LAN
14~gun ;
ils
(ont
fondés daos la namre c!u langage
&
des
voies que le créateur lui- mfme nous a fuggérécs
po~u
)A
manifellatiou extérieure de nos penfécs-
N ous avons vu plulienrs ordres de mot
am~nés
né.
ceffairement daos tous les idiomes por des caules natu·
relles, dont l'influence efl antérieure
&
fupéri~ure
a
ons
raifonnemen~
a
nos convemions ,
~
nos caprrces ; pous
:avons remarq'ué qu'il peut y avoir daos
tr>Ul<S
les
/~>t•
gun ,
ou du-moins dan> pluijeurs une ce1tame
qu~nmé
ae mots amlo• ues nu femblables, que des caufes com-
' m unes quoiqn7 accidentel!es y auroient é.aolis dep\lis la
naiffance de c<s idi()lnes ditférens : done l'analogie des
m ots ne peut pas
~tre
une preuve futliCante de la filh–
rion des
langttes
3 moins qu'on ne veuille Qire
que
ton,–
tes les
/angues
m'odtrnes de
1'
Europe font refpeélivemel)t
fi lies
&
meres les unes des autres , puifqu'elles font con•
tinuellement occupécs
a
groffi r leurs vocabulaires par
des
échan~es
Caos fi n , que la comm unication des idées
o u des viles nou velles rend ind•fpenlables . L'analogie
dt:S
mots entre
deu~
langues
ne prouve qne cene com ...
m uuicatioo, quand ils oe Cont pas de la cla!fe ¡les mots
naturels .
C'efl done
1t
la maniere d'employer les mots qn'il.faut
recourir , pnur connoitre l'identité otl la ditférence du
génie des
langun,
&
pqur (jatuer fi elles ont q\jelque
affinité ou
{¡
elles n'en Ont point ' Si elles en Ont
a
ce¡
égard , je confens alors que l'analogie des mots confir·
me la ti liation de ces 1diomes,
&
que l'un foit reconnu
comme
langru
m~re
a
l'égard; de l'autre , ainfi qu'ol) le
remarque daos la
langru
ruffi eoe, daos la polonoi(e,
&
dans l'illyrienne
ii
l'égard de l'cfclavonne donr
il
eíl fen–
lible qu'elles tirent leur origine . Mais s'il n'y a entre
deux
lang un
d'autre liaifon que cclle qui nait de l'aoa–
logic des mots, fans aucune reffemblaoce de génie ; elles
font
étran~eres
l'qne
1t
l'all[re : telles font la
lang•"<
e(pa–
gnolc, l'italienne
&
la
fran~oife
a
l'~gard
du
latín . Si
nous renons
dularin un grand nombre de mots , nous
n'eo tenons
p.ssnotre
fynta~e,
notre conrlrua.ion,
narre
grammaire,
nmre article
le, la ,
/u, nos verbes
autiliai–
res, l'indéclinabiliré de nos noms, l'ufage des pronoms
perfonnels dans la conjugaifon , une mul¡itude de tems
d ifférenciés daos nos con¡ugaifons ,
&
confondus daos
les conjugaifons latines; nos procédés fe font trouvés
inal!iables avec les gérondif• , avcc les ufages que les Ro·
rnains faifojent de l'infinirif, avec
leurs inverfions arbi–
tra~res,
avec leurs ellipCes accumü!ées, avec leurs pério–
des interminables .
M ais fi la fi liation des
langrw
fuppofe
d~ns
celle qu i
ell dérivée la
m~
me [yo¡.xe, la
m~me
conflrué.lion,
en un mol , le meme gén;e 4UC daos la
/qngu•
matrice,
&
une analugie marqqée enrre les terme' de !'une
&
de
l'amre ; ceomment peut fe faire
!~
géoération des
lan·
gua,
&
qu'emend-on par une
la.n~ru
nouvelle?
·
, Quelques-uns nnt penfé, dit
M.
de Grandval daos
,
ron
P ifc•u•s hiflori 9 . ,
déja cité, qu'on pouvoit l'ap–
, peller ainli quand elle avoit éprouvé un changement
C<Jnfidérablc;
d~
forre que , felon eux, la
langu•
du
,
rems de F
ran~otS
l.
doit étre regardée comme nou–
" ve!le par rapport au
[Cil\S
de faim Louis,
&
de me–
, me ce! le que nous parlons aujourd'hui par rapport au
.,,
t~ms
de Fran¡yois
l.
quoiqu'on reconnoiffe dans ces
,, drver(es épnques un meme fon ds de langage, foit_pour
,
les mots , foit pour la
conllru<~linn
des phrafes . D ans
,,
ce femimem,
il
n'ef} poim d'idiome qui ne foit de–
,,
venu fu cceffi vemcut nouvean , étant comparé
:i
Jui–
" mi:me daos fes ages différens. D 'aurres qualifi em feu–
"
lement de
lan$rte
nouvel!e celle dont la forme·ancien–
" ne n'efl plus tntel!igible : mais cela demande encare
, une explicarían ; car les perfonnes peu familiarifées
,
avec.leor ancienne
ltm¡,ue
ne l'entendent point do tout
,, tandJS
~ue
_ceux qui en om quelque habitude
l 'emen~
,, dcnr tres-b1en,
&
y découvrem facil emeot tous les
·, germes de leur
langage moderne . Ce n'ell done ici
,
qu'uoe
quefiio~
de nom, !lla!s qu'il falloir remarquer
" pour fi>er les 1dées . Je d1¡ a mon tour qu'une
lan–
''
grtt
en_la
m~me '
malgré fes variu ions, tant qu'on
,,
p~ut
fu1vre fes traces ,
&
qu!on rrouve daos fon ori–
" g!ne une g_randc pan ie' de fes mots aEiuels ·
<\[
les 'prin–
" c1paux poum de fa grammaire . Q ue je
1
!ife les lois
,, des douze tabk s , Em¡ius
ou·Ciceron · quelque dif–
" fércnt que foit leur
la~gage
n'efl-ce pas rou'ours
le
,,
ladn? Amrement il faudrnit'dire qu'un
hom~e
fait
,,
n'efi
pa~
!a
m~m~
perfonne qu'il éroir dans fon
en~
,, fance . J a¡oute qu une
langru
el! véritablement la mere
,
ou la
fou~cc ~'une
aurrc , quaud c'eít elle qu"i lui a
" donn_é le premJer
~tre ,
que la dérivation s'en en faite
p_ar
luc~effion
de rems,
&
que les changemens qui
y
,
lout am v?s n'ont pas effacé rouS)les aucicns vellige¡ , .
.LAN
Ces changemens fuccelilfs qui ¡ransforment infenfi–
blement une
lqngr¡•
en une
~utre ,
t;eouent
a
une infi–
nité de
~au[<S
dont chac\jUe n'a qu'un effet imperce–
J>Iible; mais la Iomme
d~
ces
~tfets ,
gro(lis
av~c
le tems
&
accu')lulés
a
la long
u~,
produir enfi o une différence
qui caraaérife deux
/a,gues
Cur un m€me fonds , L'an–
cienne
&
)a moderne font également analogues ou
é~a
Jement ¡ranfpofitives; mais en
c~la
m€me elles peuvent
avoir que!que différence.
Si la conllruaion analogue ell leur caratlere com–
mun ; la
fa,gut
moderne, N' imitatinn du langage tran·
fpofitif des peuples qul auront concouru
a
fa formation
par leurs liaifons de voifinage , de commerce, de reli·
gion , de polirique, de
couqu~te ,
&e,
po11rra avoir ado–
pté quclque; libertés
a
cet égard; elle fe permettra quel–
ques inverlions qul dan¡ l'anc•en idiome auro!em été des
barbarifmes , Si plufieurs
/angues
fon¡ dérivées d'une
m~me, elles peuvent
~rre
Oijancées en quelquc Corte par
l'ahémion plus ou moins grande du génie primitif: ainfi
notre franyois,
l'an~lois ,
l'efpagnol
&
l'italien, qui. pa–
ro•ffent defceorjre du celtique
~
en avoir pris la mar·
che analytique, s'en écartent
pour¡~ut
avec ¡les degrés
progreffifs de liberté daos le mérne ordre que je viens de
nomrner ces idiomes. Le
fr~n~oi<
ellle moins
h~rdi,
&
le plus
rappmc~é
du langag< o rigine!, les
inverfions
y
font plus rares , rnoins cornpliquées , ¡noin. hardies; !'an·
glois fe permet
plu~
d'écans de cene Corte : l'efpagnol
en a de plus hardis: l'italien ne fe refu[e en que!que ma–
niere que ce que la conílitution de les noms
&
de fes ver·
bes combinéc avec le befoin indifpen(able
d'~tre
enten–
du, ne lui a pas permis de recevpir . Ces différences o nt
!curs cauCes cnmme tout le refle
¡
&
elles ¡iennem
a
la
diverfité des relations qu'a eues chaque peqple avcc ceux
dont le langage a pil opérer ces
changem~nl' .
.
Si au contraire !a
langru
primitive
&
la dérivée loor
cooflituées de maniere
a
devoir (uivre une marche trsn·
[pofitive, la
!dngu•
moderne pourra avoir contraélé quel–
que chofe de la contrainte du langage analogue des na–
tions che-z. qui elle aura puifé les
~lrérat1ons
fucceffive5.
auxquelles elle doir fa nai(fance
&
Gl C<>nllitution. C'en
ainfi fans doute que )a
lang'!•
allemande, originairement
libre daos res tranfpofilions
1
s'e(l enfin foumife
a
toute
la comrainte des
l~ngues
de l'Europe au milieu defquel·
les elle efl érablie , puifque toutes les inverfions font
dé·
cidées daos cet idiome , au point qU' une autre qui par
elle-méme oc feroit pas plus obfcure, ou le feroit peut·
~rre
moi"s , y ell profcrite
p~r
J'ufage comme vicieuCe
&
barbare .
'
D aos l' un
&
dans l'aurre cas , la différeoce la plus mar·
quée entre l'idiome ancien
&
le mnderne , confifle tou–
jours daos les mots: quelques-uns des anciens mors font
abolís,
V(rborum veesu inu rit .etaJ; (arJ. poet.
6r .) parcr
que le hafard des circonflanccs en montre d'autres, che-z.
d'autres peuples, qui paroilfcnt plus énergiques, ou que
l'oreille nationale, en le perfeaionnanr , cprrige l'ancien–
ne prononciation au point de défigmer )e mot pour luí
procurer elus d'harmonie ; de ñouveaux mors font in–
troduirs ,
&
jwvenr¿m ritu flortnt "mqdo nata,
vigtnl·
9'" ,
(
ibid.
62. ) paree que de nonvelles idées ou de nou ·
velles combinaiCons d1idées en impqfent la
néc~ffité,
&
forcent de recourir
a
la
langue
du peuple auquel on en
redevable de ces nouvelles luiJ)ieres;
&
c'ell ·ainfi que
le OOffi de la
h•uffif.
3
paffé chei IDUS les peuples qui
en connoiffenc l'u(age,
&
que !'origine iralienne de ce
mot prouvé en méme tems
ii
qui l'univers doit cette
découverre importante devenne aujourd'hui le lien des na–
rions le< plus éloignées. Eofin les mots font daos une
mobilité perpétuel fe, bien reconnue
&
bim exprimée par .
H orace, (
ibid.
70)
·
Multa
rt 11afu ntur
t¡ute jam
ucidtrt ,
tadtHif Nt
f}¿tte
nunc {u11t in
honort
1Jocaln~la,
fi
v olee uf ru
Q_Ntm pmharbitrium
11,
&
j us,
&
norma lo1umdi ,
2°.
La queflion du mérite refpeélif des
langues,
&
d~
degré de
préférenc~ ~u'elles
peuvent préte 0 dre les unes
fur les autres , ne peut pas
f~ r~foudre
par une décifion
fimple
&
précife 1
11
n'y a point d'idíome qui n'air fon
mérite , ·
&
quj ne "puiffe ·, leloo Jloccmence , devenir
préféraqle a !OUt qutre 1 AinG il efl néceffaire , pour éta–
blir cerre [qlution fur des fondeniens folides, de
dillin~uer
les diverfes
circonft~nces o~
l'qn· (e troqve
&
les diffé–
rens rarpqns
fou~ l~fqucls
qn
~nvifage
les
langrus.
La hmplc énoncJatiqn de la penfée ell le premier but
de la parn!e,
&
Pobjet "commun de rous
les idiomes:
c'efl done le premier -rnppor·t rous Jeque!
il
convient ici
de les envifager pour po(er des príncipes raifonnables íur
la que!lion dont il s'agit.
Or
il ell
é vidcn~
qu'a cer é·
gard