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t.6

J

U I

reut

~rre foup~onn~

d'avoir trop

.<'cour~

les fenrimenf

de haioe que

fa

feae avuit pour les

S~ducécps.

D a Carmra. Origi/1<

dn·

C-arai"te¡,

Le I)Om

~e

Ca·

raie.

fignifie un 1.\omme

9ui

lit,

un

foriptuajr<,

c'e!l·a·

dire un OOIJlJl)C 'llli s'auache fcrnpuleufe¡nent au rene

d~

la

loi,

&

qlli re¡etre [outes les tradirions orales.

Si on en croit les C¡¡raúes qu'on trouve ¡¡njonrd'hui

en Pologne

&

d~ns

la Lirhuanie, ils defcendent des .dilt

tribus que S•lmanazar avmt

tr~nfpo;rées ,

&

qui ont paOé

de-l;\ dans la Tartarie: mais. on re¡ett¡!ra pientót ccue

t>piuion, pour peu qu'on

fall~

:m eotion au fon de ces

d iX

tribus ,

&

on fait qu'elles 11'ont jamais paífé dans ce

pays·U.

11 efl encare mal-a-propos de faire defcendre les Ca·

raires d'E fdras ;

&

il

fuffit de coru¡otrre )es fonde¡nens

de cette fea e, puur en

~rre

convaincu. Ea etfet, ces

fe8aires ne fe font élevés contre les au¡res doéleurs,

·qu' a caufe des traditions qu'on égaloit

a

Jlécriture,

&

de cene loi orale qu'on díi'oit que Mo'i(e avoir donn<!'e.

M ais on n'a commeocé

a

vanrer les tracjirions chez les

'juifJ,

que long· tems apr es E fdras , qui fe contenta de

Jeur donner la loi pour regle de leur conduite . On ne

fe fouleve contre une erreur, qu'apres fa nailfance;

&

on ne combat un dogme que lorfqu'il efl eufeigné pn·

bliquemem. Les .

Car~'ítes

n'ont done pd faire de fecte

parriculiere que quand ils ont v(\ le cours

&

lo nombre

des tradidnns fe groffir a!fez, pour faire craindre que la

reJig:on n'en fouffrit

.

Les rabbins donnent une autre origine •ux Caraires :

ils les (om paroirre des le terns d' Ale1andre le Grand;

c:ar , quand ce prince entra

a

Jémfalem, Jaddus, )e fou–

• c<"in facrificareur, éroit déja le chef des R•bbinilles ou

Tr.,ditionnaircs,

&

An:mus

&

C:1fcanatus,

foutenoient

a vec éclar le partí des Car·YteS". D ieu fe déclara en fa–

veur des premiers; car Jaddus fit un miracle en préfcn·

t e

d' Alf'andre; mais Ananus

&

Caícanarus montrerent

leur impuilfance . L'erreur en fenfible; car Ananus, chef

des_,

C:arai'te~ ,

qu'on fa it contempt;lrain d' A lexandre

le

Grand, n'o vécu que dam le viij. fiecle de l' EgliCe chré·

tit:nne.

Enfin, on les regarde comme une branche des Saddu–

~éens,

&

on 1eur impute d'avoir fui vi toute la doélrine

de Z adoc

&

de fes difciples . On ajoute qu'ils ont varié

dans l:r fuite , paree que s'appercevant que ce fyCieme

]e~

rendoit o dieu1, ils en rejeuerent une partie,

&

fe

contenterc:::nt de comhattre les tnditions

&

la. loi oraJe

qu'on a ajoutée :\

I'Ecrimre. Cependant les Cara,·res

n'o nt j:un.tis nié l'immortalité des ames;

au

conrraire le

Cara'!re que le pere Sim n a dré, croyo:t que !'ame vierlt

du ciel, qu'clle fubfi lk comme les anges,

&

que le fle·

ele

a

veair a éré faic pour elle . N on-íeulemenr les Ca·

ra"ices ont repourfé

cene accu f.·ttion,

mais en

recriminant

ils four iennent, que kur< ennemis doivent l!tre plurót

foup~onnés

de íadducé'it'rne

~u'eu x,

puifqu'ils croyent

q ue le ames íeront anéanrk s, apres quelques années de

fouffrances

&

de counnens dans

les enfers. Enfin, ils

ne comprent ni Z adoc · ni Barithos au rang de leurs an–

c~rres

&

des fondareurs de le"r íeéle. L es défenfcurs de

C ain, de Judas , de S1mon le M agicien, n'ont point rouai

de prendre les noms de leurs chefs ; les Sadducéens

o~t

ad<>pré cclui·-de Z adoc: mais les Cara'ires le re¡etrent

&

le mn rdiífcnt , paree qu'ils en condamnent les opiuions

pernicieufes

.

.

. E ulebe (

Pr.ep.

<'llí"!t·

f;h.

T(lll.

_cap. x.)

r:'ous four·

n1t une con¡e!lure qur nous a1dera a découvnr la véri–

table origine de ceue reae; car en faiCunr un exrraic d'A.

rill obu le, qui parut avcc ' éclat

a

la cour de Prolomée

Philo metor,

i1

remarque qu'il

y

avoir en ce

tems-1 3

deux

parris ditférens chez les

J rúfJ,

dont l'un preuoit tomes

les lois de M nYfe

a

la leure, .

&

l'autre leur donnoit un

fcns

allé~oriqne.

N ous trouvnns-lii la véritable origine

dt:s

Car:1Ytes , qui

cOmmencer(;'nt 3 paroitre lous ce prin–

~ ;

paree que ce fut alnrs que

les

imerprérarions

allé~ori­

qu•:s

&

les rradjrinns furent

rc~ues

avec plus d'avidiré'

&

de reípca . La

reli~inn

Jl)da'J'que commenc;a de s'altcrer

p:lr le commerce qu'on cut avec des étrangers . Ce com–

merce fur beaucóup plus fréquent depuis les conquéJes·

~~Aiexandre ,

qu'il n'éro it auparavau[ ;

&

ce fut p3rticu–

ll<rement avec _les ,Egypriens qu'on

f~

lia , fur·tout

p~n·

dant que les ro•s d Egypre fu rent mames de la Judec

qu'ils y firenr des

voyage~

l5i

des ex')>édirions,

&

qu'1l~

en rrar:'fpon ercnr. les hab1rans . On q1empruiua pas des

E gypucns leurs rdoles; mois leur mérhode de traiter la

Théologie

&

la

Reli~ion.

L es do8eu rs

juifi

tranípor·

tes

o~

nés daos

~e

pays-13, íe jetrerent dans

les intcr·

prétauons allégorrques ;

& ·

c'efl ce qui donna occafion

aux dcux parus dont parle Eufebe de fe former

&

de

divifer la nation.

'

J

U

I

Dpé!ri,. Ju

Carai·u;.

1°.

L~

fondement de 13dotlri.

pe des Cara)'ies confiQe

a

dire -¡u'il iam s'artacher fcru–

puleufl'mel)t

a

l'Ecriture Cairue;

&

n'avoir

d'llU~re

re¡:l(l

que la loi

&

les conféquences qu'on el) peut 11rer.

lis

1ejtrtent dquc tome tradition orªle,

&

ils confirment

leur

len~iment

par les ci¡atioas des ¡lUtres doaeurs qui

les onr préer!dés, lefquels onc .cpfeig11é <¡ue tout en écrit

daos la loi; .qu'il n'y

~

point de )oi orale donnée

a

Mo)'fe

fur le monr Sina'i. l)s demandcnt la raifon qui auroit

obligé Dieu

~

écrire l)Oe

par¡i~

de fes )ois'

&

a

cacher

l'autre ' ou

:1

la confier

a

la memoire des hommes . 11

faut potlrtar¡c remarquer qu'ils recevoiept les interpréta·

tiara que les D oéleurs ,.voient donnc!es de la loi;

&

par

la

ils admet¡oient

un~

eípeee. de uacjirion, mais s¡ui

ÓJOÍ~

bien ditféreme de celle des rabbins. Cenx ci a¡outoient

a

J!Ecriture les

conflitutions

&

les nouveaux dug¡nes de

leurs prédéceífeurs; les Cara'¡'tes al} conrraire n'ajoutolent

ríen

a

la loi , mais ils fe croyoient

p~rmis

d'en inrerprr!–

rer les endroits obfcurs,

&

de reccvoir les éclairciífe¡neqs

que les anciens do8enrs en avoiept daT)nés.

~o

C'dl .fe jouer du t; rme de ¡radirio11, que de croi–

re avec M . Simon qu'lls s'en tervenr

1

paree qu'ils ont

adopté les points des Ma(fprerhes. 11 elt bien vra! que

les

Caraices rec;oivent ces points; mais il ne s'er¡fuit pa.

de-la

qu'ils adrnettent la tradidon , car cela n'a aucune

inf!uence

Cu~

les dog mes de la Reh¡liOII , Les Caraires

font done dcU1C chofes:

t

0 •

ils re1crtem les dogme> im·

portans qu'on a ajoutés

a

la loi qui efl fuffifame pour

le íalut;

2°.

ils ne veulent pas qu'on égale les traditions

illdifférelltes

a

la loi.

~o.

Panni les inrerprétations de 1 'Ecriture, ils ne re;

~OJ<ent

que celles qui font liuérales ,,

&

par con(équeut

ils rcjettent les interprératious cabhahfliqncs , myfliques,

&

allégoriques, comme n'ayant aucun fondemell! dan1

la loi .

4°. Les C araires ont une idée fort fimple

&

fort pu·

re de la D ivinité ; car ils

lui do nnent de

auributs ef•

fenriels

&

inreparables;

&

ces atrribms ne fom autre

chofe que D ieu

m~mc .

lis k con liderent enCuite com–

me une cauíe opéranre qui produit des etfets ditférens :

ils expliqnent la

Cl

éarion fuivanc le texte de Mo'iíe;

Ce–

Ion eux Adam ne fero it point mo rt, s'il n'avoit man–

gé de l'arbre de fcience . La providence de Di<u s'étend

auffi ·loin que ía connoiífance, qui ell infinie,

&

qui dé–

couvre généralement toutes chofes. Bien que D ieu in·

flue daos les adions des hommes,

&

qu'il leur préte íon

fecours, cependant il dépend d'etu de fe dérerminer au

bien

&

au mal, de craindre Di<u ou de violer fes com–

mandemcns. 11

y

a, íelon les do8eurs qui íuivent en

cela les RabhiniOes, une grace commune, qui fe répand

íur tous les hommes ,

&

que chaoun rec;oit felon Ca di–

fpo r, rivn ;

&

ceue diípofition vient de la nature du rem·

pérament ou des éto•les.

Il~

dillingqent quatre difpoú·

tions differentes dans !'ame: !'une de mort

&

de vie;

l'autre de Cam<!',

&

de mal3die. Elle ell morte, lorf–

qu'elle croupic dans le péché; elle ef\ vivante, lorf·

qu'elle s'attache nu bien; elle efl malade' quand elle

ne comprend pas les vérirés célefles; mais elle .elt faine,

loríqu'elle connoit l'encha?nurc des é venemens

&

la

na–

ture des objets qui tombenr fous fa connoiífauce. En fin •

ils croyent que les ames , en íorram dtt monde, Ceront

recnmponfées ou punies; les bonnes ames iront dans le

liecle a venir

&

dans l'Eden. C'efl ainli qu'ils sppellent

le paradis, ou !'ame efl nourrie par la v(\e

&

la con

noitfance des objets fpiriruels.

U

o de leurs dóéleurs a•

voue que quelques·uns s'imaginoient que l'ame des mé–

chans paaoit par la voie de

la

métempflcofe daos le

corps des

b~rcs :

rpais il refure certe opinion, étant per·

íuadé que ceux qui íont chatfés du domicile de Dieu,

VOnt

dan

S UÓ

lieu qu'j) appelle )a

g/hmiU,

OU

iJS

fouf•

fren t

a

caufe de leurs 'péchés,

&

viv.ent dans

la dou•

leur

&

la honre, ou il

y

a uo ver qui ne meurt point •

&

un feu qui brlllera foujours.

f

0

11 taut ob!Crver rigoureufement les jeunes.

6°. 11 n'efl pomt permis d!époufer la fa:ur de fa fem–

me, meme apres la morr de 'celle

7

ci •

7°. 11

fau t obferver exaélemeót daos les mariages es

dey,rés de pareñté

&

·d:affiniré.

8°.

C'ell une idopcrie

~ue'

d'adorer les anges, le ciel,

&

_les aflres;

&

il n'en faut point tolérer les repréfen–

taoo ns.

En6n, leur morale ell fort pure; ils font fur-tout pro–

fe!Ii on d'une grande tempérance; ils craignent de rr.an–

ger tfOP, ou

d~

fe rendre trop 'délicats fur

Jé~

mets qn'on

leur préCcnre;

,¡,

ont UQ reípea exceffif pour leurs mai·

tres; les D otleurs de leur córé font charitables,

&

eu·

feiguem gratuitemeot'; 1ls prérendent fe

diflin"U~r

par-la

de ceux qui fe font des dieux d'argent, en tirant de gran-

des fomrnes de leurs

le~ons

.

D~