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334

LET

J>laudi(fement,

&

elles ·le méritent

a

p.lu~

eU)S

égards;

<:ependant on

a

depuis CQnlidéré ce recucil avec ph¡s

d'~t­

tention qu'on ne le ftt quand ·il

v.it

le jour;

&

M. Fa–

bricius s'e(l attaché

a

prouver

q.uc

ces

le~tr.s

fom des

pieces fuppo(ées,

.&

qu'elles font l'ouvrage _de que19.\1CS

fopl}i!les plus modernos que les pbilofophes doot elles por–

tent i.J! uor:n ; c'dl .ce q.u' il t¡tche d' t!tablir • tant par les

cara.d-cres du ll.}de, qQe _par le -lilence des anc;i,ens.

~e

.f!élébre J'ear(on a¡rpit déja <;lans

_fes

Vindi&. Jgnlllit,

par

t. II.

pag.

u .

dot:~né

plulieurs ¡aifons

tiré

es de la

_<lhronologie, pour juJ)i6er que ces

ltttres

nc

p~uv.cnt ~tre

,de Socrate

ft.

,de~

autres

p_hilofoph~s

a._uxquels on les

.donne; en.(in c

'e.ll

aui911rd'hoi le

fentim~nt

général de

la

pi

~pa~t

de¡; fayans .

ll

en vrai que M. StanJey fem–

_ble avair eu de(fein

~e

réhapiliter l'authenticíté <te ces

/e~tres

dans la vie des philofophes, au1:quels Léo A.lla–

.tius les

at~dbue;

tn;l\s le foil) qu'a pris l'illuflre anglois

dont r¡ous venons de parler• n';l

pu

fairc pancher la ba–

lall,.c~ .~JI

fa favepr.

.Cependaot quels que foietl;t le.s auteurs des

lettres

fo–

_4rtttiquo,

on ks lit avec plaifir, paree qo'ellps fom bien

,écri_te.s, ingé¡¡ieufes

~

intérecrames; maís comrne il ell

vraiJJ'eml;>lable queJa piupar¡

d~s

leél:eurs ne les cqnnoif–

fcnt

~uere,

j'en vais tranfcrire denx pour

c~emple,

,La

premtere en celle qu' Arinippc, fondateur de

Ia~él:e

cy–

¡énai·que, .écrit

~

Antillhcne, fon<;lateur de la fe,él:e des

:CyniqQ~S, ~

qui la 1naniere de vivre d' Arillippe déplak–

{oit.

Elle e(l

dli.Ds

Je

ftyl~

ironiqU!!

•I'I11J

bou.t

i

l'at¡tre,

!=Omm~

vous le .verre'l; ,

4ri1Jippe

a

AntijlhJpe .

,

ArifiJp.pe

en

malheu~eQX

,a

u- delll de ee que l'on

, peut s

'imagiu.cr;

&

cela peut· il

~tre

autremem?

Ré~

~.

duit

l.

vi.vre a.vec un

~rao,

a

av~ir

une tablc délica–

'., le,

a

;:re v.étu mag'mfiquement,

a

fe parfumer des

~.

r._arfums les

plu~ exqui~i'

Ce qu'il

y

a

d'afftige~nt,

c'en

1

,

que perfor¡ne nc veut me

d~liv.rer

de la cruanté de ce

,

t.yr

.'}JJ, qui ne me .retient pas fur

le

pi<! d'un homme

;. grofficr

&

i~t)nrant,

mªis

oom~

un djfciple de So–

" erare, parfatte.¡pent inllruit de fes príncipes; ce tyran

, me t(¡u roit abondar:nment tout ce dont

j'

ai befoin,

, ne cr.:>ignant le jugement ni des dieux ni des hommes;

·" &

pour

me~tre

le cqmble

a

mes infortunes, il m'á

, fait préfent de trois belles filies Sicilienncs,

&

de beau.

, , coup de vailfelle d'argent .

1

, Ce

qu'il y a de f&chcux enca re, c'cn que j'ignore

, 'qu3nd il finira de pareils traitefnens . .C'efl done bien

2 ,

fait

a

VOUS d'avoir pitié de la n¡if.!re de VOS prO•

chains ;

&

pour vous en témoiguer ma reconnoitfance,

je me réjouis avec vous da rare bonheur dom vous/

jouifi'et,

&

j'y pr(!nds toute la part poffible. Confer-

" ve1. pour l'hiver prochain les figues

&

la farine de

Crete que vous ave1.; cela vaut bien mieux que tou–

" tes les richclfcs du monde. Lnve1.-vous

&

vous dé–

' ' faltére7.

a

la foutaine d'Ennéicrune; p.ortéz

hiv~r

&

,, été le mer¡1e

h~pir,

6¡:

qu'il foit mal-propre, comm!!

·, íl convicnt

~

uq

homme qni vil dans la libre répt¡bli-

., que d'

AtheiJ,e~.

·

·

, Pour rnoi et} vénant dans un pays gouverné par u

?'

monarqup, je prévoyois qien que

je

f~rois

expo!'é

~

" une pa(pe

~es

maux que vous me dépetgne7. dans vo–

" tre

llttn;

&

a

' préfeqt les

~yracufains,

les Agrigen–

" tins, les Géléem,

&:

en général tous les Siciliens ont

, pitié de

~oi

1

e~ m'a~in!~ant :

Poúr me pynir d1avoJr

eu la folle de

me

1etter mc:onfidérément c!ans ce mal–

,, heur; je foul¡aife d'étré accal>ié' toujóurs de ees

m~?'

mes mano, pu fqu

1

étant en

~ge

de ·raifon,

&

innruit

des maximes de la fage(fe, je n'ai pu me

r~foudre ~

fouffrir

la

faim

&

la roif,

a

mépriCer

1~

gloire,

&

i

1 ,

porter une lopgue blrb,:. ·

· ..

· ·

,

]e

vqu~ env~rrai

prQYifioQ e P.Ois, aprcs !JUe vous

,

aure~

fáit Pfiercule devanr les

enfan~; pare~

<¡u'on dit

., que vó!ls ne vous

fait~s

pas de peine d!ea parler dans

, vos difcoors

&

·dan$ yos c!arits. 1\ilais,

li

quelqu'un

,, fe

m~loit

de

p¡¡rl~r

de pois devant Denys, je crois

, que ce

f~roi¡

pécher contre les

lol~

de

1~

tyrannie.

1 ,

Do

r~ne,

JC

von$ permets

dlall~r van~

entreJepir avec

, S!mon le

<;or~oyJ::ur , par~e

que je fais que vous n'c–

" lltmez

p~rfonne plu~

fage que loi : poor moi qui dé–

" pen_s ? es.

aqtre~,

il

ne m'ell pas

tr~p

p.rniis

d~

vivre

, en mtlr¡llté, n1 de converfer famiherement avec des

,,

artifañs de ce mérite .

·

#

..

~a

feconde

lettre

d!Ariflippe, qui e!l :¡dre(fée

a

Arete

(a tille, en d' un tour aotre ton . 11 l'écrivit peu :¡vam

¡le mourir felon Léon A llatius ; c'en la trente-feptieme

de fon recpeil ,

l.,~

voici :

'

'LE T

, Télée m'a

~e

mis votre

ltttre,

par Jaquelle vous me

" follictt<'l. de faire diligence pO\If (Ue rcndre

a

Cyri:nc.

, paree que vos affaires

ne

vont pas bicm avcc les ml·

·"

gi¡lrat~,

&

que

.1.1

grande modc!lic de ''ou-e tl):tri,

&

,,

la vie

rctir.ée

qu'il

!l

toujours menéc , le rc1;dent IUOins

., propre

.i

'\VQir foin de fes affaire$ domel}iques . t.\uffi–

" tOt que j'ai ett obtenu mon congé de Denys , ji'

tn,e

.., fois mis en

vo}'a~c;-

p<;>ur auiver aupri':s de vous-; mais

,. je fuis

tocnb~

malade

il

Lipara, o;u les a mis de So–

" nicus prennent de moi ton& les foins pojijbles, ave"

., toutc 1-'amitié qu'c¡¡n pent deflrer quand on e!l pres du

., ro,m

beau .

, Quant

a

ce que v.ous ,me demandez, quels égards

,. vous devez

a

m es :úfranchis, qui déclarent qu'tls n'a-

bandonn~ront

jamais Arillippe tant qu'il ieur rc!lcra

, des forces, mais qu'ils le ferviront toujoncs au!li-bicn

,,

que vous; vous pouvez. avoir une entifre con6ancc en

, eux, car ils om appris de moi

1t

n'etre pas

fi111x.

Par

rapport

a

ce qui vous regarde perfonnellemeot, je vous

, confcille de vous mettre bien avec vos

maglllr-.us

,

&

, cet avis vous fer-a utile,

fl

YOUS ne defirn pas trop;

., vous nc vivrez jamais plus comente, que quand vous

, méprifere:z. le fuperflu; car ils ne

feron~

pas

alfe;¿

in·

, jurles pour VMS laicrer daos la néceffiré .

, 11 vous rcllc deux ver¡¡ers, qui penvent :vous four–

" nir abondamment de quo1 vivre;

&

le bien que vous

, a

vez' en .l}ernice vous Ü>1,1fliroir, quand vous ¡¡'au.

, rkz pas d'autre reyenu. Ce n'ell pas que je

vom

,, .confeille de n(!gliger

les

petites chafes¡ je vcux fcu-

lement qu'elles ne vous caufent ni inquittude ni tour–

mem d'efprit, quf ne fervent de rieu, mGme pour

les grands objets.

En

c~s

qn'il arrtve qu'apres

ma

IJ10rt vous fouha1tiez de f.woir me; fcntimens fur l' é–

<lucation du jeune Ariflippe, rendez-vous

a

.'\thcues ,

&

enime1. principalemcnt Xamippe

&

Myrto , qui

, m'ont fouvent prié de vous amcner

a

1;

célébration

, des rnyrteres d'Eiéu!is; tandis que vous vivrez agréa–

, blement avec elles. lai(fez les magillrats donner un

" libre cours

a

leurs inju(liees,

¡¡

vous ne pouvez le:;

en

emp~cher

par votre · bonne conduite avec eux .

Apres tout, ils ne peuvent vous faire tort

p~r

rap–

pon

8

votre 6n naturelle.

,. Tkhez de vous conduire avec Xamippe

&

Myr·

, to comme je, faifoís antrefois avcc Socrate: canfor–

" mc1. ·vous

a

lcurs maniere!; l'orgiJeil fl:rQit mal pla–

" cé h\. Si Tyrocli:s, 61s c!e Socratc, qui

a.

demcuré

, avec /moi

i

Mégare, vient

a

Cyrene, aye1. (oin de

, lui,

4

le traite¡-; comme s'il étoit votrc tils. Si vous

,

n~

voulez pas allaiter vqtre tille,

a

caufe de

!'em-

barras que cda vous cauferoit, Elites venir la tille

, d'Eubo'Js,

a

qui vous avez donné

:l

ma confidéra–

t!on le nom de ma mere,

lft.

que

qtoi-m~n~e

j'ai

, 1

1oqvent appellée mon amie .

, Prene1. foin fur-tollt do jeune Ari!lippe pnur qu'il

, foit digne de nous,

&

de la Philofophie que je 1ui

laitre en héritage réel ; car le rene de fes biens en

e•pofé aux injuflices des maginrats de Cyreue. Vous

, ne me

dite~

ras dt!·moir¡s quo perfonne ait entrepris

" de vous enlever

a

la Philofophie. RcJOUi(fez-vous,

ma chere filie, dans la po(f-effior¡ de ce tréfor,

&

, procurez-en la jouiifanae

:l

votre tils, que je foqhal·

teroi~

qu'il f¡lt dé)a le mien; mais étant privé de

cette con!blation, ¡e meurs dans l'a(furance que vous

, le conduirez fqr

Id

pa~

des gens de bien. Adieu; ne

, vous afftige?- pas

~

caufa de moi

(D.

J.)

LETTRES DES MoDER.NES, (

/{mrr

epifl~/.

)

nos

lettres moélernes, bien

différente~

de celles doqt npus

venons

d~ p~rler,

peuvent avqir

a

leur louange le ny–

le limJllc, libre, fumilier, vif

&

naturel; mais elles nc

¡;ontiennept que de perits faits, de petitcs nonvelles,

&

ne

peiS2en~

que )e jargon d'ur¡ tetns

&

d'un 'lieclc; ou

la f:¡uue ¡¡oli¡e(fe a mis le rr¡enfor¡ge par-tont: ce ue

font que frivoles complimens de gens qui veulent fe

trornper,

&

qui ne fe trompeut poinr : c'cll on rcinplif-

.fage d'idécs futiles de fociété, que nous appellons dc–

voirs. Nos

lettres

roulenr rarement fur de grands in–

t~r~ts,

fur de vériiables fentimens,

[ur

des

éJ.r-~nohe-

1)1~ns

de

confi~!lae

d!amis, qui f!e fe déguH·ent

ri~n,

&

qm cherchent a 'fe touc dire; en fin elles ont prillque

toute5..une efpece de moootonie, qui commence

&

qui

ñnir de mt1me .

· ' ·

'

Ce nlell pas parmi nous qu'il faut

~giter

la quc!l inn

de Plntarque, li la leél:ure d'une

lettre

¡¡eut étre dific–

rée: ce dálai fut fatal

a

Céf.~r

&

¡¡

A.rcl¡ias, cyran de

Thi:bes; mais notts ne IJlanions point d'a(fcz grandes

affaircs pour

qu~

noos ne P.Uiffions rtmettre fans póril

1'ouverture de nos paqnets 'au

lendet11~in

.

·

Quant