LAN
m:crtitudc que l':IUtcur m2me a fcntie,
&.
qta'il
a
voulu
<liOiper por un chapitre entier d'c>plication.
Elle peche cnfin conrre la vérit6 , en ce qu'elle pré–
fcnte l'idée d'un vocabu:aire plutót que d'une
la"g"'
.
Un voc•bulaire
efl
véritablcment la fuite ou !'amas des
mot< dout fe f<rt un peuple, pour fignifier les chofes
&.
pour fe communiquer fes penfées. Mais ne faut·il que
dro mou pour conflituer une
la>tgtu;
&.
pmtr la favoir,
futlir-11 d'en avoir appri& le vocabulaire? Ne faut-il pas
c~uu<>irre
le fcns principal
&.
les fens acce!Toircs qui con–
Oitucnt le (ens propre que l'ufage a attaché
i
chaque
mor; les divers feos figurés donr
il
les a rendus fufce–
ptibles; la man'ere dont .il veut qu 'ils foiem modifiés,
combirlc!S
&.
a!Tortis pour concourir
:l.
l'e>preffion des
l.'cufées; jufqu'il qucl point
i1
en a!Tujcttit la conllruaion
a l'ordre analyciquc; comment, en quelles occurre:nces,
,<(
i
quelle fin il les atfranchis de la fervirude de ceue
connruaion? Tout efl uG>ge daos les
languu;
le ma–
tériel
&.
la fi,¡nification des mots, l'analogie
&.
l'anoma–
lie des terminaifons,
la
fervirude ou la liberté des con·
nruaions' le purifme ou le barbarifmc des enfembles.
C'elt une vénté fcmie
!"
tous ceux qui onr parlé de
l'ufage; rnai> une vérir mal préfcntée, qunnd on a dit
que t'u!ilge étoir le tyran des
la~t¡;uu.
L'idée de tyran–
nie emporte chC'Z. nous celle d'une ufurpation injulle
&.
d'un gouverncment dérai(onnable;
&.
cependant ríen de
plus jufle que l'empire de
l'ufa¡?;c fur quelquc idiome
que ce foit. puifque luí feul peut donner
a
1•
commu–
nication des penfées' qui en l'objet de la parole. l'uni–
\'erfalité néce!Taire; ríen de plus raifonnable que d'obéir
~
fes dl!cili<'n! , puifque fans cela on
nc
feroit pas en–
tcndn, ce qui
c!l
le plus cantrairc
~
la deninatiorl
d_e
la
parole.
L'ufage n'en done pas le tyran des
langtus,
il en en
le lc!Aislateur naturet, néce!Taire,
&.
cxclulif; fes déci·
fion~
en font l'efT<ncc:
&.
je dirois d'aprl:s cda, qu'une
ltJII(IU
efl fa
tota/it/ Jrs
rtfagn
proprcS
a
une t/fltÍfJII
po:;r
t'xprim~r
In pe11[lu pQr
la
11oix
.
s;'
une
l.utgu•
en parlée par une nation compofée de
plulieurs pcuples égaux
&.
indépcndans les uns des au–
tres, tels qn'éroient anciennernent les Grccs,
&
rels que
fnnt aUJ00rd'hu' les ltatiens
&
les Allemans; avec
l'uf.~ge
¡;énéral des memes mms
&.
de la meme fyntaxe'
e
ha–
que
pcuple pcm avoir des nfages propres fur la pronon–
do.don ou fur tes rcrminaifons des mémcs
mots:
ces
"r'
:e•
fuhalterncs, égalemcnt
lé~itimcs,
connirucnt les
di.lleéh<de la
/a,gttt
nationole. S1, c:nnme les Romains
:tntlcroi<,
&.
comme les
Fran~ois
aujourd'hui, la narion
cll
une par rapport au gouvernemeru;
il
ne peut y avoir
tbr.s f::t. mnnic:re de
p1rler
qu'nn ufage
lc!~itime:
tout au–
uc
qui
s'cn c!carte
dan~
l::t prononciation, daos les ter–
:niruiüm<, dans la fyntaxe, on en quclqnc f•tyon que
e:~: puill~
t:uc, ne
f:t"t
ni
une
lan.r:ue
:l
part, ni
une
dia–
kélc de' In
''"'[."'
nationnlc; c'dl un
pntois
abandonné
" la pnpubce des provinccs,
&.
chaque prov1nce a le
ticn.
Si dans
In
[Otltiré des ufoges de la VOÍI propres
a
une
na.tion, on nc con lidere que l'expreffion
&
la commu–
nicali•
n1
de<
penlc<~,
d'apres les vues de l'efprit les plus
UOÍ\•erfclles
&
leS
pi\IS
communes
a
[OUS les hommes;
le norn de
'""·~"'
exprime parfaitement cctte idéc géné·
rale . Ma's Ji
l'on prétcnd encore env;[.,ger les vues por–
ticulicrcs
:i
cette
n~tion,
&.
les tours
linguliers qu'elles
oec~liouncnt
nécctTaircmcnt
d:ms fon
~locution
; le'ter–
Jllc d'
,Jiome
el\: :.lt,rs celui qui convieot le mieux 3 1'c¡:–
preffion de cettc idéc moins générnle
&.
plus reflr:tinte .
L'\ d1tlCrcncc que l'on vicnt d':¡,ffigner entre
lnnJ'_su
&
tlio11u,
en encore bien plus confidér3.ble entre
fa,–
~~"
&
lmrg•g•,
quoiquc ces deux mots paroi!Tent beau–
coup plus rapproch!E< p.1r l'umté de leur origine. C'en
le. marériel des mors
&
lcur enfemble qui dé"'rmine une
la•f::u;
elle n'3.
rlpport
qu'aux idées,
3UX
conceptions,
;\ 1
inrdtigencc de ccux qui la parlcnt. Le
lan~•g.e
pa–
rolt avoir plus de ra.pport au
caratler~
de ceh>t qui par–
J
,
.l
l~s
vues,
a
fC~ intért:~;
c'ell
l'<lbjet
du. dilCours
qui dúermine le langa,¡e; chacun
a
le Cien [clon fes paf·
1ions, <Ft
l\1.
l'sbhé de Con<!illac,
Orig. du cow11.
l>um.
JI.
p,,rl.
t.
r~n.
dt.
X'
V. Aioli la mCme nntion, avec
J
1
Jnétn.:
lanf.U~,
peut,
d3.nsdes
tCm'i
différcns,
tenir
de
lan,(.1~c<
diñeren<,
fi
ellea changé de mceurs, de
YUCS,
d'imér~ts;
dcux uations au contraire, avec diRé–
rente<
l.m~urs,
pcu ,•ent tenit le m<!me
lnngage, li elles
ont ks mcmes vues, les mt!mes intéréts, les mémcs
ma:urs: c'cll que
les
mamrs natiooales tiennent aux paf–
li<>ns nationnlcs,
&
que les unes demeurcnt lhbles ou
changent co-rr;me les 3lltres. C'en la méme chofe des
hommc que
d~s
nations: on dit le hru¡agc des yeux,
du
1:
!le, pJCce que les
y~ux
&
le gene font deOinés
Tom<
!X
LAN
2.01
par
11
nature
a
fuivrc les mouvemcns que les paffions
leur imprime\H,
&
conréqucmment
;i
les cxprirncr avec
d'autant plus d'énergie, que l;L correfpondance en plus
grande entre le figne
&.
la chofe fignifiée qm le produit.
Apres avoir ainfi déterminé le véritable feus du mot
langu•'
par la définirion la plus exaae qu'il a été poffi–
ble d'en donner,
&.
par l'expolition précife des différen–
ccs qui le diflingncnt des mots qui lur font ou fynony–
mes ou fubnrdonnés, il refle
a
Jetter un coup d'ceil phi–
lofophique [ur
ce
qui COllccrne les
languo
en général:
&.
il me femble que cene théorie peut fe réduire
a
trois
articles principaux, qui traiteront de l'origine de la
la"–
gtu
primitivo, de la multiplication miraculeu[e des
/a,–
~~~ts,
&.
en fin, de l'analyle
&.
de la comparaifon des
la"g"o
envif.~gécs
fous les afpeas les plus généraux ,
les feuls qoi conviennent il
la philofophie,
&.
par con–
féquent
a
l'Encyclopédie. Ce qu1 peut conccrner l'étude
des
langua,
fe rrouvera répandu dans différens arricles
de cet ouvrage,
&.
particuliercment
au mot
M t THODI!: .
A u rene, fur ce qui concerne les
langu<s
en géné–
ral, on peut confulter plu!ieurs ouvrages compofés fur
cene matierc: les di!Tertations philologiques de H. Scha:–
vius'
v~ or~~in~
lioguarum
&
t¡_ttibufdam
~arum
attri–
butis;
une dtlfertation de Borrichius , medccin de Co–
penhague,
á~
caufis
Jiv~r/it.ttir
linguarum ;
d'autr~s
dif–
fcrtations de Thomas Hayne
d,
lingoarum
harmonia,
mi
il traite des
la~tgrus
en général ,
&.
de l'affinité dea
ditférens idiomes; l'ouvrage de Théodore Bibliander ,
d~ raeion~
commttni omnium
linguarum
& wfitt~rarum;
celui de Geíher, intitulé
Mitbridatts,
qui
a
il-pen·pres
le
m~me
objet,
&.
celui de former de leur mélange une
¡,.,gu•
univerfelle; Te
trlfor d,
1'
hifloir< do
langues
dt:
c~t
1111ivers
de Cl.
Duret;
l'ht~rmfJnie ltymologiqN~ J~r
langues d'Erienne Guichart; le
traitl du
langue&, par
Frain du Tremblay; les
rlfl<xio><s philofophiquo fur l'o–
rigi>te du
langues de M. de Maupertuis,
&.
pluCieurs
amrcs
obf~rvations
répandue< dam ditférens écrits, qui
pour ne pns cnvifager direaement cette m
a
tiere, n'en
renfermcnt pas moins des pdndpes e¡cellens
&.
des vues
miles
il
cct égnrd.
Art.
I.
Orig;ne d< la
langue
primitive.
Quelques-uns
ont penfé que les premiers hommes, nés muets par le
fait, vécurcnt quelquc tems conune les brotes daos les
cavernes
&
dans les foréts, ifolés, fans liaifon entre cux,
ne pronon<yant que des fons vagues
&.
confus, jufqu'a
ce que réunis par la crainre des b.:tcs féroces, par la voix
pui!Tante do befoin,
&.
par la neceffité de fe
pr~tcr
des
fecours mutuels, ils arnvercnt ¡>ar
de~rés
:i
aruculcr plus
difiinaemcnt lenrs fons,
:1
les prendre en vertu d'une
convcntion unanime, pour figncs de lcurs idécs ou des
chofes rnémes qui en étoient les objcts
,~_
&.
enrin
:1
fe
former une
la"X'".
C'en l'opinion de uiodore de Si–
cile
&.
de
V
itruve,
&
elle a paru probable
:l
Richard
Simon,
Hift.
erit. dt' 11imx
T<JI. l.
xi1•. xv.
&
lll.
xxj.
qui l'a adoptée avec d'autant plus de hardie!Te qu'il
a cité en. fa faveur S. Gré!loire de Nylfe,
co11tra
Eu–
nom.
XII.
Le
P.
Thomailin prétend néaumoins que,
loin de défendre ce feruiment, le faint doaeur le com–
bat au contraire dam l'endroit
m~
me
que l'on allegue;
&
plu!ieurs autres pa!Tages de ce faint pere, prouvenr
évidemment qu'iL avoit fur cet objet des penfées bien
ditférentes,
&.
que M. Simon l'entendoit mal.
,,' A
¡nger feulemcnt par
1!\
nature des chofcs, dit
M.
, Warburthon,
E([.
fur l.s hy/ro.
•·
l.
p.
-t8.
a
la not<,
, &.
ind6peodamment de la révélation, qui efl un guide
" plus sú.r. l'on feroit porté
a
admcttre l'o?inion de
, D iodore de Sicile
&.
de
V
itruve , . Cene maniere de
penfcr for la querlion préfente, efl moins hardie
&
plus
circonfpeae que la premiere: mais D iodore
&.
Virruve
étoient pcut·etre
cr~orc
moins répréhcofibles que l'au.–
teu,r anglois. Guidé< pdr les feules lumieres de la raifoo,
s'il
leur échappoit quelque fait importanr,
il
étoit tres·
oaturel qu.'ils n'cn a?;>erc;ullenr pas tes conféquences .
Mais
il
en difficile de conccvoir comment on peut ad–
lll2ttre la révélation avec le
deg~é
de foumiilion qu'elle
a
droit d'exiger,
&.
prétendre pounant que la nature des
chofes infinue des príncipe< oppofés. La raifon
&.
1•
ré–
vélation font, ponr ai1>fi dire,
den~
canaux dtflérens qui
nous tranfmeHent les eaux d'une mr!me fource,
&
qui
ne
ditferent que por la maniere de nous le préfenter: te
can•l de la révélation nous met plus pocs de la fource,
&.
nous en otfre une émanation plu5 pore ; celui de
1&
raifon oous en tient plus éloignés, nous expofe davan–
tage aux mélanges hétérogenes; mais ce' mélanges font
toujours difcernables,
&.
la décompofition en e(l
toO–
jours poffible . D'ou ti fuit que les
lumieres véritable«
<te
la raifon ne peuvent jamais
~tre
oppoféc:s
ií
celles de
Ce
a