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..

LEG

tans des Turcs nnt régné rar la cra;nte fur le plus

¡;r~nd

11ombre

d~ l~urs

fujets, ih avbienr pour s'eu

f~ire

cram–

dre des prétoriens

~

des janilfaires fur

lefquels

ils re–

gnoicnt par l'opinion: quelquefois elle n'etl qu'une iMe

ripanduo que la fnmille régu•nte 3 uo droit réel al\ trll–

!lC:

quelquefois elle tient

a

la religion

7

fouvent

a

J'idée

qu'on s'cll faite de la grandeut de la puif!3nce qui opr

prime; la fcule vraimenr folide cll celle qui

eCt

fondóe

fur le bonheur

&

l'approbation des citoyens.

Le pou 1·oir de l'opinion

ao~mcnte

cncore par

l'habi–

tudc, s'il n'<il atfuibli par des reconlles imprévues' des

ré volutions fubites ,

&

de gr3ndes fautes.

C'ell par l'adminitlratioo que le

ll¡,islauur

conferve

la

puilfance, le bonheur

&

Je génie de fon peuple;

&

fans une bonne adminitlration,

les meilleures lois ne

fauvent ni les états de leur décadence, ni les pcuples de

la

corruption.

Comme il faut que les lois 1\tenr au

citoy~o

le moins

de liberté 'ltt'il etl poffible,

&

lailfent le plu< qu•¡¡ ell

poflible de l'égalité eotr'eul; dans les gouyernemeos o,u

les hommes fnnt le moins libres

&

le moins tsaux,

i1

fam que p3r

l'adminitlr~tioa

le

llgislaer"r

)eur ta(fe ou–

blier ce qu'ils om perdu des deux graods avaruages de

l'état de U3ture; il faut qu'il confulte fans cclfe les de–

firs de la natlnn; il faut qu'il exr.ofc aux yeux dn publíe

les détails de l'adcni•iillutioa; 11

faut qu'il lui ¡ende

compre de Ces graces;

i1

doit m< me engager les peuples

a

s'oceupc; du go1vernement'

a

le dilcuter' a en fuivre

le> opérations,

&

c'ell un moyen .de les attacher

:1

la

patrie, 11

fa m, die un roi qui écrit, vit

&

regne en

phi)ofophc,

que

fe

lé~islateur

perfuade pu pe11pl,

'!.'"

1_,

loi

Ja de

pe

ue

to"t,

&

qru

la fantaifie ne peut rm1.

Le

llgisfdtettr

djfpofera Con peupl.e

a

1

7

humaoité, par

la

bQ!Jt~

&

les égards avec lefquels

il'

traitera tout ce

qui

el!

homme, foit cjtoyen ', foit étranger, en encou–

rageant les inve1¡cions

&

les hornmes miles

i

la nature

hum~irre;

par la picié dont

il

donncra des preuves au

malhenrenx; par

l'::tttC'IHÍ,Jn

3 tviter la guerre

&

les dé–

pcnfes

fupe;~ues;

enfin par l'cnime qu'il act:ordera lui–

mcme aux hommes connus

p~r

leur bot¡té.

La

()¡Cli)C

conduitc' qui con¡ribne

a

répandre parmi

fon peuple le femiment d'hunpnité, excite pour !m ce

fentiment de bieuvcillance, qui etl le licn de Cuo peu–

ple a luÍ

i

quelqnefllÍS

il

exeitera ce fentÍtnent p>r de;

facrÍñces éclatans de Con

inrérct perfonnel

:l.

l'imér~t

de

r.:

nation, en préiéram' par exemplc' pour les gra–

ce~

('homme udle a 13 patrie

a

l'homme qui n'en olÍ–

le

qu'a lui.

Un

roi de la Chine ne trouvant poiot fqn

tils di¡¡ne de lui fnecéder, tit pa(fer fé>n

(ceptre

a

Ion

minillre,

&

die:

J'

ai>ne miwx

t¡r"

mon fils foit mal,

&

r¡tte mon peuple foit bien, oue

fi

mon fils ltoit kien,

&

r¡u<

mo11 peuple

fú•

mal.

Á

la Chine, les édits des

rois

(out

les exhorwions d'uo 'pere

a

fes enfans; it faut

que les éJits innruifenr,

exhorr~nt

autant qu'ils com·

mandenr: c'étoit aurrefois l'ufage de nos rois,

&

ils om

perdu

a

le oégliger. Le

llgislatertr

ne fauroit dqnner

a

tons les ordre¡ de l'étar

trop de preuves de f11 bien–

vei!Iance: un roí de Perfe admettoit les labourenrs

a

fa

tab!e,

&

leur

d1toit :

]e fuiJ un

á'

e11trt vou1; vou1

ave~

h~foin J~

moi,

j'

qi

beft~in

dt vouJ; vivons en

frcrn

.

C'ell en

dillrib~ant

juitemenr

&

a-propos les hon–

ncurs, qlle

le

llgiJlatntr

animera

le

fentiment

de l'hon–

neur,

&

qu'il le dirigera vers le bren de l'état: quand

les honueurs faont une récompenfe de la vertu, l'hon-

neur portera aux aélioos ''ertueufcs.

·

·

Le

llgitlateur

tient dans fes rnains deux renes, avec

lefqqelles il peor conduire

a

foiÍ gré les patfions; je

venx dire les peines

&

les récompenfes. Les peines ne

dolvenr erre impo(ées qu'au nom de la loi par les tri–

bnnanaux; mais le

llgislateur

doit Ce réferver le pou–

voir de dilltibuer 'librcrnenr une partie des récompenfes.

Dan> uu pays ou Ja contlimriqn de l'état intérefi"e

les citoyens au J(nuvernemenr, ou l'éducation

&

l'ad–

minillration ont giavé qans les hot)'lmes les prjncipes

&

les femirnens patriotiqucs

&

l'hom¡eur, il fuffit d'inñiger

au <;ou?able les peines ks plus

lé~eres:

c'etl a(fe-¿ qu'el–

les rndtqu•m que le citoyen pum' a commis une faute;

les rcg"d' de Ces concitoyeos aJo4tenr

a

fon

ch~timent.

Le

ltgislatmr

en le maitre d'attacher les peiqes les plus

graves aux v1ces les plus dangereux pour fa

r¡arion;

il

peut faire. coqtidérer comme

d~

peines des avanrages

rée~s,

m31S vers le(qucls

il

eil otile que les. defirs d_r la

nauon oc Ce

port~DI

pas;

il

pel)t meme farre conltdé·

rer aux hommcs commc des peines véritables, ce qui

dans d'autres pays pourrQÍr fervir de récompenfe. A

Sparre, apri:s ccrraines fautes' il n'étoit plus permis a

un citoyen de proter Ca

feinme. Chcz les Péruviens,

)e c1toyen auquel

!1

~uroit ~!é d~fenJu

de travailler al!

LEG

champ du

publi~,

auroít

~té

un homme tres-malheo·

reux; fous ces législ.ltions fublimes, un homme fe trou–

voir puní quand on le rameooit ;} fon

intér~t

perfonnel

&

a

l'efprit de propríété. Les nation

fonr avilies quand

les fupplices ou

la privation des biens deviennenr des

chátimcns ordinaires: c'ell une preuve que

le

llgulr

l<ttr

en oblígé de punir ce que la nation ne puniroil

plus. Dans les républiques, la loi doit

~tre

douce,

psr~

ce qu'oo o•eo difpenfe ¡amais . Dans les monarchics •lle

doit €rre

plu~

févere, porce que le

llgitlat<ur

doit fairc

aimer fa .clémence en pardonnant malgré la loi. Ce–

pendan! cliez les Perfes, avanr Cyrus, les lois étoicnt

fort douces; elles ne condamnoient

a

)a mort ou

a

l'inf•mie q·Je les citoyens qui avoient f:¡it plus de mal

que de bien.

Dans les pays ou les peines peuvent

~tre

)égeres, des

n!compenfcs médiocres (uffifent

a

la vertu' elle etl bien

foible

&

bien rare quand il faut la payer.

l,.es récom–

penfes pcuvem fervir

il.

changer l'efprit de propri!!té en

efprit de eommunamé,

1°.

lorfqu'elles fom accordées

a

des preuves de cette derniere

forre

d'efprit~

2°.

en

aeceíltumant l•s citoyens

a

regarder comme des récom–

penfes les nouvelles occafions qu'on lcur

donn~

de fa–

crifier l'inrédt perfonnel

a

l'intérer de taus.

I,.e

llgifl"'""

peut donner un prix

infini

a

fa !>ien–

veil)aoce, en oe l'occordant qu'aux

hommcs qui .opt

bien fervi l'état.

·

Si les rangs, les prééminence<, les l¡onoeurs Cont tcm•

jours le prit des fervices,

&

s'ils impofenr le devoir

d'en rendre de

nouveau1,

il$ n'exciteront point

l'envie

de la multitudc; .elle oe fentira point

l'humiliation de:

l'inégalité de¡ rangs; le

llgi{lauur

lui donnera d'amres

confolations fur eette it¡ég:ilité des

ri~helfes,

qui etl un

elfet iaévitable de la grandeur des c!tats; il faut qu'on ne

puilfe parvenir a !'extreme opulcnce que par une indu–

l}rie qui enrichilfe l'état,

&

j3mais aux dépens du peu•

pie; il fam faire tomber les charges de la lociété fur les

hornmes riches qui jouilfent des lfVal)tages de la fociété.

!.,es

i:np~ts

ent\·e les mains d'un

légis/atmr

qui admim·

tire bien, font un moyen d'abolir cer ains•at¡us, une in–

dullrie

funetl~,

00

des vices; ils peuvent erre un rnoyeo

d'encourager le geore d'indutlrie le plus mile, d'exciter

ccrr~ins

talet)S, Certaines verrus.

Le

llgúlqtp~r

nc regorder3 p1S comme une chofe in·

difl:érente l'étiquerte, les cérérnonies; il doir froppcr

)a

vuc, celui des fens qui agit

le plus Cur

l'imaginati<>n,

Les cérémonies doh·el)t réveilb:r c]ans le peuple le fen•

tin¡ent ponr

la puilfance dlj

llgislateur,

mais on doit

aufli les lier avec l'idée de 1• verru; elles doivent rap–

pellcr le fouyenir des belles aétions, la mén¡oire des ma·

¡:itlrats, des gQerriers illutlres, des boos ciu y¡:ns . La

plilpart des c<!rémonies, des ériquettes de nos gouver·

nemeos modért!s de l'Europe, ne conviendrojem qu'aux

defpotes de

1'

Afie;

&

beaucoup

font ridicules,

pare~

qu'clles n'ont plus avec les mreurs

&

les uCages les ra¡l–

ports qu'elJes avoient au

tems de leur intlirution; elles

étoient refpeétables, 'elles font rire,

Le.

ligislattur

ne

négli~er,a

pas les maní¡:res; qQan4

elles ne f<>nt plus

l'e~preflion

des mreurs. elles

CIJ

font

1~

frein ; elles forcem les hommes

3

paro!tre ce qu'ils

dcvroient

~ere;

&

(j

elles ne

rcmpJac~nt

qu'imparfsitc–

ment les mmurs, elles ont pourtant !Ouvenr les memes

et!i:ts: c'ell du lieu de la réfidence du

llgislate11r,

c'ell

par fes exemples, p3r cclui des )10mmes rcfpcélés

1

9ue

les manieres fe répandcnt dan¡ le p<upld.

Les jeux publics , les fpedacles, les alfcmblées feront

un des moyens dont le

llgislateur Ce

(eryira pour unir

enrr'e11x les citoyeos; les

Jeu~

des Grecs, les confroirie>

des Suilfcs, les coneries d'Angleterre, nos

f~tes,

nos

fpeétacltS

répandent

l'cfprit de fociété qUÍ CQnJrÍbUe

a

l'efprit de p11riotifme. Ces alfemblées d'.,lleurs t\Ccoll–

tttment les hommes

a

fentir le pri< drs

regards

&

<!u

¡ngement

ele

la multitude; elles augmentent l'an¡our de

la gloire

&

la craimc de la J!ontc. 11

nc fe

féparc de

ces alfembldes que le vice timide ou la prétcntjon fans

Cueces; en fin quaod elles n'auroiont d'utilité que de

multiplier nos plailirs, elles mériteroient encore l'arten–

tion do

flgislatertr.

En fe r1pcllant les objets

&

les príncipes de

tout~

lé–

gislatipo,

il

doit, en proportion de ce que les hommes

ont perdu de leur liberté

&

de lcur égaliré, les dédom–

mager par une

jouilfance tranquille de leurs bien;,

&

une prNeétion comre l'all!orité qui les

emp~che

de dc–

lirer un gouvernelflent moins abfolu, mi l'avamage de

plus

~e

liberté el\ pre[que tnujours rroablé par l'inquié·

tude de la perdre.

Si le

llgislate>ir

ne refpeéte ni ne con(ulte la volonté

générale;

&'il

iait fentir fon pou voir plus que celui de

'

~