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J

U I

~tcñt

ert·•rtte

&

fugitive, lorfqu' Ananns tui rendir qnel–

que

écl3.t

au mitieu du huitieme fiecle. M aís ct:t évenement

efl co nteflé par les Carai'tes, qui íe plaignenr qu'o n lcur

ravit par jaloufie un de leurs principaux défeufenrS!., afin

d'avoir enCuite le pl•ilir de les confondre avcc les Sa-

ducéens.

.

DotlriH# Ju

Saáucl~"s.

Les Saducéens:, uniquement

~tti\chés

a

l'Ecriture fainte, rejettoient

la lui

Ora

le'

&

tootes les traditio ns, dont on

commen~a

f<,us les

l\1a,...

chsbées

a

faire une partie effentielle de la religion . Parmi

le gnnd nombre des témoig nages que nous pourrions ap–

porter

ici,

nous nous contcnterons d'un fcul tiré de J o [c:phe

qui prouvera bien cl3irement que c'étoit 11!

Ccnti:nem

des

Saducéens:

b es

Ph11rijiens,

dit-il,

9ui r;nt ref u e

u

&on–

fiitutiow¡ por traáition

d~

ldurs ancétreJ,

In

ont

e~tfei·

g nlu

•u peuple

¡

mais

les

Sadr~cle111

les rciettent ,

parGe

t•'!~/lu n~

[o11t pas comprifes

~Hire

lu

l rJÍJ

dun11lu

par

Moife, t¡tt'ils

foúti('nnent

étr~

/u fe

u/es

f{Nt

1

1

on

~fl

qbfi ...

~~

de (:tivre,

&c.

/lneir. joi"d. /ih. Xlll. cap. xviij.

S . J ér6me

&

lá phlpart des peres onr <!nl qu'ils re–

tranchoient du canon les prophetcs

&

tous les écrits di–

vins , excep

le P

enrateuque de Moi'fe . L es critiques

fl\Odernes

(

Sim.on,

hifl.

c'ritiq. Ju vieux

Teftament, liv.

[ . chap. x vj.)

o nr

Cuivi les peres; & ils out remarqué

que J . C. voulanr prouver la réfurreélion aux Saducéens,

Jeur cita uniquement M o"t'fe, parco qu'un tex:re

tiré

des

prophc:tes , denr .. ils rejeuoient l'aut..erité, n"auroit pas faít

une preuve centre eux .

J.

Drufius a éré le prem il!r qui

a ofé dourer d'un ientiment appl\yé Cur des auto rités li

cefpcélables;

&

Scaliger (

Elench . . trih,ere}.

uop. x vj. )

t'a•

abfolumenr rejetté, fondé

Cur

des raifons quí paroif–

fenr forr fotides.

t

0 •

11

elt certain que

les Saducéens

n'avoit!nt commencé de paroi tre qú'aprCs que le c2non

de I'Ecrirure fut fermé,

&:

que le don de prophétie érant

~teint, _il

n'y avott plus de nouvcaux liv rcs

a

recevdir .

fl

cf\

difficile de croire qu'ils fe foient

foulevé~

COntfe

le canon ordlnaire, puifqu'il étoit

re~

u

a

Jérufalcm.

2o.

Les Saducéens enfei¡:noient

&

prioient daos le temple.

Cependanr on

y

lifoit les prophetes, comme cela paroit

par l'exemple de J.

C.

qui expliqua quelq t1e paffage d'lfu"!'e.

3

9 .

J oft:phe_, qui devoit connoitre pilrfairerrfent cene fe–

él:e, rapporte qu·ils: recevoient

ce

t¡ui

~{llcri1.

11

O?pe–

fe

ce

r¡ui

ej1

lcrit

a

la doarine orale des: Pharilicns ;

&

it

infi nue que la controverfe ne roul eit que fur les tra–

dh(ons :

ce

qui fait conclure que les Phariliens recevoient

toute l'Ecriture,

&

les autres prophetes, auffi-bicn que

M oiíe .

4°.

Cela parolt encore plus évidemmenr par les

difputes que les Phari!iens ou les doéleurs o rdinaires des

'!!uift

ont foutenucs contre ces feélaires.

R.

Gamaliel

leur prouve la réfurreélion des m orts par des paffages ti–

rés de l'vloYfc, des Prophetes

&

des Agiographes;

&

les

Sadncéens , au lieu de rejetter l'auterit6 des h vres qn'on

eitoit centre eux, d cherent d'éluder ces paffagos par de

vaines fubt ilités.

f

0

Enfin les Saducéens reprochoient

aux Phariíicns qu'ih; croyoicnt que: les livres faints fouil–

loicnt . Que\s: écoieqt ces livres faims qui fouilloicnt, au

j ugement des Pharifiens? c'étoit I'Ecclé l'iafle , le Canti–

que des Cantiques,

&

les Proverbes. Les Saducéens rc–

gardoient done cous

les livres commc des écrits divins,

&

avoient

m~me

plus de reCpeél pour cu • que les Pha–

r ifi ens.

2

°.

La ícco11de

&

la principale erreur des S>ducéens

rouloit fur l'exi!lencc des anges ,

&

fur la fpimualité de

t'nme . En effcr, les Evangéli!les leur reprochcr.t qu'ils

fouteneient qu'"il n'y avoit ni réfurreélion, ni efprir, ni

ange. Le P . Simon donne uoe raifen de ce fenrimcn t .

ll

aff'ure que, de Paveu des Thalmudines,

IG

non1

d'an–

ges

n'avoit été en uf.•ge che?.

les

Juif'

que depuis le re–

tour de la captivité;

&

les Saducéeos conclu rent de-13.

que 1'invemion des anges éroit neuvelle ; que tour ce que

l'Ecriturc dlfoit d'eux avoit

ét~

ajouté par ceux de la

grande fynagogue ,

&

qu'on devoit regorder ce qu'ils en

rapportoienr com1ne autant d'allégorie:s . Mais c'cll difcul–

per les Saducéens que l'Evangile conda mne fur cct :uti·

ele: car

li

Pexifience des angcs n'étoit fondée que fur

une tradition afre-z.

ueuvelle , ce n'étoic

pa~

un grand

<!rilne

que de les comba.ttre., ou de tourner en aHégories

ce que les Thalmudilles en difoicnt. D'ailieurs, tour lo

m onde 'fait que le dogme des ao!les étoit tri:s-ancien chez

les

Juif'-

Th~ophilaéle

leur reproche d'avoir combattu la <jivi–

nit~

du S. Efprit:

it

dou

te m eme s'ils ont connu D ien,

paroe qu"il¡

étoi~At

ép3.iS

1

groffierS

1

'3Uachés

3.

13 ll):t.tie•

re;

&

Arnobe, s'im:tginant qu'on ne pou vo1t nicr l'exi–

O:ence des efprits , fans f

l.ire D i

eu corpe rcl

~

leur a atrri–

bu~

ce fcntimenr,

&

le

fava.nt

Pera.u

a

do nné dans le

m~me

piége . Si le< Sadne6en• enffent admis de tellcs

ecre\)rs , il e!l vraitTemblablc; que les Ev3o¡¡élillcs

~R ~~-

':ron«

IX.

J

U I

~r

roicnt psrlé . L es S3ducéens, qui uioicnt l'e¡iflencé des

cfpri,s, paree qu'its n'avoitnt d'idée

cl~ire

&

dillinél:e

que des objers G:ulibles

&

matéhels, mcHoien[ D ieu au–

delfus de lc:ur co"ct!pti n ,

&

regardoient cet t!tre in

ti

ni

con1me une eff'ence incompréhenlible, paree q u'elle

éto:t

parfaitement

dé~ag~e

ce

la matiere. En

ti

o , tes Sadu–

céens com battoiem l'exinence des efprics f-ans attaqncr

la.

perfonne

du S . Efprit,

qui Jeur étoit auffi iaconnue qu'aux

difciples de J ean-Blptille. Mais comment les Saducéens

pouvoient-ils nier l'cxitlence des anges,

ClU

qui admet–

toient le Pc:Ptateuquc , oll

i1

en efi acrez

'''ll"'Cllt

Parlé?

Sans examiner id lt:s

fentimens pcu vraiffembl;tbles dlJ

P . Hsrdnuin & de Grotius , no us neus contemerens d'i–

mitc::r la tnodefl ie de Sca1iger, qui s'étant fai t la

tn~me

quefiion, avouoil ingenument qu"it en igooroit 12. raifon.

3°. Une troilierne erreur des Saducéens écoit que J'a–

me ne furvít point au corps, tnlis qu'clle meurt avec

tui.

JoCc~he

la leur attribue cxprc!f<'ment.

4°.

La quatricmc erreur des Saducéens rouloit fur la

réfurre8.ien des corps, qu'ils comb3ttoienc co tnme im–

poffible. lis vouloient que l'hommc cntic:r périt par la

mort;

&

de-la nniffoit cette conféquence néceffJtre

&

dangereufe, qu'il n'y avoit ni récompentC ni peine dans

Pautre vie; ils bornoient la jullice vengercffe de D icu

i

la vie préfentc .

r

0 •

11

fcmble auffi que les Saducéens nioient la Pro–

vidence, & c'ell pourquoi o n les

Jn~t

au ran,.; des Epi–

curiens. Jofephe dit qu'ils rejcttoient le dettin; qt.1'i1s

l\toient

:l

D ieo toute infpcaion fur le mal ,

&

tout~

in–

Ruence fur le bien, paree

qu~il

avoir

plac~

le l>ien

&

le

mal devane l'homme, en lui la

iffam un

e cntierc liberté

de faire l'un

&

de fuir l'autrc .

Grotii

.ls. qai n'a pu con–

ce\·oir que les Sadtlcéens euffc:nt ce ft:ndmcnr

1

a cru

qu'on devoic corrh;er j o fephe,

&

Iire que D ieu n'a

:~u­

cuoe part daos les aélions des hommes, foit qu'ils falfent

le mal, ou qu'ils ne le falfent pos . En un m ot , il

a

dit

que les Saducéens ,

ent~t~s

d'unc· fauffc idée do liberté ,

fe donnoient un pouvoir entier de fuir le mal

.,&

de f:1ire

le bien .

11

a raifon ¿ans le fond, mais il n'eH pos né–

ceffaire de changer le texte de Jofephe pour lttribuer ce

femiment

3UJ:

Saducéens; car le tenne dont il s'cfl fcr–

vi, rejertc feulcment une P rovidcnce qui inftue fur les

aaions des hommes. Les Saducéens 6toient 3 D icu une

direélion ogilfante fur la volonté ,

&

ne tui laiffoient que

le droir de récompenfer ou de punir

ceu~

qni faifoie ut

volontaircrnent le bien ou le tnal. On voic par-la qoe

les Saducéens é[oient

a

peu-prCs Pélar,kns.

En fin, les Saducéens pré tendoient quo

h

pluralité de>

femmes cfl condamnée dans ces poro!es du L évitique:

Potu ;u

prewdr~z:.

piJint

UH~

fe mme

ll'INC

fa

r~t/r,

pour

l'n.{ll,ger

~n

J fJn

vi't·mtt

Chlp. xviij. L es Thalmuditles ,

déft:niCurs zélés de la polyga:nic, fe cro yoient autorifés

8 foutenir leur fcntiment par les exl!mples dC' D avid

&

de Salomon,

&

concluoiem que les Saducéens

~toient

hérétiques fur le mari>ge.

Ma:urs

du Sadnr:l nu

.

Q uelques Chrédens fe

font

imag-int!s que comme les Saducéens nioic:ot les peines &.

les récompcnfe.;: de l'autre vie

&

r im murtalité

d~s

ames,

Ieur doél:rine les: conduifoit

a

un

affh:ux:

lioertina~e .

Mais

il ne faut par tirer des conféqm:nccs de cette n:uurc, car

elles

fonr fonvenr fa uffes .

JI

y

a

de ti

X

barrieres

3

la co r–

ruption humaine

1

les ch3timens de la vie préfemc

&

les

peines de I'enf

er. L

es Saduct!ens avoit!nt ab:1ttn la der–

niere barriere,

mr.is

ils laiffiJient fubfiller

l':.1utr~.

lls ne

croyoient ni peine ni

r~compcnfe

pour l'::tvenir ; mais

¡¡,

admetto!ent une Providence qui

punHff)ic

k vice,

&

qui

r<!compenfoit la vertu pendam ceu.e vit: . L e ddlr d'étre

heuretlX fur 12 terre , tU ffifoir pour les retenir daos le dc–

voir . ll!

y

a bic11 des g.: ns qui fe tn::u ro:cnt peu en peine

de ré[erniré ,· s'ils pouvoicnt

~[re

heureax d,ans cene vie .

'C

1

e

fl-l:l te

but de leurs tr:lVaux

&

de leurs fo;ns . J efe–

phe

arr:u.re

que le!ii:.,SJducéens étoient. fort

fé_vc~es

pottr

Ja . punlt1011 des crlftu:s,

&

cela dcvou

~tre

311\t!:

en

cr–

fet, les he mmes ne pou\•ant <!tre

retentl~

p.1r la crainte

des ehatimc:ns éternels que ces ftaaircs rejenoiem

~

i1

falloit les épou vanter par la févérité des pein<s tempo–

r-elles. Le m eme J oíephe les repréfente com:nc des gens

f-aroochcs , dont les nlCfHHS éto1em

barbares ~

&

avcc lcC–

quels tes étrangers ne pouvoient avoir de cotn mc-r.:-e,

(1'

étoient fouv ent divifés: Jes nns eontre les aUlres. N'dl–

ce point trap adoucir ce trait hideux , que de

l~expliq uer

de la

libert~

qu'ils íe donnoiem de difputer .fur les

m a–

ticrcs de religion

~

car Jofephc qui upporte

Cc!S

deux cha –

fes, bl3me !'une

&

loue t':1mrc ; ou du moim.

il

nc dit

jamais que ce fut la différence des: fentimens &

h

chJ.–

Ieur de la difpute qu.i

~:1\tf~

ces divilions o rd inaires ans.

1~

feéle . Quoi qu'it en foit, j ofephe

qui

éroit Pharilien,

D

pe~