Table of Contents Table of Contents
Previous Page  157 / 792 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 157 / 792 Next Page
Page Background

LAI

live, qui puri6e la

la;,u,

&

rcnd la fantt! aux animaux

laoguiffans; c'ell pour cela que dans le pays on nomme

ces deux fteuve¡,

le ba;,,

ft~lutaire

deJ brebis .

L'Angleterre réuoit ces

m~mes

av•ntages daus un de–

gré rres-éminent. Sa tempéramre y

etl

auffi

falutaire

aux brebis , que l'etl celle. de l'Efpagne ·

&

on

y

ell

bien moins fu¡et qu'eo France, •ux viciÚitudes des fai–

fons. Comme les abris font fréquens en An('leterre,

l!c

que le freid y etl Kénéralement dout, on Jatffe d'ordl–

naire les bétes

3

la),,

phurer nuit

&

jour daos les plai–

)les ; leurs toi!ons ne contra<'lent aucune faleté,

&

ne

font poiot gacécs par la tiente, ni J'air épais des étables.

Les Efpagnols ni les

Fran~ois

ne fauroienc en plufieurs

lieu< imiter les Aoglois daos cecee partie

a

caufe des

loups, la race de

C.!'~

animatu:

vor1ccs,

une fois

extir~

péc de

1'

Angleterre, ne peut plus

y

rentrer : ils

y

étoient

le ftéau des

laboureurs

&

des bergers, lorfque le roí

Edgard, l'an 96r, vine

i

bout de les détruire en crois

ans de tems, fans qu'il en foit rellé un feul dans les

trois roynumes

.

Leurs babirans n'ont plus befoin de !'avis de l'auteur

des Gt!orgiques pour la garde de leurs troupeaux .

N

e&

tibi

&lira

canUm fuerit pofirema

l

fe

á

uHi.

Pdous

SpRrt~ ~atulos ,

acremtpte mot(Jffum

Pa[u /.ro pi11gui; nunqttam <ttflodibus illis

lneurftu

luporum

horrebis,

Les Anglois dillinguent autant de Cortes de patdro–

ges, qu'ils ont d'efpeces de bétes

i

!aitu;

chaque claC–

fe de moucons a pnur ainfi dirc fon loe

&

Con domai–

ne. Les herbes fines

&

fucculentes que l'on trouve abon–

dammenc fur un grand nombre de coreaux

&

fur

les

!andes, conviennent aux moutons de

la premiere efpe–

ce . N'allez point les conduire dans les gronds patura–

ges, ou la qualité de la

la;,,

cbangeroir, ou !'animal

périroit; c'e(l ici pour eux le cas de fuivre

le confeil

c¡ue donnoit Vir¡¡ile aux bergers de la Pouille

&

de

Tarente :

l'

Fuyez les paturages rrop abondans:

Fuge

,

p_ab~tla

teta

" .

Les Anglois

o~t en~ore

la bonne hobirude d!en fe–

mencer de faux fetgle les terres qui ne

font propres

i\

aucune aurre produ<'lion; cetre herbe plus délicare que

celles des prairies commune• ,

ell pour les moutons

une nourrirure exquife; elle e!l

l'aliment ordinaire de

cene feconde efpece,

i

qui ¡'ai

dono~

ci-detfus le nom

de

btítards eJpagnols

.

L'ancienne roce des betes

a

lain•

s'etl perpétuée en

J\ngleterre, leur nourrilllre demande moins de foin

&

moins de précaution que celle des aurres. L es prés

&

les bords des rivieres leur fourniffenr des plrurages ex–

cellens; leur

lain<,

quoique plus groffiere, trou ve Con

emploi,

&

la cbair de ces animaux ell d'un grand dé:

bir parmi le peuple.

C'ell en faveur de cette

race,

&

pour "mdnager le

foin des prairies, qo'on introduifir au commencetnenr

de ce fiecle l'ufage de oounir ce bérail de · naver. ou

tur11ipu;

on les feme

a

peu-pros comme le gros feigle

dans les friches;

l!c

ces moucons narurtllement forts

en

mangent jufqu'a la

racine,

&

ferrilifenr les !andes'fur

Jefquellcs on les tient.

L es eaux en Anglererre ont alfez la

m~me

vertu que

<¡elles d'Efpagne; mais elles

y

produifent un e!fcr bien

plus muqué . Les anglois jaloux de donner

a

leurs

lair

11e1

toure la blancheur poffible, font dans

la louoble

courume de ks laver fur

pi~,

c'ell-a-dire fur le dos de

!'animal . Cene pratique le11r vaut un double profir; les

IRilfn

tondues font plus aifées

ii

laver, elles deviennenr

plus é.:larantes,

&

ne foutfrent prefque point de déohet

au lavage.

Voy-z

LAtNE,

apprit

da.

Enfin la grande-Bretagne baignée de la mor de tou–

tes pares, jouit d'un air tres·favorable aux brebis,

&

qui

di!fere

a

leur avanrage , de celni qu'elles éprouvcnt daos

le comment. Les paturages qu'elles mangem,

&

l'air

qui les environne,

imprégn~s

des vapcurs faJines que les

vents

y

charrienr fans cdfe, de quelque part qu'ils fouf–

tlent, font paífer aux poumons

&

au fang des

b~tes

blanches, un acide qui leur ell fnlutaire ; elles trou ve

m

nacurellemenr dans ce climar tour

~e

que Virgile re·

commande qu'on leur donne, quand

il

dit

a

fes ber–

gers:

.At

cui

/alliJ

ttmor,

rytifil.m,

loJof7H~

fretfttentn,

Ipfe manu, faifa[']

u'

ferat pr.i![<pibus

h.rbtU;

HinC'

&

amant fiu1Jios magis,

&

magis r1.bera ten•

áunt,

R:t Jalis oeeultum reftrwlt iN Infle fapore"'.

Georg.

liTJ.

11/.

v.

¡91.

Tqme

/X.

LA

I

11

ell done vrai qoe le climat tempéré d' Angleterre,

les races de fes breb¡s, les excellens paruragcs oii J'otl

les tiene toute l'1nnée, les caux dom on les lave

&

dont

on Jes :tbreu:vc!, l'air enfin qu\!lles

refpirent,

favorifc::nt

e\tclufi.vement aux aurre> peuples la beauté

&

la quami–

té de leurs b<!res

a

laine.

Pour donnor en palfant une idée de la multitude fur–

prenante

&

indéterminc!e qu'on "" éleve d1ns

les

trois

royaumes, M . de Foé affure que les

6or,

po livrcs

gue J!on ¡¡re par année des mouton< de Rumney-marsh,

ne formem que la

deu~

cent:eme parcie de la récolre

du royaume. Les mourons d.e la grande efpece fournif–

fent depuis cinq juf4u'ii huir livres de /,,;,., par roifon:

les béliers de ees troupoaux onr éré achetés juf<¡u'a dou–

ze guinées. I,es

lainos

du fud des marais de Lineola

&

de Leicatler doiYent le cas qu'on en fait

a

kur Ion.

gueur, leur tineffe, leur douceur,

&

leur brillant: le¡

plus bolles

lai11n

courtes, fom cellcs des montagnes de

Cotswold en Glocetler-Shire.

En un mot,

l'

Aoglererre p>r plufieurs cauCes réunies,

polfede en abondance les

lainer

les plus propres pour

la fabrication de toutes Cortes d'c!totfes, fi

l'on en ex–

cepte !Culement les draps fupertins, qt:t'elle ne· peut fa.

briquer fans le fecours des toifons d'Efpagne. Ses ou.

vriers favent faire en

lain<

depuis le drap

le

plus fort

ou le plus cbaud, jufqu'ii l'.c!to!fe

la plus mmce

&

la

plus Jégere. lis en fabriqw:nt

a

raies.

&

il

lleurs. qui

peuvent tenir líen d'éto!fes de foie, par leur légereté

l!c

la

vivacité de leurs couleurs. lis fom auffi des dentel–

les de

lainn

fort jolies, des

rubans, des chemifes de

fianelle, des tichus

&

des coe!fe; de

or~pes

blaocs. En–

fin

ils vendene de Jeur

lainerie

a

l'érr311ger. (don les

uns, pour deux o u trois millions,

&

f<lon 4'autres pour

cinq millioos Oerlings.

Mais fans

m'arr~rer

davantage

a

ces idées acceffoi–

res, qui ne nous intéreffent qu'indireacmem ,

&

fans

m

1

étendre plus au Ion,¡ fur

l'objet principal , je crois

qu'il réfulte avec évidence de la difcuffion dans Jaquel–

le je fuis entré aq fujcr des

lai11er

d'Efpagne

&

d'An–

gleterre, que rrois ahofes caucourent

i

lcur prncurcr

aes qualités fupérieures qu!on ne peut obtenir aillcurs.

la raee, les paturages

&

le climat. J'aJoilre

m~

me pour

furcrolt de peuvrei, que

les moutons de Ca!lille

&

d' Andaloufie , tranfportés dans les belles plaines de Salis–

bury, n'y donnem

p~l

des

lainos

auffi précieufes,

q11a1

btrti(IIS

adiHvat

air

o

Je c:onclus done avoc los perfonnes

l~s

plus

éclnirée~

de ce royauine , qu 'il etl tout·i-fair

iq¡poffible

a

1&

France de fe paffer des

IRines

érrnngcrcs,

&

que fanf

le fecours des riches roifom qui lni viennenr des iles

Briranniques

&

d'Efpagne, les

manufaanr~s

des Gobe–

lins, d' Abbeville

&

de Sedan, romberoienr bieotót dan•

le difcrédir,

&

ne pourroiem pas

m~me

fnbflller.

Je fuis cependant bien éloigné de penfer qu'on ne foit

ma1rre en France de pet fc<'linnner la quol'té,

&

d'aug–

menter

1~

quantité des

/ai11tJ

qu'on

y

recm:ille;

inai~

ce

rems heureux n'ell p:u prcl< de nons ,

&

trop d'obfla–

cles s'oppofent

a

nous flattcr de l'et"pérance de

le

voir

encere arriver.

( D . ].

)

LAI,.ES,

apprit des

(

~eonomif

rufiiqtl<

&

Manu•

fatlurcJ.)

ce font

les dttférences

fa~o~s

quton donne

aux

Ja¡,ui.

·

'

~

·

Les

laines

ovant que d'e1re employéos reyoivent bien

des fa1=ons

&

paflenr par bien des mains. Aprcs que la

/pine

a

été'

tondue, on la lave, on la

rrie, ou l

1

éplu·

che , on la droutre, on la ctrde, ou on

In

pei_gne

fuiva~t

fa qualité ; enfuitc on la

m~

le ,

&

on la file. Exph–

quons routes ces ra,ons

j

j'ai lu d'excellens mémoires

qui mten ont innruit

o

t

0 •

7'onte..

,Ycs anciens arrachoienr· lenrs

lainn,

ils

ne la tondoient pas ;

velltu

a

wllendo

.

lis prenoienr pour

cene opérarion le rems oii la

lair.<

fe fépare du corp•

de l'nnimal;

&

oomme routo la roifon ne 4uine pas

~

la fois ils couvroiem de peaux pendan! quelqu.s femai–

o"' chaque bete

a

la;,u,

jufqu'a ce que toure la toifon

fñr parvenuc au degré de rnaturité qu'il litlloir, pour

ne pas caufer ;\ ces beres des douleurs

rrop cuifanccs,

Cette aoutJlme prévaloit encere fous Vefpafien daos plu–

lieur• provinces de l'empire; oujourd'hui elle ell avee rai–

fon toralement abandonnée.

Qaond le cems etl venu de déchacger les rnoutons du

poids incommode de leur

laiue,

on preud les mefurc•

fuivantes. Les

laboureurs

intelligens pré viennem cene

opération, en faifant laver plulieuro foiS fur pié la

laine

avant que de l'abattre.

Cette maniere étoit pratiquée ohez les anciens; elle

etl palfée en mérhode parmi les .'\ nalots qui do1vent

principalemeot

a

ce foin l'éclat

&

1~

bloacheur de leutoS

T

1.

(~tNfS

1