t86
LEG
hous paroi!Tent pas forc convaincantcs,
&
que fes rai–
fonnemeos fur ce fujet
font plu mathématiques que
phyfiques. De ce qu'une quantité mathémat1que apres
:avoir été politi
ve,
devient négative, s'en fuit·il qn'il en
doit étre la méme chofe des forces qui agi!Rnt dans la
nature? c'efl cooclure, ce me femble, de
l'abfhait au
réel, que de tirer cette conféquence .
Yoyez
R
É
PuL·
SION .
(0)
L
É
G
E R
E
TÉ,
(Mor.)
ce mot a deux fens; il
fe
prend pour le contraire de
gt·ave, d'impurtant;
&
c'ell
daos ce fens qu'on dit de
l•gers fervices ,
des
fautes le·
geres .
D ans l'autre fens,
llgcretl
efl
le caraélere des
ftommes qui ne tieooent fortement ni a leurs príncipes,
m a leurs habitudes,
&
que l'imérct du momem déci·
de. On nomme des
llgerttb
les aélions qQi font l'effet
de ce caraélere :
llgeretl
dans l'elprit efl quelquefois
prife en bonne pare; d'ordinaire elle exclud la fuite, la
profondeur, l'application; mais elle n'exclud pas
h
faga·
&itl,
la
viva<itl ;
&
quand elle efl accompagoée de quel·
qn
e imagination,elle a de la grace.
,
LEGIFR.AT,f.
m. (
Hifl. mod.)
territoire ou di·
firiél foumis
a un légifere; ce terme efl employé dans
quelques auteurs luédois. Un roi
de
S\lede ne pouvoit
entrer a.utrefois daos un
ll¡,ifrae
fans garde; on l'accom–
pagnoit
aut1i en fortant ju(que fur la frontiere d'uo au–
tre
léy,
ifr.at.
Les p.eupli!r"lni préfentoient comme un
homrp•ge les fages précautions qu'ils prenoient pour la
confervar1on de leur liberté.
LEGlON,
f.
f.
(Are milit. des Romains.)
on for·
moit chez les Romains avec des foldats qui n'avoient
que leurs bus pour tout bien, felon l'ex?reffioo de Va–
lere-Maxime, les corps de troupes appellés
llgions,
du
m qt latin
legue
1
choiftr;
paree que quand on levoit des
llgionf,
on faifo1t un choix, dit Végece, de la jeunefTe
la plus propre
a
porter les armes; ce qui s'appelloit
de–
leé!um facere,
au rapport de Varron.
Dans les commencemens de la république, les feuls
citoyens romains infcrits au róle des tributs, foit qu'il s
habitafTent &eme, ou qu'ils demeuralfent
a
la
campa~ne,
formerent ces
llgions
invincibles, qui rendireot ce peuplc
l,es maitres du monde.
l,.es
légio11s
étoient compofées d'infanterie
&
de cava–
lerie, dont le nombre a varié fans celfe; de forre qu'on
pe doi.t pas étre furpris, fi les auteurs qui en o
m
parl é,
poroifTent fe contredire, puifque leurs contradiélions ne
vienuent que de la différence des tems.
P'al¡ord, fous Romulus inflituteur de ce corps,
la
llgim
n'étoit que de trois mille hommes d'infanteric,
&
de trois cens chevauJ. Sous les coofuls, elle fut
loug-tems de quatre rnille, ou de quatre mille deux cens
fantat1ins,
&
de trois cens cbevaux. Vers l'an de Ro–
me 412., elle étoit de cinq mille hommes d'infaóterie.
Pendant la guerre que
J
ules·Géfar fit daos les Gaules,
fes
~~~io"s
Ce
trouverent encare a·peu-pri:s compofées
du mé[J)e nombre :l'hommes . Sous Augufle, les
llgions
avoient fix mille cent fantat1ins,
&
fept cens vingt-fix
~hevau~.
A la mort de ce prince, elles n'étoient plus
que de cmq mille hommes d'infauterie, de fix ecos che–
vaux. Sous Tibere, elles revinrent
a
fix
mille hommes
de pié,
&
fix cens caV11iers. Comme Septime Severe
imaginª de former,
ii
l'imitation des Macédoniens, une
phalangc ou bataillon quarré de
trente mille hommes ,
¡:ompofé de fi<
légions,
nous apprenons de ce trait d'hi·
lloirc, que la
1/gion
C:toit alors de cinq mille hommes .
Sous les empereurs fuivans, elle rcprit l'aucieo état qu:
~lle
avoit fous Augufle.
11
réfulte é videmment de ce détail, que _P.OUr connoi •
tre la force des armées romaines daos les d1fférens terns,
ii
faut étre au fait 'du nombre des
llgiQns
que Rome le·
YOÍt,
&
du nombre d'hommes qui compofoient chaque
llgion .
Les variations ont été fo rt fréquentes
fur ce
dernier point; elles l'ont été de
m~me
par rapport au
premier, du·moins fous les empereurs; car du tems de
la répul¡lique, le nombre des
llgio11s
fut
long·tems li–
mité a quatre
llgions
romaines , dont chaque conful
eommandoit deux, avec autant des alliés.
Q uaud Annibal fe fut emparé de la citadelle de Can·
nes, on fit
ii
Rome, dit Polybe, ce qui ne s'étoit pas
encare
f~it;
on compara l'armée de huir
!IJ<ions
chacu·
ne de cinq mille hommes, fans les alliés. C'étoient alors
des
Ugion!
f?umifes a
l'~tat;
mai¡ qunnd le luxe eut fait
des prqgres m¡men fes daos Rome
{k
qu'il eut confu–
rné le bien des particuliers, le magiflrat comme le fim–
p~e citoy~o.,
l'officier,
&
le foldat, portere¡¡t leur fer·
VJtude ou tls crurent \rouver leur
intér~t.
Les
1/gions
de la ré publique non·feulement augmeo·
ferent en nombre, mais devinrent les
llgions
des grands
~
des cbefs de pani
i
&
pour attacher le foldat
il
leur
LEG
fonune , íls diflimulerent fes brigand•ges,
&
n!gligerent
la difcipline militaire ,
a
laquclle leurs
anc~tres
devoient
leurs
conqu~tes
&
la gloire de R ome .
·
Ajoutons que les
llgions
oe fureot compofées de ci·
toyens de la ville de Rome, que jufqu':\ la deflruélion
de Carthage; car apres la guerre des
alli~s,
le droit de
bourgeoilie romaine ayant été acczordé
a
tomes les vil–
le;
d'ltalie, on rejetta rur elles la levée des troupes lé·
giouaires,
&
tr~s-peu
fur Rome.
Ces troupes néanmoins s'appellerent
romaines,
paree
que les alliés participaot aux mémes priviléges que les
citnyens de Rome, étoient iocorporés dans
la
répu·
blique.
Mais l'empire s'étant aggrandi de tmlles parts ,
les
villes d' ftalie ne purent fournir le nombre d'hommes
nécelfaire
a
la mulciplicité des
1/gions
que les empereurs
établirent. lis les formerent alors des troupes de toutcs
les provinces,
&
les di rlribuerent fur les
frontieres, o
u
on leur afligna des carpps,
caflra,
dont quelques-uns
font de.venus des villes par fucceflion de teros; de·l:l.
tant de noms géographiques, o
u
le mot
caflra
fe trou ve
inféré.
11
nous faut préfentement indiquer les différentes par.
tics
&
les différemes forres de foldats, dont la
ligio,.
romaine étoit compofée.
Romnlns
a
qui Rome doit cet établitfcment, la divifa
en dix corps, qulon nommoit
ma11ipules,
du notn de
l'enfeigne qui étoit
a
la téte de ces corps,
&
qui
con~
filloit en une botte d'herbes, attachée au bout d'nue gaur
le . Ces corps devinrent plus forts, a mefure que la
11-
Kion
le devint;
&
toutefois lorfqu'oo cut pris d'autrts
enfeignes, ils ne lailferent pas da rctenir ce premier uom
de
manipule.
On fit avec le tcms une
nou1rell~
divifion de la
11-
gion
qu i néanmoios fut toiljours de dix part;es, mais
qu'on appella
cohortes,
dont chacunc étoit commandée
par un tribun
:
chaque cohorte étoit compoú!c
de
trois
manipules' forts
a
proportiou de la
llg••n.
On attribue cette nouvelle divifion
á
Marius. Elle
continua depuis
dl~rre
toujours
la méme, rant lous la
république, que fou> les emperenrs. La
llg>o>t
étoit done
compofée de trente manipules
&
de dix cohortes ou rér
gimeus, pour parler Iuivant nos ufage , plus ou moins
nombreufes , íelon que la
llgion
l'étoit.
Mais
il
faut remorque• que la prem;erc cohorte éroit
plus forre du double,
&
qu'on y pla5oit les plus grands
hommes; les neuf autres cohortes éto1ent égales en nom·
bre de foldats. Ces dix cohortes formo ient dix baraillons,
qui fe rangeoient fur trois
lignes. Si la
llgiun
ttoit
d~
fix mille hommes, le manipule étoit de deux cens hom–
mes ou deux centuries .
Une
1/gion
étoit compofée indépendamment des ca–
valiers , de quatre forres de fnldats, qui tous quatre
ayoient différent
~ge,
différentes armes ,
&
différens
noms . On les appelloit
vllittJ, hafiaires
,
p<inces
&
triairu; voy<z
VÉLITES, HASTAIRES, PRrNCES
&
TRrAJRES, car ils méritent des articles féparés.
Les
l.!¡[ions
íous la républiquc , étoicnt commandées
par un des aonfuls
&
par leurs
lieutcrlans. Sous les
cmpereurs, elles étoiem commandées par no officier
gé·
néral qu'on nommoit préfet,
prtr(télltr excrcituum.
Les
tnbuns militaires commandoicnt chacun deux cohortes,
&
portoieut par dillinélion l'anneau d'or commc les che–
valitrs. Chaque manipule avoit pour capitaine un offi–
cier, qu'on appelloit
d~<cmtaiu,
quand
la
lé~ion fu~
parvc1¡ue
i
fix tpille hommcs d'infaoterie: de méme qul
on nommoit
ceneurion,
celui qul commandoit une cen–
toric. Les tribuus mllifaires élifoient les cenmrious,
&
ceux-ci éli(oient leur liemenant, qu'on
nommoi~
fuocm–
tJ<Tion
,
&
qu'oo appella daos
la fuitc
optio"
.
V
oye
:c.
ÜPTION.
.
Quam aux
llgiom
que les alliés fourn itfoicnt, ceux
qui les commandoicnt é10ient appellús
prlfets
du
tems
de la république , mais ils étoient
a
la nomination des
co.nfnls ou des généraux d'armées .
Chaque
l.!gio~
avoit pour enfei¡¡ne générale une aiglo
les a?les déployées, tenam un foudre dans fes [erres.
Elle étoit poflée fur un petit pié·dcflal de meme mé–
tal, au haut d'une pique; cette figure étoit d'or ou d'ar–
gent, de la grotfeur d·uo pigeon. Celui qui la portoit,
s'appelloit le
porte·aigle,
&
fa garde ainli que fa dé–
fenfe, étoit commife au premier centurion de la
llgion.
Ce fut Marius, felon Pline,
/iv.
X.
c.
iv.
qui choi·
lit J'aigle feule pour
l'~nfeigne
générale des
llgiom
ro·
maines; car omre l'aigle, cbaque cohorte avoit
fes
pro·
pres cnfcigncs fuites en forme de perites bannieres, d'une
étoffe de pourpre, ou il y avoit des dragons peints .
Chaque manipule
&
chaquc centurie avoit auffi fes en-
.
·
feigocs