s ne
pouvant Óter
ahl~>lurr¡ent
a
la fr nagogne l'ho nneur dé
les avoir furmés
&
nourris d1ns tOn frin, o m
~u
moins
foutenu au'ils avoicnr embraiTi! le chri()ianiíln e , des le
tnoment · que
S .
Marc le precha cu Egypte,
&
que
ohan~eaot
efe reFgion f:.tns changer de vie, its dcvinren t
l~s
pores
&
les promiers inllillltcurs de la vie m aauflíquc.
Ce
derni~r fi.!otiiR~IH
a
été
CcnttC"n 4t
avec
chalt!nr
par
Eu f.,be, par Caint J ér<'lme ,
&
fur·tout par le perc M ont–
fauaoq, hoalltne difliugué par
lor¡ favo'r , non·feule•
ment
cj~as
un
orcjr~ (~va
m,
mais cjans la répnblique deS
Jemes, Ce favant reli)!.ieQx a
é~é
rér'utó par
M.
Bou–
hier pre111ier prc! fident dQ parlem •ut de D tjon, dnnt on
peut coqfulter
l'qu vr~ge;
nous
IIOQS
pQrnerons iei
a
guelqQes
rem~rqucs.
!
0 •
Qn ne oonnolt les Thérapeutes que p>r Philon .
!1 faut qonc s'en tcnir
~
ÍC!lll
rémoi~nage;
mais
p~ut-ori
croire qu
1
un ennemi eje la religion chrétienne,
&
qui
a
perfévé ré jufq u'a la n¡ort dans la profc;(f¡nn dn juda'lf–
llle, quaic)ue I'Evangile fQr connu, ait pris la peine de
peindre <!'une Jll:IOiere li t'ídifiaqte les
enncmi~
de fa re–
ligion
~
de fes c6n!monies? Le ¡udaYfmc
&
le chriClia–
~iline
Cont cleux
religh>ns ennefl]ies ;
l' que <ravail)e
a
S
é tablir fnr
le~
ruittes de !'autn;; il eCl itnpo!Jible qu'o!l
f.tffe Ut\ éloge magqifiq•.te d'une rcligion qni
trlvaille
~
!'anéantilfcmeqt de cellc qn'a n croit
&
qu'on BFOfelfe.
2.
0 •
flh ilon de qui on t're
les pre11ves
en
iaveur du
c~riltiar¡iiine
des
ThlrapetfleS,
étQit né l'aq
7>3
de R,o–
m~ .
11
dit qu'il étoit fort
jeune loríqu'il compofa fe¡
ouvrago~;
&
qq~
dans la fu ite fes étudcs furenc
iqter–
rqq¡ptlC$. par les !;qnds emplois qu'on h¡l con tia. En
Cuivant
ee
calcul, il faut
nécclfairetll~llt
q•1e Phifqn ait
écrit avant
J.
C.
&
a plus
f
rte
raiíon avant que le
C JVClianiCtne eOt péuétré jQii¡u'il A lexandrie. Si on dnn–
ne•
a
Philon trcnte-cinq
ou
quarar¡to ans loríqu'il com–
pofqit fes livres
1
il q'6t it plns ¡cune. Cependan<
J.
C.
o,ayoit alors que
huit
ou d1:< ans
i
il
n'avoit point en–
ca re enfeigné;
1'
E
vau.;i:c
n"écoit
pnint
C!IC
re
connu
:
les T hérapoutes r¡o p
>
cvoieqt par conlc.¡cteau étre oh•é–
ticns : d'ou
il
e1l alfé
e
cnq::lur-e q•Je c'dl une fetlc de
]~<ifi
rétqrmés, dont [>hil>n no•>< a lailf6 le.porrrait.
· 3°.
Philqn retn1rque qt\e les Tl¡érapcu<es é toicnt une
branche des
E.ITéni~n<;
C<JtntnCIIt done a·t·Oil f>U
·~n
fai–
rc des ol¡rétiens,
&
lailfe~
les autres dans le ¡udaifme?
P hilon . remarque
~ncore
qu'e c'étoict1t des diloiple
d~
M o'(fe;
&
c'ell-lii un
cara~
ere de judütine q<li
~e
peut étre
q
nteClé, Cur-tnua par des chréticns. L'occu–
patlon de ces gens·l a conlifloit
a
fbnillct<r les
fpcrés
yolmnes,
i
é<udier la philoíophie q•J 'ils
a
voiem
reS"
u
e
qe lcurs
an::éar~•.
a y
chercher des allég•>rics s'{mJgi–
{\30[
c;¡ue
les r'ecrets d" la nature étOicn< cacllés
fou~
le¡
termes les plus clairs;
&
pour •' aider
da~
cette rccher–
.;he
t
ils avoicnt les commemaires des anciens ; car
les
pre·