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LA~

Mal~

il faut bien s'y ref01¡dre,

puifq~t'il e~ c~rtain

fl Ue la pr<¡greffion

•.•~.turcl\e

des

~hanr,emens

qUJ arnve01

aux

langu

<I o

'opere

.&

Re peut ¡ama/f.

o~qer

la confn,

lion entre

J.es

hommes ,qui parleut oCJgmm.emenr la

m~me .

S.j

UU

p1

rtÍculier altere l' uCage comroun, fon. exr

ph:ffiou eR dfabord regardée commc une

faut~,

ma1s oo

l 'e1ueod ciu on l.e faí< C·J pliquer : daos l'¡.m on l'autre

b s , ón 1ui iudiqae 13 loi

~ xée

par l'uCage, ou du-molns·

on le la rappelle. Si cene faute particuliere '· par

qu~le

"qu'unc des cauCes accidentellcs qui fon¡ vaner les

lan·

j¡Nu ,

vient

a

p~rfer

de bouche en

bo~che

fr.

•a

fe ré·

-peter , elle ceCfe entin d'é[¡e faute; elle acquiert l'auro–

rité de l' ufage' elle deviem propre

a

1~ m~me

langue

qui

]a coodamnoir autrefois; mais nlors ,-nt!me on s'entend

encare, puifq u'on fe répet<. Ainli

~ntendons·nous

les

écrivaihs du fiecle dernier, fat!s 3ppcrcevoir entre eux

&.

no9s que des

diff~reoces

légeres qui n'y caufent au–

cune eonfulion; íls em.endoient pareillement '"eux du

ti

e–

ele 'précédent qui étoient dar¡s le

m~me

cas

:l

l'égard des

iluteu·rs du liecle 3utérieur,

&

ainli de fuite jufqu'au tems

de C harlemagne, de Glovis,

ti

vous vGule:r., ou

m~me

j ufqu'aux plus aneiens Dru"ides

1

que nous n•emendon5

plus . M ais fi la vie

de~

' humme¡ étoit a(fez longue pour

que qrielques Dru"ides vécuífent encare aujourd'hui, que

la

lang He

fút changée comme elle l'ell, ou qo'elle Re

le

fOt pa¡ , il y aoroit e.ncore inrelligence enrr'eox

&

i¡ous

1

paree qu'ils "aoroienr été a!rujertls

~

céder au

t~>r·

renr

~es

décifions des uCages des ditférens fiecles. Amfi

c~ell

úne vérirable illulion que de vouloir expliquer par

deJ

cau[es naturelles un éve"l'ment qui ne peut erre que

lnuaculeux .

·

D'antres auteurs,

coovainC!uS

qu'íl n'y avoit point de

eau[e afli gnable dans l'o rdre natmel, ont voulo

e~pli­

qué,r en ·quoi a pu confiller la révolution

~tonnanre

qui

li t abandc¡nner l'entreprife d; Bobel .•, M a

penr~e,

dit

, do T rembla•,

7"raitl de1

langues,

ch. •·i.

ell que Dieo

, difpofa alurs les organes de ces homme; de telle ma–

"

niere, que lorfqu'il\ voulurent prononcer les mnts dont

,

ils avo ient comume de fe fervir, ils en prononcerent

, de

'tour ditférens poor

fi~ni6er_

les chafes dont ils

voulureot parler. Enforre que ceux dont Dieu vou·

lu¡ changer la

lan;-ue Ce

formerent des mots tour noo–

yea~x ,

en artieuiam

leur v'ofx d'une autre maniere

qtfl ls n'avoiem

accoutum~

de

le

fairC . Et

en conti–

nuan_t ainfi d'articuler lenrs voix d'une maniere nOu–

velle toutes les fois qu'ils parlerent, ils

fi:

firem une

,,

langue

nouvelle ; car

tOl'lte~

lcurs idé'es

fe trouvereut

,

jóímes

::tUJ

ter mes de ccttc nouvcllc

lnngu~,

uu

lieu

,

qu~el!es

étoicnt jointes aux termes de la

langru

qu'1IS

,,

p~rl~1em

auparavanr.

11

y

a

m~me

Heu de

croire qu'ils

~, oubl1cre1~t

tel lemem leur

lantru

ancicnne ,

qu~il s

ne fe

·H

fouven

ment p

as

mc!mc de J'avoir parl ée ,

&

qu'ils ne

?'

§

1apperc;

ureJ.lt

du changemcnt que paree qu'ils ne s'en–

,

r:er~

ntend

?Ienr

pas

toUs commc

auparav:mt .

C'eO

1'

~!nl1

q.oe

Je

con~ois

que s'cll fait ce changement . Et

,

luppole la puiífauce de D ieu fur fa créature , je ne

,

VOIS.

pas

en

cela un grand myftcrc ,

rJÍ

pourquoi les

,,

rabbms fe trJurmentcnt tant pour trou\'er la maniere

,

de ce changement

,, .

.C 'ell. encore

?o!me~

fes propres imaginations pour des

pufons

t

la mult plic.:mon des

lang ueJ

s pu fe f.'lire en tant

Oc:

mam.eres ,

qn'il n'efl p31;

pnffi ble

d'en

détcrminer avec

une

cerpro.de,

cornme pr4férée exclu livement

a

toures les

autrcs · D 1eu a pu "lailfcr fnbliller les mémes mor; radi–

!=aux. avec les

m~mes

figuifi cations , mais eu infpirer des

<léchn~Jfons

&

des confl ruélions différcnte<; 11 a pu Cub·

!htaer daqs les

~rpdts

d'aurres idées

a

cel\i:s qui aupa–

ravam éroienr

defi~nécs '

par

les

m~mes

mors

ahére

reulcmenJ la proilonciatiop par le changement de; voy

el~

,es o

u

par ceh¡i de_s conCop.nes homo¡¡enes lhbllituées les

!'nes

ao~

aotrC5,

&c.

Qu • ell-ce qui ofera affigner la

v o1e

q~·Jl

a P!U

~

la

Provi~~nce

de

choi~r ,

ou pronon·

~!i.,

qu elle

~en

a

pas cho1h . plufieurs.

a·la-~<~is ? Q~ir

'!/".

1

c~g1IDV•t

fenf um

Dom1111,

aut '{1111

con(l/zartiiJ

ep11

Jlllt .

"'om.

lJ.

34·

.

,

,

JIET~.no~s

nous·en aux

fait~

qoi noos font racomés par

.

pn~~

amt ; noo_s

~e

P.ouvons point douter que ce ne

ro~r

lo!

me·~·

qUI

a mCplré

M oi[e .

TOIU concourt d'ail–

.

eor~

a con rr11er fon récic; le fpeélacle de la nature

¡:eiUI

eje la íqc

éc~

&

des révolo"tions qui ont chan• é

~occeffi

vemem

la

rc~ne

du chondc ; les qiíonnerrens

fo~J-

és íur les obfervauons les mieux conllattles · tout dé·

pofe les

m~mes

vérités '

~

ce

[om

les

[eule~

que nous

pu1 ffio~s

affinner avec certJtpde, ninli que les conCéquen–

ces q01 en fortent évidemm enr

D ieu .avoir fait les hom"les fociobles ;

¡¡

leur infpira

]a PfCm,icre

lang ue

pour

étt

e

l'inllrument de Ja com–

mon¡q<uon de Jeurs idées

~

de leurs .hefoins , de

leur~

LAN

devoirs réciproques, le lien de leur fociér'é,

&

furetout.

du commerce de charité

&

de bienveilJance , qu'il

poíc

comme le fondement indifpenfable

de

cette fociété .

L orfqu'il voolut enCuite que leur fé coudiré Cervit

a

couvric

&

a cultiver les diffé rentes parties de la ter¡e .

qo'il avoit foumiCes au domaine de l'erpeee ,

&

qu'il

le1¡r vít prendre des mefures pour refiller

i

leur voca–

tion

&

aux vaes lmpénétrables de f.1.providcnee ' il con,,

fondit la

langu•

prhnitive, les

for~a

aiofi

:i

fe Céparer

en autant de peoplades qu'il en rélulta d'idiomcs,

&

il

fe diCperfer daos autant de régiens différenres.

Te!

~ll

le fait de

la premiere mulriplication des

lan–

g:tu;

&

13 feule chofe qu'il me paroiffe permis d'y.ajoilter

raifonnablemenr, c'ell qlJe Dieu o péra Cubirement daos

la

langtu

primirive des changemens analogues

a

ceu¡.

que les <:aufes natorelles

y

auroient amenés par la Cuite.

fi les hommes de leur propre mtJuve'ment s'étnient di[–

perfés en diverfes colonies daos les ditférenJes ré_gions

de la rerre; .car

dan~

les évenemens

m~mes

qUJ font.

hors de l'ordre naturel, Dieu n'agit point contre la na–

ture, paree qu'il ne peut agir contre fes idées éternel·

les

&

immuables , qni lbnt les archetypes de routes

les.

narures , Cependant ceci

m~me

donne lieu

a

une obje•

élion qui mérite d'etre examin6e : la voici.

Qu~

le Créateor ait infpiré d'abord au premier hom•

me

&

~

C.

compagne la premiere de tnoles

les

languu

ponr ícrvir de lien

&

d'mllrument

a

la Cociété qu'il lui

avoít plu d'é1ablír enrr'eux; qoe

l'éducalion fecondée

por la curiofilé notorelle

&

par la peme que le hommes

ont

a

l'imit3tion' ait fait paífer cette

langue

primitive

de generations, en générarions,

&

qu'ainfi elle ait entrc–

renu, tant qu'e\le a Cubfiné feule, la !iaifon originelle–

entre tous les defcendans d'Ada

m

&

d'

E

ve, c'ell un

premier poinr qu'il ell

aif~

de concevoir,

&

<¡uliJ el! né–

ceíT3.ire d'avouer .

Que les hommes en[uire, tr0p épris des douceurs d.,

cette íociété , aieot voulu éluder l'imention

&

les ordres–

du Créateor qui les dellinou

a

peupler tomes les parties

de la terre;

&

que poor les y comraindre D ieu ait jogé.

a-propos de confondre leur langage

&

d'eo multiplier.

les idiomes, afin d'étendre le Iien qui les tenolt trop at•

rachés les uns aux autres; c'ell un recond point égole–

menr attellé,

&

donr l'inrelligence n'a pas plus de dif.·

ticult6 quand on le conlidere

ii

part ,

.

Mais la réonion de ces deul< faits' remble donner lieu

a

une difficolté réelle . Si la confulion des

langún

jette

la divilion entre les hommes, n'efl·elle pas contr3ire

a

la premiere intemion dn Créateur

&

ao bonheor de !lhu–

manité? Pour diffi per ce qu'íl y

a

de fpécieux d'ns

~ette

objeélion, il ne fuffir pa

d'envif•ger feulement q'une

maniere vague

&

indéti nie l'affe8ion que tour homme

doit :\ ron Cemblablc'

&

dont

il

a le germe en foi-mcmo :

cette affeélion a

naturellemcnt, c'efl-3.-dire par une fui–

te néceíiaire des lois que

le

Ccéateur

m~me

a établies,

différens degrés ·d'identité [elon la différenac de$ dep, rés

de liaiCon qo'il y a entre un homme & un aotre. C ¿ m–

me

les andes circulaires qui

fe forment

aorous: d'une

pierre jcuée daos l'eau , font d'auront moins Cenlibles

qu'el\es s'éloignent plus du centre de l'ondulation , ainli

plus les rapporrs de liaifon entre les hommes font affoi–

blis par l'éloignement des tems , des 'neux , des généra–

tions, des intérc!rs quclconques , n'oins

íl

y a de viva.J

cité daos les femimens re[peé!ifs de la bienveillance na- ·

turelle qui [ubfille pourtant

to~jours'

m

eme daos le plus

grand éloignement. Mals

loin

d'~cre

contraire a certe

propagation proportionelle de blenveillaoce, la multipli–

cation des

languu

ell en quelque maniere daos la meme

proportion'

&

adaptée pour ainli dice aux vaes de la

chari1é univerfelle:

(j

l'on en met le$ degrés en parol–

lele avec les différeoces du laogage , plus

il

y aura d'exa–

élitode daos la comparaifo n, plus on fe convaincra que

l'nn ert:

la julle mefure de l'aurre ; ce qui va devenir

plus fenfible dans l'artlcle fu ivanr :

Articl<

111.

A11aly[<

&

comparaifon deJ

langues. Tou·

tes les

lang 1uJ

onr un tnCme bm, qui efi l'énoncia.tion

des

~enfées .

Poor

y

parvenir, toutes employent le me–

me mllrument, qm ell la voJx : c'ell comme l'efprit

&

le corps du langage; or

11

en ell, jn[qu'ii un cer1ain

point,

~es

langun

ninfi qmlidérées

comme des hom-

mes qui les parlent .

1

T outes les ames humoines, fi l'on en croit l'école car–

téfienne,

[ont

abfoloment de m t me efpece , de méme

naturf; elles ont les

m~mes facultó~

ao méme de¡¡ré ,

le germe des memes talens ' du méme eCprit ' do meme

génie ,

&

elles n'ont entr'elles que des différences nn–

mériques

&

individuelles : les ditférences qo'on

y

apper–

~oir

d>¡>s

la fu ite tlennen¡ :\ des· qofes euórieu¡es

¡

~

j'orgamfation intime

des

corps qu'·t lles animent

¡

aux di-

vers