LAN
gtrd il n' y
a
point de
lan
u<
qui n'ait toute la ptrfe–
a ion poffible
&
n~celf•ire
• la natioo qui la parle. une
IIUig•< ,
je l'ai diJi dit, ell la
totali¡~
des
~fages
pro–
pres
2
une nation. pour exprimer les penfées par la yoix ;
&
ces ufages 6'ent les mots
&
Ja
fymaxc.
L~s
rnuts
font les ijgnes des idées ,
&
naiiTeot avec elles , de ma–
niere qu'one nal.ion formée
&
dillioguée par foo idio–
me,
oc
fauroít faire
J'acq~lfition
d'uoe nouvelle idée,
fans f.¡ire en
m~me
rems celle d'uo mor nou vean qui
la
¡epréf~o¡e:
fi elle rienr ¡:ene idée d'un peuple voifi n ,
ell~
tirera de
m~l)le
le ligne vocal, done tour au plus
elle rédui,ra la forrne mattrielle
a
l'analogie de fon lan–
gage;
a
u Jieu de
paDor,
el)~
dira
pajln;r;
au }ieu d'
<m·
b4¡tada , , mbaQad<;
au lieu de
battm, battr<,
&c.
fi
c'eil de fon prOpfe fonds qu'elle tire la l)ouvelle
id~e ,
ce ne peor
etr~
que le réfoltar de
qu~lqt¡e
combinaifon
des anciennes,
&
voilil la roure rracée pour
all~r
J of–
qu':l la forma¡ion du mor qui en fera le type;
puiUilll–
•• fe dériv; de
puiffant,
comll)e
l'id~e
abnrai¡e el} pri–
fe dan¡ )'iM e concrete;
parqfol tll
compofé de
par<r
( gars.nrfr,
&
de
foltil,
coll) l)lC l"idée de ce meuble eil
le
r~fultar
de
12
combinaifon des idées féparées de )'•-
1\{e qui darde des rayons )>dllans,
&
d'un
obl}acl~
qui
phllfe eo parer les coups . 11 o'y aura done aQcune ldée
connoe daos une oa¡iol) qni ne fojr défignée par un mor
proprq daos la
lan~u<
de
c~ue
narion :
&
coml)le
tour
mor nouveau qui 's•y
introduir,
y
pren!'l toujours l'em–
prcinre de )'31J3Iogle
na¡ion~l~
qui etl le fceau
néc~lf~i
re de fa t¡a¡uralifation, il efl auffi
propr~
que les ahcicns
a
1outes les viles de la fyotaxe de ¡:et
idióm~ ,
Ainfi
rous les hqmmes qui compofent ce oeuplc,
trouveor
dans leur
/angu<
!OUt ce q•Ji efl l)écelfaire
O
l'expreffion
de routes les · pcnfées qu'il
l~ur
efl pofllble
d'~vqir,
poif–
qu'ils r¡e peuvent penfer
A''~
d'apri:s des idées conoues.
C ela ¡pt!me en
h
preuve la p)QS immédinte
4
la plus
forre de la néaeiiJré ou chJcuo cfl d'dtuJicr ia
langu<
naturelle par
pr~féreocc ~
routc aurre, paree que les' be–
foins de la communica¡lon natÍ<>[Iale font les plus ur·
gens, les plus univerfels ,
&
lo¡ ¡llns ordioaires ,
Si 1' 0 n veur po n er les vues au.fdd)d de h
fimpl~
énon–
ciation de la peqfée ,
&
envifq~er
tour le pan i que l'art
P-eur rirer de la
díffér~nre
conijiruriot) des
lal'.t"'",
pour
flarrer l'oC'ille ,
&
pour toucher lo creur , au(ij bien que
pour
éclair~r
l'cfp¡it
.i
il faur les coofi#rer dans les pro–
¡:~dés
de
leur coqiiFuaior
an~logu~
ou ¡ranfpolitive ;
l'hébreu
&
ootre
fran~ois
fuivent le plus fcrupuleufement
l'or¡lrc analytique; le grec
&
le latin s'cn écarto1edt avec
une liberté
~~~~~
bQ¡nes ; l'allemand , l' anglois , l'cfpagnol
l'it41ien tiequenr en¡re ce1 deur exrrétnités une
cfp~ce
de
milieu , paree que les
iov~rfions
qui
y
tonr admites ,
font déterminées
a
tous
é~ards
par les princi?•l
m~mes
de
la conllitution pro ore <le cl¡acune de ces
/a11gurs .
L 'ameur de la
L•""
jur
/u
[q11rds
&
m~<<ts, ~t¡vifagea nr
les
la11g""
fous cet afpea, en porte aiofi foq jugement
pag.
t 3f: ,
l..,a ca mmunication de la peufée
ét~~~
l'obJCt
, principal du langage , notre
laug11<
ell de rautes les
"
'""/(11<1
la plus
chhi~c '
la plus eua e '
&
la plus efii–
"
mable, eelle en un mot qui a retenu le moins de ces
, négligenccs que
j'appell~rois
volomiers des refles de la
.,
halb11¡ir
des premiers
~ges,
. Cene
e~preffion
eil can–
féqueore au fyfleme de
l'~uteur
fur !'origine des
lq~guo:
mais celuí que l'on
~dopte
daos cet article ,
y
cfl bien
oppofé ,
&
11 feroit pl ft tót craire que les inverfions , loia
d'~trc
des
ren~
de la Q11butie des pren¡iers 4ges '
font
au
contraire les premiers elfais de l'art oratoire des fie–
cles pofiérieqrs de bcaucoup
a
la naiífance do lanllage ;
la relfemblancc du nótre avec l'hébrcu, daos lcur mar–
che analytique, datme
il
cert~
couJea ure un degré d9
vrailfemb\ance qui mérite
quel~ue
attcmion ; puifqqo l'hé–
breu tiem de btcn
pr~s
aux premiers
i~es.
Quoi qu'il
en foi¡, l'auteur pourfo¡r ainfi ; , Pour con¡inucr le pa–
n
rallele fans paotialité
1
je dirois que nous avons
g'}gné
n
3
n'avoir poim d'myerfiO{lS
1
OU
du
ffiQIOS
3
fle
les
,
avoir ni trQp hardies ni trap
fréqu~ntes .
de la netrc–
" té, <le la clarté , de la précifion, qualités elfemielles
, au difcours;
&
que nous
y
avons perdu
d~
la cha–
"
leur ' de l'éloquencc '
&
de l' énergie. ]'ajouterois vo–
" lontiers que la marche diqaélique
&
réglée,
i
laquel–
" le notre
lang N<
efl alfbJCltle , la rend plus propre aux
,
fciences;
6(
que par les rours
&
les iqvertioos qqe le .
,
grec, le latin, l'italic:n,
\'an~loís
fe
permettent,
ces
"
'4"gua
fonr plus
av~ntageufes
pour les lettres . Que
, nous p01¡von mieux qu'aucul\ autre peuple , f1ire
pa(·
,
ler l'efprit ,
&
que le bon fens choifiroir la
langut
,
fran~oife ;
mai1 que l'imnginatlon
&
les pafl1ons don–
" ner01eot
la
préférence aux
langu.s
ancienqes,
&
il
, cclles de r;ros voili
ns:qu'il
fam
porler
fran~ois
daos
1
la
fociét~
{>e
daos
l.esécolcs de philofophic
¡
&
grec ,
LA N
2- I J
,
latin , anglois , dans
les cbaires
&
fur
les thélrres ·
, que norr¡:
lang~<
fcra eelle de ia ••érué , .
. ..•
&
, que la greque , la brin¡:,
&
les !lotres
feronr les
laN–
"
guo
de la fabl!!
&
do menfonge . Le
fran~oís
eCI
fair
,
pour inftruirp,
éclatn:r,
lt.
convaíncrt.;
le
grec,
le la–
,
tin , l'italien ,
l'angJujs
pour perfuader,
tmouvoir"'
&
,,
rromper; parlez grce: , lattn, aal ic:n -au peuplt ; mais
,
parle~ fran~ois
au (age , . P our réduire ce ¡ugemenr
a
fa ¡ulle yak t¡r ' il fau t
f~ulement ~n
conclure q•e les
lmtJ(II<I
tronfpofitives trouvenr daos leur génie
plm
d~
reffi>ur.ccs pour tomes les parries de J'arr oratoire.;
&
que
celui des
langms
anologues les rtnd d'aurant plus prv ·
prcs
3
l'expolition tlelle
4:
précile de l! vénté , qu'elles
fu ivent plux fcrupuleufemcru la m>rche a1ulyrique de l' ef–
prit . L a cbo(i: eil
f•ídent~
en
foí,
&
l"auteur n'a ••cu–
lo rien dire de plus .
Notr~
marche
analyti~ue
ue nous
.6te pas fans relfource la chaleur , J'éloquence, l'éuergie;
elle ne nous
llre qu'uo moyeo d'en metlre daos nos
dircours,
~omtl)e
la marche ¡ranfpofirrve du
lotio, p>r
exel)lple ,
l'erpofe
feul~ment
a
u danger
d'~tre
moins
clair, fans luí en faire pourtant une oéceffité
in~vi~;~nle.
C'efi daos la mEme letrre,
pag.
239.
que Je trouvc la
preuve de
l'e~plication
que ¡e doune ou
texte que l'on
vienr de voir , ,
Y
a-t·il quelque caraélere, dit l'auteur,
, que ootre
/angtu
n'alr pris avec
futc~s?
E lle ell fa–
" liitrc daus Rabelais, nalve dons la
F
ont2ine
&
Bran–
" tome, harmonieuCe dans M alherbe
olt
Fléchier , fubli–
" me daos
Corneill~
&
Bolfuet ; que n'e(j elle point
, dans Bojleau, Racine, Voltaire ,
&
uoe foule d'autres
, écriv:lins en vers
4
en pr (e?
N
e nous plaiguons
,
done
pas:
ti
nous
favons
nou~
en
fcn·ir,
nos
Oln'ra–
" ges feront
auffi
préeieux pour
la pollérité
l-
qtte les
" ou vrages des at¡ciens
le
font pour nous . J: ntre les
,,
mains d'un
homme
ordiuAirc ,
fe
grec ,
le
ladn , J'ao ...
, glois , l'jtalien ne produiront que des cha fes commu–
" nes ; le
fqn~o1s
.produira des IDiracles fous la plume
, d'un homme pe génie. E o quelque
Ja,gu<
que ce
,
foit
11
l'ouvrage que le génie fouticnt, ne [Omoe 1amais,
Si l'on envifage
les
lang11n
comme des
iollrumens
do~t
)a
connoilfance peut
concluir~
a
d'amres lumieres ;
elles o
m
c)la~une
leur méritc,
&
la préférence de¡ unes
fur les autres qe peur fe décider que pl< la noturc des
vues que l'on
e~
propofe ou de; befoins
ou
l'on eil .
La
langur
hébraYque
&
les autres
-'~"!,11<1
orientales
qui
y
ont rapport , col)lme la ¡:halda•que , la
fy~ta9u~ ,
J'arablquc
&e,
doooent
a
la
Théolog~edes
fccours
mnms ,
par la connoHfance précife du vrai fens des texres originaux
de nos livres faims . Mais ce o'ell pas-1 :1
1<
feu l
avama~c
qu~
l'on pullfe attendre de l'étude de la
lanr.,u•
h~bra"i
que!
c'~fl encor~
daus !'original faeré que 1on tronve
!'origine dQs peuples, des
languu,
de l'idolorrie, de la
fable; en un mot les fond emens les plus ftlrs de l'hi–
fi oire,
&
les clés
l~s
plus
r~ifonqables
de la
M ytholoJI<.
ll
n'y
a qu'i voir feulemem la
Glographi< fac rl<
de Sa–
muel Boehart , ponr prcndre une haute idée de l'imm«•–
fité de l'érudirion que peut fouroir la connoilfance des
langHfl
onentales .
Lá
la"g • •
gr~cqoe
n'eil guere moit¡s
u~lle
3
la T héo–
logle, non-feulemen¡
a
caufe du rexte
OCI~lllOI
de quel–
qnes-uns des livres dn oou veau T eflament ,
ma~s
e
neo–
re paree que c'eil l'idiome des Chryfollomes , des 13afi–
lcs
<les Grdgoire< de N n ian1.e ,
&
d'uoe fou le d'autrcs
per~s
donr les reuvres font la gloire
&
l'édifi calioo de
I'Eghfe · mais daos quello partie de la Fuérature
~crte
belle
la;gue
p'efl-elle pas d'u11 11fage infi ni ? r:lle tour–
nit des majtreS
&
pes modciQS
dan! tOUS les genres
i
Pocfie
Eloqucnce , H inoire,
Philofo~hie mor~le,
Ph y–
fique, 'f.únoire qarurelle, M édeoi11e,
G~ograph~< anc~en:
ne,
&~ :
&
c'efl aveo raifao
qu'Efr~me,
Ep•fl·
J.v .
,\_
dit en propres termes:
Hoc unum
rxputtJJ ,
vtdto
nt~l/j¡
in /itttris
1101
~/!~
a/if.uid fine
,(rt:átptt.
La
la"J!I'c
latine eil d une Qéceffité indifpenfable , c'efl
aello de l'égllfe catholique ,
&
de
~omos
les écoles de_ la
chrérienté, tant _pour la Phllofophie
& .
la
T~éolo¡¡~e ,
que pour la Jurtfprudeqce
&
la M édecme;
e
ell d 311-
leur~,
&
pOUr Celle raifon
m
eme, la
falf}!,U<
COJn mune
de rous les fl\yans de I' Europo,
&
dom
il
lhoit
3
fou–
haiter
pcm-~tre
que
l"'lfa~c
dev!nt encare plus
¡¡énér~l
&
plus érendu ,
afiQ
de facilirer dav•ntage la
c~mmum:
cation des lumieres refpeélives: des diverfes nauons qm
culrivenr aUJOUr-d'hui les fciences: car cambien d'ou–
vrages exoellens en taos p.enres de la connoilfa11co def•
quels on. en
priv~'
faute
d'ent~ndre
les
languu
daos
lefquelles ils fonr
~crits?
Eo attendanr que
les favaos foieor coovenus entre
eux d'un
langa~e
de commuoication, pour s'épA_rgner
refpeélivement
l'~1ode
longoe, pénible
&
tOUJours mfuf·
tif~ot~·
de
~lufieurs
lnngua
érraugeres; il fau¡ qu'lii aieot
le