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LEG

rrc ou les fort16er par fes lois. 11 faur chez les peuples

d'Europe chercher les caufes des pré¡ugés, des ufages,

des m<Eurs

&

de leurs coutrariétés, non-feulemem dans

le gouvernemeot fous Jeque\ íls vivent, mais auffi dans

la divcrlitt des gouvcrnem<ns fous lefquels íls om vé–

cu,

&

dont chacun a laiífé fa trace. Oo troove parmi

nous des veftiges des aociens Celres; on y voit des ufa–

ges qui nous viennent des Rotmins ; d'autres nous ont

été apponés par les Germains, par \es hnglois , par les

Arabes,

&e.

Pour que les hommes fentent le moins qu'il efl pof–

fible qu'ils ont perdu des deux

~vantages

dq l'état

d~

natore, l'égalité, l'indépendance

1

le

llgislate11r,

dans

tous les climats, dans tomes le> cJfConftances, dans ro

u~

les gouvernemens, doit fe

propaf~r

de cha

0

ger l'efprit

de propriété en efprit de COIJlQJunamé; les législatious

foot plus ou moins parfaites ,

f~lon

qu'elles

ten~eot

plus

ou moins

a

ce but;

&

e'e(\

i

mefur~

q¡t'elles

y

par–

viennent le plus, qu'elles procureot le plus de féqurité

&

~e

bonhcur pollibles . Qhez un peuple ot! regne l'e–

fpnt de ,communauté, t'ardre du priQce Oll du

m~glftrat

ne paroJt pas l'ordre de la patrie:

e

haque

~o

mme y de–

vient, comme dit

Metafl'l:~e,

compagno del/e leggi e non

feguace: /'ami

1:1

11011

1'

eftlave

de~

lqis

.

l,'amour de la

patrie e(\ le feul objel de paffio11 qui unllfe les rivaux;

il. éteint les diviíiooú

c~aque

citoyen ne voit dans un

CJtoyen qu'un lllembre utile

3

l'état; tous marcht nt cn–

fem?le

&

Canten~

VCr5

le

bi~n

COtl\lllUn

j

l'aJl10Ur de la

patn.e do_nne le

~lqs

n.oble de tous

l~s

courages : on Ce

facrtfie a ce qq

011

atme.

4'~mour

4•

la patrie étend

les viles, paree qu'il les porte vers mille ot>jers qui in–

!érelfent

le~

aut¡es :

il

él~ve l'~me ~u,deii'us.

des petits

totér~ts,

il l'épure, paree qu'il lui rend ttjoins néceii'ai–

re ce

qu'~lle

ne pour¡oit ob¡enir fans in¡ufiice; il

lui

donne l'emhou(¡afme de la vcrtu: un état animé de cet

efprit ne rnenace pas les

voilin~

d'invafion,

&

ils n'e11

out den

a

craiodre . Nous venous de voir qu'un état

ne peut

s'ét~ndre

fans perdre de fa liberté,

&

qu'a me–

fiHe qu'\1

re~ul~

fes bornes, il faut qu'il

ced~

une

plu~

grande

~U.t(\n¡é ~

UR

plus petit nombre

d

1

~ommes,

ou

-i

Utl fe1.1\,

jufqu'~

ce qu'eotin dcven,u un

gr~nd

empi:

re

1

le~

lois , la gloi¡e

~

le bq

nheu

r des peuples aillem

fe

p~rdre

daqs le defpotifme

1

l.Jn

état

o~ re~ne

l'a,

moqr c;!e

1~

pat¡te cram1 ce ma

lheu

r, le plus grand de

toqs \ refie e11 pai:¡;

&

y

lailfe les

~utres.

· Voyez les Suif,

fes\ ce peuple

~itox~n, refpe~é~

de 1'-Europe entieré,

~Uiol.lrés.

de na11ons

plu~ f!uiífante~

qu'eux : ils doivent

l~u;r

t¡aqqujlllté

~

.l'efiime

&

~

la

~onqance d~ !~u¡~

't'or~n~,

qu1 connoJifent leur amour poqr la paix, pour

la \J.bcrté,

~ po

ur la

pat¡i~. ~¡ 1~

peuple oii reg11e cet

~fpn~

de

~o

!ll.ml

\nau¡~

ne reg¡et¡e poi

m

d'avoir foqmis

f~

valome

~ la

volonté

gé11~rale,

voye.t¡

DRO!T'

NII,–

TUR

EL; s'il ne fem point le poids de

la loi ,

il

fem

~n.co~

e

ri!oil1s

c~ll\i

des i!1Íp0rs; il paie peu, il paie avec

)

Ole .

. Le

pe~ple heureu~

fe multiplie ,

&

l'eméme po–

pu,latton

de~tent

une caufe uouvelle de fécuriré•

&

de

~n~ur.

·

-

Ila~

la législation ¡out efi lié, tout

dépeq~

!'un de

\'a.utre, l'effet d'une bonne loi s'étend fur mme objets

~\fa~gers ~

cette loi : un b

ien pr

ocure un bien, l'etfet

~éa¡pt '

fur lá caufe, l'ordre

gén.ér~

l main1i~m

toutes les

P•.r9es,

&

chacune inftue fu

r 1'-aut

re

&

fur l'ordre gé–

~~r~l. L'~fp.rit ·~e co.mrlmn.~uté,

répandu

<tan~

le tout

1

fornfie, l1e

&

vtvifie le tour .

.

D~ns

les démocraties, les citoyeos, par les lois con–

(lltl\ttves, étam plus libres

&

plus egaux que daos les

t,utres &ouvernemens ; daos les

démocrati~s,

oii l'état, par

la part que le peuple prend aux affaires, efi

r~ellement

l:t,

P.olfe~o11

de chaque pa¡ticulier, oii la foibletTe de la

patne augq¡e11te le patriorifme, ou les hommes d3us une

commuu~uré

de périls deviennent nécetTaires les

un·~

aux

~urres,

&

oí\ la venu de chacun 'd'eux fe fortitie

&

¡ouit de

1~.

vert? de tous ; daos'les. démocraties, dis-je,

11 f aut rnpms d art

&

mqio; de fom que dans les états

ou la Pll1ífance

&

l'admiuiflratiou font entre les mains

d'un petir nombre ou d;un feul .

-

.Quand l'efprit de commuuauté n'efi pas l'effet néce(–

falte des lois conflitatives, il 'doit l'étre des 'formes, de

quelques. lols

&

de l'admi11ifiration. Voyez en nous le

. erme de paffion_s qui nous

oppof~nt

a

~os

femblables.

t~mOt

comme nvaux, tant6t comme ennemis; voyez

e~

nous le germe de paffions gul nous

unitT~nt

·a

la fo–

CJété : e'e(\ au

l(gislateu,r

~

réprimer les

un~;

a

exci–

t~r

les autres ;

~e~

en excitant

e~:s

paffions faciales qu'il

dtfpofera les citoyen!

a

l'~fprit '

de com'mtina.uté: .

11

peor par

de~

loJs qu¡ rmpofent aux citoyens de fe

rend~~

des fervices muruels, Icor faire une habitnde de

!'h~\l~Wlité;

¡¡

~cut

par

des

loi~

faire

de

.;eu~ ver~

un

LEG

des retTorts prirrcipaur de fon gouvernement. Je p1rle

'd'un pofl'lble,

&

je le dis poffible , paree qu'il

a

été

réel fous l'aurre hémifphere. Les lois du Pérou ten·

¿oicnt

a

unir les citoyens p11' les chaines de l'humani–

té;

&

comme dans les autres lé¡;islatioos elles défendent

aux hommes de fe faire du mal, au Pérou elles leur

ordqnnoient fans celfe de fe faire du bien . Ces lois en

établitTaot (

~utan¡

qu'il ell poffible hors de l'état de

oatt¡re ) la cornmuoauté des biens, atfoiblifioient l'efprit

de propriété, fource de tous les

vic~s.

L es beaux jours,

les jours de

f~te

étoient

a~

Pérou les jours ou on cul·

tjvoit les cl¡amps de l'état,

l~

charnp du vieillard ou

celui de l'orphelln: cl¡aque citoyen travailloit pou: la

maífe del citoyeos; il dépofoit le fruit ele feo travail

qans les

m~~afios

de

l'~tat,

&

il

recevoit pollr récom–

penfe le fruit du travail des autres. Ce

p~uple

n'avoJt

d'eouemis que

l~s

hammes capables du mal ; ti attaquon

des peuples voifios pour lellr Oter des

ufa~es

barbares ;

les Incas youloie11t attirer tQutes les natioQs

a

leurs mceurs

~imables.

En combattant les

aotropopha~e;

mEmes, ils

évitoicnt de les dotruire,

&

ils fembloient chercher moius

la fouJTJitfton qqe le honheur des vaiocus .

.

.

Le

1/gi,/ot•~r

peut établir un rapport de btenve¡IJance

de lui

a

fon peqple, de Con peuple

a

lui,

~

par·la

é~ea­

dre l'efprit

d~

cqmmunauté . Le peuple

~1me

le prmce

qui s'oGcupe de fon bonl¡eur

¡

1~ prjoc~

aime des ho!Jl·

111es ql\i lui c;onfient leur dellinée

i

.rl a1me

~~~ l~.mou¡s

qe Ces vertus, les

org~nes

de fa glotre ;

~a

QJeQveJllance

f~it

de

l;~~at

une fa111l1Je qui n'obéit

qu'~ !'~utorité

pa·

remelle;

f~os

\a

fupe~flltiqn

qui abrnt!ífott fQ!'

flecl~

&

rcndoit fes peuples féroces, qu_e

n'~urQJt

pas fa11 en

Fr~o­

ce un priqce comme Henri

IV!

J?ans 1ous. tes

t~ms

.•

dans rqutes les

mon~rchie~,

les pnnces

l¡~b1les

ant fa1t

ufage du rcUort de la bienveillaQce

¡

le

plu~ gran~

élogc

qu'on puilfe faire d'un roi efi celui qu'un hiflor(eQ <la·

nois fa1t

c!e

Canut·le,&n

1

i/

-v!cut ."'!'"fes

p~upl~s

<•>11·

me

""

pert

a'/Ju

fo~

enfans.

L'amUJ~

, la

bJenf~¡rance,

la

géné~Q{ité

, la

reconnoiífanc~

fer9DI

néceffa~rement

des

v~rtQS

communes dans un

go\lyern~ment

dont la

bienyeillance e(\ un des

princi~u~ relfor~s;

ces vertU$

ont. cqmpofé ies m<rurs chinoift;.s

jufq.u'au

~e¡¡n~

de

Cht·

T

-Sou . quand les

empereur~

de cet

~mp.1re,

trap

v~fle

pqqr une ll)OOarchie rég\ée, QI\t

~-o1nmencé

a y

f~1re fentt~

la

cratnt~,

quand ils ont

m0111~

fatt dépen–

drc leur amorité de l'amour des pcuples q1,1e

qe

leurs.

foldats tartares, les mceurs chinoifes ont ceii'é

d'~t.r~

¡>u–

res, mals elles fom rell ées douces .

On ne peur imaginer

qu~lle

force, quelle aélivi1é,

quel

enthonfiafm~,

quel

cóu~age

peut répandre dans le

péuple cet efprit' de bienveillancé,

&

cambien !1

in~ére!fe

toute la natia[l

a

la con¡muuauté ; ¡'ai du p¡a1fir a

d~re

qu'en

F

rance on eq a vu

des

exeinpl~s

plus d'l

,me fois:

la

~ienveill~nce

efi le feul ¡emede aux abus.

l

~éyJtab.l.es

dan~ ~es

gouvertjemens qui par leqrs

conilttuu

~ns l~tf·

fent le moins de liberté aux citoyens

&

le

t110IDS

d é–

galité

en¡r

1

eu~,

Les

toi~

conflitutiyes

&

viles

iofp,ir~ront moins la

bi~nveillance

que la conduitc du

llgis{a·

tmr,

&

les formes avec lefqllelles on 31\Donce

~

oq

eiécute fes vo\ontés .

Le

/l$islateur

excitera le fentiment de

l'houneqr ,

c'ell-:\-d~re

le defir de l'eflime de foi-móme

&

ejes.

~o.·

tres, le defir

d'~tre

honoré, d'av

0

ir des honoeqrs.

C'e(l

un rdforr nécelfaire daos tous les

¡¡ouverne~ens ~

mais

le

llgis!atmr

aura ('oin que ce fenument fott

co~me

a

Spart~

&

a Rome' uni

a

l'efp.rir de

cotnmunli,UI~ '

&

que le cltoyen attaché

a

fon p,rQpre hon(\eur

~

a

fa pro–

pre gloire' le foit' s'il fe peut' davantage

a

l'~onneu,r

&

il

la gloire de fa p.atríe .

11

y

avoit

i

R,om" un

t~m­

ple de l'honneur, mais on ne pouvoit

y

entrer qu'en

patram par le temple de la ver1u.

~e f~nument

qe

l'ho~neur féparé de l'arpour de la patrie, peut rencjre les CJ•

toyens capaQles de grands effoitS

po.ur

~lle,

111.ais

il

uc

les unit pas ent¡'eux, au co.ntrai

re il m

ultipl,ie pour eux

les objets. de jaloufle :

l'imér~t

de l'état ell

qu~lqucfois

facrifié'

a

l'honneur

d'un f~ul

citoyen'

&

l'honneur les

porte tous plus

a

fe diflingu.er

les uns des autres , qu'.l

concourir fous le

jo. ug des.

de~oirs

au maiq\Jen des lo1s

&

au bien génér

al.

Le

llgislatwr

doit-il faire

ufag~

eje la religion com–

me d'un reii'ort

priucip~l d~ns

la machine du gouver–

nement?.

Si cette religion

en

faulfe, les lnmieres en fe répan•

dant parmi les hommes fera)lt connoitre fa fauii'eté ,

non

p~

a

la derniere elalfe du

pe~ple,

ll\ais aux pre–

miers ordrf.S des citoyeus ,

c'efl-a-d~re

aux hommes de–

fiiués a con,duire les autres,

&

qoi leur doivent l'exem–

ple du patriotifme

&

des vertu's: or fi

1~

religion aoit

it~

la fource de leurs vertru, 'une fois Mfabofés. de

c~tto

.

telt•