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LEG

l'E(pagne étoit qpe ro!puulique ,

&

qu'clic fOt menaco!e

par la France , ene feroit défcnduc par 1'Angleterrc, la

H ollandc,

& <.

11

y

a

aujourd'hui en Europe une impoffibilité mora–

le de fai1

e

des conquctes ;

&

de cctte impoffibilité il en

jufqu'a pré(cnt réfulté pour les pcueles plus d'inconvé–

niens, peut·étre, que d'avantages.

~uelques llgislatmr~

fe font né¡;Jigés íhr la panie de l'adminillrntion qui don•

ne de Jo force aux états;

&

on a v\'1 de

~rands

royau·

mes fous un cicl fa vorable, Jaoguir (hns

ri~he!Tes

&

fans

puiffances .

D'autres

1/giii.tto<rs

n'ont regordé les

conqu~tes

que

comme diffi cilcs,

&

point comme impoffibles,

&

Jeur

ambidon s'cll occupéc

a

multlplicr les moyens de con–

qu~rir :

les uns onr donné

a

leurs états une forme pu.

rement militaíre,

&

ne lai!Tent prefque

3.

Jeurs fujets de

métier

a

fairc que celui de foldot; d'autres cntretíennent

m~me

en poix des armées de mercenaires , qui ruinent

les

ti

nances

&

favorifcnt le dcfpotifme; des ma¡;iflrats

&

quelques lifteurs feroienr obéír aui lois,

&

íl faut des

armées immenfes ponr faire fervir un ma!tre. C'e0-13.

le principol objet de la

plu~art

de nos

llgislot.11rs;

&

pour le rcmplir ils fe voyent obligés d'employcr les tri·

lles moycns des dettes

&

des impóts.

Quelqucs

llgislnt<HYJ

ont profité du progrl:s des lu ·

mi<res qui depuis cinquante années fe font

répandu~s

ra–

pídemant d'un bout de I'Europe

a

l'autre; elles om

<'íclairé fur les détaiis de l'admímtlration, fur les moycos

de fa,·orifcr la population, d'.excíter l'induClrie, de con–

fervor les avantagcs de fa limatíon,

&

de s'en procurer

de nouveaux. On peut croire que les lumíeres confer–

vées par l'lmprimerie, ne peuvent s'éteindre,

&

peuvent

encore :1ugmemer. Si quclque dcfpote vouloit replonger

fa natiou daos les ténebres, il fe trouvcra des nations

libres quí

~ui

rendront le jour.

D an5 les licdes éclairés, il etl impoffible de

fon.der

une législation fur des crr.eurs ; la charlatanerie

m~me

&

la

mauvaili: foi des míniflres font d'abord oppercaes

&

ne font qu'exciter 1 'iudignotion. 11 ell

é~alement

dif–

ticJie de répandre un faoarifrne denruéleur, tel que cdui

des difciplcs d'Odin

&

de Mahomet; on nc fcroit re·

cevoir aujourd'hui

che~

•ucnn peuplc de I'Europc des

préjugés cnntraires au drnit des gens

&

~u.!t

Iois de la

natute.

Tous les peuples ont aujourd'hui des ldécs

a!Te~

.iu–

fics de leurs voiCins,

&

par couféquent ils ont moins

que daus les tems d'iguorance l'cnthouliafme de la pa–

trie, il n'y a gucrc

d'~ntoufiafme

quaud

il

y a

b~ucoup

<le lamieres;

il

en prefque toujours le mouye¡nent d'u–

nc ome plus paffionnée qu'innruite; les pcuples en com–

paranr daos

tout~

le;; narions ICIS

lois oux lois, les ta–

leus aux tal.cns, les mreurs aux mreurs, trouvoront li

peu de raifon de fe préférer

a

d'autres que s'ils cou–

fervent pour la patrie cet amour, qui etl le fruit de l'in–

tér~t

perfonnel, ils n'auront plus du moins cct emhou–

fiafme quí en le fn¡ít d'une efiimc cxclulivc.

On ne pot¡rroit 3Ujourd'hui par des fuppofitiops, par

de.~

imputations, par des arti6ces politíques infpircr des

haines nationales auffi vives qu'on en infpiroit autrefois;

les libelles que nos voilins publient contre

PO\lS

ne font

guere d'etfer que fur une foible

t(.

vile partie des habitans

d'une Cl!PiJ:tle qui reu(er¡ne la

d~rniere

des populoces

&

le premicr des peuples .

La rellgion de jour en jour plus éclajrt!e, nou1 :tp–

prend qu'il ne faut point haYr ceux qoi ne panfent pas

comrne nous; on

f~air

díllingucr aujourd'hui l'cfprit fu–

blimc de la rcligion, des

fuggellions de les minifires;

nous avons

VIJ

d~

nos jours fes

pui!Tance~ pr

0

te~antes

en gucrre ovec les pui!Tances

c~tholiques,

&

aucune ne

r6uffir dans le dc!Tein d'infpirer aux pcuples ce zele bru·

tal

&

féroce qulon avo1t aurrefoís ]'un contre l'aurre,

m~me pend~nt

la paix,

cpe~

les peuples de ditf6rentes

feéles.

Tous les ho¡mpes d¡: tous les pays fe font dcvenús

néceiTaires pour l'échange des fruits de l'índutlrie

&

des

produétions de leur Col ; le commerce ell pour les hom–

mes un ht n no¡¡veau, chaqu.e natior¡

iQtér~t

aujourd'huí

qu'une autre

n~tion

cor¡focve fes riche!Tcs, fnn induOrie

fes bauques, fon luxe

&

fon agriculture;

la ruine , de

Leíplick , de Lisbonne

&

de Lima, fait faire des ban–

queroutes fur toutcs les places de I':Europe,

&

a

intlu~

fur la fonunc de plufieurs millions de cítoycns.

Le commorcc, comme les lumierttS, díminue la fé–

rocítc!, m.tis auffi comme les lumiercs ótent l'cnthou–

fiofmc d'eflimc,

i1

óte peut-etre l'entl¡oqliafrnc d!' ver–

tu;

íl

éteint peu-3_-peu _l'cfprit

~e

délintére1fcment, qu'il

remplace par celur de Jullrce; •l adoucít les ma:urs que

¡,s lurnieres poliiTent; mais en tournant moins lc5 efpri!S

LEG

3U beau qu'i l'utile , au !ir:md qu'au fage, il al!ere

pall·

~tre

la force, la générolué

&

la noblciTe des mczurs.

De

l'efprit de commercc

&

de la connoiífance que

les hommes om aujourd'hui des vr:ais intéréts de cha·

que nation, il s'enfuit qoe le&

llgislatarrs

¿oívent ltre

moios occupés de défenfes

&

de

eonqu~tcs

qu'íls ne

l'ont été autrefois; il s'enftiit qu'íls doivent favorifer

la

culture

d~s

terrcs

&

des

orn,

la confommation

&

le

produit de leurs produélions, mai5 ils do1vcnt veiller en

méme

t~ms

a

ce que les mcrurs polies ne s'affoibh!Tem

poÍ!lt trop

&

3.

mamteair l'cflime des verrus guerrieres.

Cor il y aura tOUJOUrs des gucrres en Eurnpc, on peuc

s'en tier

la·de!Tus aux

intér~ts d~s

minilltes; mais ces

guerres qui étoient de nation

a

nation ne feronr fouvcm

que de

//gis/atmr

a

J/gisJ~I<Nr.

Ce qui doit eocorc

embraf~r

l'Europc c'el) la ditfé·

rcnce des gouvernemens; ceuc belle partíe du monde

en partagéc en républiques

&

en monarchie6: l'efprrt de

cel:es·ci en aélif,

&

quoiqu'il ne foit pas de leur inté–

ret de s'étendre, elles peuvcnt cntreprendre des conque–

tes daos les momens

oit

elle• font gou

v~rnées

par des

hommes que

l'imér~t

de leur nation nc conduit pas;

l'efprít des réptibliqucs en paclfiqne, mais l'atnour de la

liberté, une croínte fupern itieufc de la perdre, pgrr<ront

fouvent les bats républicains

a

faire la

~uerrc

pour ab•il:O

fcr ou pour réprimer les él3ts mouarchtques; cette fitua–

tion de I'Europe entretiendra l'émulatioo deli vc:rtus tor•

tes

&

guerrieres, cettc diverfité de feminiens

&

de ma:u<s

qui nai!Tent de ditfc!rens gouvernemens, s'oppofemnt all

pro~rcs

de cette mollelfe, de cette dooceur excelfi ve des

mreurs, effet du commerce, du

luxe

&

des longuc•

paix.

I,EGISLATION,

f.

f.

(

Gram.

&

Poli~tt¡.)

l'art

de donner des loix aux peuple5 . La meilleure

lé~islation

cll c.ellc qui en la pln6 limpie

&

la plus contarme

a

la

nature,

il

oc s'agit pas de s'oppo(cr aux palhons des

hommes; maí5 au contrairc de les encouragcr en le, ap–

pliquant

a

l'intér~t

pul;lhc

&

partlculier. f-ar ce moyeu,

on dímiouera le nombre des crimes

&

des criminels,

óc

l'on réduica les lois

il

un trcs-petit noróbr¡!.

1/uye:t:.

/u

r.rticles

LE'GtSLATEUR

&

Lotx.

LEGISTE,

f.

m.

(Gr•m.)

fe dit du mdtre l:r. de

l'l!colier en Droit. L'arrivéc des

llgi(lu

au parlcmem,

Cous Philippe d¡: Valoís, caufa de graads changemeas;

ces

gens plcins de formalités qu'ils avo·em purlC!cs daos

le Droit, introduilirent la procédure,

&

par-li

ih

le

rendirent maltees des atfaíres les plus difficile>.

i)iélio,.

:{, Tr/vott;r .

LE'GITIMATION,

(J,ri[pmJ.)

el)

l'a.:lc par le–

que! un batard. en

r~puté

enfaar Iégitimc

&

jouir des

m~mes

privileges .

Les enfans nés en lr!gitime mariage out toujours

ét~

dífiíngués des bitards,

&

ceux- ci au contraire ont

to~jours été regardés comme des

p~rfopnes

défavorables.

Chez les Hébreux, les batards n'héritoient pomt avcc

les cnf.1ns

lé~itimes,

ils n'étoient point admJ> dans l'é–

glif~ jufqu'~

la dixicme génératinn;

&

l'on ue vo11 poiul

qu'íl y eftt aucun remede pour elfa.cer le VJce de Jcur

naiilance .

L

es bitards étoícnl pareillcmept incapaples de fuccé·

d.cr

che-z. les Perfes

&

les

Gr~cs.

P

our ce qui el) des R omaíns, dans tous le5 livres du

dige(Jc, il

le

trouvc beaucoup de lors pour délivrer les

cfd~yes

de la fervitude,

&

pour donner aux libertins ou

atfranchís la qpalité

d'ío~énus;

c'ell

a

quoi fe rappoqent

le titre de

jNre

aur~orum

a1111ulorum,

&

colui

de

11ata·

libus

rejlit~tcndis;

mais on n'y trouve aucune

loi qui

dppne

1~

mnyen di' légithner les

b~tards

ni de les ren·

dre habilcs

a

fuccédcr commc les ent'allS.

11

u'y avoit alors qu'u11 fcul moyeu de légiti:nor les

bltards

&

Je les rcndre habíles

a

fuccéder, c'étoit par

la voie de l'odoption

a

l'égard des tjls de for¡Jille. ce

que l'oa appelloit

adrogation

a

l'égard d'un ti ls de fa–

mili•; un rnmain

q~i

adoptoit ainfi un enfant, l'cnve–

loppoit de foa manteau,

&

l'on tient que c'cll de-la

qu'a é¡é imitée la coun¡m¡: qul s'obferve parmí nous

de meltre lous le poilc les enfans nés avaot le mariage .

L'empereur Auofiafe craignant que la facilité de lé–

gitimer ainli fes batar¡ls, nc filt une voie ouvcrte

a

la

liceoce, or9onna qu'a

l'av~nir

celan'auroit lieu que quand

il n'y nuroit point

d'caf~ns

légitirncs vivans, nós avant

l'adoption des bQtards.

Gettc premiere forme de

1/gitiiHatioll

fut depuís abro–

gée par l'empcreur ]ullioien, comme on le voit dan' fa

nm·elle

89.

Mais

Conllao~n

le grand

&

fes fuccct!Teurs introdqi–

Cirent plufieurs autrcs manieres de légltimer les bitards .

On