LIG
On appell:t ces faaions la
fninte
U>JÍ0 11
du la
fahlle
ligue;
les zélés catholiques en furent les inílrumens, les
nouveanx religieux les rrompetles,
&
les lorralns les
conduaeurs. La molldfc d'Henri
1!1.
lui laiífa prendre
l'a,ccroiífement,
&
la reine mere
y
donna la main; le
pape
&
le roi
d'Efpa~ne
la fourinrent de toute leur au–
toricé; ce dernier
a
caufe de la liaifon des calvinjlles de
.france avec les confédérés des pay-bas; l'autre par la
crainre qu'il eut de ceS.IYft!'lnes hugoenots, qui, s'ils de–
venoient les plus forrs, auroient bienr6t fappé fa puiífan–
ce . Abrégeons tous ces faits que j'ai recueillis pat la le··
aure de plus de trente hiíloriens.
Depuis le maífacre d!: la faint Barrhélemi; le royau–
me étoit tombé daos une affreufe confufion,
a
laque! le
Henrí 1
IJ.
mi< le cambie
a
fon retour de Pologne. La
narion fut accablée d'édits burfaux, les campagnes dé–
folées par la foldatefque, les villes par la capacité des
ñnanciers, PEglife par la fimooie
&
le fcand11l.e.
Cet exces d'opprobre enhardit le duc Henri de Guife
a
former la
li([.f(f!
projertée par fon oncle le cardinal d¡:
Lorraine,
&
a s'élever fur les ruines g'nn .état fi mol–
gouverné.
11
éroit devenu le chef de la maifon de Lor–
raine en France,
ay~nt
le crédiJ en main,
&
yivan~
daos
un rems ou tour refp!roit les faaioos
~
Bel)ri de Guife
¿toit fai¡ pour elle .
ll
;1voir, dit:on, toutes
l~s
qua:ités
de Con perl' avec une ambition plus ;.droite, plus artifi–
cieufe
&
plus e1frénée, telle enftn qu'apres avoir cau(é
rnille maux au royat¡me, il tamba dans le précipice,
On lui
¡lon~e ~a· p)us
belle figure du monde, une éln–
qul!nce inljnuante, qui da[)s le particulier Jriomp}lDit de
tous les
c~urs;
uoe
libéra.liJ~
qui al!oit jufqu'a la pro–
fu6 e n, un
traill
ma-gnifique , une politerfe infinie,
&
un
air de d l&nité
d.~ns
toqtes fes aaions; fin
&
prudept dans
les COIJfeiiS, prompt daos Jlexécution, fecret ou p)ut6t
dilijmulé
_fou~
l'appareoc,e de ¡a franc-,hife; du rcfie ac–
CQt¡tumé a foutfdr égale1nent )e f.roid
&
le
.ch~ud,
la
faim
&
1'1 foif," dormam peu, t_ravaillant fans ceífe,
&
1i
habite
ií
manier les affaires, que !,es plu> ir;nporr:mres
n~
rembloieu¡ .i!tre pour lui qu"un badinage. La ;Frauce,
d1t Ba!-z,ac-, étoit
f.
·fle
d~
cet bqmme.-lii; car c'efi rrop
P!''l de d ire amonreúfe; une telle paffion alloir bien prl:s
<!,_e l'1do!arrie . Un courtifa<) de ce regne prétendoir que
l~s
hugt¡en.ots étoient de 1:¡
ligue
quand ils regardoient
le duc de Guife. C'eíl <;le fol) pere
&
de lui que la. nü–
réchale de
~etz
di[oj¡
>
qu'aupres d'eux rous les autres
pring_e~
paro1ífoient peupl,e
-
On yamoit auffi la générofité .de fon coeur; mais
ji
n'en pqnna pas un exerpple, q¡¡ 0 od jl invelli.t lui-méme
l¡¡ mai1oo d,e l'amiraf Coligny,
& ,
qu'attendant dans
h
cour l'exécution de J'aífaffinat de ce gran<! hon1rne, qu'i)
fit cornme1iie par [Oll valer ( Bretpe)
·¡¡
cría qu'on jet–
t :h _
le cad1¡1 vre
p~r
les fenl!tres, pour s'eo alfurer
&
le
V'1'F
~ Ce~
piés : tcl -étoit le duc de Guife,
a
qui la foif
de ré¡¡ncr app!a'nit tqus les c.hemips ·dn crime.
'
. I
1
com~en~a
par propofer
1~
lig11e
daos París, lit con–
rlr chez les bm¡rgeois, qu'il avoir déja gagués par
f~:s
la_r~¡:ífe~ . d~s papil'r~
.qt¡i conrenqienr un projet J!'aífo ·
cJaJI
h,
pour défendre la reli¡{i<¡n, le roi
&
1~
)iberté de
l'ét:¡.t,
c'ell.-~-di~e
pqur oppri¡:ner ii la fois la fqis, le coi
&
l'#at, par les
arme~
de la religinn; la
lig~<e
fut enCt¡ite
fi–
gnée. folemnellemeot
a
f~rqnne,
&
daos pr.efque tnuie
)a P1cardie, par les mené•s
&
le credit de d'Hnmieres
gouv~:neur
d7 la prgvil)ce.
11
ne fut pas
' di!DcÍlc " q~¡!n
g_ager la
r;h~mp~~ ne
&
la Bourgogne daos cette aífocia,
1101),
les Guifes y étoient abfolus :
La,
TtemouHle y
por~a
le foitot¡,
&
biemOt apees toutes les autres pro–
VI!Jces
y
enrrerent.
Le
~oi
c ra1gnant que les étals ne nomn¡alfent le duc
de GUJ[e a la li!te ilu parti qui VOU!Qit lui ravir
la
li–
berté, frUr faire· un' coup ·d'état, en "fignanr
lui"m~me
la
ltg ue,
de P!;l1r
~u'ell!'
ne
l'écraf~t.
11
qevint, de roi,
chef de. cabale,
&
de pere commun, enoemi de
f~s
Pro–
pres
fl1JC!S ,
ll i!ínoroit que
le~
princ!'S qoivent veiller fur
les
ltg urs,
&
n·y jamais entrer .'Les rois fpnt la planéte
centr:¡l~
q'!i en¡ralne
~OilS
les gl?pes dans \on
~o_yrqillofi:
ceux-ct ont un rnouvemeut paruculier, maJS
tOOJOUts
Jent
& .
fubo rdonnl!
a
la marche
~nifo"rme
fi
rapide do pre–
mler mo blle . En vain daos la fuire, Henri ..
JJI. "
vou–
lut
a~r~r~r
.le;
p~oarcs
1
de
cett~
ligue:
il ne Cut pas y
trava,ller n¡ 1 étemdre; elle éelata centre lui
&
fm canfe
de fa perte .
'
Com~¡:
le premier deífeir¡ dé la
lig'tie
étoir )a ruine
des calv tm Qes, on ne manqua pas d'en conlmuniquer avec
dom
1
u:¡n dit\utdche ;
~~~¡, ~
llll.nrpr~nc;lre
póq:.,¡pqn def
Pays-Bas, fe rend1t dégutfé
¡¡
París pour el) concerfer
avec le duc de· Guife : ·ou fe cónd.;ifit
de
m eme avec
le légar du pape.' En co'nféquem:e la gnerre ' fe renou–
yella comre l!!s proteíl'ans;
¡nai~
le roi s'éram crhbarqu'é
LIG
tróp
Jc!~érentent
cfans ces nouvelles- holl'ilitjs·, fit
bi~n
tót la "pab:,
&
créa l'ordre du
S.
Efprir, comptanr,
par le fermeot auquel s'engageoient les nouveaux che–
va!iers, d'avoir un moyen sur pour s'oppofer aux def–
feins de la
ligu•.
Cependant daos le méme rems , il fe
rendir odieux
&
rnéprifable, par foo genre de vie effé–
minée, par Ces oonfrai"ies, par fes pénitences,
&
par fes
profnf)ons pour fes f¡rvoris qui l'eogagerenr
a
étabhr fans
néceffité des édirs burfaux ,
&
ii
les faire vérifi<>r par
foo parlement.
Les peuples voyant que du trOoe
&
du faoauaire de
la JuClice,
i1
ne fortoit plus 3ue des édits d'oppreffion,
per"dirent peu
a
peu le
refp~a:
&
l'affeaion qu'ils
p.or–roient' au prince
&
au parlement. Les chefs de la
lig111~
ne manquerent pas de s'en í'révaloir,
&
en recuillant
ces édits-
~néreu-x,
d'attifer le mé¡tris
&
l'ave~fion
du
peuple.
Heot'>
ll
I.
ne regnoie plus : Ces mignons difoofoienb
infol)!mmeut
&
fonver.ainemeor des tinances, pendam que
la
ligue
catholique
&
les
.confédér.éspro«'!táos fe fai–
foiel)t l.a guehe m:tlgré lui dan·s les' pr'ovinces ; les ma–
ladies con<agíeufes
&
la famioe fe joignoient ii rant de
Réaux. C'efi dam ces momens de calamité<, que, pour
oppofer des favoris an duc de Guife,
,jJ
dépeofa quatre
millions
~ux
nOces du duc de Joyeufe. De
nouve~u:t
impl:>ts qn'il mit
a
ce fujet, changerent les marques d'af.
feétion en h:rlne
&
en 1ndignation publique.
r;>aus ces conjqnaures, le duc d'Anjou fon frere,
vim daos )es P;¡ys-Bas, chercher au rniliea d'une déf<>–
lation non moins funefte, une pr'ncipauté qu'il perdit
pa~
¡¡.ne _tirannique irnprcdence, c¡ue fa mort fuivit de
pres.
<;:erre rnort rendant le ,roi de
Navarr~
le plus pToche
,héritier _de
1~
couronne, paree qu'on regardoit comme
une chofe cerralne, qu'Jienri
III.
n'auroit point d'en–
fans, fervit de pré.texte
¡IU
duc de
Gnife~
pour fe dé–
cl•rer chef de la
ligu<,
en faifa:nr craindre
il~X
Fran¡;:ois
d'avoir pour roi un prioc¡:: féparé de l'Eglitc. En
m~me rems, le pape fulmina contre le roí de l':layarre
&
1"
prioc~
de Col)dé, cette (ameufe
.b~tlle
dll)S )aquelle
i1
les appe¡le
gi>Jiration bátarde
&
dltefi.,Wie
d~
/11 mai–
fon
de Bourb9n;
il
les déclar.!'
l'ñ
conféquer¡ce ¡léchuo
de tour droir
&
de toute fu.oceífion. La
ligue
projjtaot
de Ce<te bulle, forc;.a le roj
a
pourfllivre lOn beau-t'):!'re
qui vonlqit le Q:courir
~
&
a
feconder le dttc ¡ie Guife
qui voulojr le détrOner.
Ce dpc, de fon cO;é, perfuada au vieux cardinal de
Bot¡rbon, on!'le do roj de Navarre; que la· couronne
le re¡¡ardoit, atjn de fe dóoner le tems,
~
l'abrj .eje ce
nom, d'agir pour lui-méme. Le YÍeux cardi9al
c.J¡~rmé
de fe croire l'héritier préfpmptif de la couroooc,
;¡ri~
~
aimer le duc . de Guife comme
Con
foutien;
a
hai"r le
coi eje 1'favarre fon neveu,
comm~:
fon tival, .
&
a le–
ver l'étend'.lrt de la
lig~<e
conrre l'aurorit§ royale, fans
!Tiéna'l'emenr,
f.~ns
craime
&
fans mefure,
11 6 t pi us;
H
prit en
J
f8r,
daos un n¡ani feCle public,
le titre ?e
premier prinfe
<!11
f'!"~,
!5f
recommangC)it aux
Franc;.01s de maintenir la couronne daos 1'?- brand¡" ca–
rholique. Le mauifefie éroit aponyé des noms de plu–
(reurs prioces,
&
'entr'autres, de ceux du roi d'Efpagge
&
du pape.
a
la tére: Henri ll
l.
all
lieu d'op¡>ofer la
force
~
cette jnfulte, 6t foo apologie;
&
le¡ ligueurs
sle1pparerent ¡le qnelques villes du royaume,
~otr'autres,
de "Pmtrs
&
de Verdpu .
C'eCl ceJtc méme annéc=
trSr,
que fe f¡t l'érablilfe–
menr <les
fei;¡;e,
efpece de
ligt~e
P"'ticuliere pour ParíS'
feulemenr, compofée de gens vendus au duc ·<Je Guife,
&
Cnn!'CJ)ÍS juré• de
J~
r0)'3U<é.
f.:ellr audace '!-lla
fl
loin ,
qu~
le lieuten:¡nt du prey6t de l'ile de Franee
r~véla
au roi l'entreprife ·qu'ils avqieot fopnée de lt¡i 6ter la
couronne
"&
la liberté. Henri
U
l.
fe cot}renra de mena–
ces, . ·qu1 perreren'r les
feize .
\\
1>reífer le duc de Guife
de revenir
~
París,' Le roi
~¡;:rivit
dens: leures au duc,
pour luí
dé~ndre
d'y venir.
·
· M. de Voltair!' rappone
3
c.e
fujet une anecdot\l fort eu–
· rieu("e;
il
oous apprend qu'Henri 1II. ordonna qll'oo dé–
péch~t
fes deux
leré~c:s
par déux
cqÚrie~s ~
&
q'!e, com–
me on ne rrouva potnt d'argent daos I'ép<trgne pour cet–
¡e dépeqfe <)éceífaitt:, on mit les lettres
a
]a porte; de
fqrte que le duc de Guife fe rendit .
a
París, ayant pour
excnfe,'
qn'it
n
1
av0it
Point
Í'ec;ó d'ordre conrraire.
.
De-1~
fllivic la journée des
barri,cqdes,
trop aonnue
pour en faire le récit; c'ell affez. de dire que le dne de
Guife,
f~
piquant de générolité.;
r~Qdit
les armes aus:
¡¡ardes dq roi qui foiyant le' confeil d!' fa mere: ou pln–
t6t de fa frayeur, fe fauva en grand defordre
&
a
ton–
te bríde
ii
Chartres.- Le duc, malrre de la capitale, né–
gocia avec Catherine de Médicis .nn. traité de paix quj
fu~