6
JUG
~U
GE,
f.
m. (
Hift.
ron:. )
daos
1
Iépublique ro–
mame, les
p1gu
furent d'abord cboifis parmi ks féna–
teors; l'an
630,
les Graccbcs traofportenr cette préro–
nativc aux chcvalicrs; Drufus la
.ñt
donner aux fénareurs
&
aux
chenlicrs; Sy!la la remir entre les mains des feuls
fénareurs; Corta la divifa entre les fénauurs, les chen–
Jiers
&
les rréforiers de l'épargne.; Céfar prit le parri de
priver
c~s
derniers de cet honneur; enfin
.t\otCJine
éta–
¡,tit des décurics de fénateurs , de cheYaliers
&
de cen–
turious, auxquels
il
accorda la puílfoncc de jq¡:cr.
Tont que R ome, 3Joute l'aut<Ur de I'Efprit des lois,
conferva les príncípes,
les jugemens purent erre fans
abus entre
lts
mains des fénateurs;
m~is
quand Ro
me
fut corrompue,
a
quelques corps qu'on tranfport!t los
jogemens, aux fénareurs, aux chevaliers, aux trt"foriers
de l'épargne,
a
deux de ces corps,
a
tous les rrois en–
femble, en
fin
a
quelqu'autre corps que ce fdt, on étoit
tOUJOUrs
mal;
ft
les chevaliers
svoient m oins
de venu
que les Sénareurs, s'il éroir obfurde de donne.r la puif–
fonce de juger
a
des gens
quí devoient érre fons ccOc
fous les yeux des
Jugu,
il
f.mtconvenir que les tréfo–
riers de l'éporgne
&
les centutions avoient auffi peu de
vertu que les chevaliers; pourquoi
cela~
C'efl que quaod
R otr.e eut pcrdu fes príncipes, la corruprion, la dépra–
variou fe glilferent prefque égalcmeru dans
tous
les
or–
dres de l"état.
(D. '.].)
J
U
G
E
S du mf<n,
(
M ,•thol. )
la fable en nomme
trois, M inos, Eaque
.&
Rhadamante,
&
Pon imagine
)>ien
qu'ell~
l.cur donne
a
tous troís une origine célelle;
~e
fvnt
l~s
fils du fouverain ma?tre des dieux .
Rhadamanre , felon
l'hifloire, fut un des législateurs
de Crc>re, qui mérita par
Con
intégrité
&
par fes autres
verrus la fonélion de
juge
aux enfers, dont les Poetes
l'honorerent .
Voyn
RHADAMANTE.
Minos
Con
illuflre frere
&
Con
fucceffeur, eut encare
plus de réputation . Sa profonde fageífe donna lieu de
d1rc, qu'il étoit dans la plus étroite confidencc de Ju–
piter,
&
Jovis
a,..ca11Í1 MinoJ
admiffru;
on ne ntanqu1
pas d'aífurer aores fa mort qn'il
rempli/foit
le prcmier
des trois tnbunaux, oii tous les pSles humams font
ci–
tés pour rendre compre de leurs aélions.
Voyez
MtNOS .
,Eaque régna fur E gine, aujourd'hui Eugia;
'
Omopiam vetercs apella1Jtre; fed ipfe
/Eacrts,
/Eginam
geJtÍt,..iciJ nomine dcdit.
C'efl le feul des rois
cil'
cette !le, dont l'hifloire air
~onfervé
le nom. Se< be
TI
es qualités lui procurerent une
place entre Minos
&
Rhadamante;
il
jugcoit l'europe
l'ntiere.
Sa
répotat;on fut li · grande pendant le cours de
fo
V
te , qne toure
1'
Atrique oyant été affitgée d'une lon–
gue ll!chcrerre, on con fu le. l'oracle , qui répondit, que
c:e fléau ceíferoit fculement quand Eaque fe rendroit l'in–
terceífeur de la Grcce.
Vo ycz
EAQUE .
Piaron fcint ingénieufement que lorfque Jupiter, Ne–
ptuno
&
Pluton eurent partJgé le royaume de leur pe·
re, ils
ordonue:rent
que les
homme:s
pr~lS
3.
qnitter
Ja
vie, fuífent JUgés pour
recevo~r
la récompenfe ou
le
$:hatiment de
lcurs bonnes ou
nlauvaifes:
aaions; mais
commc ce jugement fe rendoit
a
l'inflant qui précédoi t
la mort, il éroi¡ fujet a de grandes mjuflices. Les prin–
ces
fal1uex,
gucrricrs, defpotiques, paroilfoicnt
devant
le01s
;uges
ovec route la pompe
&
rom l'appareil de teur
pui([1ncc , les éblouilfoíent,
r1.
Ce
f1if<>iem encare redo u–
ter, en Corte qu'ils paífoient fouvent dans l'heureux fé–
jour des jufle.L
Le~
gens de bien au contrairc, pauvres
&
fans appui, étQÍCIH encare qpofés
a
Ja calumnie,
4
quelquefoi~
condamnés comme coup1bles.
Sur les plaintes ré
itérées qu'cn rcs:ur Jupiter , íl chan–
gea la forme eje res
jugcme.lS; le teros en fut
ñ
ré au
¡noment mtme qui fuit la mort . Rhadamante
&
Eaque
fes fils, ft¡rent établis
}~tgn;
le premícr pour le.< Afia–
tiques
&
k
Afriquains, le fecond pour les Européens;
&
Mino
Con
troifieme fil s étoit au·dcífus d'eu•, p.our
flécider Con
veraioetncnr
~n
eas d'incenirudc.
L eur tribunal fut placé daus un <ndroit, appellé le
champ
de
la
vlritl,
paree que le rnenfonge
&
h
calo–
rnoic n'cu peuvcm
approch~r :
il
aboutit d'un cóté au
'rartarc,
&
de l'aurre aux chomps Elifées.
La
compa–
roit un prince di:s qu'il a rendu le dernier Coupir; la
dit Socrare, il comparoit dépouillé de toutc fa grandeur'
réduit
il
lui ('eul, fans défcnli!, fons proreaion,
mue~
&
rrembl3nt pour
lui-mC!ne, 3prt!s
3
voir
f.tit
rrcq1bler
la terre. S'íl .,¡¡ trouvé conpable de fau res qui foient
d' un genre
~
pouvoir erre ex piées, il cfl relégué dans
le Tarrarc pour un
tems
feulemcm,
&
nvec affur::mce
!l'en fortir quand il auro été fuffifommenr purifié. Tels
~toient
at¡ffi
l~s difc'l~rs
des amres
la~cs d~ 1~
Gré<;c .
JUG
Tous nos favans croyent que l'idée de ce JOgement
apr~s
la mort, avoit été cmpruutée
par
les
Grc~s d~ 1~
courume des Egyptiens, upponée daos D 'odore de
t–
cilc ,
&
done
nou avons
fait
mcnrion au
n.o•
ENFE&,
&
<iU
mot
FUNERA
1
LLES des Eg yptiells.
La
fépulrure orditnire de ce peuple, dit l'hiflorien
Grec, éroít au· dcll. d'un he nommé
A<hlr~t/ie.
L e mon
em~aumé
devoit ctre apporté for le bord de ce lac • au
pjé
d' un tribunal, compofé de plufieurs
juga
quí s'infor–
moic.-nt
de
f.:s vie
&
tTHJ:Urs, en rccev:tnt les
d~polilion
de tour le monde . S'il n'avoit pa
payé fes deucs, on
tivroit Con corps
a
fes
cr\!ancier~,
a6 n d'obliger
fn
fa–
m ille
3
le rctirer de leurs mains, en fe cottifanr pour
faire la Iomme due; s'il n'avoit pas éré lidele aux lois,
le corps privé de Cépulture, étoit jetté dans une efpcce
de
fo/fe, qu'on nommoic
le
T.~reare.
Mais fi
le joge–
mcot pronons:oit
il
fa gtoire, le batelier Querrou avoir
ordre de cooJuire le corps au·dela du lnc, pour y étre
enfeveli d>ns une agréoble plaine qu'on nommnit
Elifuu.
Cette cérémonie fi nifloit en ¡ettant trois
foís dn (•ble
fur l'onvermre du cave..tu, ou l'on avoil enfermé le ca–
da1•re,
&
en luí difam aura
m
de fots adieu
:
Mag>fa
.,,._
1u1
t~r
voce
'VOl'avi
.
ivL M aillet nous a tres-bien expliqué commenr on en–
teroit les codavres emboumés des Egyptiens. On les de–
fcendoit dans des caveau"< profond,, qui éto1ent prati–
qués daos le roe
o
u le
ruf,
fous les Cables d
la plalne
de Memphis;
on
bouchoit
le caveau avec une picrre,
&
on laiífoit cn!ilite retomber par deífus le Cable des en–
droits voifins.
Ajoutons en paífant, que la coulume
é~ypticnne
de
jeuer trois fois du foble fur le corps mort, dcvinr uni–
verfelle . Les Grecs en donnerent l'exemplc au• Ro–
mains:
inj~éfo
ur
p~ti1.J~re,
dit H o race. Ceux qui
avoient
négligé cet aae de religion, que
lo
plupart des chrériens
Cmvenr encore aujourd'huí, éro1enr ot>li¡¡és, pour ctpier
leur erime, d'immnler tous tes ans
a
CérCs une truie
qu'on
nommoit
ptJrca prce.cidanea
..
Voy~~
S ÉPULTURE .
(D.].)
.
) UGE,
(JurifJ>r•d.)
du latín
izuJex,
~11aji
jus
aicenr,
fignifie en général
toute perfonne qui porte
Con
juge–
ment fur quelque chofe.
On enrend quelqucfoi1 par le terme de
Juge
une puif–
fance Cupérieure qui a le pouvoir de rendte
!
chacun ce
qui luí apparticnt: Gn dit par exemple en ce fem, que
Dicu ell le fouverain
j11ge
des viva11s
&
des morrs ;
1'E–
glife efl
juge
d,•s articles de la foi; les
fouvcrains font
les premters
j ugu
de teu rs fu
jet~,
c'ell-3.-dire, qu'ils leur
doivcnt la juflice, mais ils fe déchargent d'une partic de
ce foin fur d'autres pcrfonnes .
On donne le titre de
j uges
il
ceux qui Conr établis par
les fouveraíns
pour
rendre la jul1.icc,
ou
par
ceux
aux–
quels ils en ont concédé quelque portian pour la faire
exercer , tcls
'l."
e les éveque<
&
aurre
fei~neurs
ecclé–
fiall1ques
&
latques,
&
les v'llcs
&
comm unaurés qui
oot quclquc part en l'adminiflration de la juflice.
Dan< le premier ilge du monde les percs f.1ifoienr cha–
cun la fonélion de
/ll.(CJ
dans leur famille; lorfque l'on
<·ur é'"bli une puiai nce fouveraine fur chaquc mtion
les rois
& .
a~tres
_princcs
foU\'eraios fure:nt chargés
d~
rcndre la
JU
rte; tls la rendcm encare en perfonne d:lnS
lcun
~onfeils
&
daos Jcurs: parlemens; m:us nc
pouvant
c~pé?•er
por eux-memes roures les a!faires, ils ont éubli
drs
;ugeJ,
fur lefquels 11s
Ce
fon t déchargé d'une panic
de ce foin.
Chcz les Rnmaíns,
&
autrcfois en France, c;eux qui
:1~o1enr
.le
gouvcrne~ne~r
mili1aire
d'une
provincc ou
d une vtlle,
y
remphffotcnt en méme
tems la fonél ion
de
; ugcs
avec quelqucs aífcífeurs dont
ils prcnoient
confeif.
La fonélion de
juge
dans le premier cribunol de la na–
tion, a toujours été attachée aux prcmiccs
&
aux grands
de l'état.
En Francc, elle n'étoit autrefois remplie an parlemcnr
que p3r les
ba~oos
ou
grands
du
royautne,
auxquels ont
fuccédé. les patrs,
&
pa~
l<;s
p~élars;
pour
y
c!tre admis
en quahté d: fénateur, ti tallott
~tre
chevalier.
Du tems de
~ainr
L ouis, íl
fall oit on géoéral
~rre
noble
o~
du tnollls franc, c'efl-a-dire, libre, pour fairc
la. fona,on
de.Juges:
aucun homme coututnier o)l vil–
lam ne pouvolt rendre la Juflice; Cl r daos les licux oii
elle fe
r~ndoit
par pair , il falloit néceífairemcm
~tre
pair
pottr erre du nombre des
}t~ges,
&
daos les licu. oii elle
fe ren.doit p.!r des baillifs,
ceux ·~i
nc devoicnt appcller
pour JUgcr
ave.: cu,;: que
des gcnulsho mmes
ou
des hom–
mes francs, c'ell-a-dire, des fd gneurs
d~
fief
&
queh
quefois d' s bourgeois.
·
'
JI
y
a