LA I
~h<te,
l'étotfe n'en vaut rien, les vers
&
los mitos s'y
mttten: au bout de peu· d< rems,
&
l'achereur pcrd fon
drap. Si le fabriquant veur rendre
a
la
lain<
fa qualité
par un fccond
l~vage,
il luí en coure
r.~
fayon
&
un nou–
'''"'U
déchct.
JI
feroit
il
fouhaiter qu'on travaill;lr férieu–
femenr
a
la fuppreílion de ces abus •
3°.
7'riage.
Aprlos que la
laiP<
a été lavée, on 1•
crie, on l'épluche , on la droulfe, on la peigne, ou on
la carde fuivant fa longueur, on la méle
&
on la file.
Le triage des
laín.s
confj(le
it
diflinguer les ditféren–
res qualités,
a
féparer la mere-faine, qui efl celle du dos,
d'avec celle des cuílles
&
du ventre, qui ne fout pas
également propres
il
toutes forres d'ouvrages. On peut
encore entendre par ce terme, le partage du bon d'svec le
moindre,
&
Ju médiocre d'avec le mauvais.
Les J1,.1archands qui achetcnt les
lainn
de la premiere
m ain, fe chargent ordinairement du foin de
les trier
:.tprCs
les avoir fair laver. Les
lainu
lavée.;
~
qui ne
fon~
po
triées, fe vendent par roifons; celles quí font rriées,
ne fe vendent plus qu'au poids. Les bons f:¡briquans pen–
fent qu'il
y
a plus
d'avanro~<s ~
ach<ter les
laiwn
rou–
tes triées qu'en toifon; mais cette opinlon n'efl fondée
que fur la mauvaife foi des vendeurs, qui fardent lenrs
toifons, en roulant le plus tin
p~r-delfus,
{:L
en renfer.
mant au-dednns le plus mauvais,
Les
~ f~agnols
om une pr>rique contraire, fur-tour les
Hyéronnnttes, polfelfeurs de
h
fnmeufe pile de I'Efcu–
rial. Ces rellgieu' vendent leur pile, non.feuleinent fans
fépare~
la qualité des toifons, mais ils y
joi~nent
auíli
c_e qu'J!S notnment
lttin~
áer
a_r[r~gu,
qui viennent
des
l1eux ctrconvOJfins de l'Efcurinl.
La bonne foi & la fureté du commerce él3nt réta–
blies, ce dernier parti me paroltroit préférable
ii
celui
que prennem nos fabriquans; & le public
&
le chef de
m anut¡aure
y
gagneroient pareillement; celui-ci feroit
plus ma)tre de
l'<~lfbrtiment
de fes
laiM<J ,
&
le public
auroit des étotfes plus durables .
11 y auroit ici cenr chafes
a
obferver au fujet des frau–
des
&
des rufes, qui fe perpétuent journellement
tant
d~ns
le lavage, que dens le
[ri:t~e
des
lai"'u;
mais
1~
for–
d tde0 amour du gain n'!'fl-il pas capable de tout?
1 .
Eplttchem<wt.
La négligence des éplucheurs oc–
cahonne les nceuds
~
les groQ'eurs qui fe rencontrem
dans les"
~tolfes ,
L es corps
étr~ngers
que l'on fépare de la
laine
en
l'épl~chanr,
font, ou des ordures !JUl s'mfinuent dans
la
totfoq,
p~ndant
qu'elle efl e
0
core fur le dos de !'ani–
m al , ou des molécules de íuin ql)i fe durcilfent, ou en–
fin des paillettes,
&
diverfes perites matieres qui s'atta–
chent aux toifons lavées, lorfqu'on )es étend au fol eil
pour Jes faire fécber fans dmp delfous 1 fans foin
&
fans
attentfon
t
Cett~fa~on
comprend encore ce que 1' on appelle
écharp.tr,ou
lcharp~r
la
lainc,
ce qui confifle
a
déchi–
rer & a étendre les floccons de
lain<
qui font trop com–
paaes ·. Cette méthode a l'avanrage de dévoiler les im–
perfeét,ons de la portian qu'on épluche
1
&
de préplrer
la
lgi11e
:i
~tr~
plo< facilement droulfée.
r .
L< Drouffag<.
Droulfer, ou troulfer la
lai>u
c'efl
l'huiter,
l'imbibe~
d'huile
d~otive
ou de nnveue,
p~ur
la
carder.
]e
ne puts m'éteqdre autant que je le voudrois
fur les moyens
q~i
font les piQs '!'xpédiens pour bien
hui~
lcr la
lame,;
.1e dtrai feuleiT\en¡ en palfant, qu'il efl plus
i
propos d afperger la
lam<,
que de l'arrofer; de l'hui–
ler par perites portlons, que par ¡a>
&
en monceau .
6°.
Cqrdag<
&
pcignng< ,
La longue
lain<
fe peigne,
la COUrt\' fe carde. Les cardeurs
Ont
deux exces
a
évi–
ter; l'l¡n de trop ¡:arder 1 l'autre de carder moins qu'il
ne faut.
•
·
. Ceux
q<~i
cardent trop légérement lailfent dans la por–
tton de
lmne
qu'ils fayonncnt, de petits
floccons plus
durs que le
r~lle
de la
c:tr~ée.
La
laj,u
ainfi préparée,
donne uq ti! mél(al
&
vJcJeux. Les cardeurs qui ont la
ma~n pefan'te~
brifen,t la
lai'!~; t~s fil~ts
ou coupés ou
bnf~s,
ne donuent plus une trell'¡e de
m~me
cunliflan–
ce, l'étoffe \' moins de force. Cene facon
qui efl des
plus elfemielles, efl fort nt!¡:li¡(ée· dar¡s nos' manufaau–
res;
la paye madique qu'on donne aux ouvriers
Jeur
fait
préf~rer
la méthode
la plus expéditive
:i
la 'meil-
leure.
·
7°.
Ml!tmge.
Méler, alfortir, ou rompre la
7ain< ,
c'efl faire le mélange des
lain.s
'de ditf.!rentes qualités
que . l'on · v~ut ~\~ployer
ii
\'\fabrique des draps. No;
fabnquans franyots étant
~bhg~s
depuis long·tenJS d'cm-.
piOJ:CC tOU\eS fortes de
lames
p_our fournir
a
la confom–
mauoo, ont acquis une grande habileté dans l'art de me–
ler
&
d'allier les
laiwa
du royaume ave:: celles de leurs
voilins . ··
LA I
8".
Filage.
Filer la
lain<
c'efl réduire en fil les por–
tions que le cardeur .ou
le peigoeur onr difpoCécs
a
s'é–
tendre
&
a
s'unir en[eJnble)
pollr
ne fnrmer qu'un feul
tilfu )ong, étroit,
&
déhé. L e fileur doit fe précaurion–
ner contre dcux déf.aut bien communs; gun dt:
uop
tor–
dre fon fil, ce qui luí óte de (a force, & fait foulcr le
drap; l'aurre de donner un fil
iné~al,
.en le fila m plus
gros dans un endroir que daos J'autrc. JI felhble qu'on
ne peut éviter ces deux déf•tiiS que par l'invention de
machines qui tordem le til au point qu'on délire en le
filant ég3lemenL
/7CJ)'eZ
l'artic/e jiúvant
fur
la maio- ,
d'ceuvre de toutes ces opérations.
(D. '] . )
LAJ NE , (
111at. mld.)
lai>~<
de béli<r ou de brebis,
La
laín<
fale, graCfe, imprégnée de la fueur de !'animal,
ou d'cefipe (
voyJ'z
Clf.Sll'E), éroir d'un grand uíage chez.
les anciens. H ippocrate la faifoit appliqucr fur les tu–
meurs .apres "l'avoir fait carder, rremper dans de l'huile
&
dnns du vio. Celle
&
Diofcoríde célcbrcnr auill beau–
coup de pareilles applicati ns'
&
meme pour des mala–
dies iuterne>, tellcs <¡ue l'iotlammation de l'eflomac, les
douleur; de
r~te,
&c.
Diofcoride préfere celle du cou
&
des cuiiies, com–
me éranr plus chargée d'relipe.
O iofcoride décrit auíli fort au long une efpoce de cal–
cination fort mal enrendue de la
lain<,
&
fur-tollt de la
lain~
teinte en couleur de pourprc, qu'il prétend Ctre un
e_xcellent ·ophtaln¡ique aprl:s avoir elfuyé cctte calcina–
tton ,
Heureufement la
lnin<
&
fes
prépar~tions
nc gro!liffent
plus la liOe des inmilités pharmacemiques aCfe1. énormes
fans cela; car on ne co'llpte p ur ricu l'a6)ion
~e
la
lai–
'" dans l'applicotion des ftanelles imbibées de dtffércmes
liqueurs, qui efl en
uf~ge
aujourd'hui . 11
ert évidcnt
qu'elle ne fait propremenr dans ce cas que la tonaion
de vaiffenu, c'ttt-2-dire
d'inllrumen~ ¡e¡~nnn~
le remede
fur la portie afteaée.
Les vc!temens de
lab,c,
&
ml!me cenx qn'on nppli–
t:¡l1e imm édiatement fur la peau (ce qui e1l une pratique
f<1rt
faluraire dans bien des,cas,
voy.
TRANSI'IR
A
TI
ON),
ne d-,ivent auill lcurs effets qu'a la propriété tres-com–
mune óe co.uvrir le corps mollement
&
exaaement,
&
par conféquenr ces etfets ne dépendent point de la
laiHI
cnmme telle, c'efl a·dire de fes quahtés fpécifiques
Voy•~
VETEM ENT.
(b)
LAINF.. MANUFACTURE EN LAt NE,
DI<
D RAI'E•
R
lE, (
/lrr mlchan.)
la
laine
habille tous les hommes
policés. Les hommes fauva,:es fom nuds, o u cou verrs
de la peau des animaux . )ls regardent ca pi¡ié
les pei–
nes que nous prenons pour obtenir de nntre indu(lrie un
fecours moins sur
&
moins prompt que celui que la
bom!! de la nature leur otfre contre l'inclémence des
C.~i
fons.
lis nous diroient volontiers:
7'u
aJ
qppo.-~1
en
11aijJant
le
vétement t¡u'iJ
t~
fa ut
~n
l&é ,
&
tu as
{tuu
tr.
111ain
c~!ui
t¡lti
t'ejl
nlceffaire
en
hiver. L tú/Jf:
.J
la
hr~bi.r
fa toifon.
{/QÍJ·t"
cet tmimal fiJttrrt!. Prcnds
t~
fl~chf ,
t:tc-le,
fa chair
t~
noHrrira,
&
fa pral4
t~
vi–
tira
fnns nppr;e.
On racontc qu'un
faqv3ge
~rantpon~
de fon pays dans le nl\tre,
&
proment! dnns nus oue–
liers,
rcg:trda
tlVCC
affez.
d'inditférence
cous
nos rravn.llX'.
Nos manufuaures de couvermres en
laitJc
p~rQrent
feu–
les
arr~ter
un moment foo attention.
JI
fourit
a
la vuc
de ceue forte
d'ouvrage.
11
prir une
couverture, il
la
jetta fm fes épaules, fit quelques rours; & rendant avec
dédain ceue enveloppe artitic1elle au manufaaurier: <>r
••lritl,
lui dit·il ,
cela
<.ft
preji¡u'auJli bon
qH'tme
p<aU
dr
b;e, .
· L es
manufa~ures
en
lainc ,
ti
!hperfiues
ii
l'homme
de la "nature; font les plus impona11tes
a
l'homme po–
licé. Aucunes
fubfl~nces,
pas meme l'or, l'nrgenr
&
les
pierrerie~,
n'ucc<ipent autant qe bras que la
(ai•u
.
Quepe quantité d'éroftes ditfé rentes q'en fabriquons-nous
pas
1
nous. lui affocions le duvet du . cnOor, le ploc de
¡'aurruche , le poil du chameau, celat de la chovre,
&c.
Qunique la piQpart de ces poils Coient
tr~s·lians,
on
n'en forme point .une étoft"e
lans mélange; ils foule–
roient mal .
· Si l'on · unir la vigogne
&
le duvet du caflor dans
une
étutf~,
elle en oum l'reil plus brillanr . On appclle
vigogm
la
laine
de la brebis du P éroq.
Le ploc 'de l'autruche,
1~
poil du chameau, celui de
la
chevre, fonr
'dCs
mn~ieres
fines,
Jn3is
dures;
elles
n'emrem
que dans
des
éroffes qu'on
n't!nvoie
point
i
la fuule, tclles
qu~
les camclots
&
:~,nrrcs
don¡ ·nous fai–
fons nos
v~temenS
'd'été.
Ces
tll3tieres ne
fourniCTent
done qu'une ues·petite partie de ce qu'on appclle
leoffc
d~
la
in~.
La
laine
de In brebis commune cfl feule l'obJC! du
travail le plus étendu,
&
du commerce le plus confi-
dérable.
·
Entre