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LA I
Les gens du métier
ditlin~oent
dans chaque toiCon tro!s
qualités de
lain~.
1°.
La
lame mere,
qui en
cell~
dt1
dos
&
do cou .
2°.
La
lt.ine
des queo.s
&
de.> cm!fes.
3°. Cclle de la gorge, de de!fous le vcntre
&
des au–
tres eudroits du corps .
11 efl
des cla!fes de
lainu,
dont l'emploi doit
~tre
M–
(endu dans les manufaélures ; les
lain~I
dites
p<ladu,
les
Jain~s
cotcifées ou fallies, le5
mor~ll~s
ou
lainn
de
1nou~
tons morts do maladies; enfin les peignons
&
11!5
bour–
res ( on nomme ainfi la
laine
qui refle au fond des pci–
gnes ,
& ce!
k
qui tomb'
fcJUS
lo claie). O
o
donne
ii
romes
c.esJainu
le nom comrnon de
J~Uuts
&
de rebut.
S'il e
n dos mégilJiers qlll ne f<>u(crivem pas :\ cette lil1e
de
foinn
rejettobl~
, il ne faut pas les écou tor.
11
y a des
lai1u1
de diverfes
couleurs, do blanchos,
de jallne , de· rougeijtres
&
de naires. Autrefois prelque
romes les
b~tcs
ii
laine
d'Eipagne, excepté celles de
la
Bt'tique (
1'
Andaloufie) é<oient naires . Les natorels pré·
féroient cette cou leur
3 h
b lanche' qui en aujourd'hui
la feule enimée dans l'Europe, paree qu'elle re9oit
3
la
teinture des cooleurs
plus
vives, plus ''ariées,
&
plus
foncées que celi<!S qui fom namrellemenr colorées.
Le foin des beres
a
lain~
n'dl pas une inllitution de
mode ou de c:1price; l'hiOoire en fait remmuer l'époque
.jofqu'au premier :1ge qu m9nde. La riohe!fe principalc
des anc•ens habitaos de la terre confilloit en troupeaul
de brebis. Le1
~omains
regardercnt cene
branoh~
d'a–
¡¡ricultore, oomme
1:¡
plus eflentielle. Numa voulant
donner oours
a
la monnoic dont
il
fur l'inventeur. y tit
marquer l'empreinte d'une brebis, en tigne de Con
utili–
té,
p~t:ttnia
J
puude,
dit Varron .
Quel\e preuve plus aothentiquc du cas qu'on faifoir
a
Ro
me
des bétes
a
laine,
que l'attachemem qveo leque!
on
y
veilloit
ii
leur confervation? Plus de
ti
k
fieclcs
apres Noma, la direélioo de tons les rroupeaux de bétes
blanches appartenoit encQre aux cenfcurs, ce magitlrats
Coprl'me, , a qui la charge donnoit le droit d'infpc&ion
fur la conduire
&
fur les mreurs de chaque ciroye11. lis
coodamnoient
a
de fortes :¡mendes ceuJ qui négligcoienr
leurs troupeaux
1
&
accordoient des
récon1penfes
avec le
titre honorable
d'ovinru,
aux per[onnes qui fuifoient preo–
ve de quelque indollrie, en concooranr
a
l'amélioration
de leur
lainu.
Elles fervoient chez eui, comme parmi
nous, aux
v~temens
de _tome cfpece . Curicu¡ de ce!les
qui furpafloicnt les aorres en foic, en
finc(fe, en mol–
lef!e,
&
en longueur, ils tiroient lcurs
bell.estoifDns de
la Galatie, de la Pouille
1
fur-tout de
Tareme, de l'At–
tiqoe
&
de
Mil
e
t.
V
irgile célebre ce> dernieres
lai1u1
qansles Géorgiques,
&
leúrs teinrures étoienr fort cllimées.
Mil~fia
vell•m
nymph.,
Carp~ba11t,
Pline
&
Colom ·lle 11aoient auffi les toifons de la G"u–
le . L'Elpagne
&
I'Angtcrerre n'avoicnr encore rico en
ce genre qui pilt balancer le choii de; autres contrées
foumifes aux conquérans du monde , mais les Efpagnols
&
les Angloi; lbnr p•r•enus depuis
a
établir chez eux
des nces de
b~[es:
3
lain~,
doot
les
toifons
foot
d'un
prix bien fupérieur 3 rom ce que l'ancienne Europe
a
eu de plus parfait.
La qualité de la
lain<
d'Efpagne en
d'~tre
douce,
foyeufe, fine, déliée,
&
molle au toucher. On ne pem
s'en palfer , quoiqu'.,lle foit dons un érat alfceux de mal–
propreré , lorfqu'elle arrivc de Canille. On la dégage
de
ce>
impuretés en la lavanr dans un bain compofú d'on
tiers
d'urÍoe,
&
de
deux ricrs d
1
C'.lU.
Cene opération
y
doone un éclat folide' mais elle coílte un déchet de
n
pour cem. Cet1e
laiTu
a le dél'aut de fouler beaucoop
plus que les anrres, fur la loogoeur
&
fur la largeur des
dr.tps, daos la f:lbrique defquels elle entre toute feule.
Quand on
h
mt11e,
ce
doit
~rre
a"ec précaotioo, paree
qu'étant fujette
a re
retirer plus que les aorres. elle for–
m_e
daos les étotfes de petits creux ,
&
des inégalit6s
tres·apporentes .
Les
belles
lainu
d'Efpagne fe tirent principalemeot
d' Andaloo fie, de
V
ak:nce, de Catlille, d'A rr"gon
&
de
Bifoxe. L es em•irons dt 5arNgotfe pour
1'
Arragoo,
&
le.
v01fioa~e
de
fgo•ie pour la CaOille, fow:nilfent les
la11ui
efpa~oles
les plos eflimées.
Par
mi le> plos fines
de ces deuJ: ro¡·aumes
oo diOingue la pite de l'Efcu–
rio.l' celles de
l\;
un~s'
de MoodaJOS' d'OrMga . ce Tor–
re,
de Paular, la p•le des Chanreu:r ·ecHe des JéCuires
la
grille
&
le retin de Ségovie · ma¡'s on mer la piJe
d~
l'Efcurhl au-de(fus de tontes.
'
1;A
/.un~
er1 le plus gnod objet do commerce paici–
cohcr _des Efpagoul_s ;
&.
noo-feukmem les
Frm~o;s
en
mploleot une paite coolidérahle
d2ns
la fabriqne
de
LAI
leurs draps lins, msis
les Anglois
ctu:-m~
ms, qoi
(\:Jt
de
e;
lainn
(i
ñncs
&
fi
précieufes., en fotu un
ft
~qucm
ufa¡¡e d•ns la l:lbrique de leurs plu bclles étorf"s.
)o
donoc des noms au
lruttn
dlEfpagne,
lCion les
rcv~
d'oii on l<s envoie, ou felon leur qoalité. Par
e~
m–
pie, on donne le
non1
cotnmun de
Slgovü
uux
/.u~r1
da
Portugal , de Rout!lllon
&
de L éon, paree qu'el ln
fonr de pareille qua
!ir~.
La
lainr
de
Ponu1~al
a
pounant caci de particulier,
qu'elle foolc fur la
lon~ueur,
&
non p!l.S fur la largeur
de< draps oii on l'emploie.
Les
aurrcs noms do
lainn
d'EfpaRn•, on rt!putéc>
d'Efpag nc,
Cont
l'alba'"7-ÍD grand
&
potit, les
fé~t! veu
fes de Muline, les fories fégovinnes,
&
les foncs com–
munes. Les
laliuJ
moliennes qu'on cire de B:1rcclont",
les Hcuretonnes communes de N avarre
&
d'
rragon,
le~
cabéfas d'Ellramadoore, les pctirs eompos de
S6,•11-
le: toores ces
lninu
fonr autanr de cla!fcs différentes; lt>
ouvrier> connoi!fenr la propriété de chacone.
Les Elpagnols féparcnr leurs
laino
en fines, moyenncs
&
inférienres.
lis
donnenr
:l
la plus fine le 11om de
pri–
m~;
celle qui fuit s'nppelle
feeond<;
la troiliemc pone te
nom de
•i•ru.
Ces noms Cervent
a
diflingucr la q¡tali–
té des
lai,ui
de ohaque cantan;
&
pour cela l'on
a
foin
d'ojouter
:1
ces
dénominorions le nom des lieux d'oii
elles vicnnenr; ainfi l'on di!
prime
do Ségovie, pour dé–
figner ll plus belle
¡,.;,~
de ce cnnton ,
celle
de Portu–
gal, de RonlJillon,
&e.
On nommo
feeonJe
oa
rrj/ue–
r <l
de Ségovic ce!le de la feconde qualiré; on appelle
eieru
de Ségovie les
I.•
ÍIICI
de la moindre cCpcce.
L'
A
ngleterre , je comprends méme foos ce no
m
l'E–
co!fe
&
l'lrlande,
ofl
apr~s
t'Efpngne
le pays
le plus
abondant en ma¡¡-nifiquos
lainu.
La
lain•
choiltc
d'
Angleterre, en moins fine
&
moins
douce ao roucher, mais pbs lougue
&
plus luillmte que
la
lai•u
d' Efpa<.¡nc. Sa blancheur
&
Con éclar natorel la
rendent plus propre qn'aucun nutre
ii
recevoir les bellcs
telnrurcs.
Les doux: ·genres de
lainl!r
dont
nou vcnons de parler,
1~
lainn
d' Angleterre
&
d'Efpa>:!le, fnnt les plu• pré–
Cleufes que la France emploie daos fes manufaélures, en
les mélangeant avcc oelles de fon ero; mois ce nd font
pas les fcules dont elle ait
befoin pour fon commcrce
&
fa confommnrion. Elle en
oblir.écd'cn tirer
quantit~
du
Levant
&
des pays du N
ord, quelqoes inférieures en
qualité que foiem ces dcrnieres
lainu.
Celles du Levanr luí arrivenr par la voie de Marfeil–
le; on préfere aux aotres celles qui viennenr en droitu–
re do Oootlan¡inople
&
de Smyrue; mais comme
le<
Grecs
&
les Turcs emploiem
la meilleure
a
leurs olá–
gas,
la bonne parv1cnt difficilemem ¡ufqu'il nous. Les
furcs fachant qno los
Fran~ois
font friands de leon
/aína,
fardenr
&
déguifem aunnr qu'ils peuvcnr,
.e
qu'ils onr de plus commun,
&
le ven.lenr
au~
Négo–
cians pour de véritables
lainn
de Contlantinople
&
de
Smyn\e . Celles des eovirons
d'
Atcxandrie, d' Alep, de
l'ile de Chypre
&
de la M orée (oor parfables; fome d'ou–
rres, on les prend poor ce qu'elles valcnt,
&
nos mar–
chands fonr Couvcnt rrompés, daos l'obligation d'cn ac–
capater un cenain nombre de bailes poor
faire
lcur
charge .
L es
lainu
du N ord les plus etlimées dnns nos
ma–
nul'aélures, fom celles du duché de Weymar. On en
tire
ao(Ji
d'a!fe-¡ bonnes de la Lorraine
&
des env irons
do R hin. Enfin nos fabriques ufenr des
/ain11
de Hol–
lande
&
de Flaodres, Cuivaor leors qnalités.
Mais
il
en tems de parler des
lainu
do cru d11 ro–
yaume, de leors ditférenres qualirés, de leor emploi,
&
du
m~langc
qn'on en fait daos nos monufaélures, av¡:c
das
lainu
étrangeres.
L es meilleures
lai,.a
de Fronce font celles du Rouf–
fillon, de Languedoc, do 13erry, de Valogne, do Co–
teotin,
&
de roure la balle-N ormaodie.
L:í
Picardie
&
la Champagoe o'eo
fonroi!f~nt
que
d'inf~rieures
il
celles
des aoues provinces
.
Les
toifoos do R ouffillon , <lo
Laogued~,
&
de la
lr.a!fe-Normandi~,
Cont
fans
difficulté
Ce;
plo5 riches
&
les plus précieores qu'on recocille
en
r r>uce,
qooiqu'el–
les ne foient p3S
le; Cenles employées.
Le
Dauphiné
le L imoolio,
J;¡
Boorgo6ne
&
le Po·toa fooroiBent
aoirl
de bonnes toifons .
Le
Berry
&
le Beauvoi6s fon t de roor le m aome
les
lieox les
plus garoit de
~~te> ~ /~ilu,
ma's les
toi–
foos qoi vienneot de ces deux
p:oys,
diffcrent rot.alemcnL
en
q03.liré.
~Jaúw
de Sologne
&
de
l.krry fonL coar–
tes
&
dances
i
manier ,
20
licu
que
celles de
Bao v2i•
ont be2ocoop de rode!fe 6:
de
loogoC'llr ;
!IC'llrCIIfement
elles
s'a.r!oocüfe¡n
au
la age
On