LAN
&
qu'ellc n'a jamais effuyé de tran[migrations;
&
l'hi –
floire 11c parott pas nous apprendre que les fmlicns ayenc
jamais envoyé
d~s
colonics
affe~
coauidérables pour dé–
peupler lcur patnc.
Mais la transl:1tioa1 du fiege de l'cmpire romain
il
By–
fance attira d1ns cctte nouvclle
c~pitalc
un grand nom–
bre de familles ambitieules,
&
inlenfiblemenc les princi–
pales forccs de l'ltalie. L es irruption fréquentcs des Bar–
bares de toute efpcce qui l'inondereau fucccni v"ment
&
y
établirent leur domination, diminuerent fans ceffe le
nombre des naturels;
&
le
defpotifme de la pl úpart <le
ces conquérans achcva d'impofer
a
la populace, que leur
fureur n'avoit pas daigné perdre, la néce!lité de parlcr
le langage des viétorieux .
L3
pl
a'
pare de ces Barbares
parloient quelque dialcéte du celtique, qui étoit le lan–
~age
le plus <.'tendu de l'Europe;
&
c'ell d'ailleurs un
tait connu que les Gaulois
eux·m~mes
onc eonquis
&
habité une grande partie de 1' ltalie, qui en a
re~
u le nom
de
Gaule ÚJ·tJipinc.
Ainli la
J,mg~te
italienne moderne
ell encore entée fur le meme fonds que
l3
nótre; mais,
avec cette ditférenee, que ce fonds nGus efl nacurel,
&
qu'il n'a fubi entre nos mains que les
changemen~
né–
e&ffairement amcnés par la fuccenion ordinairc des tcms
&
des con.1eaurcs; au licu que c'efl en ltalie un fonds
i!tranger,
&
qui n'y fut introduit dans Con origine que
par des cauCes cHraordinaires
&
violentes . La chofe ell
w
peu po!lible autrement, que, fuppofé la conflruétion
analogue uútéc dahs la
languc
primitivo, il n'ell
plu~
poffible d'expliquer !'origine des
ltmgueJ
tranfpofitivcs ,
üns rcmonter juCqu'a la divifion aniraculeufc arrivéa
a
llabel:
&
cette remarque, développée autam qu'elle peut
!'~ere,
peut erre mife parmi les motifs de
crédi~ilité
qui
établilfent la certitude de ce miracle.
·
·
2°.
Pour ce qui concernc Jeg différentes efpeces de
moc•,
une memo idée fpécifique les cara.:terife dans cou-
' res les
Jangua,
paree que cette idéc efl le réfhltat né–
ccff•ire de l'analyfe de fa penfée, qui ell néceffairement
la
an~me
par-tour: mais, dans le détail des individus,
on
rencomrc des différences qui fom les fuites nécef–
fairc• des circonflances ou fe font trouvés les pcuplcs
qui par
km
eos
lawgtus;
&
ce; .différcnces conllitueot un
íccond
c~raétere
diltinélif du génie des
langueJ.
Un premier
.Poin~ ,
eu quoi elles
diife~enc'
a
cct égard,
c'efl que oertames tdées ne font cxprlmées par aucun
terme dans une
/.mgue,
quoi-:¡u'dles ayenr dans une nu–
tre des fignes propres
&
~rt:s-énergiqucs
. C'ell que la
nation qui parle une de ces
ltmgucJ,
ne s'efl point trou–
vée dans les conjcétures propres
a
y faire naltre ces
idées, done !'aune nacion
•11
contrairc a eu occafion d'ac–
quérir
b
conuoilfanae. Cambien de termes, par excm–
ple, de la taétique des anciens, foit grecs, foir romains,
que nous ne pt>u>ons rcodre dans la nótro, paree que
nous tgnorons lcurs ufages? N ous y fuppléons de notrc
mieux par des defcriptions tou¡ours imparfaites, ou, fi
nt>us voulons énoncer ce¡ idées par un terme, nous le
prenoos matériellement dans la
la"~"c
ancienne doot il
s'agit, en y attachant les notions ialeomplettes que nous
eu avons. Combien au comr:-drc n'avons-nous pas de
termes aujourd'hui dons notre
lang"e,
qu'il ne feroit pas
poOible de rcndre ni en grec, ni en latín, paree que nos
idées moderncs u'y étoicnt poim connues? Nos progrcs
prodigieux dans les fciences de raifonnemens, Calcul,
Géométrie, Méchaniquc, Aflronomie, Mée>phylique,
Phyfique expérimemale, H iltoire nacurelle ,
&c.
om mis
dans nos idiornes modernes une richeffc d'expreffions
1
dont les anciens idiomes ne pouvoicnt pas meme avoir
l'ombre. A1oute'L-y nos termes de Verrcric, de Véné–
rie,
Je
Marine, de Commcrce. de guerre, de modes ,
de relit¡iun,
&c.
&
voilii une fource prodigieu fe de dif–
férenc•s entre
ks
langtteJ
modernes
&
les at1cicnnes.
U
na feconde différence des
/ang:us,
par rapport aux
diverfes efpeces de mots, viene de la tournure propre de
l'efprit nacional de chacune d'elles, qui fait cnvifager di–
verfemenr les memes idées. Ceci demande d'etre dévc–
loppé.
lJ
f:mt remarquer dans la !ignification des mocs
deux Cortes
d'ad~es
conltitmives ,
1'
idéc fpécifique
&
J·iJée individuellc . Par l' idée [pécitique de
la
figni–
ñcation des mees, j'eocens le poi
m
de vue général qui
caraélerife chaque cfpece de mots, qui fait qu'un mor
efl de tclle efpcce plutót que de celle autre, qui par con–
féqucm conviene
a
chacun des mots de la
m~me
efpe–
ce,
&
ne convient qu'aux mots de cene feule efpece .
'efl la ditférence de ces points de vue généranx, de
ces idées fpécifiques , qui fonde la différence de ce que
ks
Gramm~iriens
appellent
lcJ partia d'oraifon,
le nom,
In
pronom, l'adjeétif, le vcrbe, la prépofition, l'<ldver–
he,
h
conjonB ion ,
&
l'imerjeétion:
&
c'eflla différence
des points de vue acce!Toires, done cbaque idée fpéoi-
'Tome IX.
LAN
fique ell fu(ceptible, qui fert de fondement
a
13 foufdi–
vifton d'uoe partie d'oraifon en fes efpeces lubalternes;
par exemple, de>
no.nsen fubflantifs
&
abflra.:t;fs en
propres
&
appellatifs,
&c. Voyn
N
o
M.
Par
l'idé~
in–
dividuelle de
la
fi~nification
i:!es mocs, j'entens l
'id.éefin¡:1tliere qui caraéterife le fens propre de chaque m
oc,
&
qui le difliogue de tou• les autres mots de la an2me
efpcce, paree qo'elle ne peut convenir qu'a un Ceul m oc
de la méme efpece. Ainfi c'efl
:l.
la différence de ces
idées fingulieres que tieait celle des indil•idus de chaque
partie d'oraifon, ou de ch1que eípece fub1lrerne de cha–
cunc des partics d'oraifon:
&
c'crt de la dííférence des
idées acceffoires dont chaque .jdée individuelle efl íhfce–
ptible. que dépend
1:1
différence des mots de la
m
eme
efpece que l'on appelle
fynonym<J;
par exemple, en fran–
c;ois, des noms
1
pattvrctl'
indigen~t'
difrttt,
b~foin
,
nlct/Jitl;·
des adjeélifs,
malin,
ma~tvais,
méd1ant, ma–
/;cieux;
des verbes,
f~cuttrir,
ai.:ler, a/Jificr.,
&e.
f7oyez
fitr
tous ces mots les
Jlnonyma franfOiJ
de M .
1'
Abbé
Girard;
&
ftu
la
thlorte glnlrale du fynonyma, l'arti–
c/,
SYNONYMES. On fent bien que daos choque idée
individuelle,
il
faut díllinguer l'idée principale
&
l'idée
acceffoire: l'idée principale peut étre commune
a
plu–
fictu.s mots de la
m~
me efpeee, qui difierent alors p>r
les idécs acceffoires. Or c'efl jultemcm ici que fe trouve
une Cceonde fource de différences entre les mots de•
diverfes
langtt<J.
ll Y.
a telle idée principale qui Cll!re
dans l'idée individuelle de deu
x
moes de méme efpecc,
appartenans
1i
deux
/a,gtteJ
différentes, fans que ces deux
mots foient exademcnt fynonymes l'un de l'aucre: dans
l'un~
de ces deux
langrteJ,
cetce idée principale peut con–
flituer feulc l'idée inaividuelle,
&
recevoir dans l'autre
quelque idée acceffoire; ou bien, s'allier d'une part avec
une idée acceaoirc,
&
de l'autrc, avec une autre
tour~
difiércnte. L'adjcétif
vtteuuJ,
p>r exemple,
a
dans le la·
tin une fignific:ttion
trcs-~énér~le,
qui étoit enCuite dé–
terminée par les d!fférentes applicadons que l'on en fai–
Cvit: notre
fran~ois
n'a aucun adjeétif qni en foit le cor–
re[pondam axaét; les divers adjeétifs, done nous nous
fervons pour rendre le
'VflCf!TU
deS
lJtillS
1
ajoUtCfl[
a
}'i~éC
!(Ónéralc, qui en conflime le fe:ts individue!,
q~elqucs
id<!es acccffoires qui fuppoíoient dans la
/ar.gur
laune des
appllcations particulíeres
&
des complémens , aJoutez :
Glndi(ff vagina
v(JCHUJ,
une épée
~ue;
vagina
e.nfe.
'V:J–
crta,
un fourreau vuide;
vacruu amm:!J ,
un e[[>r·t ltbrc,
&c. Voyn
H YPA.LLAGE. Cette feco nde diftcrence des
Jangua
en un des grands obflacles que l'on renconare
dans la traduétion,
&
!'un des plus diffi ciles
:1
liwnon–
ter f:tns altérer en quelque chofe le cexte original. C'efl
au!li ce qui ell caufe que juf<¡u'ici l'on a fi peu réuffi
a
nous donner de bons diélionnaires, foit pour les
/a,_
gt1~t
martes, fof[ pour les
lalt?.,IUJ
vivantes: on n'a pas
alfez analyfé les difierentes idées partid les,
f~it
prJnc!–
pales, foit acceffoires, que l'uf:tge a auachées
o
la
llgm–
ficacion de chaque mot
&
l'on ne doit pas en ctre _fur–
pris. Cette anal
y
fe fuppofe non-feulement une logaque
Cílre
&
une grande íagacité, mais encore une leéture im–
menfe, une quamité prodlgieufe de comparaifons de tex–
ces,
&
conféquemmenc un coursge
&.
une con llanee
ex–
traordinaires •
&
par ropport
a
la glmre do fueres. un
déliotéreffement qu'il efl ou!li rare que ditlicile de trou–
ver dans les gens de lettres, méme le< plus modérés .
Vo)'•:t.
DICTIO~l<AIRE.
i§.
11 . Si les
la11gua
ont dtS propriétés communes
&
des caraéteres difierenciels, fondés fur la m•nierc dont
elles envifagent la penfée qu'elles fe propofent d'expri–
ancr · on trouve de
m~me,
dans l'ufage qu'elles font de
la
V~iX ,
deS procédés communs.
a
toO~
les. idiomes,
&
d'autres qui
ac~event
qe caraéténfer le géme. propre de
chacun d'eux . Ainfi comme les
Jangua
datterent p:tr la
maniere de deOiner
l' ori~inal
cummun qu'elles oot
a
peindre, qui ell la pcnfée , elles dificrent au!li par le
choix , le mél3ngc
&
le con des
cou~curs
qu'elles peu •
vem employer, qui font le• fans oruculés de la_ votx.
J cttons eocore un coup-d'reil
fttr
les
langun
conhdéré.cs!i>us ce double poi
m
d: ,·ue , de reffemblance
&
de dtf–
féreuee dnns le matériel des fans. Des mémoires
M . S.
de
M. le préfident de J:lroífes nous fouroiront ici les
principaux fccours .
1
°.
Un premier ordrc de mots que l'on peut regar–
der comme naturcls, pui[qu'ils fe retrouveo( au
rr.oi!"s
it
-pcu-pri:s les mémes daos toutcs les
/a;:gua,
&
qu'¡Js
ont dQ emrer dans le fyficme de la
lm:gue
primirive, ce
fonr les inrerjeélioos, effets n€celfaires de la relation
éca–
blie par la oature encr.e cerroincs
aff~étions
de l'ame
&
certaine$ porties orgamqu: s d_e la vol! .
Voy e:t.
ls':I!R ·
JECTIO~.
Ce font les premaers mots, les .Plus
~llCICDS,
les plus originaux de
lo
fm;gru
primitive ; !ls fo'?t mva.-
D d
nablcs