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LET
J>laudi(fement,
&
elles ·le méritent
a
p.lu~eU)S
égards;
<:ependant on
a
depuis CQnlidéré ce recucil avec ph¡s
d'~t
tention qu'on ne le ftt quand ·il
v.itle jour;
&
M. Fa–
bricius s'e(l attaché
a
prouver
q.ucces
le~tr.s
fom des
pieces fuppo(ées,
.&
qu'elles font l'ouvrage _de que19.\1CS
fopl}i!les plus modernos que les pbilofophes doot elles por–
tent i.J! uor:n ; c'dl .ce q.u' il t¡tche d' t!tablir • tant par les
cara.d-cres du ll.}de, qQe _par le -lilence des anc;i,ens.
~e
.f!élébre J'ear(on a¡rpit déja <;lans
_fes
Vindi&. Jgnlllit,
par
t. II.
pag.
u .
dot:~né
plulieurs ¡aifons
tiré
es de la
_<lhronologie, pour juJ)i6er que ces
ltttres
nc
p~uv.cnt ~tre
,de Socrate
ft.
,de~
autres
p_hilofoph~s
a._uxquels on les
.donne; en.(in c
'e.llaui911rd'hoi le
fentim~nt
général de
la
pi
~pa~t
de¡; fayans .
ll
en vrai que M. StanJey fem–
_ble avair eu de(fein
~e
réhapiliter l'authenticíté <te ces
/e~tres
dans la vie des philofophes, au1:quels Léo A.lla–
.tius les
at~dbue;
tn;l\s le foil) qu'a pris l'illuflre anglois
dont r¡ous venons de parler• n';l
pu
fairc pancher la ba–
lall,.c~ .~JI
fa favepr.
.Cependaot quels que foietl;t le.s auteurs des
lettres
fo–
_4rtttiquo,
on ks lit avec plaifir, paree qo'ellps fom bien
,écri_te.s, ingé¡¡ieufes
~
intérecrames; maís comrne il ell
vraiJJ'eml;>lable queJa piupar¡
d~s
leél:eurs ne les cqnnoif–
fcnt
~uere,
j'en vais tranfcrire denx pour
c~emple,
,La
premtere en celle qu' Arinippc, fondateur de
Ia~él:e
cy–
¡énai·que, .écrit
~
Antillhcne, fon<;lateur de la fe,él:e des
:CyniqQ~S, ~
qui la 1naniere de vivre d' Arillippe déplak–
{oit.
Elle e(l
dli.DsJe
ftyl~
ironiqU!!
•I'I11J
bou.t
i
l'at¡tre,
!=Omm~
vous le .verre'l; ,
4ri1Jippe
a
AntijlhJpe .
,
ArifiJp.peen
malheu~eQX
,a
u- delll de ee que l'on
, peut s
'imagiu.cr;&
cela peut· il
~tre
autremem?
Ré~
~.
duit
l.
vi.vre a.vec un
~rao,
a
av~ir
une tablc délica–
'., le,
a
;:re v.étu mag'mfiquement,
a
fe parfumer des
~.
r._arfums les
plu~ exqui~i'
Ce qu'il
y
a
d'afftige~nt,
c'en
1
,que perfor¡ne nc veut me
d~liv.rer
de la cruanté de ce
,
t.yr.'}JJ, qui ne me .retient pas fur
le
pi<! d'un homme
;. grofficr
&
i~t)nrant,
mªis
oom~
un djfciple de So–
" erare, parfatte.¡pent inllruit de fes príncipes; ce tyran
, me t(¡u roit abondar:nment tout ce dont
j'
ai befoin,
, ne cr.:>ignant le jugement ni des dieux ni des hommes;
·" &
pour
me~tre
le cqmble
a
mes infortunes, il m'á
, fait préfent de trois belles filies Sicilienncs,
&
de beau.
, , coup de vailfelle d'argent .
1
, Ce
qu'il y a de f&chcux enca re, c'cn que j'ignore
, 'qu3nd il finira de pareils traitefnens . .C'efl done bien
2 ,
fait
a
VOUS d'avoir pitié de la n¡if.!re de VOS prO•
chains ;
&
pour vous en témoiguer ma reconnoitfance,
je me réjouis avec vous da rare bonheur dom vous/
jouifi'et,
&
j'y pr(!nds toute la part poffible. Confer-
" ve1. pour l'hiver prochain les figues
&
la farine de
Crete que vous ave1.; cela vaut bien mieux que tou–
" tes les richclfcs du monde. Lnve1.-vous
&
vous dé–
' ' faltére7.
a
la foutaine d'Ennéicrune; p.ortéz
hiv~r
&
,, été le mer¡1e
h~pir,
6¡:
qu'il foit mal-propre, comm!!
·, íl convicnt
~
uq
homme qni vil dans la libre répt¡bli-
., que d'
AtheiJ,e~.
·
·
, Pour rnoi et} vénant dans un pays gouverné par u
?'
monarqup, je prévoyois qien que
je
f~rois
expo!'é
~
" une pa(pe
~es
maux que vous me dépetgne7. dans vo–
" tre
llttn;
&
a
' préfeqt les
~yracufains,
les Agrigen–
" tins, les Géléem,
&:
en général tous les Siciliens ont
, pitié de
~oi
1
e~ m'a~in!~ant :
Poúr me pynir d1avoJr
eu la folle de
me
1etter mc:onfidérément c!ans ce mal–
,, heur; je foul¡aife d'étré accal>ié' toujóurs de ees
m~?'
mes mano, pu fqu
1
étant en
~ge
de ·raifon,
&
innruit
des maximes de la fage(fe, je n'ai pu me
r~foudre ~
~·
fouffrir
la
faim
&
la roif,
a
mépriCer
1~
gloire,
&
i
1 ,
porter une lopgue blrb,:. ·
· ..
· ·
,
]e
vqu~ env~rrai
prQYifioQ e P.Ois, aprcs !JUe vous
,
aure~
fáit Pfiercule devanr les
enfan~; pare~
<¡u'on dit
., que vó!ls ne vous
fait~s
pas de peine d!ea parler dans
, vos difcoors
&
·dan$ yos c!arits. 1\ilais,
li
quelqu'un
,, fe
m~loit
de
p¡¡rl~r
de pois devant Denys, je crois
, que ce
f~roi¡
pécher contre les
lol~
de
1~
tyrannie.
1 ,
Do
r~ne,
JC
von$ permets
dlall~r van~
entreJepir avec
, S!mon le
<;or~oyJ::ur , par~e
que je fais que vous n'c–
" lltmez
p~rfonne plu~
fage que loi : poor moi qui dé–
" pen_s ? es.
aqtre~,
il
ne m'ell pas
tr~p
p.rniis
d~
vivre
, en mtlr¡llté, n1 de converfer famiherement avec des
,,
artifañs de ce mérite .
·
#
..
~a
feconde
lettre
d!Ariflippe, qui e!l :¡dre(fée
a
Arete
(a tille, en d' un tour aotre ton . 11 l'écrivit peu :¡vam
¡le mourir felon Léon A llatius ; c'en la trente-feptieme
de fon recpeil ,
l.,~
voici :
'
'LE T
, Télée m'a
~e
mis votre
ltttre,
par Jaquelle vous me
" follictt<'l. de faire diligence pO\If (Ue rcndre
a
Cyri:nc.
, paree que vos affaires
ne
vont pas bicm avcc les ml·
·"
gi¡lrat~,
&
que
.1.1
grande modc!lic de ''ou-e tl):tri,
&
,,
la vie
rctir.éequ'il
!l
toujours menéc , le rc1;dent IUOins
., propre
.i
'\VQir foin de fes affaire$ domel}iques . t.\uffi–
" tOt que j'ai ett obtenu mon congé de Denys , ji'
tn,e
.., fois mis en
vo}'a~c;-
p<;>ur auiver aupri':s de vous-; mais
,. je fuis
tocnb~
malade
il
Lipara, o;u les a mis de So–
" nicus prennent de moi ton& les foins pojijbles, ave"
., toutc 1-'amitié qu'c¡¡n pent deflrer quand on e!l pres du
., ro,m
beau .
, Quant
a
ce que v.ous ,me demandez, quels égards
,. vous devez
a
m es :úfranchis, qui déclarent qu'tls n'a-
bandonn~ront
jamais Arillippe tant qu'il ieur rc!lcra
, des forces, mais qu'ils le ferviront toujoncs au!li-bicn
,,
que vous; vous pouvez. avoir une entifre con6ancc en
, eux, car ils om appris de moi
1t
n'etre pas
fi111x.
Par
rapport
a
ce qui vous regarde perfonnellemeot, je vous
, confcille de vous mettre bien avec vos
maglllr-.us,
&
, cet avis vous fer-a utile,
fl
YOUS ne defirn pas trop;
., vous nc vivrez jamais plus comente, que quand vous
, méprifere:z. le fuperflu; car ils ne
feron~
pas
alfe;¿
in·
, jurles pour VMS laicrer daos la néceffiré .
, 11 vous rcllc deux ver¡¡ers, qui penvent :vous four–
" nir abondamment de quo1 vivre;
&
le bien que vous
, a
vez' en .l}ernice vous Ü>1,1fliroir, quand vous ¡¡'au.
, rkz pas d'autre reyenu. Ce n'ell pas que je
vom
,, .confeille de n(!gliger
les
petites chafes¡ je vcux fcu-
lement qu'elles ne vous caufent ni inquittude ni tour–
mem d'efprit, quf ne fervent de rieu, mGme pour
les grands objets.
En
c~s
qn'il arrtve qu'apres
ma
IJ10rt vous fouha1tiez de f.woir me; fcntimens fur l' é–
<lucation du jeune Ariflippe, rendez-vous
a
.'\thcues ,
&
enime1. principalemcnt Xamippe
&
Myrto , qui
, m'ont fouvent prié de vous amcner
a
1;
célébration
, des rnyrteres d'Eiéu!is; tandis que vous vivrez agréa–
, blement avec elles. lai(fez les magillrats donner un
" libre cours
a
leurs inju(liees,
¡¡
vous ne pouvez le:;
en
emp~cher
par votre · bonne conduite avec eux .
Apres tout, ils ne peuvent vous faire tort
p~r
rap–
pon
8
votre 6n naturelle.
,. Tkhez de vous conduire avec Xamippe
&
Myr·
, to comme je, faifoís antrefois avcc Socrate: canfor–
" mc1. ·vous
a
lcurs maniere!; l'orgiJeil fl:rQit mal pla–
" cé h\. Si Tyrocli:s, 61s c!e Socratc, qui
a.
demcuré
, avec /moi
i
Mégare, vient
a
Cyrene, aye1. (oin de
, lui,
4
le traite¡-; comme s'il étoit votrc tils. Si vous
,
n~
voulez pas allaiter vqtre tille,
a
caufe de
!'em-
barras que cda vous cauferoit, Elites venir la tille
, d'Eubo'Js,
a
qui vous avez donné
:l
ma confidéra–
t!on le nom de ma mere,
lft.
que
qtoi-m~n~e
j'ai
, 1
1oqvent appellée mon amie .
, Prene1. foin fur-tollt do jeune Ari!lippe pnur qu'il
, foit digne de nous,
&
de la Philofophie que je 1ui
laitre en héritage réel ; car le rene de fes biens en
e•pofé aux injuflices des maginrats de Cyreue. Vous
, ne me
dite~
ras dt!·moir¡s quo perfonne ait entrepris
" de vous enlever
a
la Philofophie. RcJOUi(fez-vous,
ma chere filie, dans la po(f-effior¡ de ce tréfor,
&
, procurez-en la jouiifanae
:l
votre tils, que je foqhal·
teroi~
qu'il f¡lt dé)a le mien; mais étant privé de
cette con!blation, ¡e meurs dans l'a(furance que vous
, le conduirez fqr
Id
pa~
des gens de bien. Adieu; ne
, vous afftige?- pas
~
caufa de moi
(D.
J.)
LETTRES DES MoDER.NES, (
/{mrr
epifl~/.
)
nos
lettres moélernes, bien
différente~
de celles doqt npus
venons
d~ p~rler,
peuvent avqir
a
leur louange le ny–
le limJllc, libre, fumilier, vif
&
naturel; mais elles nc
¡;ontiennept que de perits faits, de petitcs nonvelles,
&
ne
peiS2en~
que )e jargon d'ur¡ tetns
&
d'un 'lieclc; ou
la f:¡uue ¡¡oli¡e(fe a mis le rr¡enfor¡ge par-tont: ce ue
font que frivoles complimens de gens qui veulent fe
trornper,
&
qui ne fe trompeut poinr : c'cll on rcinplif-
.fage d'idécs futiles de fociété, que nous appellons dc–
voirs. Nos
lettres
roulenr rarement fur de grands in–
t~r~ts,
fur de vériiables fentimens,
[ur
des
éJ.r-~nohe-
1)1~ns
de
confi~!lae
d!amis, qui f!e fe déguH·ent
ri~n,
&
qm cherchent a 'fe touc dire; en fin elles ont prillque
toute5..une efpece de moootonie, qui commence
&
qui
ñnir de mt1me .
· ' ·
'
Ce nlell pas parmi nous qu'il faut
~giter
la quc!l inn
de Plntarque, li la leél:ure d'une
lettre
¡¡eut étre dific–
rée: ce dálai fut fatal
a
Céf.~r
&
¡¡
A.rcl¡ias, cyran de
Thi:bes; mais notts ne IJlanions point d'a(fcz grandes
affaircs pour
qu~
noos ne P.Uiffions rtmettre fans póril
1'ouverture de nos paqnets 'au
lendet11~in
.
·
Quant