LA I
/4i,es.
Débarraa~e
du fuin
&
des matieres graiiTeufes
qui enveloppoienc [es lilcts, elle rccouvre le reiTorc
&
la
flexibilit~
qui tui e(l propre, Les poils detenus jufques–
ta
daos la prifon de leur furge, s'élancent ayec facilité,
fe fortióent en peu de jo11rs, prenneot du corps,
&
fe
rétabli(fent dans leur état namrel; au lieu que le lavage
qui fuccede
a
la coupe, dégage feulemcnt la
laine
i:te
fes faletés, fans luí rendre fa premiere qualité
&
fon.
-aocieone confiflance.
Pour empecher que le tempérament de !'animal ne
s'altere par le dépouillement de Con
v~tement,
on a foin
d'augmenter fa nourriture
>
a
mefure qu'on approche du
terme de fa tonte.
Quand l'anoée a été
p)uviet~fe,
il [l¡ffit que chaque
mouton ait été lavé quelques jours confécutifs, avant
celui oú on le déd¡arge de fa
/aine;
mais
fi
l'année a
c!t\f feche, il faut difpoftr
e
naque bete
a
cette opéra–
tion, en la laval)t
quiu~e
jours, un mois auparavant.
Cette pratique préyient le déchet de la
/4i•u
qui ell tres–
con(¡dérable , lorfque l'année a éré trop feche. On doit
préférer l'eau de la mer
¡¡
l'eau douce, l'eau de pluie
a
l'eau de riviere; dans les lieux ou l'on manque abfo-
' Jum¡:nt de ces feaours , on rnele du [el daD$ )'eau qu'OO
fait ferv•r
a
¡:e Javage.
L a
/Rine ,
corome les fruits, a fon poiot de maturi–
té; oo tOI)d
les brebis fuiyant les
fai fons
&
feIon
le
climat , Dans
1¡:
.Piémont on tood trois fois l'année, en
Maj, en Juillet
&
en Novembre; dans les licux ou l'on
tou¡j deux fois l'an, la premiere coupe des
lai,.,s
fe fait
en IVJars, la feconde en Aoílt; les toifons de la )econ–
de coupe font toujours ioférieures en qualité
a
celles de
la premiere. En F.rance on ne fait communément qu'
t~ne
toore par an , en M ai ou en
1
uin ; on tond les
agneaux en Juillet.
Si
d~ns
le grancj nombre
!1
f~
rencontre
quelqu~ b~te
qui foit anaquée de mala!lie,
•1
faut bien fe garder de la
<lég~roir,
la
laine
en feroit #feélueufe ,
&
l'o11 expo–
fero•t la vie de l'anirn!ll ,
1\.prcs avoir prís routes les mefures queje viens d'ex–
pofor, il
feroit
imprudcnt de fixer tellement un jour
pnur abattre les
laines
, qu'on ne fílt plus malrre de dif–
férer l'opération, fuppofé qu'il furv1nt quelque
intem~
périe; i) faut en général choifir un tems chaud, un cicl
ferain , qui femble promeure plufieurs belles journées
confécu~ves. N'épargne~
ríen pour avoir un tondeur
hab•le; c'ell un abus commun
a
bien des labourcurs de
fai~e
rondr<; leurs btltes par leurs bergers,
&
cela pour
év11~r
une légere dépeníe, q
0
' il
•m
porte
ici
de fav¡¡i!
facni:ier,
me
me daos l'état de pauvret§.
C'efl une bonne coutume que l'on néglige dans bien
des
en~roits,
de couvrir d'un drap !'aire oí! l'on tond la
lame;
ti fa
m
que le lieu (oit píen (ce
&
bien nettoyé .
Chaqu~
robe de
laine
abartue doit l!tre repliée fép¡¡ré–
men~,
&
d~pofée
dans un- endroit fort aé1 é. On laiiTe
la
'"'='~
en pile le moins de rcms qu'il ef} pc>ffible; il
convtent de la porter fur le champ au
lavage, de peor
9ue la graiiTe
&
les marieres · hétérogi:nes cjont elle ell
lmprégnée , ne Ylcnnent
a
rancir
&
a
moiGr' ce qui ne
m•nqueroit pas d'altórer cqnfidórablement Ca qualité.
Une tonte bien faite efl une préparation
a
une pouile
plus abnnrlaote. On lave les moutons qu'on a tondus,
afin de donner
a
la nouvelle
lain<
un eiTor plus facile;
alors comme avant la tonte, l'eau de la mer ell préfé–
rable
a
l'eau douce pour les
laver, l'eau de pluie
&
l'eau
fal~e
,
it
l'eau commune des rqilfeaux
&
des
fleuves.
'
·
Le: forces , en féparaot les
ti
lcts eje leurs tiges , laif–
fent a
~h•que
tuya'!
comm~
aurant de perites ble!fures,
que l'eau íalée referme fubitement. Les auciens au lleq
de
l~ver
leurs bl!res apres la tome, les frot<oient de líe
d'hu>le ou de vin, de vieux-oint , de foufre, ou de
qu_elqu'aurre liniment femblable;
&
je crois qu'ils fai–
fo•ent mal'· paree qu'ils
arr~toient
la tranfpiration.
• L a prem,ere
fa~on
que l'on donne
a
la
to•foo qui
'VJent d'étre
ab3ttue,
c'etl de
l'émichtr;
c'efi
8
3-dire de
couper avec les forces l'extrémité de certains tilets, qui
furpa!fent le nivcau de la to;foh · la qualité de ces filets
excédens, efl d'étre beaucoup pius groffiers, plus durs
&
plus feas qne les autres; leur mélange fcroit capable
de %égrader tonte la tnifon.
2.
•
La'1Jag<.
La
laine en furge porte avec elle un
germe de corruption ¡lans cette
era
!fe, qq'on nomme
"'.fiP•,
9qand
c
ll~ efl d6tachée de la
laine.
Elle pro–
v•en! d. une
hu~
e.ur~n4ueufe,
qui en fortant des pores
de l.ammal, famhre
1
enrrée du fue nourrici<r daos les
filets ?e la t:>il<>n
¡
fans cette matiere huileofe qui fe re–
prodmt contmuellement
le foleil delfécheroit le vl!te–
¡neot de la brebis, com'me
il
feche les moilfons;
&
la
LA I
pluie qui ne tieot pas contre cctte huile féjouroaot daos
la wifon , pourriroit bien-tót la racine de la
laine.
Ce!le fecrétion continuellc des partíes grai!feufes for–
me
a
la longue un fédiment,
&
de petites crot'lres qui
gatcnt la
laine,
fur-tout pendant les tems challdS.
On lave les
lainu
depuis le mois de Juin jufqu'a la
fin d' Aout; c'ell le
tems
le plus
f.wor~ble
de toute
l'année, omre qu'il fuir immé,liatement
l'
opération de
la tonte, il a encore cet
avanta~e,
qne l'
e.tuadoucie
&
artiédie en quelque forre par la chaleur des rayons du
foleil, détache
&
~m
porte plus facilemellt les malpropre–
tés qui folll comme adhércntes
a
la
laint .
Plus on differe le lavage des
lai>~u,
plus le déchet eJl
confidérable;
il
ell fouvcnt de moitié; le<
laines
de Ca–
llille perdent cinquante-trois pour cent . Ce déchet fuit
cependaot un peu les années; l'altération efl plus forte
quand il u'a pas plu vers le tems de la coupe, que quand
la.Caifon a été pluvieufe. Le moyen le plus fúr d'é••iter
le déchet, on de le diminuer beaucoup lorfque la faifon
a été feche, c'ell de
laver
la
laine
a
dos plulieurs fc–
maincs,
&
meme des mois entiers avaot le tems de la
tonte.
1
e oe puis ici pa!fer fous filence deux abus qui intér–
e!fent
la qualité de nos J.aincs; l'un regarde les labou–
reurs, l'autre concerne les bouchers.
C'efl une néceffité indifpenfable aux premiers de di–
llinguer leurs moutons par quelque marque. D eux
trOUJ
peaux peuvent fe rencontrer
&
fe
m~ler;
on peut enle–
ver un ou plulieurs moutous ; la marque décele le larcin;
en fin
les pilturages de chaque ferme ont des limites,
&
cette marque ell nne condamnation manifelle pour le
berger qui conduit fon troupeau dans un territoire étran–
ger. Ce caraftere ell done néccflaire, l'abus oe confille
~ue
dans la maniere de l'appliquer. Nos laboureurs de
1
lle de France
&
de la Picardie, plaquent otdinairemeot
fans choix des conleurs trempées dans l'huile, fur la par–
tic
la plus précieufe de la toi[on, fur le dos ou fur les
Aancs; ces marques ne s'en vom poiot au lavage;
elles
rcllent ordinairement collées
&
adhérentes
i\
la 10ifon,
4
fonveot les éplucheurs négligent de féparer de la
laine
les croíltes qu'elles forment, paree que cene opération
demande trop de tems. Que fuit-il de-la?
Ce~
éroi!tes
pa!fant dans le til,
&
les étoffes qu'on en fabrique, les
rendem tout-a-fair défeft ueufes; il ell un moyen fort
fimple d'obvier
a
cet abus. On peut marquer les mou–
tons :\ l'orcille par une marque latérale, perpendiculaire
Otl
tranfverf1le;
&
ces marques peuvent varier
a
l'infi–
ni, en prenant l'oreille gauche ou l'oreille droite, ou les
deux oreilles,
&c.
Si cependant la nature du lieu dcmandoit un figne plus
apparent,
cu
pourroit marquer
les moutons
a
la
!~te
aomme on fair en Berri; la toifon par ce moyen ne fouf–
fre aucun dommage.
L'autre abu> ne concerne que les péladcs, mais
il
oe
mérite pas moins notre attention . Les bouchers, au lie11
de ménagcr les toifons des pcaux qu'ils abattent, fem–
blent mettfe tout en reuvre pour les f>lir; ils les cou–
vrent de grai!fe
&
de tout ce qu'il y a de plus infea.
11
ell d'autres détails qn'il oe feroit pas amul3nt de lire
ni d'cxpofer,
&
que la pofice pourroit facilement pro–
fcrire, fans nuire
a
ces forres de gens, qui d'ailleurs foot
les derniers de la líe des hommes; l'on épargneroit par–
ta
de la peine aux mégiffiers,
&
cette
laim
daos fon
efpece, feroit d'une meilleure qualité.
•
Un lave
1•
laine
par tas dans l'eau dormante, a la
manne
d~ns
l'eau courante,
/!<;
daos des cuvcs pleines
d'ean de riviore. Les
laines
trop malpropres
&
diffici–
les
a
décra!fer ( comme celles d' Efpagne) fe dégorgent
daos un bain compofé d'un tiers d'urioe ,
&
de deux tiers
d'eau; ce feroit je penfe la meilleure méthode pour too–
tes nos laines .
Tou!eS les ·rivieres oe foot
p:os
également propres au
lavage. J,es eaux de Beauvais ont une qualité excellen–
Je; on pourroil en tirer partí mieux qu'on oe fait, en
établi!fant dans cette ville une efpece de buaoderie géné–
rale pour les
lainu
dn pays. Quand la
laine
a paiU par
le lavage, on la met égonter fur des claies.
Les manufaauriers doivent fe précautionner, s'il
ell
pollible, cootre un graod nombre de fupercheries frau–
duleufes. Par exemple, quaod l'année a été feche, les
Laboureurs ou les Marchands qui tiennent les
lainu
de
la premiere main, les font mll laver, alin d'éprouver
moios de décper . Qu'arrive-t-il alors? Pour
~mpecher
la graifle
4
les ordures de paroitre, ils fardeot les toi–
fons qulils blanchiiTent avec de la craye, ou d·autres in–
grédiens q u'ils imagineot. Les fuites de cette manreu–
vre ne peuvent
~tre
que tri:s-funelles, foit au fabriqoant,
foit au public. Si l'on emploie la
lain<
comme on l'a-
ébete,