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'

LET

tl>lno luí

le commerce dos

lettru de chAHgt,

ponr

tlref

de Icor p'ays , foir le principal, loit le reveno de leurs

biens . Ccrte opínioo ctl méme ce!le qoí parolt la plus

probable

:i

de la

Serra,

aoteor du

traít~

des

lrnres de

cbttltgc.

11 ell

1t

croíre que cet

ufa~e

commen<;'a dons la ..-ille

de Lyon, qoí ell l:t vílle de commerce la plus proche

de l'ltalie:

&

en effer, la ploce

mi

les marchands s'af–

fembleut dans cc!fe víllc poor y faíre leurs négociatíons

de

lettru de change,

&

aotres fcmblables, s'appelle en–

cure

¡,,

pl"c. du cha>tgr

.

Les Gíbelim ch>lfés d'ltalie par la faélion des Guel–

phcs, s'étant rctirés

a

Amtlerdam, fe fervirenr auffi de

la

voie des

lettr•s de eh '"J!e

pour rerircr les effets qo'ils

:tvoietlt en halie; ils établirenr done

a

Amtlerdam le

commerce des

lettru

<k

chawxe,

qu'ils appellerenr

po–

li""" di cambio.

Ce furenr enx pareillement qui inven–

terent le rcchangc, quand les

lettr•t

qui leur étoieot four–

nics revcnoicnr

a

prot~[;

prenant ce droit par forme de

dommagcs

&

huéréts. La place des

marchand~

a

Am–

flerdam, ell ettcore appellée aojourd'hui

la place Lo

m–

barde,

a

canfe que les Gibellns s'atfembloient en ce lieu

pour y exercer le

ehnn}(e:

les négocians d' Amllerdam

répaudirent daos roote l'Emope le commerec des

lrttru

d_<

c(Ja>~ge

par le moyen de leurs corrofpondans ,

&

par–

tJcúlu.·rcmenr en 11rance.

Aiuli

les

J

uils retirés en Lumbardie , ont probable–

Jncnt inventé l'ufage des

letlres de chan¡[e,

&

les ha–

liens

&

négocians

a'

Amllerdam en ont établi l'ufagc en

France .

Ce qoi ell de certain, c'dt que les lraliens

&

parri–

culieremenr Jcs Génois

&

les Florcntins étoicnt daos l'ha–

bitude, des le commcuccment du xiiJ. fiecle, de com–

mercer en France,

&

de fréquentcr h:s foires de Cham–

p:~gnc

&

de Lyon, tellemenr que Philippe le bcl fi r en

H \1-t

ttae con ventínn avcc le capitainc

&

les corps de

ces marchands

&

changeors

italiens, comenant que de

roures les marchandifes qo'ils achereroieor

&

vendroi~nt

daos les foires

&

aíllet&rs, il feroir payé au roi un denler

por le vendeur

&

un par l'acheteur;

&

que pour chaque

livrc de pctíts rournois,

~

quoi monteroicnt les cnnrrats

de

eha>~ge

qu'ils feroíenr daos les f.>ires de Champagne

&

de 13rie,

&

dans les villes

d~

París

&

de N1fmes,

ils paycroicnt une pite. Cene convenrion fut confirmée

par les ro:s Louis Hurin, l'hi'ippe de Valois, Charles

V.

&

Charles V l.

• 011

voit auffi que des le

commenccm~nt

du xiv. lie–

cle il s'étaír inrroduir dans le roy.tUme beauooup de flo–

rins, qui éroient

la

monooi<! de Florence; ce qtli pro–

vetwit, ilins doure, du commercc que les

flor~nrins

&

3uu·es iraliens faif'liem dans le royaum.; .

Mnis cammc il n'éinit pas tacilc aux llorentins

&

au–

trcs italicns de tranfporrer de

l'ar~ent

en Fronce pour

pal:'er le< m·1rchandifes qu'ils

y

achetoiellt, ni

au~

frall–

~o•s

d'qn envoyer

~~~

ltali<: pour payer les marchandifes

qu'ils tiroicnr d' !talie, oe fut ce qui donua licu anx flo–

r~min~,

a

3lltrf:-<

italie~s

d'iovemer les

le:eres de chanj(e ,

par le moyeo defquelles oll fit tcnir de l'arg¡:nt d'un lieu

dan~

u

l¡ au

rre fa as l,c•-t:r:mfporter .

.Les

a.UC

.:cnne; ardoonaoces fout bien quelque mentíon

de,lett

r.-¡ d

e tha,ge,

mals .,lles n'cmendom par

1:\

que

les

_leetret.

que Je COÍ ac€Qr\loit

a

Oert3ÍOCS pcrfoones pOUC

Jelll( P"l>ll<¡uemem le

•k7UKe

tl~s

mormoies;

&

dans les

letrres-patentes de Philippe de Valois, du

6

Aoút 1349,

conoctnant les privilerrcs, des foires de 13rie

&

de Cham·

pagt~o,

.e<;, qui ell dit des

lettrn

parf6e> dans ces foires

ne

~->it s'~ntendre

que des obligotions

&

contr4ts qui

.étc>tent parfés Cous le

fe~!

de ces foirc<, foit poo r

pr~r

d'Mgcm, foit pon veute de m.archandifes, mais on n'y

trO\lYe ríen qui dénote qu'il fUr qm:tlion de

lellra

ti–

récs de pince en ph1ce ,, quj en t:e quÍ

~araélérife

effco–

tl<ll~tnent

les

lettrct

da

c:hangr.

La plus anciennc ordonnance que j'aie rrouvé oü il

foit v.ldtal>lcment pMié de

~

forres d_e

lettres,

c'ell

J'~,ljr

du_ coi I...ouis .Xl. du mois de Mars

14(>~,

por–

tant coohrmarioll

d~s

foires de Lyon.

L 'arti<le

7 or–

donno -qpe comme

d~ns-lcs

.(oircs les morchands om ac–

coutun)é ofcr de

eb~tngcs., :trriere-ch•ng~s

&

intér~rs,

tourcs perfonnes,

d~

quelqu' étar, nation ou condition

q:~'ils

foicm,

puitfcn~

donner,, prendre

&

remcrve leur

qr)leilt

p~r

lettres

,¡, · <J,an.g~,

en qu,clquc pays que ce

fol! , touchanr le fa1t de marchandife,

c;xc~pté

la oation

d' ALJglc¡crrc,

&

t .

L',rrric/c fuivanr ajoure que

1i

a

l'accalion de quel–

qnes

latres

[()UCh~nt

les

ch¡psges

faits es foires de Lyon

i¡Oll~

pa.ye

~

&

rcndre argent autre parr ou des

letlres

qui

·lc~m

cot fa

ttes ailleurs pour cendre de l'argent auxdites

fo!fcs <le L yon, lcquel 1-rgenr ne feroit pas payé felon

'J'qn,,

IX.

LET

339

lefdlte.s

leuru,

en faifant aucune protelbtion ainli qu 'om

aeeourumé de !aire le< marchands fréquenram les toires

1

raot daus le royaume qu'ailleurs, qu'en ce

Cli

cettr

qur

reront renus de payer ledir

ar~ent

tam pour le priucipal

que pour les dommages

&

intér~ts,

y feront contraints,

tanta eaofe des

changes, arriere

ch:.togc=s'

qu'autrement.

ainli qu'on a coutome de faire es foires de Pe1.coas,

Momiguac, Boorges • Geneve,

&

aurres foires du ro–

yaume.

On voit par ces difpolitions que les

leuru de change

tirées de place en

placo

étoiem déja en ufage, oon-fcu–

lemem

a

L yon , mars auffi daos les autres foires

&

ailleurs.

La Jurifdiélion coufulaíre de Touloufe, érablic en

lf49, celle de Paris établie en

q·63,

&

les aurres qui

om été enCuite établics daos plulieurs aotres villes du

royaumc, ont entr'aurres chofcs pour objet de connoi–

tre du tait des

lettru de change

entre marchands .

L'ordonnance de

1673

pour le Commercc, ell h pre–

mjcre qui ait

éi~bli

des regles 6 xes

&

invariables pour

l'ufage des

lettrn de ehange;

c'dl ce qui

f~it

l'objer du

titre V,

intirulé des

lettru

&

billett de chauge

&

des

promerfes d'cn foornir;

lJc

du

titre

6, des

imér~rs

du

ehan.¡e

&

rechnnge .

L'uf~ge

des

lcttr<J de t•ha'<ge

n'a

d'~bord

été irttro–

duir que pumi les marchands, banquiers

&

négocians,

pour la

facilit~

dn c .nnmerce qn'ils font' foil avec les

provinces, foir dans les pnys

~trangcrs.

ll a éré en fui te

érendu aux rcceveurs des uilles, recevours géoéraux des

finances, fermiers du roí, traitans,

&

autrcs gens d'af–

faire

&

de tinancc.

a

caufe do rapport qu'il y a entr'eux

&

les marchand<

&

r¡égocians pour retirer des provin–

ces les dcniers de Icor recenc, au licu de les faire

voi–

rurer;

&

comme

ces

forres de pcrfonnes négocient Icor

argent

&

leurs

lettrts de cha11g<,

ils devieonent

i

cet

égard jnOiciables de la jurifdiélion confulairc .

Le& pcrfonnes d'unc autrc profeffion qui rirent, en–

dolTent:oo acceptent des

lettret

d<

chnHg<,

devienncnr

parcillemeot julliciables de la jurifdiélion coofulaire,

&

meme foumis

a

la contrainte par corps; c'ell poorqo oi

il

ne convient point

a

ceux qoi out des bienféances

i

garder dans Icor érar, de tirer, endolfer ou acccpter des

lettr•t de thm•ge;

mais tomes forres de perfonnes peu–

venr fans aucun ínconvénienr étre porreurs d'une

lettr"

d.

changc

tirée

a

loor profir.

Les cccléliall(ques ne peovent fe méler du commcr–

ce des

lett••et de change:

les lettres qu'íls adretfent

a

leurs

fermier~

ou receveurs ne font que de limpies refcriprions

ou mandemcns qoi n'emportcnt po:m de contrainre par

co¡ps, quoique ces maudcmens aicnt éré

n~gociés.

11 fe forme, pnr le moyen d'unc

lettre de ehange

un

comrar entre le tircur

&

cclni quí donoc la valeor; le

tireur s'oblige de faire paycr le momaur de la

lcttrc de

change.

11 entre meme

d~ns

ce contrat jo[qu'i quarre perfon–

ncs ou du-moins rrois, f<Jvoir celui qui en foornit la va–

lene, le tireur, celoi for qui la

lettre de

chang~

ell

tir~e

&

qui doír l'acqoinemcnt,

&

celui

3

qoi elle ell paya–

ble; mais ces deox derniers ne. conrraélenr aucune obli–

gation envers le tireur,

&

n'enrrcnt dans le contra! que

pour l'exécotion, quoique fuivam les cas ils puirfenr avoir

des aétions pone l'exécutíon de la convemion.

Le contra! qui fe forme par le moyen d'une

lettre tle

ohang~

n'cll poínt un prct, c'ell un contrat du droit des

gens

&

de bllnne fot, un contra! nommé

coHtrat de

chaflge:

c'e(l une e[pece d'ach.r

&

vente de meme que

les ccffions

&

rranfports, car celoi qoi tire la

lcttre áe

chany_e,

vend, cede

&

rranfporte la créance qu'il a fur

celui qui la doit payer.

·

Ce comrat elt parfair par le feo! confentcmenr, com–

me l'acl¡ar

&

13 veme; rellcment que lorfqu'on te.lite

d'oo

cha11ge

pour qoelque payement oo foire donr l'é–

ch~ance

el} éloígnée, il peoc 3rriver que l'on ne délivre

pas poor lors

la

lett1·c de

ch~nge;

mais pour la preuve

de la convcotir>n, 11 faur qu'il

y

ait un biller porrant pro•

me(fe de fournir la

lettre de cbmrge,

ce billet ell ce que

l'oo appalle

biller de chnnge,

Jeque!, comme l'on voit,

ell totalemenr diffé

rent de

la

l1ttre

m~me;

&

(j

la va–

leur de la

lettre de

chms.rt

:e

o'a pas non plus éré fournie,

le bilkr de change

doit t!

rre

f~it

double, a6n de pou–

voir pfouver refpeé!:ivemenr le confentemcm.

.Les termes ou échaoges des

p:~yemens

des

lcttres

d~

cba11g"e,

fonr de cinq Cortes.

La premiere ell des

lettru

payables

a

vúe ou

a

vo–

lonlé: celles-ci doivent erre payées auffi-t6r qu'elles font

préfcntées.

,

La feconde ell des

lettres

payablcs

a

tant de jours de

vüc:: en ce cas le délai oe como'lence

a

courir c¡uc

du

jaur que la

lcttr~

a

été pcéfentée.

V •

J.

La.